La violence chez les adolescentes : Étude documentaire et Corrélations

La violence chez les adolescentes : Étude documentaire et Corrélations Version PDF (923 Ko)
Table des matières

Liste des Figures

  • Figure 1 : Jeunes de sexe masculin accusés - Toutes infractions criminelles confondues
  • Figure 2 : Jeunes de sexe masculin accusés de crimes avec violence
  • Figure 3 : Jeunes de sexe féminin accusées - Toutes infractions criminelles confondues

Liste des Tableaux

  • Tableau 1 : Jeunes accusés d'infractions criminelles, en vertu du Code criminel et d'autres lois fédérales, par sexe
  • Tableau 2 : Types de comportements violents étudiés
  • Tableau 3 : Études des cognitions associées à la violence
  • Tableau 4 : La violence et les variables liées à la famille
  • Tableau 5 : La violence et les variables liées aux pairs et à l'école
  • Tableau 6 : Corrélations entre toxicomanie et violence
  • Tableau 7 : Corrélations entre personnalité et violence
  • Tableau 8 : Corrélations entre événements marquants et violence chez les adolescentes
  • Tableau 9 : Résumé des principaux résultats relatifs aux corrélations entre violence et variables significatives chez les adolescentes

2000-04

Alan W. Leschied et Anne Cummings Faculté d'éducation The University of Western Ontario London (Ontario) Canada

Michele Van Brunschot et Alison Cunningham Clinique d'aide juridique familiale London (Ontario) Canada

Angela Saunders IEPO/University of Toronto Toronto (Ontario) Canada

Les vues exprimées sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles du ministère du Solliciteur général du CanadaNote de bas de page 1.

Résumé

Cette étude documentaire traite du phénomène de la violence chez les adolescentes. Les chiffres publiés récemment par Statistique Canada révèlent une augmentation des crimes de violence dans ce segment de la population, constatation qui a mis en lumière un aspect particulier des difficultés d'adaptation de la jeunesse laissé dans l'ombre jusque-là. Le présent document vise donc à situer dans son contexte le phénomène de la violence chez les adolescentes, d'abord par un examen des études traitant de la violence chez les filles âgées de moins de douze ans, puis par un résumé des corrélations qui se dégagent des recherches effectuées sur la violence chez les adolescentes. On constate des différences importantes entre les deux sexes relativement à l'intériorisation et à l'expression de la violence. Bien que les études existantes sur la violence chez les adolescentes soient limitées, elles méritent toute l'attention des travailleurs sociaux et des décideurs, en ce sens qu'il s'en dégage des thèmes importants à prendre en compte en vue de l'adoption de stratégies d'évaluation, de traitement et de prévention de la violence chez les adolescentes. Enfin, on propose une orientation pour la poursuite des recherches sur le phénomène de la violence chez les adolescentes.

Orientation et organisation générales

Cette étude documentaire traite du phénomène de la violence chez les adolescentes. Un examen approfondi des écrits publiés sur le sujet devrait orienter les recherches à venir sur les caractéristiques propres aux filles et adolescentes ayant un comportement violent. Le fait est que les filles ne sont pas toujours prises en compte dans les études existantes de la violence juvénile. Mais il reste que ces études fournissent un cadre de référence pour une analyse approfondie des besoins particuliers des adolescentes qui sont portées à la violence. Notre conclusion est que, de toute évidence, les spécialistes doivent commencer à explorer les possibilités d'évaluation, de traitement et de prévention qui soient adaptées aux besoins propres aux filles. Là encore, même si les études existantes sur la question peuvent sembler limitées, il n'est pas trop tôt pour commencer à tirer parti des premières observations faites concernant les services humains particuliers dont les filles ont besoin.

Dans le présent document, nous situons d'abord le contexte dans lequel s'inscrit cette étude : de plus en plus de filles comparaissent devant les tribunaux de la jeunesse pour infractions avec violence. S'ensuit une analyse des causes possibles de ce phénomène à la lumière, non seulement des problèmes de définition de la violence chez les enfants et les adolescents, mais également de certains des aspects particuliers du système judiciaire pour les jeunes, qui sont susceptibles d'avoir une incidence sur les taux de criminalité avec violence enregistrés pour les filles.

L'examen des écrits publiés sur le phénomène de la violence chez les adolescentes est divisé en deux parties. La première partie traite des études traitant de questions conceptuelles générales, de définitions et d'orientations, et des études empiriques effectuées sur les filles âgées de moins de douze ans.

La seconde partie, élément central du présent rapport, traite des études publiées sur la violence chez les adolescentes âgées de 12 ans à 17 ans, qui sont donc assujetties, au Canada, à la Loi sur les jeunes contrevenants. Y sont résumées les recherches empiriques effectuées sur les corrélations établies entre la violence et des variables prédictives du risque de violence chez les adolescentes. Les études examinées remplissent les critères établis quant au groupe d'âge, au sexe et aux corrélations analysées. Cette section se termine par des suggestions formulées à la lumière des écrits publiés à ce jour sur la violence chez les adolescentes, qui font valoir la nécessité d'offrir, dans le cadre du système judiciaire pour les jeunes, des services d'évaluation, de traitement et de prévention qui soient adaptés aux besoins propres à cette clientèle. Enfin, des recommandations sont présentées en guise de conclusion sur l'orientation des nouvelles recherches requises sur le phénomène de la violence chez les adolescentes.

Fréquence de la violence chez les adolescentes

Vue d'ensemble

Aujourd'hui, plus que jamais auparavant, les Canadiens s'inquiètent du phénomène de la violence chez les jeunes (Gabor, 1999), en dépit du fait que, depuis plusieurs années déjà, Statistique Canada fait état d'une baisse de la criminalité chez les jeunes, à commencer par les crimes de violence (Statistique Canada, 1999). Il ne faudrait pas sous-estimer pour autant les craintes exprimées par la population au sujet de la criminalité chez les jeunes, selon Doob et MacDonald (1998), et Dolmadge (1995). Les revendications et l'action politique du public contre le crime sont motivées, non pas tant par la réalité du phénomène, que par la perception qu'il en a (Cullen, Wright, Brown, Moon, Blankenship et Applegate, 1998). Le phénomène de la violence juvénile, tel qu'il est réellement et tel qu'il est perçu, justifie à ce double titre l'élaboration de politiques à l'endroit des jeunes qui sont violents.

S'il est un domaine dans lequel les perceptions correspondent aux réalités, c'est bien celui de la violence chez les adolescentes : les crimes de violence perpétrés par les adolescentes, et seulement ceux-là, augmentent régulièrement (compte tenu à la fois de l'âge et du sexe) au Canada (Statistique Canada, 1999).

« Pendant la dernière décennie, le taux de crimes de violence chez les jeunes femmes a augmenté deux fois plus rapidement que celui de leurs homologues masculins. En 1998, le taux pour les jeunes hommes a légèrement reculé (-0,9 %), alors que celui des jeunes femmes est demeuré inchangé. » (Le Quotidien, Statistique Canada, 21 juillet 1999).

Le tableau 1 résume les tendances enregistrées de 1994 à 1998 relativement à la criminalité chez les jeunes. Alors que les figures 1, 2 et 3 révèlent une diminution des crimes (toutes infractions confondues) et des crimes de violence perpétrés par des jeunes de sexe masculin, et des crimes (toutes infractions confondues) commis par des jeunes de sexe féminin, la figure 4 révèle une augmentation des accusations de crime avec violence chez les jeunes de sexe féminin au cours de la même période. Dans des rapports antérieurs du Service correctionnel du Canada, on a émis certaines réserves sur les données enregistrées au milieu des années 1990, qui donnaient à penser que la violence chez les adolescentes était en hausse (Dell et Boe, 1997)Note de bas de page 2, mais des rapports publiés récemment confirment cette tendance (Statistique Canada, 1999). En outre, plusieurs cas très médiatisés de violence chez des adolescentes, en Colombie-Britannique et en Ontario, ont suscité un regain d'intérêt sur ce problème.

Tableau 1 : Jeunes accusés d'infractions criminelles, en vertu du Code criminel et d'autres lois fédérales, par sexe
  1994 1995 1996 1997 1998
Toutes infractions confondues
Jeunes accusés 143 268 128 809 128 542 120 208 117 036
De sexe masculin 114 087 101 407 100 654 93 674 90 721
De sexe féminin 29 181 27 402 27 888 26 534 26 315
Infractions au Code criminel (toutes)
Jeunes accusés 119 625 120 663 119 410 110 841 106 984
De sexe masculin 95 430 94 649 93 187 86 180 82 677
De sexe féminin 24 195 26 014 26 223 24 661 24 307
Crime de violence
Jeunes accusés 21 629 22 441 22 521 22 172 22 145
De sexe masculin 16 747 17 288 17 206 16 556 16 493
De sexe féminin 4 882 5 153 5 315 5 616 5 652
Crimes contre les
biens
Jeunes accusés 68 907 68 105 66 702 58 340 54 047
De sexe masculin 54 656 52 956 51 930 45 653 42 094
De sexe féminin 14 251 15 149 14 772 12 687 11 953
Autres infractions au Code criminel
Jeunes accusés 29 089 30 117 30 187 30 329 30 792
De sexe masculin 24 027 24 405 24 051 23 971 24 090
De sexe féminin 5 062 5 712 6 136 6 358 6 702
Infractions aux lois fédérales
Jeunes accusés 7 470 8 146 9 132 9 367 10 052
De sexe masculin 6 166 6 758 7 467 7 494 8 044
De sexe féminin 1 304 1 388 1 665 1 873 2 008

Figure 1: Jeunes de sexe masculin accusés - Toutes infractions criminelles confondues

Figure 1: Jeunes de sexe masculin accusés - Toutes infractions criminelles confondues

Le graphique ci-dessus présente le nombre d'hommes accusés de toutes infractions criminelles confondues entre 1994 et 1998 comme indiqué dans le tableau ci-dessus.

Figure 2 : Jeunes de sexe masculin accusés de crimes avec violence

Figure 2 : Jeunes de sexe masculin accusés de crimes avec violence

Le graphique ci-dessus présente le nombre d'hommes accusés de crimes avec violence entre 1994 et 1998 comme indiqué dans le tableau ci-dessus.

Figure 3 : Jeunes de sexe féminin accusées - Toutes infractions criminelles confondues

Figure 3 : Jeunes de sexe féminin accusées - Toutes infractions criminelles confondues

Le graphique ci-dessus présente le nombre de femmes accusées de toutes infractions criminelles confondues entre 1994 et 1998 comme indiqué dans le tableau ci-dessus.

Le Canada n'est pas seul

Dans un rapport publié récemment, intitulé Pour un avenir en santé : Deuxième rapport, Santé Canada (septembre 1999) constate que les crimes de violence perpétrés par des jeunes âgés de 12 ans à 17 ans ont diminué au cours des cinq dernières années, mais demeurent toutefois deux fois plus nombreux qu'il y a dix ans. En particulier, ce rapport indique que, même si les garçons commettent plus de crimes avec violence que les filles, dans l'ensemble, le pourcentage de jeunes accusés de crimes de violence augmente deux fois plus vite chez les filles que chez les garçons. Bien que ce pourcentage demeure encore modeste dans le cas des adolescentes, il reste qu'elles sont de plus en plus nombreuses à être admises dans le système de justice pour les jeunes, ce qui donne à penser qu'elles sont de plus en plus incontrôlables. En outre, cette augmentation du nombre de filles accusées d'infractions avec violence ne manque pas d'alourdir la tâche des services communautaires pour les jeunes.

Le Canada n'est pas le seul pays à enregistrer une hausse des crimes de violence commis par des adolescentes (Berger, 1989). Hennington, Hughes et Thompson (1998) notent qu'aux États-Unis, le taux de criminalité général augmente beaucoup plus vite chez les adolescentes que dans n'importe quel autre segment de la population. En particulier, le pourcentage de filles impliquées dans des crimes de violence a grimpé de 103 % entre 1984 et 1993. Toutefois, il convient de rappeler que les adolescents sont toujours beaucoup nombreux à commettre des crimes avec violence que les adolescentes, soit de 1 sur 3 à 1 sur 12, selon la nature de l'infraction commise (Borduin et Schaeffer, 1998).

De même, Burman, Tisdall et Brown (1998) indiquent qu'au Royaume-Uni, le phénomène de la violence chez les adolescentes inquiète de plus en plus. C'est même devenu un sujet brûlant par suite des cas très médiatisés de crimes commis par des adolescentes, conjugué au fait que davantage de filles sont traduites devant les tribunaux de la jeunesse dans ce pays. Fait important à noter, les auteurs soulignent le manque de données empiriques fiables qui permettraient d'évaluer correctement ces tendances. Nous reviendrons tout au long de cette étude sur la question de l'absence de données cohérentes sur ce qui constitue un comportement violent et sur le peu de recherches effectuées sur le phénomène de la violence chez les adolescentes.

Influence du système de justice pour les jeunes en tant que processus

Il est beaucoup question dans les études existantes de ce qui constitue un crime pour le système de justice applicable aux jeunes et de l'incidence d'une telle définition sur les taux de criminalité enregistrées pour les adolescentes. Il n'est pas dans notre propos de faire le tour de la question, mais il importe de reconnaître que le pouvoir discrétionnaire des tribunaux de la jeunesse n'est sans doute pas étranger à l'augmentation des crimes de violence commis par des adolescentes officiellement déclarés. Selon Horowitz et Pottieger (1991), les données concernant l'utilisation d'un tel pouvoir discrétionnaire aux États-Unis donnent à penser que les filles sont plus souvent inculpées d'infractions mineures (y compris avec violence) que les garçons, tant au stade de l'arrestation qu'à celui du prononcé de la décision. Chesney-Lind et Shelden (1992) laissent entendre que cette partialité témoigne du paternalisme des tribunaux de la jeunesse, qui jugent nécessaire de protéger davantage les filles qui commettent des infractions mineures. Ils laissent entendre également que les filles sont plus susceptibles d'être accusées d'infractions mineures, pour deux raisons : premièrement, parce que le fait en soi est jugé proprement inacceptable; et deuxièmement, parce que, de plus en plus, on attribue un tel geste à des difficultés d'adaptation vécues par des filles que l'on jugeait jusqu'à maintenant incapables de violence (Chesney-Lind et Brown, 1999).

Par ailleurs, il importe de noter les observations faites récemment par Gabor (1999) et Reitsma-Street (1999) au sujet de l'augmentation du nombre d'adolescentes traduites devant les tribunaux canadiens de la jeunesse pour crimes de violence, bien que ces auteurs en donnent une interprétation différente. Selon Gabor, cette montée de violence enregistrée chez les jeunes canadiens, des deux sexes, (entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990) témoigne d'un changement dans les attitudes culturelles et d'une condamnation sans appel de cette violence, comme le confirment les politiques de « tolérance zéro » adoptées par les écoles et les collectivités. Pour Reitsma-Street, en revanche, cette tendance à traduire davantage de filles devant les tribunaux est l'indice de pratiques discriminatoires et de la peur du crime, particulièrement lorsqu'il est l'œuvre d'une fille, bien que les chiffres réels demeurent modestes.

Le débat sur la question de savoir si le système de justice est discriminatoire à l'endroit des filles ne date pas d'hier et est au cœur du problème de la violence chez les adolescentes. Car les réactions que suscite ce problème sont dictées, non seulement par les faits, mais également par les attitudes de la société en général. En 1998, la Société Elizabeth Fry de l'Alberta a publié un document de travail, en partie pour calmer les vives réactions provoquées par les données de Statistique Canada sur la violence chez les adolescentes (Schramm, 1998). Ce document, qui dissipe six mythes au sujet de « l'explosion » de la violence chez les jeunes filles, intéressera ceux et celles qui veulent situer le débat sur cette question dans un contexte sociétal plus large (sous l'angle de la justice criminelle et de la place des femmes dans la société).

Fréquence globale de la violence chez les adolescentes

Nonobstant le débat théorique sur la partialité présumée du système de justice applicable aux jeunes, le problème de la violence chez les jeunes en général, et chez les filles en particulier, justifie une analyse des études empiriques effectuées au sujet de la fréquence des comportements violents chez les jeunes, et chez les filles en particulier.

En général, les données existantes donnent matière à des conclusions contradictoires lorsque le sexe est inclus dans l'équation. Il y a autant d'études ne révélant aucune différence entre les sexes que d'études révélant que les comportements violents sont plus fréquents chez les garçons. Zoccolillo (1993) résume les résultats d'une série d'études épidémiologiques ne révélant aucune différence entre les sexes, une fois les taux de base contrôlés. Matthews (1998) note, pour sa part, qu'il n'existe pas de différence entre les sexes dans le cas d'une première infraction avec violence, mais que les garçons l'emportent sur les filles lorsqu'on tient compte des cas de récidive. Au bout du compte, toutes ces études démontrent qu'il est difficile d'évaluer la fréquence des comportements violents chez les jeunes selon le sexe lorsqu'on ne s'entend pas sur la définition à donner à ces comportements.

Fréquence de la violence selon la définition qu'on en donne

Les chercheurs semblent s'accorder sur un point : la grande majorité des actes de violence physique chez les jeunes sont l'œuvre des garçons. C'est précisément sur ce fait que Pepler et Craig (1999) s'appuient pour affirmer que les filles ayant des problèmes de violence sont largement sous-représentées dans les études existantes. Par exemple, Olweus (1987), dans une étude faisant autorité sur le taxage à l'école, a carrément fait abstraction des filles, convaincu qu'il était alors qu'elles n'avaient rien à voir avec la violence en milieu scolaire. Il n'est revenu sur cette position qu'au milieu des années 1980.

