Sommaire de recherche : Intervention collaborative axée sur le risque - Une étude de l’application du modèle du carrefour dans la Nation crie de Samson

Sommaire de recherche : Intervention collaborative axée sur le risque - Une étude de l’application du modèle du carrefour dans la Nation crie de Samson Version PDF (99 Ko)

Le modèle du carrefour constitue une solution de rechange prometteuse au statu quo des approches de la justice pénale dans les collectivités des Premières Nations

Contexte

En 2012, la Nation crie de Samson (Alberta), en partenariat avec le détachement de la GRC de Maskwacis, a entrepris son processus de mise en œuvre du modèle du carrefour, une intervention collaborative axée sur le risque, dans le but d’apporter des solutions aux problèmes permanents de criminalité, de violence, d’incendies criminels, de toxicomanie et de délinquance dans la collectivité.

Le modèle du carrefour mis en œuvre dans la Nation crie de Samson est le fruit d’un partenariat entre les organismes responsables des services de police, du bien-être communautaire, de l’éducation, des services de probation, des services correctionnels, du soutien du revenu, des services sociaux, des services ambulanciers et des services aux jeunes.

Plusieurs collectivités à l’échelle du Canada ont adopté le modèle du carrefour pour renforcer leur sécurité et leur bien-être. Cependant, la Nation crie de Samson reste la seule Première Nation à avoir appliqué pleinement le modèle durant une période relativement longue.

L’étude avait pour objet de déterminer pourquoi le modèle avait été adapté dans la Nation crie de Samson, si l’initiative avait été réalisée conformément aux pratiques fondées sur des données probantes, la mesure dans laquelle la Nation crie de Samson avait respecté les pratiques établies du modèle, les leçons qui avaient été apprises, de même que la nature des avantages et des défis qui avaient été observés.

Le modèle du carrefour

Le modèle du carrefour est une approche de l’intervention collaborative axée sur le risque qui est de plus en plus populaire au Canada. Dans sa forme la plus simple, le modèle du carrefour est une tribune où les fournisseurs de services sociaux de divers secteurs (services de police, services de probation, éducation, lutte contre la toxicomanie, travail social, santé mentale, services d’approche, réduction des préjudices, etc.) se réunissent au moins une fois par semaine, pour mettre en commun leurs renseignements limités au sujet de leurs clients dont la situation actuelle atteint un seuil défini de risque aigu. Durant ces « discussions en carrefour », les participants des divers organismes respectent un protocole de discussion plutôt strict conçu pour trouver le juste équilibre entre le droit à la vie privée et la diligence raisonnable nécessaire pour assurer la sécurité individuelle. Ces discussions ont pour objet de formuler un plan d’intervention qui fait collaborer les intervenants de plusieurs secteurs, afin de mobiliser les services et les mesures de soutien appropriés pour répondre aux besoins composites des personnes ou des familles. L’objectif de la table de discussion est d’aiguiller les personnes dans le besoin vers les services requis dans les 24 à 48 heures, de façon à atténuer les risques avant qu’un préjudice ne survienne.

Méthode

Les principaux moyens de collecte de données comprenaient des entrevues auprès de divers fournisseurs de services sociaux et de santé, d’agents de police, de chefs de bande et d’intervenants de la collectivité. Au total, 18 personnes différentes ont été rencontrées. L’auteur s’est également servi des observations qu’il a lui-même faites, lors d’une visite effectuée en juin 2015, au sujet du modèle du carrefour mis en œuvre dans la Nation crie de Samson.

Constatations

Comme l’indiquent les résultats de cette étude, les interventions collaboratives axées sur le risque représentent une approche novatrice à valeur ajoutée pour les fournisseurs de services sociaux des Premières Nations dans les réserves et pour leurs partenaires provinciaux. En effet, cette méthode peut être utilisée pour atténuer les besoins complexes des personnes et des familles. Les résultats des entrevues reflètent un important soutien à l’égard du modèle, ses défenseurs affirmant d’ailleurs que le modèle du carrefour est une solution de rechange à la fois favorable et prometteuse au statu quo dans les collectivités des Premières Nations.

Le modèle du carrefour de la Nation crie de Samson est né du désir de la collectivité de mieux faire les choses. La criminalité et la violence s’étaient abattues sur la collectivité suivant l’aube du nouveau millénaire, et tant les chefs de police que le chef et le conseil estimaient que le modèle du carrefour était une façon d’arriver à une fin très attendue. L’observation du modèle du carrefour phare à Prince Albert, en Saskatchewan, suivie d’une deuxième dose de soutien de la part du gouvernement de la Saskatchewan, a aidé les responsables du modèle du carrefour dans la Nation crie de Samson à élaborer une procédure bien établie pour cerner les situations de risque aigu, communiquer des renseignements limités mais nécessaires, et planifier des interventions axées sur la collaboration afin de répondre aux besoins complexes des personnes et des familles. Les activités d’approche à domicile et les cercles d’intervention, qui font intervenir les membres de la famille, des Aînés et des professionnels des services sociaux, sont les deux principales méthodes utilisées par les responsables du modèle du carrefour mis en œuvre dans la Nation crie de Samson pour fournir un soutien supplémentaire à leurs clients.

