Prévoir la récidive avec violence

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Vol. 12 No. 3
Mai 2007

Question

Dans quelle mesure les instruments d'évaluation du risque peuvent-ils prévoir la récidive avec violence?

Contexte

Prévoir la violence est l'une des responsabilités les plus importantes du système de justice pénale. Cette tâche est importante pour les corps policiers, les tribunaux, les prisons et les services correctionnels communautaires, car elle les aide à identifier les délinquants qui doivent faire l'objet de mesures de sécurité, de services de surveillance et de traitements accrus. Du point de vue du délinquant, les prévisions fiables sont importantes aussi pour veiller à ce que leurs libertés ne soient pas restreintes inutilement. Pour le grand public, la sécurité individuelle est un des objectifs de la prévision du risque avec violence.

Dans le secteur correctionnel, divers instruments d'évaluation du risque ont été mis au point pour prévoir quels délinquants sont susceptibles de récidiver. Certains de ces instruments ont été conçus spécifiquement pour prévoir la récidive avec violence, tandis que d'autres ont été élaborés pour prévoir la récidive en général. Certains de ces instruments reposent sur des entrevues avec les délinquants, alors que d'autres sont fondés uniquement sur les renseignements versés dans les dossiers, ou sur une combinaison des deux.

L'inclusion de facteurs de risque dynamiques représente un autre développement important dans les instruments d'évaluation du risque. Comme ces facteurs de risque peuvent être modifiés (p. ex. la toxicomanie, l'emploi), ils peuvent servir de cibles pour les traitements. Or, les instruments d'évaluation du risque ne peuvent pas tous orienter les traitements. En effet, certains se composent presque exclusivement de variables statiques (p. ex. les antécédents criminels).

L'enquête dont il est question ici visait à déterminer le type d'instruments d'évaluation du risque le plus utile pour prévoir la récidive avec violence.

Méthode

On a procédé à un examen quantitatif des études évaluant diverses mesures de risque. Cet examen a permis de dégager 185 appréciations de la capacité de ces mesures de prévoir la violence. Bien que plus de 70 mesures de risque différentes aient été recensées, l'on s'est concentré sur les mesures utilisées le plus souvent : la HCR-20 (instrument de jugement clinique structuré pour déterminer la dangerosité), la PCL-R (utilisée pour établir un diagnostic de psychopathie), l'Échelle d'ISR et la VRAG (échelles d'évaluation des facteurs de risque statiques) ainsi que la LSI-R (instrument d'évaluation du risque et des besoins conçu pour orienter le traitement).

Réponse

Un peu plus de la moitié des instruments d'évaluation du risque étaient fondés sur des renseignements versés aux dossiers (52,2 %), alors que 17,4 % reposaient sur des renseignements déclarés par les intéressés, 11,2 %, sur des entrevues, et 16,5 %, sur une combinaison d'examens de dossiers et d'entrevues avec les délinquants. En tout, les études examinées ont porté sur plus de 273 000 délinquants. Les quatre méthodes ont eu un taux d'efficacité relativement satisfaisant pour prévoir la violence.

Les instruments qui portaient sur des facteurs de risque dynamiques étaient légèrement supérieurs à ceux qui reposaient principalement sur des facteurs de risque statiques. Aussi, les instruments d'évaluation du risque qui précisent des cibles d'intervention pour la gestion des cas étaient particulièrement prometteurs.

Les cinq instruments d'évaluation du risque étudiés le plus souvent (HCR-20, PCL-R, ISR, VRAG et LSI-R) ont donné des résultats semblables, bien que les échelles LSI-R, PCL-R et ISR aient eu un léger avantage sur la HCR-20 et la VRAG quant à la prévision de la récidive avec violence.

Incidences sur les politiques

  1. Certaines des échelles d'évaluation du risque utilisées le plus souvent prévoient la récidive avec violence. Le fait que l'instrument ait été mis au point précisément pour prévoir le comportement violent ne semble rien changer aux résultats. Cependant, les instruments qui reposent sur des concepts liés au comportement criminel et significatifs sur le plan théorique permettaient de mieux prévoir la violence que les instruments fondés sur un contenu non pertinent.
  2. Bien que les instruments d'évaluation du risque reposant sur des méthodes d'extraction de dossiers ou d'auto-évaluation donnent des prévisions satisfaisantes, les instruments qui prévoient des méthodes d'entrevue peuvent recueillir des renseignements importants qui ne sont pas obtenus de manière satisfaisante à l'aide d'autres méthodes.
  3. Les instruments d'évaluation du risque qui fournissent des renseignements sur les cibles de traitement sont les plus utiles, car ils contribuent à la prestation de services qui réduisent la récidive avec violence.

Source

Pour de plus amples renseignements

James Bonta, Ph.D.
Recherche correctionnelle
Sécurité publique Canada
269, avenue Laurier Ouest
Ottawa (Ontario) K1A 0P8
Tél. : 613-991-2831
Téléc. : 613-990-8295
Courriel : Jim.Bonta@ps-sp.gc.ca

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