En revanche, à mesure que la définition de la violence est élargie, les données révèlent des tendances tout à fait différentes relativement à la représentation des filles dans les catégories de comportement violent. Par exemple, selon Everett et Price (1995), les filles sont moins susceptibles que les garçons de recourir à la violence à l'école - lorsque la violence est définie comme agression manifeste - elles sont plus susceptibles, toutes proportions gardées, de recourir aux menaces verbales et à l'intimidation. Crick et Price (1995) indiquent que [traduction] « le degré d'agressivité manifesté par les filles a été sous-estimé dans les études antérieures, en grande partie parce que les formes de violence en usage dans ce groupe n'ont pas été prises en compte (p. 719) ».

En Finlande, Bjorkqvist et ses collègues ont fait œuvre utile en donnant une définition plus large des comportements violents chez les filles. Le groupe a posé en principe que ce ne sont pas seulement les actes, mais également les intentions qui comptent, en l'occurrence. La violence au masculin serait physique avant tout, alors que la violence au féminin se manifesterait principalement de façon indirecte, se traduisant par la rupture des relations interpersonnelles. Dans ce contexte, [traduction] « les instigateurs qui manipulent autrui ou qui tirent parti, par d'autres moyens, des structures sociales dans le but de nuire à une victime » ont un comportement agressif (Bjorkqvist et Niemla, 1992; Bjorkqvist, Osterman et Kaukiainen, 1992).

Les réactions agressives indirectes, plus typiques du comportement féminin que du comportement masculin, ont-elles leur place dans l'étude de la violence chez les adolescentes et, plus particulièrement, dans l'analyse de la fréquence des cas d'inculpation pour infractions accompagnées de violence?

On trouvera dans les pages qui suivent un résumé des études effectuées sur le phénomène de la violence chez les filles, y compris dans ses manifestations indirectes. Il reste encore à établir un parallèle précis entre violence directe et violence indirecte - avec la possibilité qu'il en découle des infractions pouvant donner lieu à des accusations. Mais en attendant, il y a bien des parallèles établis quant à la nature des comportements violents. Dans le contexte d'une théorie de l'apprentissage social qui cadre au mieux, dans l'état actuel des connaissances, avec les prédicteurs de risque criminogène (Andrews et Bonta, 1998), il y a bien des parallèles à établir entre les études traitant respectivement de la violence indirecte et de la violence manifeste, au sens conventionnel du terme, chez les filles. Selon Sommers et Baskin (1994, p. 483), [traduction] « la tendance générale relative au risque de violence selon le sexe reflète la convergence des théories de l'apprentissage, du contrôle et de l'écosystème social qui aident à comprendre le manque d'assiduité scolaire et de surveillance parentale, la fréquentation de pairs délinquants, ainsi que d'autres processus socioéconomiques (p. ex., privation relative, multiplication des possibilités d'activités illégales et recul des modèles de comportement conventionnels) ».

Récapitulation

Voici les principales observations qui se dégagent de cette vue d'ensemble sur la fréquence de la violence chez les filles :

  1. Au cours des dix dernières années, les infractions avec violence ont augmenté deux fois plus vite chez les filles que chez les garçons au Canada
  2. Le Canada, tout comme les États-Unis et la Grande-Bretagne, enregistre une augmentation de la violence chez les adolescentes, bien que l'immense majorité des actes de violence physique soient perpétrés par des garçons, dans tous les pays.
  3. Le nombre d'adolescentes traduites devant les tribunaux de la jeunesse pour des infractions avec violence varie selon la définition de la violence et les préjugés d'usage du système.
  4. Les filles répondent mieux à une définition de la violence englobant ses manifestations indirectes que les garçons, qui sont plus portés à la violence manifeste, à tous âges.

La violence chez les filles âgées de moins de 12 ans : questions conceptuelles

Dans le cas des filles de moins de douze ans, un thème revient dans les études examinées, qui est développé par Bjorkqvist et al. (1992), selon lequel l'instinct d'agression se manifeste avant tout de façon indirecte et sociale chez les filles, et de façon directe et physique chez les garçons. Selon Cowan et Underwood (1995), si la violence vise à faire du tort à une victime, elle peut tout aussi bien être infligée sous forme sociale que sous forme physique, et les filles sont les premières à le reconnaître, dans cette étude. De même, Crick, Bigbee et Howes (1996) indiquent que, à la question de savoir ce qui peut causer le plus de tort à autrui, les filles citent le plus souvent les insultes et les menaces verbales, et les garçons la violence physique et les insultes. Dans leur conclusion, Crick et al. notent [traduction] : « (…) les enfants considèrent les comportements manipulateurs comme des manifestations d'agressivité et de colère » (p. 1003).

Évolution de la violence chez les filles, de l'enfance à l'adolescence

Les enfants violents deviennent-ils des adolescents violents? Tout porte à croire que les troubles de la conduite, y compris certaines formes de violence, sont extrêmement stables, de l'enfance à l'adolescence, voire même à l'âge adulte (Henggeler, 1989). L'étude documentaire effectuée par Hawkins, Herrenkohl, Farrington, Brewer, Catalano et Harachi (1998) sur la violence juvénile donne à penser que les jeunes qui sont violents dès l'enfance sont plus susceptibles de le rester à l'adolescence et au début de l'âge adulte. Dans une étude longitudinale présentée par Farrington (1995), la moitié des garçons, et seulement 8 % des filles, qui étaient violents à 10 ans l'étaient encore à 16 ans. En revanche, à quelques exceptions près, la majorité des études comparatives sur la stabilité du phénomène de la violence selon le sexe se limitent aux manifestations directes d'agressivité, sans tenir compte des dimensions sociales, interpersonnelles ou indirectes de la violence chez les filles. De toute évidence, il faut s'appuyer sur une définition plus large de la violence. Si les filles âgées de moins de douze ans ont tendance à recourir à la violence interpersonnelle pour régler des conflits, ne sont-elles pas susceptibles de s'en tenir à ce comportement, voire même à recourir à la violence physique pour résoudre des conflits à l'adolescence? Plusieurs études portent sur cette dimension du phénomène de la violence chez les filles.

Sur cette question de la stabilité du comportement violent, plusieurs thèmes communs se dégagent des études effectuées sur les filles. Selon les enseignants interrogés, de dix ans à treize ans, les filles s'en tiennent à la violence sociale, pour recourir à des formes de violence plus indirectes au début de l'adolescence (Stattin et Magnusson, 1989; Pulkkinen, 1992). Schlossman et Cairns (1993) laissent entendre que ce changement peut coïncider avec le développement de l'intelligence sociale, de l'aptitude à des interactions plus complexes. Les données longitudinales recueillies par Bjorkqvist (1994) indiquent que l'âge de 11 ans marque un tournant chez les filles dans leurs interactions sociales, en ce sens qu'elles commencent à exploiter leur intelligence sociale naissante en manipulant et en déstabilisant les autres.

Talbott (1997) note également qu'à l'âge de 11 ans, les filles et les garçons recourent autant à la violence physique. Selon lui, à cet âge, la majorité des filles qui manifestent ouvertement leur agressivité apprennent à utiliser d'autres armes, comme le commérage et l'art de faire courir des rumeurs. Les filles qui s'en tiennent à la violence physique, toujours selon Talbott, « ont des aptitudes socio-cognitives limitées, et les interactions complexes caractérisant le groupe social leur échappent ». Elles sont donc plus enclines à s'imposer par la force. Dans le même ordre d'idées, Henington et al. (1998) recommandent que tout procédé d'évaluation du risque de violence chez les filles porte sur la violence interpersonnelle pour que l'on puisse agir sur celle-ci avant qu'elle ne dégénère en violence physique à l'adolescence.

Dans l'une des rares études longitudinales de la violence chez les filles de l'enfance à l'adolescence, Underwood, Kupersmidt et Coie (1996) font état d'un risque continu dans le cas des filles qui sont jugées agressives par leurs pairs. Au cours d'une période de suivi de dix ans, la moitié d'entre elles, contre 26 % de l'ensemble de l'échantillon, sont devenues des filles-mères. Selon les auteurs de cette étude, lorsque la violence se manifeste dès l'âge de 9 ans chez les filles, elle est prédictive d'autres comportements à risque qui sont déclenchés par le rejet des pairs et le rejet des normes sociales.

Enfin, sur le chapitre de l'évolution du comportement violent chez les filles depuis l'enfance jusqu'à l'adolescence, des chercheurs se sont penchés sur le risque que d'autres troubles viennent s'ajouter plus tard à un comportement violent ou à une personnalité antisociale. Nous reviendrons plus loin sur cette question, dans la section consacrée à la comorbidité entre violence et troubles mentaux, mais il convient de noter dès maintenant que, lorsqu'elle se manifeste dès l'enfance, qu'elle soit physique ou interpersonnelle, la violence est associée à l'apparition, quelques années plus tard, de symptômes de détresse psychologique (dépression, tendances suicidaires) et de somatisation, dans 10 % à 40 % des cas (Zoccolillo, 1993; Pajer, 1998).

Plusieurs études inventorient les facteurs qui prédisent le risque de violence dès l'enfance chez les filles, ou qui y sont associés. Comme bon nombre de ces variables correspondent aux facteurs sociopsychologiques prédicteurs du risque criminogène chez les jeunes contrevenants (Andrews, Leschied et Hoge, 1992), ils sont présentés dans les sections traitant des principaux facteurs systémiques influant sur l'adaptation sociale des enfants - qui sont liés à la famille, aux pairs et à l'école - et des cognitions. En outre, comme on le verra, il semble que les effets d'un traumatisme peuvent contribuer à la violence chez les filles. Enfin, on évoquera les autres facteurs susceptibles d'influer sur la violence chez les filles, et l'on discutera du paradoxe lié au sexe, qui établit un rapport entre la fréquence d'un trouble et sa valeur prédictive de la violence et des troubles généraux de la conduite chez les filles.

Facteurs systémiques influant sur la violence chez les filles dans l'enfance

Henggeler (1989), entre autres, souligne la nécessité d'examiner le processus d'adaptation des enfants dans son contexte social. Cette perspective systémique est fondée sur la prémisse selon laquelle les interactions sociales peuvent favoriser les troubles de la conduite chez les enfants, en ce sens qu'elles les incitent, par mimétisme ou par renforcement différentiel, à adopter certains comportements plutôt que d'autres. Dans les études de l'enfance maltraitée, des corrélations sont établies entre les influences systémiques et l'apparition, non seulement de troubles de la conduite, mais également de comportements violents.

Facteurs liés à la socialisation globale

La socialisation est considérée comme un facteur déterminant parmi ceux qui entrent en jeu dans la prédiction du risque de violence et de troubles de la conduite en général (Andrews et al., 1992), pour autant que l'on établisse une nette distinction entre garçons et filles en vue de comprendre les caractéristiques épidémiologiques de la violence juvénile. Crick et Dodge (1994) notent que le comportement des garçons est axé sur l'action (recherche du pouvoir, agressivité manifeste, contrôle des événements), tandis que celui des filles est plus axé sur les relations interpersonnelles. C'est pourquoi la violence, surtout à l'adolescence, est indirecte chez les unes - et vise à perturber les relations interpersonnelles - et plus directe chez les autres. Selon Gagné et Lavoie (1993), la jalousie et le désir de vengeance, entre autres, motivent la violence chez les filles, tandis que dans le cas des garçons, les drogues, l'alcool, les problèmes de comportement et la volonté de dominer jouent un rôle déterminant. Eron (1992) résume en ces termes les différences constatées entre les sexes et leurs répercussions sur la prédiction du risque de violence : [traduction] « outre les prédispositions d'ordre génétique, constitutionnel ou biologique qui peuvent être à l'origine des différences constatées entre les sexes relativement au comportement violent, la façon dont garçons et filles sont socialisés dans notre société n'est certainement pas étrangère non plus à ces différences » (p. 59). Les différences constatées sur le plan de la socialisation expliquent pourquoi l'accent est mis, non seulement sur les influences systémiques distinctes d'un sexe à l'autre, mais également sur une approche cognitive des tendances agressives chez les filles. Cette théorie, qui est avancée par Nicki Crick, Ken Dodge et d'autres, sera analysée dans la section traitant des facteurs cognitifs qui entrent en jeu dans les comportements violents des filles.

Facteurs liés à la famille

La famille joue un rôle déterminant dans la socialisation des enfants, comme le confirment les études sur la violence juvénile. À cet égard, les facteurs de risque criminogène sont notamment le style de communication et le mode de vie de la famille, les méthodes de surveillance des enfants, les attentes comportementales et la violence à la maison (Seydlitz et Jenkins, 1998). Certains de ces facteurs sont également cités dans les études sur la violence chez les filles, sans être toujours aussi déterminants que dans le cas des garçons.

La faiblesse des liens parents-enfant est citée comme un facteur important à prendre en considération dans l'étude de la violence chez les filles. Dans une analyse causale, Brook, Whiteman et Finch (1993) constatent que, non seulement les filles agressives viennent souvent d'une famille désunie, mais également que leur violence même contribue à l'affaiblissement des liens familiaux. Selon Viale-Val et Sylvester (1993), le fait de provenir d'une famille désunie est un facteur de risque encore plus grand pour les filles que pour les garçons. Garnefski et Okma (1996) constatent que, dans le cas des filles, la mauvaise ambiance régnant à la maison, les graves conflits opposant les parents et les querelles conjugales sont autant de facteurs de risque.

La violence familiale est également un facteur de risque important dans le cas des filles, à double titre. Premièrement, la violence verbale entre parents et fille : Vissing, Strauss, Gelles et Harrop (1991), et Garnefski et Okma (1996) notent que les filles agressives viennent souvent d'une famille où sévit la violence verbale, plus souvent en fait que les garçons.

Deuxièmement, les filles se ressentent davantage des effets de l'exposition à la violence familiale, comme le confirment plusieurs chercheurs. Par exemple, Rosenbaum (1989) note que les filles provenant d'une famille où règne la violence sont plus susceptibles de s'enfuir du foyer familial, tandis que Curtis (1991) constate qu'elles ont peu d'estime de soi.

L'exposition à la violence familiale est considérée comme un facteur de risque de violence dans le cas des garçons (Jaffe, Wolfe, Wilson et Zak, 1985), mais pas toujours dans le cas des filles. Selon Kruttschnitt (1996), par exemple, les cas de dépression sont plus fréquents chez les filles que chez les garçons exposés à la violence familiale. Selon O'Keefe (1994), et Jouriles et Norwood (1995), la situation n'est pas aussi claire dans le cas des filles. Dans le cadre de ces deux études séparées sur les jeunes exposés à la violence familiale, un nombre égal de filles manifestaient, soit des signes de repli sur soi, soit de l'agressivité. O'Keefe constate que les filles exposées à la violence familiale et mal traitées physiquement par leur mère sont légèrement plus susceptibles de devenir violentes. Il semble donc que l'affaiblissement des liens parents-enfant conjugué à l'exposition à la violence familiale, peut contribuer à l'isolement social et à la violence chez les filles. Il faudrait pousser plus loin les recherches sur les réactions différentes des filles à la violence familiale.

Influence des pairs.

Chez les enfants et les adolescents, les pairs peuvent jouer un rôle néfaste ou, au contraire, bénéfique en ce qui a trait à la violence (Matthews, 1998). En revanche, contrairement aux garçons dont la popularité au sein d'un groupe de pairs donné augmente proportionnellement à la violence qu'ils expriment, les filles semblent rejeter cette manifestation d'agressivité (Messer et Gross, 1994). Le même constat est fait à propos des filles qui font preuve à la fois de violence interpersonnelle et de formes d'agressivité plus directes (Crick, 1996; Rhys et Baer, 1998).

Si les expressions de la violence n'ont pas les mêmes effets chez les filles que chez les garçons, le processus de victimisation peut être très semblable, au contraire. Dans une enquête effectuée par Matthews (1998), les filles ont indiqué être le plus souvent victimisées par une autre fille, et les garçons par un autre garçon. Matthews en conclut que la violence joue le même rôle entre pairs, tant chez les filles que chez les garçons en ce sens qu'elle est motivée avant tout par la rivalité, la volonté de dominer et de s'affirmer.

Récemment,Woodward et Fergusson (1999) ont constaté que les filles ayant des difficultés relationnelles avaient toujours des problèmes de comportement à la fin de l'adolescence - parmi lesquels figuraient les infractions criminelles et la violence. Curieusement, n'y figuraient pas la dépression et l'anxiété, pourtant souvent associées aux difficultés relationnelles et à long terme des adolescentes.

Facteurs liés à l'école

Bien qu'elles soient rares, les études qui font état d'une corrélation entre difficultés scolaires et violence révèlent des tendances comparables chez garçons et filles, si ce n'est que l'absentéisme chronique et le décrochage scolaire sont plus prédictifs du risque de violence dans le cas des filles (Kupersmidt et Coie, 1990). En outre, le rejet social à l'école qu'expérimentent les filles ayant un comportement agressif favorise le maintien d'un tel comportement, une tendance légèrement plus marquée que dans le cas des garçons (Huesmann, Guerra, Zelli et Miller, 1992). En général, le manque de goût pour l'école, lorsqu'il se manifeste tôt, semble être un bon prédicteur du risque de violence dans l'enfance et l'adolescence.

