Introduction à l'analyse économique de la prévention du crime : le pourquoi, le comment et les voies d'avenir

Introduction à l'analyse économique de la prévention du crime : le pourquoi, le comment et les voies d'avenir Version PDF(631 Ko)

ISBN: 978-1-100-20109-2

Table des matières

Rapport de recherche : 2012-5

Cameron McIntosh et Jobina Li

Résumé

L'approche scientifique en prévention du crime a été définie comme étant une priorité dans le contexte politique et stratégique canadien, mais on en sait très peu au sujet de l'efficience économique des programmes de prévention du crime au Canada. Il s'agit d'un enjeu important compte tenu des contraintes budgétaires subies au Canada et partout dans le monde. Par conséquent, le présent rapport se veut un aperçu de deux des approches économiques les plus fréquemment utilisées pour évaluer les coûts ou les avantages financiers des programmes de prévention du crime. L'analyse coût-efficacité relie les résultats des programmes (p. ex. la réduction du crime) aux coûts des investissements afin d'estimer les dépenses nécessaires à l'obtention d'un résultat dans le cadre d'un projet de prévention du crime. L'analyse coûts-avantages va un peu plus loin et associe une valeur monétaire à chaque résultat du programme, qui est alors comparée aux coûts du programme afin de produire une estimation du rendement financier par rapport aux sommes investies. Les enjeux et les difficultés découlant de chaque type d'analyse économique sont exposés, et on présente également des recommandations pour les prochaines étapes.

Remerciements

Nous tenons à remercier Mark Irving, David Schwartz et Kendra McGuffin de leur précieuse contribution tout au long de la création du présent rapport. Du reste, nous aimerions exprimer notre extrême reconnaissance à l'endroit de M. David P. Farrington, qui a apporté des propositions et des commentaires relatifs à une version antérieure.

Avant-propos

La capacité du gouvernement de trouver et d'appuyer l'adoption de mesures efficientes est un aspect important pour diverses raisons. D'abord, comme les interventions du gouvernement s'attaquent généralement à des problèmes difficiles à résoudre (comme la criminalité ou la violence), il existe de nombreuses solutions différentes, et l'adoption de l'intervention offrant le meilleur rapport coûts-efficacité semble une bonne stratégie. Ensuite, les mesures jugées efficientes sont généralement plus susceptibles d'atteindre les objectifs visés (comme prévenir la criminalité), puisqu'il a fallu produire une évaluation rigoureuse de leurs répercussions pour démontrer l'intérêt économique de l'approche en question. Enfin, dans un contexte de ressources limitées et compte tenu de la nécessité de bien gérer les dépenses publiques, aider les décideurs à choisir les options les plus efficaces par rapport aux coûts représente une saine politique publique.

Le Centre national de prévention du crime (CNPC) cherche à aider les décideurs à prendre des décisions éclairées sur la façon d'utiliser les ressources limitées en prévention du crime. Pour ce faire, il génère des connaissances sur les pratiques efficaces, grâce notamment à des études rigoureuses d'évaluation des effets de certaines interventions financées. Quatorze études d'évaluation de projets sont en cours, et une première ronde d'études d'évaluation de projets de prévention ciblant les activités des gangs de jeunes vient de prendre fin. Les analyses coûts-efficacité et coûts-avantages demeurent cependant, jusqu'à un certain point, les aspects les plus difficiles de l'évaluation des programmes de prévention du crime.

Pour cette raison, le CNPC a entrepris de combler le manque de connaissances en préparant ce guide, qui réunit des connaissances provenant de partout dans le monde sur les analyses coûts-efficacité et coûts-avantages. Ce rapport a été conçu pour être un document autonome servant à orienter les discussions lors d'une table ronde sur la question, qui s'est déroulée en octobre 2011.

Nous espérons que les renseignements issus du rapport et de la table ronde nous permettront de mieux comprendre l'application d'analyses économiques aux programmes de prévention du crime. Une meilleure compréhension de cette approche, chez les divers partenaires et intervenants, nous permettra de travailler en collaboration au développement d'une expertise canadienne en matière d'analyse économique, ce qui contribuera à l'élaboration d'une stratégie rigoureuse de planification et d'investissement.