La force du modèle du carrefour vient des interactions hebdomadaires des différents fournisseurs de services sociaux qui, chacun, arrivent avec un esprit ouvert, sans porter de jugement et en adoptant un point de vue axé sur la résolution de problèmes quant à la situation des clients. Le fait d’apprendre les uns des autres et sur les autres a aidé les différents organismes participants à mieux comprendre les risques, les besoins de leurs clients ainsi que les occasions d’aider les personnes et les familles à éviter les situations de crise.

L’intervention collaborative axée sur le risque a un impact sur les clients du modèle du carrefour, notamment la détermination précoce des risques, l’accès accéléré aux services, l’obtention d’un soutien relativement à des problèmes complexes, une responsabilisation accrue, la possibilité d’éviter les crises et l’avantage de compter sur le soutien de multiples organismes.

Parmi les répercussions du modèle du carrefour sur les organismes, mentionnons la collaboration accrue, l’occasion de connaître les points de vue des autres organismes, l’acquisition d’un plus grand nombre d’outils afin d’aider les clients, une prestation de services plus efficiente et plus efficace, l’accès à plus d’information, une occasion d’être proactif, l’établissement de meilleures relations avec les clients et, pour certains organismes, une réduction du nombre d’appels de service répétés. Enfin, parmi les répercussions du modèle du carrefour sur les services de police, mentionnons le transfert de clients dont la situation est complexe vers des services plus appropriés, une réduction du nombre d’appels de service, des relations communautaires améliorées, une meilleure collaboration avec les autres organismes, l’occasion de devenir proactif, ainsi qu’une meilleure compréhension des clients et de leurs besoins.

En ce qui a trait à la mesure dans laquelle le modèle respecte l’intention initiale, les responsables se conforment assez étroitement au modèle original, et ce, malgré l’absence d’évaluation ou de formation officielle. Cependant, des possibilités de formation et de réseautage continues aideraient à renforcer la cohésion au sein de l’équipe mettant en œuvre le modèle du carrefour dans la Nation crie de Samson, de même qu’à mieux harmoniser la structure du modèle aux pratiques exemplaires à l’échelle du pays.

Malgré les premières réussites du modèle du carrefour mis en œuvre dans la Nation crie de Samson, il y a certains défis mineurs que les participants à la table de discussion et les intervenants de Samson aimeraient surmonter, notamment le refus par certains clients de bénéficier des services, des enjeux systémiques qui échappent à la portée des responsables du modèle, l’exclusivité géographique du modèle à la Nation crie de Samson, l’assiduité variable et le roulement des représentants des organismes partenaires, de même que les obstacles internes à la participation pleine et entière aux interventions axées sur la collaboration et à l’échange d’information entre certains organismes.

Conclusion

Les résultats de la présente étude révèlent aussi que le modèle du carrefour est très bien adapté à la culture et aux traditions des Premières Nations pour s’attaquer à des enjeux sociaux complexes. Même si aucune mesure concrète des résultats du carrefour de la Nation crie de Samson n’a été produite jusqu’à présent, les résultats de l’étude sont prometteurs. En effet, une évaluation plus poussée du modèle du carrefour, en pratique et grâce à des évaluations, sera bénéfique à toutes les personnes concernées, y compris les chefs des Premières Nations, les administrateurs de la police et l’ensemble des organismes des services sociaux qui se réunissent pour créer des carrefours.

Source

Nilson, Chad (2016). Intervention collaborative axée sur le risque : Une étude de l’application du modèle du carrefour dans la Nation crie de Samson. Ottawa : Sécurité publique Canada.

Pour obtenir davantage de renseignements sur la recherche effectuée au Secteur de la sécurité communautaire et de la réduction du crime de Sécurité publique Canada, pour obtenir une copie du rapport de recherche complet, ou pour être inscrit à notre liste de distribution, veuillez communiquer avec :

Division de la recherche, Sécurité publique Canada
340, avenue Laurier Ouest
Ottawa (Ontario)  K1A 0P8
PS.CPBResearch-RechercheSPC.SP@ps-sp.gc.ca

Les sommaires de recherche sont produits pour le Secteur de la sécurité communautaire et de la réduction du crime, Sécurité publique Canada. Les opinions exprimées dans le présent sommaire sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles de Sécurité publique Canada.

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