Effets de traumatismes particuliers

Selon Bowers (1990), un traumatisme peut déclencher des réactions qui, tout en étant antisociales, voire même violentes en soi, sont perçues comme autant d'indices de la capacité de survie ou d'adaptation. Alfero (1981) note que 20 % des filles qui ont été victimisées dans l'enfance manifestent plus tard un comportement violent. Le fait, par exemple, de s'enfuir du foyer familial en réaction à un traumatisme, tel qu'une agression physique ou sexuelle, peut être perçu comme une habileté fonctionnelle, mais qui expose l'enfant ou l'adolescent à de nouvelles situations à risque, voire à une revictimisation, sans compter que cette réaction même peut laisser des séquelles psychologiques susceptibles de dégénérer en tendances à la violence.

Artz et Reicken (1997) constatent que les filles sont cinq fois plus susceptibles d'être victimes de violence sexuelle et deux fois plus susceptibles d'être victimes de violence physique que les garçons. Pour leur part, Dodge, Bates et Petitt (1990) distinguent, dans le cas des filles, au moins deux types de réactions d'adaptation à une situation de violence, la première étant « l'apparition d'une forme déviante de traitement de l'information susceptible de contribuer au développement de tendances agressives (p. 1678). Dans une étude sur l'enfance maltraitée, Dodge et al. (1990), après contrôle de diverses variables - situation socioéconomique, appartenance à une famille monoparentale et violence familiale - font état d'une corrélation significative entre mauvais traitement dans l'enfance et tendances agressives plus tard dans l'enfance et l'adolescence dans le cas des filles. Selon ces auteurs, la victimisation peut aussi entraîner chez les filles une réaction en chaîne : difficultés relationnelles, rejet/isolement social, développement des tendances agressives. Nous reviendrons sur la question du traitement de l'information et de son incidence sur la violence dans l'enfance à la section traitant des facteurs cognitifs.

Facteurs cognitifs

Dans les études générales consacrées au risque criminogène chez les jeunes, les cognitions sont considérées comme un prédicteur déterminant. Selon Andrews et al. (1992), le coefficient de corrélation entre cognitions et comportement antisocial/agressif est de l'ordre de 0,35 à 0,40. Les cognitions semblent avoir une plus grande valeur prédictive que toutes les autres variables, y compris les influences systémiques. Par exemple, Granic et Butler (1998) notent, à propos des résultats obtenus à l'échelle mesurant les croyances et les attitudes, que les valeurs antisociales et les réactions de colère sont plus fréquentes chez les adolescents violents que chez les adolescents non violents. Ces auteurs en concluent que l'activité cognitive contribue à la violence chez les adolescents ayant des tendances agressives. De même, selon Vernberg, Jacobs et Hershberger (1999), les filles qui ont recours à la violence directe au début de l'adolescence ont tendance à se justifier en voyant dans ce comportement un moyen de s'affirmer et de se valoriser. Par ailleurs, les études du phénomène de la violence chez les filles font valoir une théorie cognitive relative au traitement de l'information sociale qui établit une corrélation entre les effets des expériences interpersonnelles et la violence interpersonnelle chez les filles.

Théorie sur le traitement de l'information sociale

Les travaux de Crick et ses collègues (Crick, 1995; Crick et Dodge, 1996) traitent du rôle joué par les mécanismes de traitement de l'information sociale dans la violence interpersonnelle. Selon cette théorie, les enfants attribuent des motifs au comportement de leurs pairs dans des situations sociales. Fait important à noter, les filles agressives dans leurs relations interpersonnelles, tout comme les garçons qui ont recours à la violence physique, associent les rapports ambigus à des « actes délibérés de méchanceté » (p. 319). En revanche, selon l'une de ces études (Crick, 1995), les filles qui sont prédisposées à la violence interpersonnelle et à la violence physique prêtent des intentions plus hostiles à leurs pairs que les filles agressives uniquement dans leurs relations interpersonnelles.

Comorbidité entre violence et autres troubles mentaux

Les études traitant de la comorbidité entre violence et autres troubles de la conduite n'aboutissent pas aux mêmes conclusions, selon qu'elles traitent de la population masculine, des enfants et adolescents ou des filles. Selon les résultats de plusieurs études, les troubles mentaux tels que la dépression, l'anxiété, les troubles d'adaptation et l'angoisse de séparation sont plus fréquents chez les filles ayant commis des infractions avec violence (Crick et Grotpeter,1995; 1996). Peterson, Zhang, Lucia, King et Lewis (1996), et Juon et Ensminger (1997) constatent que les idées de suicide sont plus fréquentes chez les filles ayant un comportement agressif. Messer et Gross (1994) notent que les filles agressives sont plus enclines à la dépression que les garçons, selon les résultats enregistrés à l'échelle d'évaluation de la dépression chez l'enfant. Ils établissent une corrélation entre violence et exclusion sociale pour conclure que [traduction] « l'exclusion sociale et l'hostilité manifeste caractérisant le rejet par les pairs peuvent jouer un rôle central dans l'évolution qui s'opère entre la violence et la dépression, sans doute sous l'effet de la baisse de l'estime de soi ou des sanctions sociales » (p. 674). Cette tendance qu'ont les filles à valoriser davantage les relations sociales est peut-être l'une des caractéristiques qui leur sont propres sur le plan de la comorbidité entre violence et dépression.

Enfin, les résultats d'une étude effectuée en Suisse par Devaud, Jeannin, Narring, Ferron et Michaud (1998) méritent d'être notés. Les auteurs constatent que les filles qui se préoccupent exagérément de leur poids ou de leur image, ou qui ont de mauvaises habitudes alimentaires, des sautes d'humeur ou des idées suicidaires sont plus susceptibles d'être violentes. Ces manifestations d'agressivité sont sans doute largement sous-estimées dans l'analyse de la violence sous l'angle plus conventionnel de la santé mentale des adolescentes.

Le paradoxe lié au sexe

Une autre différence de taille entre garçons et filles réside dans le paradoxe lié au sexe, qui implique, selon Loeber et Stouthamer-Loeber (1998), que [traduction] « (…) la fréquence d'un trouble est inversement proportionnelle à sa gravité ». Cette constatation est d'une grande portée pour les artisans des politiques et les fournisseurs de services car elle suppose qu'en s'en tenant à la fréquence globale de tel trouble selon le sexe, au lieu de s'intéresser aux effets probables d'un tel trouble dans un groupe donné, celui des filles en l'occurrence, on risque de sous-estimer les besoins des filles en matière de services. Voici deux exemples à l'appui du paradoxe lié au sexe.

Le premier est tiré de l'étude de Szatmari, Boyle et Offord (1989), selon lesquels les filles souffrant du trouble déficitaire de l'attention sont quarante fois plus susceptibles d'avoir d'autres troubles de la conduite que les garçons. Le second exemple est tiré de l'étude de Loeber et Keenan (1994), selon laquelle les troubles de la conduite associés à des tendances agressives dans l'enfance sont beaucoup plus susceptibles d'entraîner d'autres problèmes - trouble d'hyperactivité avec déficit de l'attention, troubles anxieux, dépression, toxicomanie et troubles de somatisation - chez les filles que chez les garçons. Les enseignements à tirer du paradoxe lié au sexe relativement à la violence chez les filles sont considérables. Même si la violence est un phénomène beaucoup moins fréquent chez les filles que chez les garçons, parce qu'elle se manifeste de façon indirecte, et que le processus de socialisation est différent au féminin, les difficultés auxquelles les filles sont exposées sont bien plus graves que dans le cas des garçons.

Effets de la violence à la télévision et dans les jeux vidéo

Bien des études démontrent les effets de la violence télévisuelle sur les tendances agressives des enfants (voir le résumé de Sege, 1998), mais elles font rarement de distinction entre les sexes. Pourtant, la situation n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît. Certains enfants sont plus attirés que d'autres par la violence dans les médias, différence de goût qui entre en jeu dans l'analyse des effets de cette violence.

Les quelques études existantes sur les effets du contenu violent des jeux vidéo révèlent des différences importantes entre garçons et filles. Smith, Rodriquez, Thornton, Atkins et Nixon (1992) constatent que les filles ne sont tout simplement pas attirées par les jeux vidéo violents, sans doute en partie parce qu'elles sont plus sensibles. Selon Aluja-Fabregat et Torrubia-Beltri (1998), les filles trouvent le contenu des jeux vidéo plus violent et moins amusant que les garçons. Il semble donc que les jeux vidéo soient amusants et distrayants pour les uns, et violents et inintéressants pour les autres. Les quelques recherches effectuées sur le sujet donnent à penser que les filles réagissent différemment à la violence dans les médias.

Récapitulation

  1. Les études sur les effets de la violence indirecte chez les enfants révèlent que cette forme de violence perturbe autant les victimes que la violence physique.
  2. Tout comme la violence physique, la violence interpersonnelle est un phénomène très stable dans le temps.
  3. L'influence de la famille et des pairs sur la violence juvénile se manifeste différemment pour les filles que pour les garçons, en partie à cause de l'importance que les filles attachent aux relations sociales.
  4. Les filles victimes d'agression physique ou sexuelle peuvent réagir par la violence, geste conçu par certains comme un moyen d'autodéfense.
  5. La théorie relative au traitement de l'information sociale est invoquée pour expliquer le mode de pensée des filles, qui les amène à justifier le recours à la violence et qui est le résultat d'expériences particulières de la socialisation.
  6. La comorbidité entre violence et autres troubles mentaux - dont la dépression, l'anxiété et les idées suicidaires - est plus fréquente chez les filles que chez les garçons.
  7. Le paradoxe lié au sexe est d'une grande portée pour l'analyse du risque de violence chez les filles. Il implique que le risque de troubles multiples est plus grand chez les filles, même si le taux de prévalence d'un trouble donné est beaucoup moins élevé dans ce groupe.

On trouvera dans les pages qui suivent une vue d'ensemble de l'évolution du phénomène de la violence chez les filles entre l'âge de douze ans et l'âge de dix-sept ans. Certaines des études épidémiologiques les plus importantes sont passées en revue, de même que les analyses des corrélations et des prédicteurs de risque de violence directe et indirecte chez les adolescentes.

Corrélations entre la violence chez les adolescentes et d'autres variables

Méthodologie

On a commencé par inventorier les études publiées en anglais à l'aide des bases de données PSYCHINFO, SOCIOFILE et ERIC. On a utilisé pour la recherche une combinaison de mots clés comme agression, agressive, violence, violent, girls, females, adolescence et youth. On a également envoyé un courrier électronique à un serveur de liste pour psychologues en développement humain, dans lequel on demandait s'il existait des travaux non publiés ou en cours sur le phénomène de la violence chez les filles. Ont été exclus de la recherche les sujets suivants : effet de l'exposition à la violence à titre de témoin, perceptions des adolescentes sur la violence (par opposition à l'expérience réelle de la violence), effets de la violence dans les médias. Enfin, on a effectué une recherche en partant des noms des chercheurs faisant autorité sur la question de la violence chez les filles et les adolescentes.

Figurent dans la présente étude documentaire les écrits répondant aux critères qui suivent.

  1. Les comportements violents examinés sont ceux des adolescentes âgées de 12 à 17 ans. Quelques études portent sur des échantillons de jeunes femmes plus âgées, mais l'âge moyen ou le gros de l'échantillon se situe dans la plage d'âge choisie. Dans le cas des études longitudinales, seules les données se rapportant à cette plage d'âge ont été retenues.
  2. Les données sont présentées séparément par sexe. Seulement 11 études s'appuient sur des échantillons exclusivement féminins (dont deux sur des échantillons de sujets canadiens). Il a donc fallu puiser des données complémentaires à des sources traitant à la fois des garçons et des filles. Dans tous les cas, le nombre de sujets féminins devait être indiqué, ainsi que l'une ou l'autre des statistiques suivantes pour les filles : coefficients de corrélation, tests t, coefficients de régression, chi carré, régression logistique, analyse discriminante, modélisation causale, pourcentages. Quelques études qualitatives représentatives ont également été retenues.
  3. Les études examinées ont été publiées en anglais.
  4. Les dates de publication se situent entre 1991 et 1999 parce que la méta-analyse des variables associées selon le sexe à la délinquance juvénile effectuée par Andrews et Simourd (1994) portait principalement sur les études publiées dans les années 1970 et 1980.

    Au total, 175 articles et ouvrages ont été inventoriés, dont 46 ont été retenus pour l'étude des recherches empiriques sur la violence chez les adolescentes. Trois des auteurs ont réparti en huit catégories les variables présentées dans ces 46 études. Ces catégories sont les suivantes :

    1. cognition (p. ex., attitudes et croyances, locus de contrôle, empathie, idées);
    2. pairs (gangs compris);
    3. famille (p. ex., comportement des parents, liens familiaux, style de communication familiale, violence);
    4. personnalité (p. ex., trouble de la conduite, timidité);
    5. violence en général (physique, verbale, interpersonnelle);
    6. toxicomanies (alcool, drogues, tabac);
    7. école (p. ex., résultats scolaires, achèvement du programme, attitudes des enseignants);
    8. événements marquants (p. ex., suicide, grossesse, fuite de la maison).

Trois des auteurs ont codé, de façon indépendante pour ces huit catégories et en s'entendant à 86 %, les variables présentées dans les 46 études. Les désaccords au sujet du codage ont été résolus par consensus. Une fois toutes les variables codées, les catégories ont été regroupées, pour les besoins de l'étude, sous les quatre rubriques suivantes : a) violence en général; b) cognitions; c) variables systémiques (famille, pairs et école); d) variables personnelles (toxicomanie, personnalité, événements marquants). Certaines des études présentent des variables dans plus d'un de ces domaines.

Cette organisation des données visait à fournir un cadre pour l'examen méthodique des études du phénomène de la violence chez les filles, suivant le même plan de travail que celui des études effectuées sur la violence juvénile en général. En outre, le codage objectif des études et le présent compte rendu détaillé des résultats (notamment sous la forme de valeurs statistiques) jette les bases d'une future méta-analyse des études à venir sur ce même sujet.

Types de comportements violents chez les adolescentes

Il n'est pas surprenant de constater que près de la moitié des études examinées (20 sur 46) traitent de divers types de comportements violents et de corrélations (voir le tableau 2). Il convient de garder à l'esprit que les résultats de 18 de ces 20 études sont fondés sur des échantillons mixtes. Il se peut donc que les observations et les valeurs statistiques présentées dans ces études s'appliquent davantage aux garçons et ne reflètent pas nécessairement les comportements agressifs typiques des adolescentes.

Sur ces 20 études, dix ont été effectuées aux États-Unis, quatre en Finlande dont deux à l'aide du même échantillon, deux autres en Australie, deux en Angleterre et deux au Canada. Quinze études sont fondées sur des échantillons d'élèves du primaire et du secondaire, et cinq sur des échantillons de jeunes à risque élevé.

Toutes ces études visaient à évaluer diverses formes de violence physique. Par exemple, trois des études américaines révèlent, par analyse de régression logistique, que les garçons sont plus susceptibles que les filles de se battre (Cotten et al., 1994; Hausman et al., 1994; Saner et Ellickson, 1996) et de porter ou de dissimuler sur eux une arme à feu ou autre (Ellickson et al., 1997; Hausman et al., 1994). Pour leur part, Ellickson et al. (1997), et Saner et Ellickson (1996) ont utilisé le même échantillon. En revanche, l'analyse typologique de Finkelstein et al. (1994) ne révèle aucune différence attribuable au sexe dans les réponses fournies par leur échantillon d'élèves britanniques de 13 à 15 ans sur quatre points - violence verbale, violence physique, pulsions agressives et refoulement de ces pulsions. Nahulu et al. (1996) ne constatent pas non plus de différences attribuables au sexe dans leur analyse des corrélations entre violence et stratégies d'autodéfense chez un échantillon de jeunes Hawaïens.

Deux études finlandaises traitent de la violence physique en général et s'appuient sur les déclarations des pairs. L'une d'entre elles (Pakaslahti et Keltikangas-Jarvinen, 1997), qui visait à comparer quatre types de comportements agressifs aux dires des pairs dans un échantillon de filles en 8e année, révèle que les querelles sont nettement plus fréquentes que les échanges de coups. Au niveau du secondaire, on note une corrélation significative entre la violence évaluée par les pairs dans un échantillon de filles âgées de 7 à 11 ans et la violence physique dans ce même groupe de filles alors rendues à l'âge de 15 à 17 ans (Viermero, 1996). Toutefois, une analyse de régression visant à évaluer la valeur prédictive de la violence dans l'enfance pour le risque de violence à l'adolescence n'a pas donné de résultats significatifs pour les filles (R2 = 0,24, p = 0,06). Des corrélations semblables ont été établies pour un échantillon d'adolescentes noires vivant dans des logements sociaux dans l'État de Géorgie (Durant et al., 1995), entre le port d'une arme et les bagarres, les affrontements entre gangs et les voies de fait avec intention de nuire. Enfin, dans un échantillon de filles fréquentant des écoles secondaires en Caroline du Sud, 38 % des élèves de race noire et 29,5 % des élèves de race blanche en étaient venues aux coups dans les 30 jours précédents (Valois et al., 1995).

Par ailleurs, trois études traitent de la violence physique infligée à un étranger. Langhinrichsen-Rohling et Neidig (1996) notent, à propos d'un échantillon d'adolescents à risque inscrits à un programme Compagnie de travailleurs, que les filles qui ont été victimisées par un étranger sont plus susceptibles de recourir à la violence contre un étranger, le plus souvent pour se défendre. En revanche, Chase ne note aucune corrélation significative entre le recours à la violence physique contre le partenaire actuel et le recours à la violence physique contre un étranger dans un échantillon d'adolescentes inscrites à un programme de prévention du décrochage scolaire (Chase et al., 1998). Pour leur part, Valois et al. (1995) constatent que seulement 5,3 % des filles de race noire et 3,2 % des filles de race blanche de leur échantillon ont usé de violence physique contre un étranger. Bien que différentes valeurs statistiques aient été utilisées dans chacune de ces études, les corrélations sont toutes peu significatives, ce qui donne à penser que les filles sont peu susceptibles de s'en prendre physiquement à un étranger.