Daniel Sansfaçon
Directeur, Politique, recherche et évaluation
Centre national de prévention du crime
Sécurité publique Canada

Introduction à l'analyse économique de la prévention du crime : le pourquoi, le comment et les voies d'avenir

1.0 Pourquoi réaliser une analyse économique de la prévention du crime?

Les coûts de la criminalité sont considérables pour la société canadienne; en effet, selon l'estimation la plus récente, la facture s'élevait à plus de 100 milliards de dollars en 2008 (Zhang, 2011)Footnote 1. Par conséquent, la prévention du crime – qui correspond généralement à toute intervention préventive visant à empêcher ou à réduire : [1] la possibilité de perpétration d'un acte criminel à un endroit donné ou [2] l'apparition d'un comportement criminel chez une personne – a été considérée comme étant une priorité clé dans l'environnement politique et stratégique du Canada (Centre national de prévention du crime (CNPC), 2007, 2008, 2009; Schneider, 2010, p. xv). Dans le pays et à l'échelle internationale, on conçoit et met en œuvre une grande variété de programmes de prévention du crime qui visent à réduire le risque d'infraction ultérieure. Ces programmes sont généralement offerts au moyen de deux grandes stratégies : la détection et l'atténuation directes des facteurs de risque chez les enfants et chez les jeunes et la modification des conditions et des situations susceptibles d'accroître les risques de criminalité dans les écoles et dans les collectivités (Centre international pour la prévention de la criminalité, 2008; CNPC, 2008). On ne saurait trop insister sur l'importance de tels programmes de prévention du crime, puisqu'ils promeuvent la sécurité publique, favorisent la justice sociale et contribuent au développement durable (Conseil économique et social des Nations Unies, 2002).

Toutefois, à une époque où les coûts de la justice pénale grimpent et les priorités sont conflictuelles, la sélection, la mise en œuvre, l'expansion et la continuation des programmes de prévention du crime ont fait l'objet d'un examen approfondi et ont donné lieu à un intérêt renouvelé pour la responsabilisation axée sur les résultats et les données probantes établissant ce qui fonctionne (Karoly, Kilburn, Bigelow, Caulkins, Cannon et Chiesa, 2001; Welsh, 2007a). Ainsi, les chercheurs, les décideurs et les spécialistes prennent graduellement conscience du fait que les programmes de prévention du crime devraient être fondés sur une approche scientifique, c'est-à-dire qu'ils devraient s'appuyer sur des travaux de recherche scientifiques qui démontrent quelles stratégies fonctionnent et lesquelles ne fonctionnent pas lorsqu'il s'agit de prévenir le crime (Welsh, 2007a, 2007b; Sherman, Farrington, Welsh et MacKenzie, 2006). La documentation et l'évaluation systématiques du degré d'efficacité par rapport aux résultats attendus, comme l'ampleur de la réduction de la criminalité et de la victimisation ultérieures, ainsi que des changements positifs sur le plan des attitudes, des comportements, des possibilités sociales et de la productivité chez des personnes à risque élevé (jeunes et adultes), sont au coeur des programmes fondés sur une approche scientifique (Knutsson et Tilley, 2009). Ces résultats pourraient aussi comprendre les effets intergénérationnels, à savoir le phénomène selon lequel la prévention d'un comportement antisocial ou criminel chez une personne est susceptible d'empêcher ses enfants d'adopter un comportement semblable (p. ex. Moffitt et Caspi, 2003; Thornberry, Freeman-Gallant, Lizotte, Krohn et Smith, 2003).