Tableau 2 : Types de comportements violents étudiés
Étude/Pays Échantillon/Âge Mesure de la violence Variable associée Statistique

Notes: F = taille de l'échantillon féminin; M = taille de l'échantillon masculin

  • MANOVA = analyse de la variance à plusieurs variables
Heaven (1994)/ Australie F = 146; M = 136 Élèves du secondaire; M = 14 ans Violence interpersonnelle -autodéclaration Vol et vandalisme - autodéclaration r = 0,35, p <0,01
Durant et al. (1995)/ États-Unis F = 126; M = 99 Adolescents de race noire; M = 14 ans Port d'arme Bagarres rho = 0,26
Intro par effraction rho = 0,02
Voies de fait avec intention de blesser rho = 0,48
Vol à main armée rho = 0,05
Langhinrichsen et al. (1995)/ États-Unis F = 137; M = 337 Adolescents à risque M = 18 ans Violence perpétrée contre un étranger Victimisation par un étranger R2 = 0,27, p <0,001
Valois et al. (1995)/ États-Unis F = 2237; M =1900 Élèves du secondaire, 9e année à 12e année Bagarres : Noirs - 38 % Blancs - 29,5 %
Avec un étranger Noirs - 5,3 % Blancs - 3,2 %
Avec ami(e) de même sexe Noirs - 15,1 % Blancs - 8,4 %
Avec pers. du sexe opposé Avec membre de la famille Noirs - 5,1 % Blancs - 3,5 %
  Noirs - 9,3 % Blancs - 11 %
Viemero (1996)/ Finlande F = 99; M = 88 Élèves du secondaire M = 16 ans Violence aux dires des pairs Évaluation de la violence par les enseignants Violence physique r = 0,30, p < 0,01
Criminalité autodéclarée r = 0,25, p < 0,01
Violence évaluée par les enseignants r = 0,79, p < 0,01
Criminalité autodéclarée r = 0,21, p < 0,05
Lindeman et al. (1997)/ Finlande F = 425; M = 420 F = 406; M = 422 F = 476; M = 445 Élèves du secondaire 11 ans 14 ans 17 ans Violence verbale. Source : questionnaire sur les problèmes sociaux Violence verbale plus fréquente chez les filles de 14 ans que chez les filles de 17 ans, mais moins que les garçons, tous âges confondus MANOVA*
F(1,899) = 56,33,
p < 0,01
Chase et al. (1998)/ États-Unis F = 34; M = 61 Adolescents à risque élevé M = 17 ans Violence physique contre le partenaire actuel (Conflict Tactics Scale) Violence physique :
contre l'ex-partenaire phi = -0,03, ns
contre un ami phi = 0,07, ns
contre un étranger phi = -0,15, ns
Pakaslahti et Keltikangas-Jarvinen (1998)/ Finlande F = 408; M = 431 Élèves de 8e année M = 14 ans Violence aux dires des
pairs (échanges de coups,
querelles, taxage, violence
indirecte)
Querelles filles >coups t = 3,89, p < 0,01
Indirecte filles>coups t = 10,24, p < 0,01
Indirecte filles>taxage t = 9,36, p < 0,01
Indirecte filles>querelle t = 9,56, p < 0,01
Paikoff et al. (1991)/
États-Unis
F = 72
Écoles privées M = 12 ans Échelle d'évaluation de la
violence
Échelle d'évaluation de la délinquance r = 0,59, p < 0,01
Owens et MacMullin (1995)/ Australie F = 149; M = 165 Élèves du secondaire M = 12 ans, 14,7 ans, 16,6 ans Échelles d'évaluation de la
violence - aux dires des
pairs
Violence verbale filles 9e année > 6e ou 11e F(3 198) = 13,89, p < 0,01
Violence indir. filles
11e > 6e
F(3 198) = 15,54, p < 0,01
Violence physique garçons> filles toutes années confondues F(1 102) = 47,74, p < 0,01
Violence verbale garçons> filles 6e , 11e F(197) = 16,34, p < 0,01
Violence indir. filles > garçons 9e, 11e F(1,97) = 23,21, p < 0,01
Eley et al. (1999)/ Angleterre F = 408; M = 384 Jumeaux Âge = 8 - 16 ans Évaluation des parents : Échelle des comportements violents Vraies jumelles r = 0,77, p < 0,01
Fausses jumelles r = 0,44, p < 0,01
Échelle de délinquance Vraies jumelles r = 0,75, p < 0,01
Fausses jumelles r = 0,57, p < 0,01
Comportement violent Délinquance (toutes les
filles)
r = 0,55, p < 0,01
Bjorkqvist et al. (1992)/ Finlande F = 63; M = 64 Élèves de 9eannée M = 15 ans Violence indirecte Violence physique Violence verbale Repli sur soi Filles > garçons Garçons > filles Pas de différence Filles > garçons Analyse discriminante
Hausman et al. (1994)/ États-Unis F = 201; M = 203 Enquête par téléphone 13-19 ans Expérience menaces Sexe Garçons > filles (p =0,004)
Expérience bagarres Sexe Garçons > filles (p =0,008)
Port d'arme Sexe 13% garçons, 4% filles
Finkelstein et al. (1994)/ Angleterre F = 40; M = 30 Élèves du secondaire 13-15 ans Violence verbale Violence physique Pulsions agressives Refoulement des pulsions agressives Pas de différence entre les sexes quelle que soit la mesure Analyse typologique
Cotten et al. (1994)/ États-Unis F = 214; M = 222 Élèves M = 12,5 ans Bagarres, école Sexe 26 % de filles
47 % de
garçons
Saner et Ellickson (1996)/ États-Unis F = 2476; M = 2110 Élèves de 12eannée Actes de violence Sexe Garçons 1,6 de
fois plus
susceptibles de
recourir à la
violence
Artz (1998)/ Canada
F = 6
Déclarées violentes par les intervenants M = 14,5 ans Raisons justifiant le recours à la violence physique Responsabilité de la
violence attribuée à la
victime (justifiée pour la
mettre à sa place)
Entretiens qualitatifs
Ellickson et al. (1997)/ États-Unis F = 2474; M = 2112 Étudiants en 7eannée et 12eannée Âge = 17-18 ans Autodéclaration : Pour les 3
mesures :
Test t,
p
< 0,0001
Bagarres entre gangs Garçons-13%, filles-3%
Port d'une arme Garçons-21%, filles-4%
Voies de fait Garçons-19%, filles-8%
Nahulu et al. (1996)/ États-Unis F = 941; M = 749 Élèves du secondaire 9e année-12eannée Échelle d'agressivité Sexe Aucune différence
Howell et al. (1997)/ Canada F = 29; M = 86 Admission pour évaluation psychiatrique Âge = 12-18 ans Questionnaire sur les situations à risque élevé Sexe Type de crime Pas de différence significative selon le sexe ou le type de crime

Seulement deux études traitent de la corrélation entre violence et vol/vandalisme chez les adolescentes. Heaven (1994) fait état d'une corrélation significative entre violence interpersonnelle autodéclarée et vol/vandalisme autodéclaré dans son échantillon d'élèves du secondaire australiennes. En revanche, l'étude de Durant et al. (1995) ne révèle pas de corrélation significative entre le port d'une arme ou l'utilisation d'une arme et la perpétration d'un vol chez des adolescentes noires. Dans un échantillon de jeunes filles de milieu aisé fréquentant des écoles privées de New York (Paikoff et al., 1991), on note une forte corrélation entre violence et délinquance, 0,59 (p < 0,01), qui est peut-être due au fait que les deux échelles utilisées reprennent des éléments d'un même instrument de mesure (Youth Behaviour Profile). Les résultats de ces quelques études semblent indiquer qu'il pourrait y avoir une corrélation entre la violence et d'autres comportements antisociaux chez les filles. Il faudrait pousser plus loin les recherches sur une telle corrélation pour pouvoir aboutir à des conclusions définitives.

Seulement trois études finlandaises et une étude australienne (Owens et MacMullin, 1995) portent sur des mesures de la violence non physique, que bien des auteurs (p. ex., Bjorkqvist, Osterman et Kaukiainen, 1992; Crick et Dodge, 1994; Loeber et Stouthamer-Loeber, 1998; Statin, 1989) la jugent plus typique des adolescentes. Par exemple, Owens et MacMullin (1995) constatent qu'aux dires de leurs pairs, les filles de 9e année (14 ans) sont plus susceptibles d'user de violence verbale (p. ex., insultes, injures) que les filles de 11e année. En outre, ces dernières, toujours aux dires de leurs pairs, sont plus susceptibles de violence indirecte (p. ex., commérage, indifférence feinte) que les filles de 6e année. Enfin, en 9e année et en 11e année, la violence indirecte est plus fréquente chez les filles que chez les garçons (F(1,102) = 8,72, p < 0,01).

De même, Lindeman et al. (1997) notent que, aux dires de leurs pairs, les filles de 14 ans sont plus susceptibles de recourir à la violence verbale que les adolescentes de 17 ans. Toutefois, dans les deux études, la violence verbale est moins fréquente chez les filles que chez les garçons. Au sujet du même échantillon, Pakaslahti et Keltikangas-Jarvinen (1998) constatent que, aux dires des pairs, la violence verbale indirecte (intrigues) est plus fréquente que la violence physique, le taxage et les querelles chez les filles, alors que les garçons sont plus enclins à recourir au taxage qu'aux trois autres formes de violence. Dans une autre étude explorant les différences entre les sexes, Bjorkqvist, Lagerspetz et Kaukianen (1992) constatent, par analyse discriminante, que la violence indirecte (p. ex., commérages, médisances) est plus typique des filles, tandis que la violence physique (p. ex., crocs-en-jambe, coups de pied) est plus typique des garçons.

Fait intéressant, deux études menées sur deux continents indiquent que, aux dires des pairs, la violence verbale est plus courante chez les filles de 14 ans que chez les filles plus âgées. Peut-être est-ce à cause des tensions et perturbations qui marquent le passage à l'adolescence, et des changements que cela entraîne dans les relations interpersonnelles. Autre résultat intéressant de ces deux études : les filles sont plus portées à la violence indirecte que les garçons. Là encore, il faudrait pousser plus loin les recherches sur ces deux variables pour déterminer si ces tendances sont généralisées.

L'une des plus fortes corrélations établies par Viemero (1996) est entre la violence aux dires des pairs et la violence évaluée par les enseignants (r=0,79). Les élèves participant à l'enquête ont nommé toutes leurs camarades de classe ayant des comportements agressifs (10 au total), tandis que les enseignants ont noté leurs étudiantes, sur une échelle de 1 à 5, relativement à leur recours à la violence verbale et physique. Cette forte corrélation indique que les élèves et les enseignants s'entendent sur l'identité des filles ayant un comportement agressif, et donne à penser que d'autres étudiants et enseignants pourraient repérer les filles ayant des problèmes de violence.

Dans un tout autre ordre d'idées, il y l'étude de jumeaux et jumelles effectuée en Grande-Bretagne (Eley, Lichtenstein et Stevenson, 1999), dans laquelle les parents de 501 paires de jumeaux ont rempli les sections du questionnaire intitulé Child Behaviour Checklist (Achenbach, 1991) traitant respectivement de la violence (p. ex., bagarres, menaces) et de la délinquance (comportement antisocial non violent; p. ex., mentir, tricher, voler). Cette étude a été retenue en dépit du fait que la plage d'âge va de 8 à 16 ans parce que les chercheurs ont commencé avec les jumeaux âgées de 13 ans enregistrés dans le British Register for Twins, puis ont recruté les autres dans des clubs pour jumeaux. Cette étude ne fait pas état de l'âge moyen des sujets. Les moyennes obtenues aux deux échelles, tant par les filles que par les garçons de l'échantillon, sont faibles et inférieures à celles qui sont indiquées dans le manuel d'utilisation du questionnaire pour des enfants américains. Sur le plan de la violence, les coefficients de corrélation entre paires de jumelles sont de 0,77 pour les vraies jumelles, de 0,44 pour les fausses jumelles et de 0,27 pour les jumeaux des deux sexes. Les chiffres concernant les garçons sont comparables, ce qui indique la présence de certains effets génétiques relativement à la violence, la corrélation entre vrais jumeaux étant plus forte.

Les données obtenues sur le comportement antisocial non violent (délinquance) sont différentes. Du côté des filles, les coefficients de corrélation se comparent à ceux obtenus relativement à la violence (0,75 pour les vraies jumelles, 0,57 pour les fausses jumelles et 0,32 pour les jumeaux des deux sexes), alors que du côté des garçons, ils sont les mêmes pour les deux catégories de jumeaux (0,65 pour les vrais jumeaux et 0,66 pour les faux jumeaux). En outre, le coefficient de corrélation entre violence et comportement antisocial non violent est de 0,55 pour les filles (Eley et al., 1999). Ces fortes corrélations et d'autres valeurs semblables pour les deux catégories de jumeaux des deux sexes donnent à penser que les influences du milieu jouent un rôle déterminant sur le comportement antisocial non violent. Toutefois, l'écart plus important entre les coefficients de corrélation obtenus pour les deux catégories de jumelles, par rapport aux garçons, indique que les facteurs génétiques jouent un plus grand rôle dans le comportement antisocial non violent chez les filles. Les corrélations plus faibles pour les paires des deux sexes révèlent des différences entre les sexes relativement à l'étiologie du comportement antisocial non violent. Bien qu'un facteur génétique entre peut-être en jeu dans le comportement violent et antisocial non violent des filles, Paikoff et al. (1991) ne constatent aucune corrélation entre la situation hormonale et l'agressivité dans leur échantillon de filles âgées de 10 à 14 ans.

L'un des inconvénients des études quantitatives réside dans le fait qu'elles ne font pas ressortir dans toute sa complexité ce qu'un comportement donné signifie pour les gens. L'un des inconvénients des études qualitatives est que leurs résultats ne peuvent être généralisés et appliqués à l'ensemble de la population visée. Cela dit, une étude qualitative auprès d'un échantillon canadien (Artz, 1998) présente des observations intéressantes au sujet de six adolescentes âgées entre 13 et 16 ans ayant recours à la violence physique plutôt qu'à la violence indirecte. Artz a eu des entretiens en profondeur avec ces filles, qui étaient jugées violentes par les conseillers de leur école et d'autres organismes, et par leurs compagnes de classe, et qui se considéraient comme telles, du fait de leur propension à s'en prendre physiquement à leurs camarades. Le plus intéressant dans cette étude, ce sont les raisons données par ces filles pour justifier leur comportement violent. Premièrement, les bagarres auxquelles elles ont été mêlées, loin d'être déclenchées par une explosion de colère spontanée, étaient planifiées à l'avance pour « épater la galerie ». Il était particulièrement important que des garçons soient présents pour leur montrer que les filles sont aussi capables qu'eux de se battre et pour les exciter sexuellement. Deuxièmement, les victimes étaient choisies suivant ces critères : elles méritaient qu'on leur donne une leçon; elles étaient prétentieuses; elles convoitaient le copain d'une autre fille; ou elles étaient perçues comme étant des « salopes ». Troisièmement, les filles jugées violentes rejetaient la responsabilité des bagarres sur les victimes, celles-ci ayant bien mérité d'être traitées ainsi à cause de leur comportement.

Artz (1998) tire plusieurs conclusions des résultats de ces entretiens. Premièrement, ces adolescentes justifient leur comportement violent/imposition d'une punition comme l'ont fait leurs parents avec leurs enfants (toutes venaient d'une famille où régnait la violence). Deuxièmement, Artz croit que ces filles ont intériorisé les préjugés nourris à l'endroit des femmes dans la société. Comme toutes les minorités opprimées, elles retournent contre les autres membres du groupe les sentiments de mépris envers elles-mêmes pour s'affirmer et attirer, par la même occasion, l'attention du groupe dominant - les garçons.

Cette étude est intéressante dans la mesure où elle fait valoir la nécessité d'axer les recherches à venir sur les expériences personnelles, et non plus sur le phénomène de la violence au féminin à travers le prisme de la violence au masculin. Par exemple, Matthews (1998) affirme que les mobiles de la violence sont les mêmes pour les filles que pour les garçons : rivalité, affirmation de soi, volonté de dominer. Les données présentées par Artz (1998), ainsi que quelques autres études, laissent entendre qu'il faudrait y ajouter un mobile dans le cas des filles : exercer leur influence sur les autres.

Quelles conclusions peut-on tirer de ces quelques études sur les diverses formes de violence utilisées par les adolescentes? La majorité des chercheurs montrent que les filles sont moins susceptibles que les garçons d'être mêlées à des bagarres (Cotten et al., 1994; Hausman et al., 1994; Saner et Ellickson, 1996) et de porter une arme (Ellickson et al., 1997; Hausman et al., 1994). Les deux études ne révélant aucune différence entre les sexes quant aux formes de violence utilisées ont été effectuées respectivement en Angleterre et à Hawaï (Finkelstein et al., 1994; Nahulu et al., 1996), leurs échantillons se différenciant suffisamment du contexte nord-américain pour donner des résultats différents. En outre, les adolescentes semblent être plus portées à recourir à la violence indirecte ou interpersonnelle qu'à la violence physique, surtout lorsqu'on les compare aux garçons (Bjorkqvist, Lagerspetz, et Kaukianen, 1992; Owens et MacMullin, 1995; Pakaslanhti et Keltikangas-Jarvinen, 1998). Cette tendance confirme celle qui se dégage des recherches effectuées auprès de filles plus jeunes (Bjorkqvist, 1994; Pulkkinen, 1992; Stattin et Magnusson, 1989; Talbott, 1997), selon lesquelles au début de l'adolescence, une réorientation vers des formes plus indirectes de violence s'amorce. Enfin, comme on le verra dans les pages qui suivent, bon nombre de variables systémiques sont associées à la violence chez les adolescentes, mais l'étude effectuée récemment sur les jumeaux (Eley et al., 1999) indique qu'une composante génétique entre également en jeu dans la violence, tant chez les filles que chez les garçons. Cela implique qu'il est particulièrement important d'intervenir tôt auprès des enfants pour remédier aux conséquences éventuelles d'une prédisposition génétique à la violence.

Variables cognitives associées à la violence chez les adolescentes

Les études du phénomène de la violence qui portent sur les filles de moins de 12 ans mettent l'accent sur la théorie du traitement de l'information sociale. Mais les études menées auprès des adolescentes explorant les corrélations entre variables cognitives et violence sont rares. Nous en avons dénombré seulement 7 sur les 46 études examinées (voir le tableau 3).

Deux de ces études ont été faites en Finlande par des équipes de recherche différentes utilisant des échantillons différents (Osterman, Bjorkqvist, Lagerspetz, Charpentier, Caprara, et Pastorelli, 1999; Pakaslahti et Keltikangas-Jarvinen, 1997), et deux autres aux États-Unis (Chase et al., 1998; Giancola, Mezzich et Tarter, 1998; Carlo, Raffaelli, Laible et Meyer, 1999). Pour ce qui est des échantillons, des cohortes normales d'élèves du secondaire ont été utilisées dans cinq cas; un groupe de toxicomanes en traitement a été utilisé à des fins de comparaison pour une étude; dans un autre cas, les sujets étaient inscrits à un programme de thérapie comportementale.

Toutes les études visaient à explorer les différences entre les sexes relativement à diverses mesures des cognitions : stratégies de résolution de problèmes, locus de contrôle, justification et légitimation de l'usage de la violence. Des corrélations ont ensuite été explorées entre ces variables et des mesures de la violence autodéclarée et du comportement violent antérieur. Les mesures utilisées à cette fin étaient le Conflict Tactics Scale, des échelles tirées du Weinberger Adjustment Inventory, le Youth Health Risk Survey ainsi que des questions relatives à la violence formulées par les auteurs. La majorité de ces études sont fondées sur des définitions conventionnelles de la violence en tant qu'acte manifeste, mais Osterman et al. (1999) ont utilisé une mesure créée par Bjorqvist, qui évalue la violence indirecte. Aucune étude ne fait état d'activités criminelles officielles.

Dans ces études, les victimes sont des personnes plus ou moins connues, depuis des étrangers (dans un seul cas) jusqu'au partenaire actuel. Les types de comportements étudiés vont de la violence physique à la violence verbale. Les corrélations entre chaque forme de violence et la mesure des cognitions employée sont indiquées séparément.

Les corrélations les plus faibles sont celles qui sont fondées sur des instruments de mesure généraux du processus cognitif, comme le Locus of Control Scale utilisé par Osterman et al. (1999), les échelles cognitives tirées du Antisocial Behavior Questionnaire et le Kiddie-Schedule for Affective Disorders (Giancarlo et al., 1998). Les mesures exprimées sous forme de questions plus précises sur le raisonnement sous-jacent au recours à la violence donnent des corrélations plus fortes. Ainsi, Carlo et al. enregistrent des corrélations significatives entre renoncement à la violence et empathie envers la victime (r=0,56), distanciation (r=0,30) et échelles cognitives combinées relatives à l'adaptation positive (p. ex., pensée rationnelle) (r=0,49).

D'autre part, une étude (Chase, Treboux, O'Leary et Strassburg, 1998) traite de la question de la justification et de la légitimation du recours à la violence chez les adolescentes, dans le contexte particulier des relations qu'entretient la personne interrogée avec la victime. Les questions posées rappellent celles qui visent à mesurer le risque criminogène en général, comme celles de Simourd (1994), et Butler et Leschied (1997). Ces questions se rapportent à des situations précises dans lesquelles la personne interrogée peut juger qu'il est « justifié » de recourir à la violence physique pour atteindre l'objectif recherché. Ces situations, ou contextes, varient selon le but visé - depuis la nécessité de se défendre jusqu'à la volonté de dominer les autres. Dans l'étude présentée par Chase et al. (1998), les corrélations les plus significatives apparaissent entre la justification de l'usage de la force et l'expérience d'un conflit avec une personne non considérée comme ami (r=0,50) ou avec un ami (r=0,38). Les corrélations sont non significatives entre le recours justifié à la force et l'expérience d'un conflit avec un ex-partenaire ou le partenaire actuel.

Les mesures de l'empathie et de la distanciation utilisées par Chase et al. (1998) donnent lieu à des corrélations modérément significatives lorsqu'elles sont associées, séparément et conjointement, au renoncement à la violence. Autrement dit, il y aurait une corrélation positive entre la prise de conscience des effets de la victimisation et la capacité de renoncer à la violence.

Il y a relativement peu d'études traitant des cognitions qui explorent les associations possibles entre l'expression de la violence chez les adolescentes et des facteurs personnels ou contextuels. Les chercheurs qui s'intéressent au phénomène de la violence chez les pré-adolescentes ou à la criminalité juvénile en général accordent beaucoup d'importance aux cognitions dans l'élaboration d'une étiologie de la violence chez les jeunes. En fait, c'est grâce à leurs travaux que l'on a tant progressé dans le traitement et la prévention de la violence et des troubles de la conduite (Hollin, 1990).

Tableau 3 : Études des cognitions associées à la violence
Étude/ Pays Échantillon/Âge Mesure de la violence Variable associée Statistique

Notes: F = taille de l'échantillon féminin; M = taille de l'échantillon masculin; IC = intervalle de confiance

Osterman et al. (1999)/ Finlande F=358; M=364 International- européen Âge = 11 ans et 15 ans Échelle de violence : Violence physique Locus de contrôle r=0,06, ns
Violence verbale r=0,02, ns
Violence indirecte r=0,09, ns
Carlo et al. (1999)/ États-Unis F= 46; M=43 École élémentaire et secondaire M= 16 ans Autodéclaration; recours à la violence Empathie r=0,56, p< 0,001
Distanciation r=0,30, p< 0,001
Échelles combinées r=0,49, p< 0,001
Chase et al. (1998)/ États-Unis F=34; M=61

Programme de prévention

M= 17 ans

Autodéclaration; Justification de la violence Relations avec :
partenaire actuel r=0,28, ns
ex-partenaire r=0,26, ns
un ami r=0,38, p< 0,05
une personne autre qu'un ami r=0,50, p< 0,001
un ex-partenaire r=0,07, ns
partenaire actuel r=0,07, ns
Pakaslhati et Keltikangas (1997)/ Finlande F= 383; M=398 Élèves du secondaire M= 14 ans Comportement violent Relativisme r=-0,06, ns
Absolutisme r=-0,08, ns
Légitimation r=0,08, ns
Moralité r=0,60, p< 0,001
Stratégies de défense Relativisme r=0,13, p< 0,05
Absolutisme r=0,26, p< 0,001
Légitimation r=0,03, ns
Moralité r=0,29, p< 0,001
Giancarlo et al. (1998)/ États-Unis F = 283 Jeunes toxicomanes et non toxicomanes M=16 ans Questionnaires remplis par les intéressés Comportement : r=0,03, ns
Perturbateur actuel r=0,04, ns
perturbateur invétéré r=0,01, ns
délinquant actuel r=0,06, ns
délinquant invétéré global actuel r=0,02, ns
global permanent r=0,10, ns
Hausman et al. (1994)/ États-Unis F=201, M=199 Adolescentes de quartiers défavorisés; Âge = 13-19 ans Enquête sur la violence; réactions aux situations de conflit Témoin de violence 69 %
Port d'une arme 4 %
Victime de menaces 30 %
Mêlée à une bagarre 23 %
Cotten et al. (1994)/ États-Unis F=214, M=222 Élèves du secondaire Autodéclaration;Youth Health Risk Survey Régression linéaire de la violence selon le sexe Coéf. régr. 95 % IC -0,01,-0,67, 0,64
Violence physique antérieure 26 %
Suspension de l'école pour violence physique 21 %
Filles moins portées à la violence physique Odd-ratio 95 % IC* 0,44,0,29,0,68

Deux études explorent les corrélations entre les tendances générales de la violence et les cognitions chez les adolescentes. Cotten et al. (1994) analysent, par régression linéaire multiple et régression logistique, les notes obtenues à un questionnaire d'autoévaluation sur la violence en corrélation avec plusieurs variables cognitives mesurant la perception des attitudes familiales à l'égard de la violence, chez les garçons et les filles. Bien que les scores moyens obtenus sur la violence en général soient plus élevés chez les garçons que chez les filles, il n'y a pas de différence entre les sexes dans les corrélations entre violence et attitudes propices à la violence des membres de la famille. Pour les adolescentes, les coefficients de corrélation sont de r=0,42 (p < .001) entre la perpétration d'actes de violence et les attitudes des sujets à l'égard de la violence, et de r=0,22 (p < .001) entre la perception des attitudes propices à la violence des parents et la perpétration d'actes de violence.

Dans l'étude présentée par Hausman et al. (1994), les attitudes sont classées en fonction des réponses données à 21 questions portant sur les stratégies de résolution des conflits, la mesure dans laquelle on peut éviter la violence et la sensibilisation au risque associé aux armes. Fait intéressant à noter à propos de cette étude axée sur les jeunes de quartiers défavorisés, les filles se disant exposées à la violence étaient plus nombreuses que les garçons, tandis que les garçons se disant exposés personnellement à la violence étaient plus nombreux que les filles. Les autres résultats de cette étude, exprimés en fréquences et en pourcentages, traitent de diverses variables cognitives liées aux stratégies de résolution de problèmes. Les adolescentes qui évitaient les bagarres étaient plus susceptibles de penser qu'on peut éviter la violence.

Les résultats de ces deux études en ce qui a trait aux variables cognitives cadrent avec ceux des études sociopsychologiques sur le risque criminogène chez les jeunes (Andrews et Bonta, 1998) : il existe une corrélation négative entre la violence et la complexité cognitive requise pour éviter un conflit au moyen d'une stratégie de résolution de problèmes. En outre, il existe une corrélation positive entre les attitudes propices à la violence des parents et les attitudes propices à la violence des adolescentes.

Facteurs systémiques associés à la violence chez les adolescentes

Facteurs liés à la famille

De nombreuses études font valoir l'importance de la vie et de la dynamique familiales dans la promotion et le maintien d'attitudes et de comportements violents (p. ex., Farrington, 1992; Patterson et al., 1989; West et Farrington, 1973). Dix des études examinées explorent les corrélations entre la violence chez les adolescentes et des variables liées à la famille - apprentissage social, style de comportement des parents et exposition à la violence.

Ces études ont été effectuées dans diverses régions du monde : quatre aux États-Unis, trois en Finlande et trois autres, respectivement au Canada, en Angleterre et en Australie. La majorité portent sur des échantillons d'élèves du secondaire ou d'adolescents à risque élevé. Par contre, Pakaslahti et al. (1998) ont pris des parents comme unité d'analyse pour leur étude des différences entre adolescentes violentes et adolescentes non violentes. Huit des dix études présentent des comparaisons entre filles et garçons.

Heaven (1994) commence par examiner la relation entre violence interpersonnelle autodéclarée et perceptions au sujet de la qualité des communications au sein de la famille. Le style de communication familiale est déterminé à l'aide des 40 éléments du Family of Origin Scale (Manley et al., 1990), regroupés sous divers thèmes : communication positive (p. ex., inciter l'enfant à s'exprimer), communication négative (p. ex., mauvaise ambiance à la maison) et acceptation de la perte. Une seule corrélation positive, mais faible, est enregistrée entre la violence autodéclarée et la communication négative au sein de la famille.

Plusieurs études explorent le rôle déterminant des parents, comme modèles de comportement, dans l'apprentissage social des jeunes. Bjorkqvist et Osterman (1992) présentent une analyse approfondie de l'influence du comportement des parents sur la violence à l'adolescence. On trouvera au tableau 4 les corrélations établies entre la violence chez les jeunes et leurs perceptions du comportement de leurs parents lorsqu'ils sont en colère : elles sont significatives et cadrent ainsi avec la théorie de l'apprentissage social. Par exemple, les filles qui sont témoins de querelles conjugales sont plus portées à la violence verbale. Les auteurs font la distinction entre deux contextes : la maison et les relations avec les amis. Fait intéressant, la corrélation entre les comportements violents des parents et le comportement violent à la maison est plus forte pour les filles que pour les garçons.

Par ailleurs, la corrélation entre le comportement violent des enfants et le comportement violent du père est plus forte dans le cas des filles que dans celui des garçons. En fait, des analyses plus poussées révèlent que la corrélation entre certains comportements du père (p. ex., porter la main sur ses proches) et la violence juvénile est positive dans le cas des filles et négative dans le cas des garçons. De même, le comportement de la mère est plus prédictif du risque de violence chez les garçons que chez les filles. Selon les auteurs, si l'influence du père est moins marquée dans le cas d'un garçon, c'est sans doute parce que celui-ci se distance de son père et ne s'identifie donc pas à lui.

Pour mieux comprendre le rôle des parents dans la socialisation de la violence, Bjorkqvist et Osterman (1992) ont effectué des analyses d'équations structurelles sur l'interaction entre le comportement des parents, les liens affectifs avec les parents et la violence, pour constater que les liens affectifs parent- enfant est le principal prédicteur de risque de violence juvénile. Il convient de noter, toutefois, qu'en l'occurrence, le comportement de la mère se résumait à une variable (crier) et celui du père à deux variables (porter la main sur ses proches et boire de l'alcool).

Pakaslahti et al. (1998) examinent un autre aspect du comportement des parents : les stratégies de résolution de problèmes qu'ils utilisent. Ils explorent les différences entre filles violentes et filles non violentes relativement à l'influence du comportement de la mère et du père en matière de résolution de problèmes, pour constater que les pères des filles violentes ont des capacités limitées en matière de résolution de problèmes, comparativement aux pères des filles non violentes. Sur le plan de la résolution de problèmes interpersonnels, seules les mères ont une influence significative. Les mères des filles violentes sont plus susceptibles de recourir à l'indifférence et à la réprimande, et moins susceptibles de discuter des problèmes à résoudre avec leurs filles, comparativement aux mères des filles non violentes.

Trois autres études explorent les corrélations entre violence à l'adolescence et comportement des parents (Carlo et al., 1999; Saner et Ellickson, 1996; Viemero, 1996). Viemero (1996) constate que les filles qui sont rejetées par leurs parents sont plus portées à la violence. En outre, Carlo et al. (1999) notent que, plus les parents sont présents dans la vie de leurs enfants adolescents (peu importe le sexe), moins ces derniers ont recours à la violence physique. De même, Saner et Ellickson (1996), dans une étude longitudinale sur la violence juvénile, constatent, par analyse de régression logistique, l'existence d'une corrélation positive entre le manque de soutien et d'affection des parents et la violence prédatrice et physique persistante chez les adolescentes. Ces variables donnent des corrélations significatives pour les sujets des deux sexes, mais plus fortes dans le cas des adolescentes. Enfin, les auteurs notent une corrélation positive entre violence physique persistante et désunion de la famille seulement dans le cas des filles.