Toutefois, les données probantes à l'appui de l'efficacité ne brossent qu'un tableau partiel des avantages possibles de la prévention du crime pour la société. La conception et la mise en œuvre des programmes de prévention du crime sont coûteuses, c'est pourquoi les préoccupations relatives à l'efficacité doivent tenir compte des ressources financières. Pensons aux dépenses potentielles pour un programme visant à changer les attitudes et les comportements afin de réduire les cas d'inconduite, de délinquance et de criminalité ou à réaménager des environnements physiques (p. ex. des quartiers, des centres commerciaux, des parcs) afin de réduire la criminalité. Par exemple, on estime que le projet Wraparound Surrey, qui vise à appliquer une stratégie exhaustive de prévention de la violence liée aux gangs par le renforcement des aptitudes sociales et des capacités de résolution de problèmes chez les jeunes, a coûté 1,2 million de dollars en 2009-2010 pour la formation du personnel, la sensibilisation des parents, l'évaluation des risques et des besoins des jeunes et d'autres activités connexes (CNPC, 2010, 2011). Parmi les partenaires, on compte le gouvernement fédéral (p. ex. Sécurité publique Canada), le gouvernement provincial (p. ex. le ministère de la Sécurité publique et du Solliciteur général) et la municipalité (la Ville de Surrey) ainsi que toute une gamme d'organisations chargées de l'application de la loi (p. ex. la Surrey Gang Task Force) et de la justice pénale (p. ex. les Surrey Youth Justice Services) et d'organisations communautaires (p. ex. le YMCA). De toute évidence, la prévention du crime est une entreprise complexe, multisectorielle et multidisciplinaire et, dans un tel contexte, il va de soi qu'il faudra consentir des investissements financiers initiaux beaucoup plus importants, même aux fins de petits projets communautaires (U.S. National Crime Prevention Council, 2005). Ainsi, on attend avec raison un rendement de l'investissement, plus précisément, on s'attend à ce que la réduction des coûts liés au crime soit supérieure aux coûts de l'intervention.

Même si un programme de prévention particulier parvient à réduire la criminalité et à renforcer le comportement prosocial de façon importante, cela ne veut pas nécessairement dire qu'un autre programme ne pourrait pas être tout aussi efficace, voire plus, et entraîner un coût inférieur, ou que le coût de la mise en œuvre ne sera pas supérieur aux avantages financiers dont profitera la société au bout du compte. Compte tenu des contraintes budgétaires actuelles au Canada, aux États-Unis et dans bien d'autres pays partout au monde, les enjeux de viabilité économique sont de plus en plus au premier plan, et les décideurs sont toujours confrontés à la dure question de savoir quels programmes de prévention du crime financer, élargir, reproduire ou éliminer (Cohen, 2000). Afin de prendre une décision équilibrée, impartiale et équitable, ils doivent définir des politiques et des pratiques qui, en plus d'être efficaces sur le plan des résultats, sont aussi efficientes sur le plan économique. À partir de là, l'étape qui s'impose consiste à se demander ce qui en vaut la peine (Welsh, Farrington et Sherman, 2001). Autrement dit, quels programmes seront, au bout du compte, les plus avantageux sur le plan social ou donneront lieu au meilleur rendement de l'investissement?

Un des outils de prise de décisions qui permet de mener l'évaluation pécuniaire est l'analyse économique, qui, en général, constitue une approche mathématique systématique permettant de déterminer la mesure dans laquelle différentes solutions respectent un ensemble d'objectifs selon certaines hypothèses et contraintes. L'analyse économique permet d'attribuer des valeurs quantitatives à des concepts/composantes d'intérêt afin de mesurer, sur le plan monétaire, les coûts et les avantages de projets et d'initiatives (Marsh, Chalfin et Roman, 2008; Welsh et Farrington, 2000). Comme cette approche incite les décideurs à réfléchir sérieusement aux buts, aux évaluations et aux conséquences des politiques et des programmes, elle ajoute et établit un élément de rationalité dans le processus décisionnel et semble constituer un fondement solide pour éclairer les stratégies des projets et l'affectation de ressources limitées (Sansfaçon, 2004). En outre, puisque l'analyse économique repose sur des formules mathématiques, elle demeure une façon impartiale, transparente et responsable d'évaluer l'efficience économique.