Tableau 4 : La violence et les variables liées à la famille
Étude/Pays Échantillon/Âge Mesure de la violence Variable associée Statistique

Notes: F = taille de l'échantillon féminin; M = taille de l'échantillon masculin

Heaven (1994)/ Australie F= 146; M=136 Élèves du secondaire M = 14 ans Violence interpersonnelle; autodéclaration Famille :  
Communication positive r =-0,11, ns
Communication négative r = 0,19, p < 0,05
Acceptation de la perte r =-0,12, ns
Langhinrichsen et al. (1995)/ États-Unis F=137; M =337 Adolescents à risque M = 18 ans Conflict Tactics Scale: Perpétration contre les Victimisation par un
parent
r =0,36, p < 0,001
parents Perpétration contre les frères et sœurs r =0,15, ns
Perpétration contre les
amis
r =0,24, p < 0,01
Pakaslahti et al. (1998)/ Finlande F= 58 Filles violentes et non violentes et parents Évaluation de la violence par les enseignants Stratégies de résolution de problèmes du père t =-1,93, p =0,06
Emploi de la stratégie de l'indifférence par la mère t = 1,90, p =0,06
Emploi de la stratégie de la réprimande par la mère t = 2,07, p =0,04
Emploi de la stratégie de la discussion par la mère t = -2,15, p =0,04
Viemero (1996)/ Finlande F= 99; M= 88 Élèves du secondaire Âge = 15-17 ans. Violence aux dires des
pairs
Punition par les parents r =0,21, ns
Rejet par les parents r =0,42, p < 0,01
Wekerle et Wolfe
(1998)/Canada
F= 193; M= 128
Élèves du secondaire M = 15 ans Questionnaire : Violence physique Mauvais traitements infligés dans l'enfance

R2 =0,02, ns

2

contre le partenaire Violence verbale contre le partenaire R =0,03, ns
Watts et Ellis (1993)/ États-Unis F= 670; M= 654 Élèves du primaire et du secondaire; 7e-12e années Autodéclaration : Menaces avec arme (7e-12e années) Victimisation autodéclarée violence sexuelle r =0,13, p < 0,01
Menaces avec arme (7e-8e années) r =0,33, p < 0,01
Délinquance (7e-12e années) r =0,26, p < 0,01
Délinquance (7e-8e années) r =0,51, p < 0,01
Jasper et al. (1998)/
Angleterre
F= 100
Filles placées en centre de services sociaux Âge = 11-17 ans Violence mentionnée dans la lettre de renvoi Antécédents /absence d'antécédents de mauvais traitements χ2 NS
Carlo et al. (1999)/ États-Unis F=46; M = 43 Élèves du secondaire M= 16 ans Renoncement à la violence Perception des adolescents du rôle des parents R2 =0,16,
F variation(1,86) =
18,7, p < 0,001
Bjorkqvist et Osterman (1992)/ Finlande F= 85; M= 89 Élèves du secondaire M= 13,6 ans Autodéclaration : Perception de l'adolescent
Comportement du père :
Violence Frapper r =0,26, p < 0,05
Violence Boire de l'alcool r =0,29, p < 0,01
Violence à la maison Violence verbale r =0,56, p < 0,001
Violence contre amis Violence verbale r =0,35, p < 0,001
Violence à la maison Violence physique r =0,69, p < 0,001
Violence contre amis Violence physique r =0,18, p < 0,05
Violence Liens affectifs r =0,36, p < 0,001
Comportement de la
mère
Violence Crier r =0,26, p < 0,05
Violence à la maison Quitter la maison r =0,42, p < 0,001
Violence contre amis Quitter la maison r =0,25, p < 0,05
Violence à la maison Violence verbale r =0,45, p < 0,001
Violence contre amis Violence verbale r =0,28, p < 0,01
Violence à la maison Violence physique r =0,38, p < 0,001
Violence contre amis Violence physique r =0,01, ns
Violence Liens affectifs r =0,28, p < 0,01
Saner et Ellickson (1996)/ États-Unis F = 2476; M =2110 Élèves de 12e année Violence physique persistante Peu de soutien des parents OR= 2,1, p < 0,05
Famille désunie OR= 1,4, p < 0,05
Violence prédatrice Peu de soutien des parents OR= 1,7, p < 0,05

Plusieurs chercheurs explorent la mesure dans laquelle la négligence et les mauvais traitements infligés par les parents influent sur les manifestations de la violence chez les adolescentes. Langhinrichsen-Rohling et Neidig (1995) ont demandé à des jeunes de milieu défavorisé de remplir un questionnaire sur leur expérience de la victimisation et sur les actes de violence perpétrés contre leurs parents, frères et sœurs, amis ou des étrangers. Ils notent une corrélation significative entre la victimisation par les parents et les actes de violence contre les parents et les amis. Une analyse de régression multiple par degrés a permis d'établir que 39 % de la variance relative à la perpétration d'actes de violence contre les parents est due à quatre variables indépendantes - victimisation des frères et sœurs, victimisation des parents, victimisation des amis et exposition à la violence conjugale. Toutefois, la dernière variable a un effet inhibiteur indiqué par une valeur bêta négative.

Watts et Ellis (1993) se penchent sur un autre aspect des problèmes familiaux : la violence sexuelle. Ils notent une forte corrélation entre l'expérience de la violence sexuelle infligée par un membre de la famille et la délinquance, particulièrement chez les sujets plus jeunes (voir le tableau 4). Les adolescentes en 7e ou 8e année qui ont été victimes de violence sexuelle sont plus susceptibles que les adolescentes plus âgées de menacer quelqu'un avec une arme. En revanche, Jasper, Smith et Bailey (1998) constatent, dans une analyse rétrospective d'un échantillon de 100 adolescentes admises dans un service psychiatrique médico-légal, que la proportion de filles violentes envers les autres est la même, qu'elles aient été maltraitées ou non (68 % et 69 % dans chaque groupe, respectivement). Enfin, Wekerle et Wolfe (1998) ont examiné l'impact des mauvais traitements subis dans l'enfance sur les relations intimes d'un échantillon d'élèves du secondaire. Les mauvais traitements infligés dans l'enfance n'ont pas de valeur prédictive du risque de violence dans les relations intimes, du moins dans le cas des filles.

Ces études illustrent l'importance des facteurs liés à la famille relativement au phénomène de la violence chez les adolescentes. On enregistre des corrélations significatives entre la violence physique et verbale du père ou de la mère et la violence dont les filles font usage à la maison ou à l'endroit de leurs pairs (Bjorkqvist et Osterman, 1992). Les modes de communication négatifs des parents (Heaven, 1994; Pakaslahti et al., 1998), le rejet par les parents (Viemero, 1996), ou le peu de soutien des parents (Saner et Ellickson, 1996) sont autant de variables liées à la violence chez les adolescentes. Ces résultats confirment les observations faites au sujet des filles plus jeunes (Garnefski et Okma, 1996; Viale-Val et Sylvester, 1993; Vissing et al., 1991) et les conclusions d'études portant uniquement sur les garçons (Henggeler, 1989).

Fait surprenant, les chercheurs qui explorent les corrélations entre violence à l'adolescence et négligence/violence subie dans l'enfance obtiennent des résultats contradictoires. Deux études (Langhinrichsen-Rohling et Neidig, 1995; Watts et Ellis, 1996) révèlent une corrélation significative entre les deux variables, tandis que deux autres (Jasper et al., 1998; Wekerle et Wolfe, 1998) n'en révèlent aucune. Des analyses rétrospectives d'échantillons de sujets ayant été victimes de violence et de négligence dans l'enfance (Weeks et Widom, 1998; Widom et White, 1997) révèlent que, rendus à l'âge adulte, ces hommes et ces femmes sont plus susceptibles d'être arrêtés pour des crimes de violence. Il faudrait approfondir les recherches pour clarifier ces résultats contradictoires concernant les adolescentes et pour mieux comprendre les processus sous-jacents expliquant le rapport entre les mauvais traitements subis dans l'enfance et les arrestations pour crimes de violence à l'âge adulte.

Facteurs liés aux pairs

Quatre études traitent des corrélations entre la violence chez les adolescentes et les pairs (voir le tableau 5). Dans le cadre d'une étude longitudinale sur l'influence des facteurs biologiques et sociocontextuels sur la violence juvénile, Caspi et al. (1993) évaluent le rapport entre la fréquentation de pairs délinquants et la violence chez les filles. Ils constatent que les filles ayant des antécédents de violence sont plus susceptibles de fréquenter des pairs délinquants que les filles non violentes ( t(127)=2.16, p < 0,05). Comme dans le cas des garçons (Patterson, 1992), les filles violentes peuvent continuer à avoir des problèmes de comportement en raison de leur association avec des pairs délinquants, qui multiplie les occasions de se livrer à des actes de délinquance.

L'appartenance à un gang est un autre aspect de l'influence des pairs sur la violence juvénile. Depuis des dizaines d'années, on fait des recherches sur les gangs masculins, mais rarement sur l'appartenance des filles à des gangs. Selon trois études qualitatives (Brotherton, 1996; Harris, 1994; Joe et Chesney-Lind, 1995) effectuées par entretiens, l'on se joint à un gang plus ou moins pour les mêmes raisons, peu importe le sexe, soit : pour échapper à un milieu défavorisé, pour se valoriser, pour le sentiment d'appartenance et d'identité. Selon Harris (1994), les adolescentes peuvent également se joindre à un gang par désir de vengeance (p. ex., venger la mort d'un frère ou d'une sœur, se venger après un viol), pour assurer sa protection et pour appartenir à une « famille », étant donné qu'elles viennent souvent d'un milieu familial désuni et violent. En outre, Joe et Chesney-Lind (1995) notent que, au sein d'un gang, les filles apprennent à se défendre contre la violence qui sévit dans leur famille et dans leur voisinage.

Contrairement aux idées reçues, Harris (1994) fait observer que les gangs féminins ne lésinent pas sur les activités criminelles et les comportements délinquants. En fait, la capacité et la volonté de se battre est très valorisée dans ces groupes, et la violence physique joue un grand rôle comme forme d'interaction sociale et comme stratégie de résolution de problèmes. En revanche, Joe et Chesney-Lind (1995) s'appuient sur les résultats d'entrevues avec des membres de gang des deux sexes pour dire que les femmes ne sont pas aussi violentes que les hommes au sein de ces groupes. Ils supposent que, par leur présence au sein des gangs d'hommes, les femmes peuvent prévenir la violence et la délinquance. Les auteurs notent également que les femmes de l'échantillon étaient moins susceptibles d'être mêlées au trafic de drogues que les sujets masculins. Pour sa part, Brotherton (1996) constate, au contraire, que les femmes membres d'un gang composant son échantillon misaient avant tout sur les activités criminelles les plus lucratives, comme le trafic de drogues et la vente de biens volés.

Les quatre études explorant la relation entre violence à l'adolescence et influence des pairs diffèrent légèrement des études fondées sur les échantillons plus jeunes, qui se concentrent surtout sur la victimisation des pairs selon le sexe. Des études de l'évolution des comportements antisociaux (Patterson, DeBarsyshe et Ramsey, 1989) font valoir l'influence croissante des pairs à l'adolescence. Dans le cas d'un adolescent qui se joint à un gang, ce groupe de pairs joue un rôle déterminant sur son comportement. Dans une moindre mesure, Caspi et al. (1993) notent une corrélation significative entre la délinquance à l'adolescence et la fréquentation des pairs. Tous les travaux sur les adolescentes membres de gangs qui ont été examinés pour la présente étude proviennent des États-Unis. Il faudra faire beaucoup de recherches pour déterminer l'ampleur du phénomène au Canada et pour comprendre ce qui motive des adolescentes à se joindre à un gang. Les stratégies d'intervention seront bien différentes selon que leur choix est motivé par la pauvreté, comme le suggère Brotherton (1996), par la violence familiale ou par d'autres facteurs intrapsychiques.

Facteurs liés à l'école

Trois études explorent les corrélations entre la violence chez les adolescentes et diverses variables liées à l'école. Deux d'entre elles (Ellickson et al., 1997; Serbin, Cooperman, Peters, Lehoux, Stack et Schwartzman, 1998) analysent le rapport entre la violence ou la délinquance et le décrochage ou les mauvais résultats scolaires. La corrélation est significative dans les deux cas. Les adolescentes qui ont des comportements violents ou délinquants sont plus susceptibles d'abandonner leurs études et d'avoir de mauvais résultats scolaires (voir le tableau 5).

Après avoir établi une corrélation entre l'apparition des premières règles et la délinquance, Caspi, Lyman, Moffitt et Silva (1993) ont cherché à savoir dans quelle mesure la composition de la population scolaire modifiait cette corrélation, pour constater que celle-ci s'applique uniquement aux filles fréquentant une école mixte. Les filles précoces (dont la puberté commence avant l'âge de 12 ans et demi) fréquentant une école mixte sont plus susceptibles de se livrer à des actes de délinquance que leurs compagnes (voir le tableau 5). Selon les auteurs, une puberté précoce est un facteur de risque de délinquance, d'autant plus dans les écoles mixtes, où les occasions de se livrer ou d'être exposées à la délinquance ne manquent pas.

Ces quelques études donnent à penser que certains aspects du milieu scolaire ont un lien avec la violence chez les adolescentes. Comme dans le cas des filles plus jeunes (Kupersmidt et Coie, 1990), il existe une corrélation significative entre la violence chez les adolescentes et le décrochage et les mauvais résultats scolaires. Il est particulièrement inquiétant de constater que les mauvais résultats scolaires sont également associés à d'autres problèmes. Serbin et al. (1998) notent, à propos de leur échantillon de filles à risque élevé à Montréal, que les mauvais résultats scolaires sont un facteur de risque de grossesse chez les adolescentes et d'autres problèmes connexes - problèmes de comportement de la mère à l'endroit de l'enfant, dépression et anxiété, problèmes de comportement de l'enfant. Autrement dit, l'école joue un rôle préventif : les filles violentes qui terminent leurs études secondaires s'en tirent mieux, toutes variables confondues. Ces résultats font valoir la nécessité d'aider les filles portées à la violence à améliorer leurs résultats scolaires et leurs relations avec les pairs pour éviter qu'elles n'abandonnent leurs études. Car il reste peu d'options à celles qui ont quitté l'école, si ce n'est de faire des enfants.

Tableau 5 : La violence et les variables liées aux pairs et à l'école
Étude/ Pays Échantillon/Âge Mesure de la violence Variable Statistique

Notes: F = taille de l'échantillon féminin; M = taille de l'échantillon masculin

Brotherton (1996)/
États-Unis
F=46
Membres de gang Âge=15-22 ans Raison de l'affiliation à
un gang
Structure d'organisation
des gangs
Usage de la violence
Trafic de drogues, autres activités criminelles Entretiens qualitatifs
Harris (1994)/
États-Unis
F=21
Membres de gang Normes de violence en usage dans le groupe Structure du gang Activités Entretiens qualitatifs
Joe et Chesney-Lind (1995)/ États-Unis F=13; M=35 Membres de gang Délinquance autodéclarée Antécédents familiaux Activités et organisation du gang Entretiens qualitatifs
Caspi et al. (1993)/ Nouvelle-Zélande F = 264 Élèves du secondaire Antécédents de violence Fréquentation de pairs délinquants t(127)=2,16, p< 0,05
Caspi et al. (1993)/ Nouvelle-Zélande F = 264 Élèves du
secondaire; étude
longitudinale
Âge =13 ans et 15
ans
Autodéclaration :
Délinquance à l'âge de
13 ans
Filles précoces dans écoles mixtes/écoles pour filles t(262) =2,98, p <0,01
Délinquance à l'âge de
15 ans
Filles précoces dans écoles mixtes/écoles pour filles t(261) =2,02, p <0,05
Persistance de la délinquance Écoles mixtes/ écoles pour filles t(261) =4,09, p <0,001
Serbin et al. (1998)/
Canada
F = 428
Longitudinal sur 20 ans; élèves ayant de mauvais résultats scolaires Violence dans l'enfance Résultats scolaires r =-0,28, p < 0,01
Violence dans l'enfance Décrochage scolaire r =0,22, p < 0,01
Ellickson et al. (1997)/ États-Unis F = 2474; M = 2112 Longitudinal Élèves de 7e année et de 12e année Âge=17-18 ans Autodéclaration :
Violence persistante Décrochage scolaire (deux sexes) OR = 2,2, p < 0,001
Mauvais résultats scolaires (deux sexes) OR = 2,3, p < 0,001
Violence intermittente Mauvais résultats scolaires (filles) OR = 1,9, p < 0,05

Corrélations entre toxicomanie et violence chez les adolescentes

Sept études explorent les corrélations existant entre toxicomanie et violence chez les adolescentes. Trois d'entre elles sont fondées sur des échantillons cliniques, deux visent à comparer échantillons cliniques et échantillons d'élèves du secondaire « normaux », et une autre est fondée uniquement sur un échantillon d'élèves du secondaire. Dans deux cas, la taille de l'échantillon féminin est relativement importante (n=100; n=283 respectivement), et des comparaisons sont faites au sein du groupe relativement à la corrélation entre toxicomanie et violence.

Fait intéressant, Andrews et al. (1993) notent, au sujet de la toxicomanie chez les jeunes contrevenants :

[Traduction] « La toxicomanie est très répandue et les types de toxicomanes très variés, mais les facteurs qui différencient les toxicomanes des non-toxicomanes (au sein d'un échantillon de délinquants) sont relativement peu nombreux (p. 115). »

Huizinga, Menard et Elliott (1989) ajoutent une exception à cette règle générale en suggérant que la corrélation entre toxicomanie et infractions données, particulièrement les voies de fait, serait plus convaincante si elle s'appuyait sur des données complémentaires relativement aux types de drogues et à l'usage qu'en fait le jeune.

Quatre études explorent les différences entre les sexes pour la corrélation entre violence et toxicomanie. Celle de Kingery, Mirzaee, Pruitt, Hurley et Heuberger (1991) révèle une différence significative en ce sens que la corrélation est plus forte chez les garçons que chez les filles. La corrélation la plus significative entre toxicomanie et violence chez les adolescentes est relevée par Ellicson, Saner et MacGuigan (1997). Ces auteurs font état d'un rapport entre l'usage prolongé de drogues et la violence « épisodique » et « persistante ». De même, Jasper, Smith et Bailey (1998) notent que la moitié des filles violentes d'un échantillon clinique sont des toxicomanes chroniques. Toutefois, Huizinga et al. (1989) signalent que l'association entre toxicomanie et violence ou délinquance persistante peut être attribuable à d'autres facteurs. Dans le même esprit, Kingery et al. (1991) font état d'une corrélation significative entre la propension à prendre des risques et la toxicomanie dans un échantillon de filles violentes. Enfin, à la lumière des résultats d'entretiens qualitatifs avec 20 adolescentes placées dans un centre de détention, Anderson (1994) constate que la toxicomanie est associée à d'autres variables - appartenance à un gang, alcoolisme, vol et violence physique - chez les filles.

Tableau 6 : Corrélations entre toxicomanie et violence
Étude/ Pays Échantillon/Âge Mesure de la violence Variable Statistique

Notes: F = taille de l'échantillon féminin; M = taille de l'échantillon masculin

Kingery et al. (1991)/ États-Unis F=533, M=471 Élèves du secondaire Âge = 13-15 ans National Student Health Survey

Antécédents de toxicomanie

Prise de risques

F= 6,99, p< 0,01
Filles: M=10,36
Garçons: M=11,47
r=0,53, p< 0,001
Horowitz et Pottieger (1991)/ États-Unis F= 100, M= 291 Jeunes admis dans le système de justice Âge =14-17 ans Entrevue dirigée; infractions répertoriées, mesurées Antécédents de toxicomanie Filles: 61 %
Garçons: 58,6 %
2 p< 0,14)
Brook et al. (1996)/ États-Unis F=195, M=163 Échantillon aléatoire de familles Étude longitudinale; jeunes suivis de l'âge de 5 ans à l'âge de 27 ans Autodéclaration; Violence Usage de drogues R2=0,24, p< 0,05
Autodéclaration :
1re fois r=0,19, p< 0,05
2e fois r=0,20, p< 0,05
3e fois r=0,08, ns
Ellickson et al. (1997)/ États-Unis F=2474, M=2112 Élèves du secondaire et décrocheurs Âge = 17-18 ans Autodéclaration; Violence Autodéclaration
Usage de drogues
et:
Violence occasionnelle 64 %; Ratio (Occ./Aucune) 1,4 (p< 0,001)
Violence multiple/persistante 73 %; Ratio
(Multiple et
Persistante/Aucune)
1,7 (p< 0,001)
Giancola et al.
(1998)/États-Unis
F=283
Échantillon clinique (ÉC) et échantillon d'élèves du secondaire (ÉÉS) M(ÉC) = 16,0 ans M(ÉÉS) =15,7 ans Troubles affectifs et schizophrénie; questionnaire sur le comportement antisocial Drug Use Screening Inventory
Comportement violent X toxicomanie (actuelle) R2= 0,03 (p< 0,05)
Comportement violent X toxicomanie (chronique) R2=0,07 (p< 0,001)
Jasper et al. (1998)/
États-Unis
F=100
Échantillon clinique Âge = 10-18 ans; M=14,6 ans Examen du dossier; registre de l'enfance maltraitée Entrevue sur l'usage de la drogue :
Drogues avec violence 50,0 %
Drogues sans violence

18,8 %

χ2=8,85, p<0,01

Joe et Chesney-Lind (1995)/ États-Unis F=13, M=35 Membres de gang M=16,0 ans Entrevues; Autodéclaration Délinquance et violence Caractéristiques personnelles/familiales; appartenance à un gang; usage de drogues illicites Résumés
qualitatifs des
données
recueillies en
entrevue
Anderson (1994)/
États-Unis
F=20
Adolescentes
placées en centre de
détention
Âge = 13-18 ans
Entrevues Usage de drogues et appartenance à un gang Résumés qualitatifs des entrevues

Corrélations entre personnalité et violence chez les adolescentes

Cinq études révèlent des corrélations entre facteurs liés à la personnalité et violence chez les adolescentes (voir le tableau 7). Non seulement les études sur cette question sont limitées, mais elles sont également fondées sur des concepts mal définis, tant de la violence que de l'intériorisation de conflit. Dans la plupart des cas, l'évaluation des variables est fondée sur le diagnostic du clinicien et sur l'examen rétrospectif du cas.

Deux études traitent des taux de prévalence de diagnostics DSM-III au sein d'un groupe de filles ayant un comportement agressif. Zoccolillo et Rogers (1991) constatent que près de 90 % des filles violentes rentrent dans cette catégorie de troubles de conduite, la dépression majeure arrivant en deuxième position (31 % des cas). Pour leur part, Gabel et Shindledecker (1991) notent que les filles rentrant dans la catégorie Trouble des conduites du DSM-III et montrant certains signes de violence s'en tirent mieux que les garçons, en ce sens qu'elles sont plus susceptibles d'être renvoyées chez elles. Ces résultats cadrent avec ceux qui se dégagent des recherches effectuées sur les troubles de la conduite chez des filles plus jeunes (Henggeler, 1989).

Les autres études traitant de cette question mesurent l'état de santé mentale tel qu'il est décrit par les sujets. Ellickson et al. (1996) notent que les filles violentes sont plus susceptibles que les garçons de se dire en mauvaise santé mentale. Jasper et al. (1998) indiquent que près d'une fille sur cinq de leur échantillon d'adolescentes admises dans un service médico-légal a causé un incendie criminel. En outre, 7 % se sont infligé des blessures, et près de 9 % ont déclaré souffrir de troubles mentaux, dont la nature n'était pas définie. Le coefficient de corrélation entre dépression et violence est de 0,41 dans cet échantillon. Des résultats semblables au sujet de la corrélation entre dépression et violence sont signalés chez des préadolescentes (Messer et Gross, 1994).

Tableau 7 : Corrélations entre personnalité et violence
Étude/ Pays Échantillon/Âge Mesure de la violence Variable Statistique

Notes: F = taille de l'échantillon féminin; M = taille de l'échantillon masculin

Curtis (1991)/
États-Unis
F=36
Délinquantes à risque et leurs mères Âge = 11-15 ans Autodéclaration et diagnostic clinique Self-Concept Scale: Éval.du sujet Éval. de la mère Évaluations
combinées mère-fille
R2=0,20, ns
Zoccolillo et Rogers
(1991)/ États-Unis
F=55
Patientes en hôpital psychiatrique Âge = 13-16 ans Diagnostic Interview Schedule Diagnostics DSM-III : % rentrant dans chaque cat. de diagnostic déclarées violentes :
Trouble de conduite 87 %
Dépression majeure 31 %
Aucune cat. précise 42 %

Gabel et Shindledecker (1991)/ États-Unis

F=84 M=65

Traitement de jour et hospitalisation

Âge = 12-18 ans

Examen du dossier et interrogatoire

DSM-III et
décisions de gestion
du cas :

Améliorations filles >garçons

X2 =26,64, dl=1,
p< 0,001
Paikoff et al. (1991)
/
États-Unis
F=72
Élèves d'écoles privées M=12 ans Aggression Scale Delinquency Scale Dépression r=41, p< ,001 r=42, p< 0,001
Ellickson et al. (1996)/ États-Unis F=2474 M=2112 Élèves du secondaire Âge = 17-18 ans Autodéclaration Violence Autodéclaration État de santé mentale t=3,90, p < 0,001; «mauvais état de santé mentale» : filles comparées aux garçons
Jasper et al. (1998)/
Grande-Bretagne
F=100
Adolescentes placées en service médico-légal Âge = 10-18 ans Dossier médical; au moins un cas de voies de fait Dossier médical:
Blessure volontaire 7,0 %
Incendie criminel 17,6 %
Maladie mentale 8,8 %

Corrélations entre événements marquants et violence chez les adolescentes

Dans leur examen des variables susceptibles de contribuer à la violence chez les adolescentes, Loeber et al. (1990) indiquent que des événements marquants perturbateurs, peuvent influer sur l'expression de la violence ou résulter de cette violence. Deux des études examinées traitent du lien possible entre des événements marquants et la violence.

Vanatta (1996; voir le tableau 8) examine la corrélation entre comportement suicidaire et expression de la violence. Une analyse de régression par degrés révèle des similitudes entre les deux sexes relativement à ce lien avec le comportement suicidaire - défini comme étant les pensées, les plans ou les tentatives de suicide survenus dans les trente derniers jours. La corrélation est plus forte chez les garçons (R2=0,39, β=0,13, p< 0,001) que chez les filles (R2=0,26, β=0,13, p< 0,001). Toutefois, l'auteur indique que cette différence est peut-être due en partie au fait que [traduction] « la majorité des questions posées traitaient des comportements violents manifestes, qui sont plus typiques des garçons que des filles (p. 158) ». Vanatta fait une autre observation intéressante à ce sujet : [traduction] « plus les tendances suicidaires étaient marquées, plus le comportement violent était fréquent (p. 159) ». À la lumière de ces constatations, on peut conclure que l'on pourrait mieux évaluer la gravité du comportement suicidaire en fonction de l'expression de la violence. En revanche, il faudrait approfondir les recherches sur deux points. Premièrement, il faudrait analyser la corrélation entre comportement suicidaire et extériorisation de la violence auprès d'échantillons cliniques d'adolescentes. Deuxièmement, il faudrait élargir la définition de la violence pour tenir compte des manifestations plus typiques des filles, comme la violence interpersonnelle.

La seconde étude explorant la corrélation entre violence et événements marquants de la vie chez les adolescentes porte sur la probabilité d'une grossesse. Les données longitudinales recueillies par Serbin, Cooperman, Peters, Lehoux, Stack et Schwartzman (1998) indiquent que le risque relatif (Rr) d'une grossesse est plus élevé chez les adolescentes jugées violentes (Rr = 2,17, p < 0,01) ou violentes-repliées sur soi (Rr = 1,86, p < 0,01) que chez les adolescentes jugées seulement repliées sur soi (Rr = 1,16, ns). Il importe de noter que, dans le cas des adolescentes déclarées violentes dans l'enfance, l'école a joué un rôle préventif en diminuant le risque d'une grossesse prématurée.

Tableau 8 : Corrélations entre événements marquants et violence chez les adolescentes
Étude/Pays Échantillon/Âge Mesure de la violence Variable Statistique

Notes: F = taille de l'échantillon féminin; M = taille de l'échantillon masculin; IC = intervalle de confiance.

Vanatta (1996)/ États-Unis F=1672 M=1738 Élèves du secondaire Âge = 12-17 ans Questionnaire sur les attitudes et les comportements Questionnaire sur le comportement suicidaire
Activité suicidaire R2 =0,26, p< 0,001
Tendance suicidaire R2=ns  
Serbin et al. (1998)/ Canada Étude 1 : F = 853 Étude 2 : F = 428 Étude 3 : F = 89

Participants d'âge scolaire

Âge = 6-19 ans

Violence aux dires des
pairs
  Risque relatif IC*
Adolescente-mère 2,17 1,29-3,65
Deux enfants ou plus pendant l'adolescence 1,47 0,92-2,35
Naissances rapprochées 0,59 0,29-1,22
Accouchement difficile 0,44
p< 0,01
0,17-1,13

Cadre pour une synthèse des principaux résultats de l'analyse des corrélations validées empiriquement entre violence et variables significatives chez les adolescentes

Un modèle sociopsychologique est proposé comme cadre de référence pour une récapitulation des corrélations les plus significatives entre violence et facteurs marquants chez les adolescentes. Le tableau 9 présente ces facteurs ainsi que les variables associées à chacun d'entre eux. Pour les besoins de cette synthèse, on a retenu les études utilisant des mesures fiables de la violence et des variables associées, qui sont indexées autrement que sur des données autodéclarées, ainsi que des échantillons exclusivement féminins ou mixtes dont les sujets féminins constituaient au moins un tiers du groupe (les études qualitatives ont été exclues). est rarement fondée sur un concept unitaire. Dans les dernières études effectuées sur le risque criminogène, les corrélations établies s'inscrivent, non pas dans un tel concept unitaire, mais plutôt dans un cadre de référence (Andrews et Bonta, 1998). Autrement dit, les facteurs qui contribuent au risque de comportement antisocial, en général, ou de violence sont complexes, et englobent des variables à la fois systémiques et individuelles.

Tableau 9 : Résumé des principaux résultats relatifs aux corrélations entre violence et variables significatives chez les adolescentes
FACTEUR DESCRIPTION

La prédiction du risque, ou même la description des variables contribuant à un résultat,

Famille Style de communication négatif
Violence physique infligée par les parents
Réprimandes infligées à l'enfant par la mère
Rejet parental
Violence sexuelle
Négligence parentale
Violence verbale et physique du père
École Résultats scolaires
Décrochage au secondaire
Cognitions Empathie et distanciation
Légitimation de l'usage de la force
Personnalité Idées suicidaires
Manque d'estime de soi
Dépression
Toxicomanie Usage persistant de drogues variées
Type et forme de violence au féminin Propension à la violence verbale au début de
l'adolescence
Moins portées à la violence physique que les garçons
Plus portées à la violence verbale que les garçons (à
tous âges)
Victimisation par un étranger prédictive du risque de
violence contre des étrangers
Plus portées à la violence indirecte que les garçons

Les principaux résultats de cette étude documentaire sur la violence chez les adolescentes rappellent, à bien des égards, ceux qui se dégagent des études du risque de délinquance, en général, et des études de la violence chez les adolescents. Pourtant, les 46 études examinées et les nombreuses comparaisons évoquées dans ce rapport jettent un éclairage nouveau sur le phénomène de la violence.

La première conclusion est que la violence au féminin n'a rien d'un concept unitaire : elle peut être interpersonnelle et indirecte, ou physique et directe. Au début de l'adolescence (avant l'âge de 14 ans), les filles sont plus portées à la violence verbale que les adolescentes plus âgées. En outre, les filles sont plus portées à la violence verbale que les garçons, tous âges confondus. Les tendances relatives à la victimisation sont les mêmes pour les deux sexes : les jeunes s'en prennent le plus souvent à une victime du même sexe et du même âge. En revanche, l'escalade de la violence se fait par des voies différentes. Les garçons sont plus susceptibles de céder à une impulsion (Farrington, 1989), tandis que les filles passent de la violence verbale à la violence interpersonnelle manipulatrice et, dans certains cas à la violence physique (Artz, 1998).

Deuxièmement, certaines des corrélations présentées au tableau 9 se retrouvent dans les études du risque criminogène chez les filles et de la violence chez les garçons. Elles font ressortir les faits suivants : le rôle déterminant des interactions familiales; la justification ou la légitimation de l'usage de la force chez certaines adolescentes motivées par la volonté de dominer leur entourage; la valeur prédictive de l'usage persistant de diverses drogues. Dans une méta-analyse des différences entre les sexes relativement aux corrélations entre délinquance et autres variables, Simourd (1993) souligne la valeur prédictive des relations familiales et des cognitions peu importe le sexe. De même, Hawkins et al. (1999) font état de fortes corrélations entre la violence chez les adolescents et certains facteurs liés à la famille - violence parentale, vie familiale mal organisée, attitudes des parents propices à la violence et conflits familiaux - qui sont tous cités dans la présente étude documentaire à propos de la violence chez les adolescentes.

En revanche, les études sur le phénomène de la violence chez les adolescentes soulèvent plusieurs points particuliers, à commencer par une comorbidité entre violence physique et tendances autodestructrices ou suicidaires. Bien que les recherches effectuées dans ce domaine soient encore limitées, elles aboutissent à cette constatation, tant pour les adolescentes que pour les fille de moins de douze ans. Selon Crick et al. (1995; 1996), Peterson et al. (1996), et Juon et al. (1997), les filles pourraient retourner contre autrui cette tendance à l'autodestruction. En outre, il semble y avoir une corrélation unique entre la violence et la victimisation physique ou sexuelle au sein de la famille d'origine dans le cas des filles. Constatation des plus intéressantes qui mérite d'être approfondie, les filles étant plus susceptibles d'être victimes de violence que les garçons. Il faudrait également explorer les liens entre violence et personnalité antisociale. Car les études du risque criminogène en général révèlent des corrélations très significatives entre le comportement délinquant et des variables comme l'égocentrisme et la propension à prendre des risques (Andrews et Bonta, 1998). Il reste à déterminer dans quelle mesure ces variables sont prédictives du risque de violence chez les filles et les adolescentes.

Questions relatives aux instruments de mesure

Diverses méthodes de collecte de données ont été utilisées pour les besoins des 46 études examinées : question unique ou série de questions distinctes (17 études), instruments d'autodéclaration normalisés (14 études), enquêtes auprès des pairs ou des enseignants (8 études), entretien qualitatif (5 études) et examen des dossiers (2 études). Les questions uniques et, par le fait même, les réponses qu'elles génèrent ne sont pas aussi fiables que les instruments normalisés. La méthode de collecte de données auprès des pairs consiste à demander aux élèves de nommer trois de leurs camarades de classe ayant parfois un comportement agressif. On fait alors le total du nombre de fois qu'un même sujet a été nommé, que l'on divise par le nombre d'élèves de la classe. Cette méthode permet d'éviter que les participants fassent de fausses déclarations sur eux-mêmes, mais elle a l'inconvénient de s'appuyer sur une seule question.

L'une des premières priorités, c'est de concevoir des instruments d'évaluation mieux ciblés sur les questions et les comportements qui caractérisent les adolescentes. Par exemple, Henning-Stout (1998) utilisent trois instruments de mesure du comportement d'usage courant pour les recherches sur la violence juvénile : la Liste de comportement pour les enfants (LCE; Achenback, 1991), le Social Skills Rating System (SSRS; Gresham et Elliott, 1990) et le Behavior Assessment System for Children (BASC; Reynolds et Kamphaus, 1992). L'auteur a commencé par faire lire à des enseignants des ouvrages (p. ex., Brown et Gilligan, 1992; Way, 1995) qui décrivent les barrières sociopsychologiques faisant obstacle à l'adaptation des filles. Les enseignants se sont ensuite entendus sur une liste de 22 phrases reflétant les difficultés d'ordre social et affectif vécues par les filles qui sont mises en lumière dans ces ouvrages. Une équipe de trois chercheurs a alors mis en regard ces 22 phrases et tous les énoncés proposés dans les trois tests précités pour déterminer ceux qui cadraient avec l'expérience des filles. Ils en ont trouvé 14 sur 112 (12,5 %) dans la LCE, 7 sur 54 (14 %) dans le SSRS, et 10 sur 138 (7,2 %) dans le BASC.