Le recours à l'analyse économique n'est pas une idée nouvelle; elle a été adoptée dans divers domaines, dont celui des affaires, de la santé, de la politique, de la technologie, du droit, du travail, de l'immigration, de la religion et du mariage. Toutefois, c'est seulement depuis les dernières décennies qu'elle est reconnue et adoptée dans le domaine de la justice pénale. Les premières analyses économiques ont commencé à faire surface à la fin des années 1960 et au début des années 1970 et englobaient des sujets liés à la justice pénale tels que la détermination de la peine (Hofler et Witte, 1979), les programmes correctionnels (p. ex. Bloom et Singer, 1979), les établissements correctionnels communautaires (p. ex. Gray, Conover et Hennessey, 1978), la construction de prisons (p. ex. Clear, Harris et Record, 1982), les programmes de surveillance et de maintien de l'ordre dans la collectivité (p. ex. LeBlanc et Williams, 1978), les initiatives policières (p. ex. Kirchner, Schnelle, Domash, Larson, Carr et McNees, 1980), l'indemnisation des victimes (p. ex. Jones, 1979), etc. Durant cette même période, les chercheurs en prévention du crime (p. ex. Minnehan, 1977) ont aussi commencé à évaluer le rapport coût-efficience de stratégies de prévention et d'intervention auprès des jeunes, et l'étude novatrice de Lipsey (1984) a suscité une vague d'intérêt; dans cet ouvrage, il a rattaché l'analyse économique à des programmes de délinquance juvénile en adoptant un modèle coûts-avantages pour évaluer différents programmes à l'intention des jeunes dans le comté de Los AngelesFootnote 2. D'autres chercheurs (p. ex. Aos, Barnoski et Leib, 1998; Cohen, 1998) ont rapidement suivi et ont commencé à employer des techniques d'analyse économique pour évaluer toute une gamme de programmes de prévention et d'intervention. Plus récemment, les techniques d'analyse économique ont commencé à être appliquées à des programmes de prévention situationnelle de la criminalité, comme des améliorations à l'éclairage des rues (p. ex. Painter et Farrington, 2001), la pose de barrières dans les ruelles (p. ex. Bowers, Johnson et Hirschfield, 2004) et la télévision en circuit fermé (p. ex. Welsh et Farrington, 2002).

Habituellement, l'exercice d'analyse économique est axé sur le caractère abordable d'un programme ou le rendement mesurable de l'investissement, qui repose sur des évaluations objectives et exactes des coûts et des avantages de différentes politiques et interventions (Dossetor, 2011; Roman, Dunworth et Marsh, 2010; Welsh et coll., 2001). L'analyse économique qui s'inscrit dans un cadre méthodologique rigoureux peut produire des indicateurs comparatifs utiles permettant d'aborder les préoccupations et de contribuer par le fait même à recueillir les données qui permettront d'éclairer les décisions relatives à l'affectation des rares ressources sociétales à tout un éventail de programmes et d'initiatives de prévention du crime (Welsh et Farrington, 2000). Toutefois, malgré ses qualités comme outil d'évaluation, l'analyse économique de politiques et de programmes dans un contexte de prévention du crime demeure une approche qui n'est pas vraiment utilisée à pleine capacité. En outre, une grande part des travaux existants est de nature très technique et se trouve dans des revues spécialisées que les décideurs et le grand public ne consultent habituellement pas et peut donc être considérée comme étant « cachée en plein jour » (Heaton, 2010, p. 18).

Actuellement, on en sait très peu sur le coût et l'efficience économique des programmes de prévention du crime au Canada. Ainsi, le présent document vise à présenter le concept d'analyse économique dans le domaine de la prévention du crime à un large public de décideurs, de spécialistes de la prévention du crime, de responsables de l'élaboration de programmes, de chercheurs, de pédagogues et de dirigeants municipaux chargés de l'application de la loi. Le présent rapport offre un aperçu général et compréhensible des concepts de base, des objectifs et des méthodes concernés ainsi qu'une analyse des différentes limites et recommandations liées aux exercices d'analyse économique. Le rapport vise à mieux faire connaître et comprendre ce type d'analyse et à accroître le sentiment de confiance par rapport à cet outil, de sorte que les intervenants canadiens puissent commencer à déterminer le rôle que l'analyse économique peut jouer, le cas échéant, dans leur évaluation des programmes et leur processus décisionnel. Enfin, le rapport contient de multiples sources techniques à l'intention des lecteurs qui souhaitent acquérir des connaissances et des compétences plus poussées dans ce domaine.