Toutefois, même parmi les énoncés retenus, il y en a qui risquent d'être mal interprétés. Par exemple, trois des énoncés de l'échelle du SSCS consacré au mensonge correspondent davantage, pour les adolescentes, à une idéalisation des relations interpersonnelles qu'à l'expérience du mensonge, soit : [traduction] a) « Rien ni personne ne peut blesser mes sentiments »; b) « Je suis d'accord avec tout ce que les autres disent »; c) « Je ne me mets jamais en colère ». D'autre part, ces énoncés sont muets sur certaines préoccupations que peuvent avoir les filles au sujet des conflits interpersonnels, des limites à ne pas dépasser en matière de relations sexuelles, de la violence sexuelle et leur statut minoritaire. Autrement dit, les instruments utilisés pour évaluer les expériences des filles ne tiennent pas compte des attitudes et des valeurs qui leur sont propres.

Pour remédier à ces insuffisances, il faut absolument concevoir de nouveaux instruments d'évaluation de la violence qui tiennent compte des expériences vécues en propre par les filles, en particulier en matière de violence interpersonnelle ou indirecte, et de violence physique.

Enseignements à tirer des études existantes

[Traduction] « La solution la plus prometteuse n'est pas de continuer d'admettre en pagaille les filles dans un système de justice conçu pour les garçons ni de séparer les jeunes contrevenants selon le sexe. C'est plutôt d'élaborer des programmes adaptés aux besoins propres aux filles, qui s'inscrivent dans une approche globale de la délinquance au féminin. »

(Peters, 1998, p. 2)

Cette étude des écrits publiés sur le phénomène de la violence chez les adolescentes fournit un résumé des corrélations établies pour ce groupe particulier. Les 46 études examinées présentent des données sur la valeur prédictive de certaines variables psychosociales. Le seul autre examen approfondi des études du risque criminogène chez les jeunes selon le sexe est la méta-analyse effectuée par Simourd et Andrews (1994). Cette analyse fait ressortir les similarités entre les sexes relativement aux facteurs de risque. La présente étude aboutit aux mêmes conclusions, mais met également en évidence certaines différences importantes touchant les adolescentes qui sont lourdes de conséquences, comme nous allons le voir.

Premièrement, il es clair que les filles expriment leurs tendances agressives autrement que les garçons. Les études effectuées par Crick et Dodge (1994; 1996) auprès de filles âgées de moins de douze ans, et par Pakaslahti et Keltikangas (1997; 1998) auprès d'adolescentes, en particulier, révèlent que la violence au féminin se manifeste de façon plus indirecte ou sociale que directe et physique. Dans cette perspective, on peut mieux cerner les questions relatives à l'évolution de la violence chez les adolescentes (comme il est indiqué dans Debold, Wilson, et Malave, 1993; Gilligan, Lyons et Hammer, 1990). Les filles, plus que les garçons, apprennent à se définir et à s'affirmer dans le contexte de leurs interactions sociales (Artz, 1997). Il est donc logique d'en conclure qu'elles sont plus portées à la violence interpersonnelle qu'à la violence physique, plus typique des garçons.

En revanche, la relation directe entre violence interpersonnelle et violence physique n'est pas claire chez les filles. Il est manifeste, toutefois, que si l'on examine le phénomène de la violence juvénile sans faire de distinction entre les sexes, l'on néglige toute une dimension du problème dans le cas des filles. Il serait utile d'adapter pour les filles l'instrument d'évaluation de la violence interpersonnelle conçu par Crick pour dépister des tendances à la violence chez les filles et les adolescentes qui peuvent également manifester leur agressivité de façon plus physique.

Deuxièmement, les études sur la comorbidité entre violence et troubles mentaux révèlent que la dépression et les idées suicidaires sont plus fréquentes chez les filles violentes. Selon Andrews et al. (1992), le pourcentage de garçons violents ayant d'autres troubles de la conduite est de 8 % à 12 %, alors que le pourcentage de filles violentes souffrant également de dépression avoisine le 40 %. Ce dernier pourcentage est encore plus élevé dans l'échantillon d'adolescentes à risque des quartiers défavorisés de Chicago étudié par Obeidallah et Earls (1999). On aurait donc intérêt à évaluer la présence d'autres troubles de santé mentale chez les filles à risque pour prévenir une aggravation éventuelle de leur comportement violent.

Troisièmement, les filles sont beaucoup plus susceptibles d'être victimes de violence physique ou sexuelle de la part d'un membre de leur famille ou d'un étranger. Les études examinées révèlent que la victimisation des filles est un facteur de risque de violence. Le cycle de la victimisation menant à la violence chez les adolescentes mérite d'être exploré plus avant. Plusieurs chercheurs, particulièrement Artz (1997), laissent entendre que la violence est pour ces adolescentes un moyen d'éviter une revictimisation. Si une analyse plus poussée confirme cette constatation, il vaudrait la peine d'aider les filles qui ont été victimes de violence à apprendre à résoudre des conflits autrement que par la violence, pour éviter d'être admises dans le système de justice pour les jeunes ou les adultes et d'être à nouveau victimisées par la même occasion. Car, comme l'indiquent déjà Cunningham et Leschied (1998) au sujet d'un échantillon de femmes d'une grande ville de l'Ontario, les victimes de violence sont nombreuses à se retrouver dans le système de justice pour adultes.

Quatrièmement, dans une étude documentaire sur la violence juvénile, Hawkins et al. (1998) aboutissent à cette conclusion : [traduction] « La présente étude indique que le comportement violent est le résultat des interactions de facteurs contextuels, personnels et situationnels. Il faut tester des modèles d'analyse à plusieurs variables qui intègrent ces facteurs dans des enchaînements causals théoriques pour orienter l'élaboration de programmes de prévention de la violence à composantes multiples » (p. 146). En dépit du nombre limité des études existantes, il semble nécessaire de procéder séparément à ces tests pour les adolescentes et de mieux cerner, au préalable, les variables d'ordre interpersonnel, psychique et contextuel qui les concernent en propre. Car les filles et les garçons évoluent différemment dans l'existence. Par exemple, les premières manifestations de violence apparaissent plus tardivement chez les filles que chez les garçons (Zoccolillo, 1993), et les filles sont plus susceptibles de s'en prendre à un garçon que l'inverse (Loeber et Stouthamer-Loeber, 1998). Certaines des conclusions tirées de la présente analyse méritent d'être étudiées plus avant, notamment sur les chapitres de la victimisation antérieure, de l'exposition à la violence familiale et de l'isolement social. Loeber (1999) propose une liste de ces questions à explorer. Voici celles qui s'ajoutent aux questions précitées : rôle du sexe, puberté précoce, sentiment de culpabilité, empathie, sensibilité au rejet, stress de la vie et accouplement sélectif (les adolescentes étant plus susceptibles de choisir un partenaire ayant un comportement antisocial que l'inverse). Les stratégies de prévention et d'intervention doivent tenir compte de l'importance de ces facteurs dans la vie des filles.

Enfin, Loeber et al. font valoir la nécessité d'assembler toutes les pièces du « puzzle » que constitue le phénomène de la violence chez les adolescentes. La section qui suit propose des orientations pour les recherches à venir qui aideront à reconstituer le puzzle.

Réflexions pour un programme de recherche

Comme on l'a noté à maintes reprises tout au long de ce rapport, les études sur la violence chez les adolescentes sont rares comparativement à celles qui sont consacrées à la violence au masculin. En fait, la plupart des travaux examinés présentent des données sur les deux sexes, séparément. Les enquêtes effectuées auprès d'échantillons exclusivement féminins sont peu nombreuses. On dispose donc d'une base de données d'autant plus limitée pour la planification des services à offrir et la formulation des politiques que l'on enregistre une augmentation sans précédent de la violence chez les adolescentes. On a tout de même tirer parti de cette base de données limitée pour proposer les grandes lignes d'un programme d'action conçu pour les adolescentes, et des orientations aux fins des recherches à venir.

Comparaisons au sein d'échantillons exclusivement féminins

Jusqu'à maintenant, la plupart des recherches effectuées sur la violence chez les adolescentes visaient à explorer les différences entre les sexes relativement aux corrélations entre la violence et diverses variables (Hoyt et Scherer, 1998). L'exercice a été probant pour l'évaluation et la prédiction du risque criminogène (Simourd, 1994), mais il convient de passer à l'étape suivante, soit : mesurer la valeur prédictive de certaines variables ou, à tout le moins, leur corrélation avec la violence chez les filles. Bien que la présente analyse soit, rappelons-le, fondée sur un nombre limité d'études, il semble que la plupart des constatations faites confirment que l'association entre violence et facteurs psychiques, contextuels et situationnels s'inscrit dans une approche sociopsychologique. Il importe de comprendre comment l'expérience contribue au développement ou, au contraire, à la prévention de la violence chez les filles. Par exemple, les données relatives aux réactions des filles à la violence familiale indiquent que les unes extériorisent les pulsions agressives qui en résultent, à l'image des garçons, tandis que les autres intériorisent leur désarroi sous forme de troubles mentaux. Une étude laisse entendre que les filles exposées à la violence familiale qui sont, en plus, victimes de violence physique infligée par la mère ont tendance à extérioriser leur agressivité, mais c'est la seule dans laquelle on a tenté d'isoler un facteur en vue de différencier les comportements violents manifestes et les troubles de la conduite déclenchés chez les filles par l'exposition à la violence familiale. Il faudrait effectuer d'autres études comparatives auprès d'échantillons exclusivement féminins.

Constance et prévisibilité de la violence physique ou interpersonnelle chez les adolescentes

On a fait beaucoup de recherches sur la violence interpersonnelle chez les filles âgées de moins de douze ans, pour la plupart. Crick, Dodge et Bjorqvist, entre autres, ont mis en lumière les différences entre les sexes, la violence interpersonnelle étant plus typique des filles, et la violence physique plus typique des garçons. Il faudrait faire d'autres études pour déterminer dans quelle mesure le phénomène se poursuit à l'adolescence. De telles études contribueraient, non seulement à l'étiologie de la violence chez les adolescentes, mais également à la promotion de stratégies de prévention adaptées à l'expérience des filles. Les préadolescentes qui ont une propension à la violence interpersonnelle sont-elles portées à la violence physique à l'adolescence? Selon Crick, lorsqu'elle se manifeste avant l'adolescence, la violence interpersonnelle est due à une incapacité de résoudre autrement les conflits. De même, quelques études révèlent une corrélation significative entre l'expression de l'agressivité et l'ignorance des stratégies de résolution de problèmes chez les adolescentes. Comme il a été établi que les filles expriment différemment leurs tendances agressives dans leurs interactions sociales, on pourrait en tirer des conclusions importantes sur l'évolution de ces tendances à l'adolescence.

Troubles mentaux et violence chez les filles

À la différence des garçons, les filles qui extériorisent leurs tendances agressives intériorisent également leurs problèmes sous une forme ou sous une autre - dépression, idées suicidaires ou état d'anxiété généralisé. Il serait certainement intéressant d'explorer les effets combinés de ce double processus d'intériorisation et d'extériorisation aux fins de l'évaluation et du traitement des filles. À noter que la plupart des programmes de maîtrise de la colère comme celui qui a été élaboré par Goldstein, Glick, Reiner, Zimmerman et Coultry (1987), sont fondés sur les caractéristiques du développement et de l'expression de la violence chez les garçons; ils visent à amener les participants à prendre conscience de leurs tendances agressives et à leur apprendre à résoudre les conflits par d'autres moyens que la violence. Certaines des composantes de ces programmes s'appliqueraient aux filles, mais il serait primordial de tenir compte des effets de la dépression sur la violence dans le traitement des adolescentes agressives.

Le cycle de la victimisation et la violence

Les études descriptives sur la violence chez les préadolescentes révèlent que certaines filles qui ont été victimes de violence physique ou sexuelle dans leur famille sont plus susceptibles d'avoir des tendances agressives manifestes, ce qui n'est pas le cas des garçons. En outre, de nombreuses données démontrent que la victimisation est plus fréquente chez les filles que chez les garçons. D'où la nécessité d'améliorer les stratégies d'intervention auprès des filles qui ont été victimes de violence et qui manifestent des tendances agressives.

Le rôle du système de justice pour les jeunes

Dans quelle mesure le pouvoir discrétionnaire du système de justice est-il responsable de l'augmentation des crimes de violence enregistrés chez les adolescentes? Il est établi qu'on a effectivement tendance à inculper plus souvent les filles d'infractions mineures, mais la question est loin d'être tranchée. Il importe d'aller au fond des choses pour au moins deux raisons. Premièrement, le système de justice se doit de justifier le fait qu'un nombre disproportionné de filles soient traduites devant les tribunaux pour des crimes mineurs. La seconde raison est plus pragmatique : si le système de justice assume un tel choix, il doit le faire jusqu'au bout en mettant à la disposition des tribunaux les ressources nécessaires pour mieux répondre aux besoins des filles violentes à faible risque.

Des instruments de mesure plus ciblés sur les adolescentes

Dans leur méta-analyse des prédicteurs du risque criminogène général selon le sexe, Simourd et Andrews (1994) aboutissent à cette conclusion : « Les facteurs de risque qui sont importants pour les délinquants le sont également pour les délinquantes » (p. 208). Rien n'indique le contraire dans la présente étude, mais nous avons toutefois constaté que les recherches effectuées sur la violence en général ne tiennent pas compte de certains facteurs propres aux filles. Sans doute est-ce en partie dû aux insuffisances constatées dans les instruments de mesure actuellement utilisés pour évaluer les facteurs criminogènes et le risque de violence chez les jeunes (Henning-Stout, 1998).

Comme on l'a indiqué précédemment à propos du manque de recherches effectuées sur la violence chez les adolescentes, il faut concevoir un instrument de mesure destiné à évaluer directement la violence interpersonnelle chez les filles. On pourrait commencer par adapter une échelle d'évaluation de la violence interpersonnelle chez les enfants qui a été créée par Crick, en y incorporant des éléments tirés de certaines études qualitatives (p. ex., Artz, 1998; Brotherton, 1996; Harris, 1994) au sujet des croyances des filles en rapport à la violence interpersonnelle.

Une approche plus ciblée sur les filles et les adolescentes mettrait sans doute en lumière des facteurs de risque laissés dans l'ombre jusqu'ici relativement à la criminalité, en général, et à la violence, en particulier, dans ce segment de la population. Plusieurs questions restant à explorer ont été évoquées dans la présente étude, à commencer par la comorbidité entre la violence et d'autres troubles mentaux, les effets de traumatismes particuliers et les effets de l'exposition à la violence familiale.

Le mot de la fin

Enfin, le moment est venu d'ébaucher un programme de recherche cohérent sur les adolescentes, ne serait-ce que parce les cas de violence sont de plus en plus fréquents au sein de ce groupe. Les premières études effectuées donnent déjà des indications utiles sur la direction à prendre pour élaborer des politiques et des programmes d'évaluation, de traitement et de prévention adaptés aux besoins particuliers des adolescentes qui sont, rappelons-le, de plus en plus nombreuses à être admises dans le système de justice et de services sociaux pour les jeunes. En outre, certains des chercheurs qui font autorité dans le domaine de l'évaluation et du traitement de ce groupe à risque avancent des résultats qui jettent un éclairage nouveau sur la question. Citons, par exemple, les études longitudinales entreprises à Pittsburgh par Loeber et Stouthamer-Loeber (1998), dont on devrait connaître bientôt les résultats, et la méta-analyse de Dowden et Andrews (1999) sur les effets du traitement chez les délinquantes. Mentionnons également le premier colloque national consacré à l'examen des résultats de recherche sur les adolescentes violentes, qui s'est tenu à l'automne de 1999, à Toronto, et auquel ont participé bon nombre des chercheurs faisant autorité dans ce domaine. Par ailleurs, le Centre national de la prévention du crime a désigné les filles comme groupe prioritaire en matière de services, en l'absence de directives précises données aux collectivités sur les besoins particuliers de ce groupe. Nous formons le vœu que la présente étude documentaire contribue à la mise en œuvre d'un programme de recherche cohérent et de services répondant aux besoins propres aux adolescentes.

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Notes

  1. 1

    Le présent rapport a été présenté au Solliciteur général du Canada sous le numéro de contrat 9914-UNI-587. Nous sommes très reconnaissants à M. Jim Bonta (Ph.D), chef, Recherche correctionnelle du Ministère, pour son appui. Nous remercions également Irving Kulik, du RRCJ, qui a encouragé nos efforts depuis le début. MmeLinda Simourd (Ph.D), de Kingston (Ontario), M. Paul Gendreau (Ph.D), du centre d'études sur la justice pénale de l'Université du Nouveau-Brunswick, et M. Bob Sandieson (Ph.D) et MmeNicole Heilbron, de la faculté d'éducation, University of Western Ontario.

  2. 2

    Dell et Boe (1997) ne notent aucune tendance significative relativement au phénomène de la violence chez les adolescentes, si ce n'est une augmentation régulière des taux 1994 à 1996, suivie d'un retour au taux enregistré en 1993. Le taux de criminalité avec violence chez les adolescentes est fixé à l'échelle nationale à 44 par tranche de 10 000. La fréquence des cas de crime avec violence chez les adolescentes, par catégorie d'infraction, est la suivante, par ordre décroissant : voies de fait à caractère non sexuel, vol qualifié, agression sexuelle et autres infractions sexuelles, tentative de meurtre, homicide et rapt.

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