2.0 Guide pour l'analyse économique : aperçu des différentes approches

Les méthodes visant à évaluer l'aspect économique des programmes de prévention du crime varient grandement sur le plan de la profondeur et de la complexité de l'analyse (Marsh et coll., 2008). DeuxFootnote 3 grandes approches d'analyse économique seront décrites dans les sections qui suivent : l'analyse coût-efficacité et l'analyse avantages-coûts (ou coûts-avantages), cette dernière intégrant et élargissant les caractéristiques de la première en vue de présenter une perspective économique plus exhaustive sur une politique ou un programme donné. Les principales étapes de l'analyse coût-efficacité et avantages-coûts sont exposées à la figure 1 et suivies d'explications dans les sections suivantes (pour un exposé plus technique, voir Barnett, 1993; Dhiri et Brand, 1999).

Figure 1. Procédures normalisées d'analyse économique

*Note : adaptation de Barnett, 1993; Chisholm, 2000; Dhiri et Brand, 1999; Juvenile Justice Evaluation Center (JJEC), 2002; Levin et McEwan, 2001; Welsh et Farrington, 2000.

Description de l'image

La figure 1, qui est un ordinogramme orienté de haut en bas composé de neuf boîtes, décrit les procédures normalisées d'analyse économique.

Étape 1 (première boîte du haut) : Définir la porté de l'analyse. Quels sont les objectifs et quelles sont les limites du programme?

Étape 2 (deuxième boîte du haut) : Définir les intrants du programme. Quel est l'éventail de ressources affectées au programme?

Étape 3 (troisième boîte du haut) : Établir la valeur monétaire des intrants du programme. Quels sont les coûts financiers liés à l'utilisation de ces ressources?

Étape 4 (quatrième boîte du haut) : Définir les effets du programme. Quels sont les effets du programme?

Étape 5 (cinquième boîte du haut) : Obtenir des estimations des effets du programme. Quelles sont les différences entre le groupe visé et le groupe témoin avant et après le programme?

Étape 6 (sixième boîte du haut) : Comparer les intrants et les effets du programme. Quel est le coût de chaque effet?

Étape 7 (septième boîte du haut) : Définir les avantages pour la société. Quels sont les différents avantages du programme pour la société?

Étape 8 (huitième boîte du haut) : Établir la valeur monétaire des avantages pour la société. Quelle est la valeur pécuniaire de ces avantages?

Étape 9 (dernière boîte) : Comparer les avantages pour la société des effets et des intrants du programme.

L'analyse coût-efficacité consiste dans les étapes 1 à 6 (les six premières boîtes), tandis que l'analyse avantages-coûts englobe les neuf étapes.

2.1 Analyse coût-efficacité : Combien doit-on dépenser pour obtenir un effet?

Dans le cadre d'une étude coût-efficacité, on recueille de l'information relative aux coûts et à l'efficacité (résultats) d'un programme, puis on établit un rapport mathématique explicite entre ces variables afin de calculer le montant d'argent dépensé pour chaque résultat (Marsh et coll.., 2008; Levin et McEwan, 2001). Il en résulte une variable appelée rapport coût-efficacité (RCE) : 

Description de l'image

Rapport coût-efficacité égal Coût total du programme sur Effets nets du programme

Égal Coût total du programme sur Effet intervention moins Effet témoin

2.1.1 Coût total du programme

Le coût total du programme est établi à l'aide d'une technique appelée analyse des coûts qui permet de déterminer le prix de tous les intrants financiers du programme de prévention du crime en fonction des frais administratifs, des coûts d'immobilisations et des coûts indirects (voir le tableau 1 pour obtenir des exemples).

Total des coûts du programme = Σ (frais administratifs, coûts d'immobilisations et coûts indirects)

Tableau 1. Exemples de frais d'administration, de coûts d'immobilisation et de coûts indirects
Type de coûts Exemples
*Note : Hornick, Paetsch et Bertrand, 2000; Kerr, 2001.
Frais d'administration Salaires, avantages sociaux et activités de formation du personnel
Coûts d'immobilisation
  • Achat ou location de locaux à bureau, d'équipement et de fournitures, assurances, véhicules et moyens de transport.
  • Coûts attribuables aux clients, tels que les livres, la formation et le matériel d'évaluation
  • Coûts « en nature » p. ex. locaux à bureau fournis par un organisme d'accueil responsable de plusieurs programmes
Coûts indirects Recours à des bénévoles pour l'administration et le service à la clientèle (dont les coûts pourraient être assumés par le bénévole ou par un partenaire ou un commanditaire)

Les coûts détaillés d'un programme sont utiles à des fins de comptabilité, de vérification et de reproductibilité, mais ils ne donnent aucune information sur l'incidence réelle des programmes de prévention du crime, car ils ne sont habituellement pas assortis de mesures des résultats (p. ex. réduction de l'activité criminelle) ni d'un lien systématique entre les mesures des résultats et les investissements dans le programme (Roman et Farrell, 2002). Par conséquent, la deuxième partie du RCE s'appuie sur une évaluation de l'efficacité du programme.

2.1.2 Effets nets du programme

La variable de la formule (dans le dénominateur) appelée « Effets nets du programme » signifie que les résultats d'un programme sont toujours comparés aux résultats d'une autre situation, durant une période définie (Levin et McEwan, 2001). Tout d'abord, lorsqu'il doit mesurer l'efficacité d'un programme, un chercheur tente généralement de quantifier la mesure dans laquelle le programme a fini par atteindre les buts qui avaient été fixés au départ. Bien souvent, les résultats relatifs à l'efficacité comprennent une estimation du nombre d'incidents criminels qui ont été évités grâce à la mise en œuvre du programme et peuvent comprendre d'autres avantages connexes, comme une augmentation des possibilités légitimes et une amélioration des attitudes, des valeurs et des comportements prosociaux chez les participants du programme (Cohen, 2000).

2.1.3 Exemple type d'une analyse coût-efficacité

Supposons qu'un gouvernement X veuille connaître le rapport coût-efficacité d'un nouveau programme de surveillance axé sur la résolution des problèmes, le programme A, visant à prévenir le vol de véhicules dans des secteurs urbains où la criminalité est élevée (voir le tableau 2 pour obtenir un sommaire de l'exemple). Après avoir consenti un investissement de 300 000 $ pour ce programme, il veut savoir si les fonds ont été utilisés de façon efficiente et a chargé une équipe d'évaluateurs de déterminer les effets nets du programme. À l'aide de statistiques policières et de rapports de victime, les évaluateurs enregistrent le nombre de vols d'automobiles qui ont eu lieu lorsque le programme a été en place et durant les cinq années suivantes (voir Schneider, 2010). Ces données ont été recueillies dans les quartiers où le programme a été mis en œuvre (les secteurs d'intervention) et des secteurs équivalents où le programme n'a pas été appliqué (secteurs témoins). Dans cette situation, les « effets nets du programme » correspondent tout simplement à la différence entre le nombre de vols d'automobiles dans les secteurs d'intervention et le nombre enregistré dans les secteurs témoins durant la période déterminée de l'évaluation.

Ensuite, supposons que les évaluateurs, à la fin de l'étude, découvrent que 10 vols d'automobiles ont eu lieu dans les secteurs d'intervention, alors que 60 vols d'automobiles ont eu lieu dans les secteurs témoins. De fait, 50 vols d'automobiles ont été prévenus grâce au programme, ce qui donne lieu au rapport coût-efficacité suivant : 

Description de l'image

Rapport coût-efficacité égal (Coût de 300 000 $) sur 50 vols d'automobile évités

Égal 6 000 $ par vol d'automobile évité

Par conséquent, en moyenne, des coûts de 6 000 $ doivent être prévus dans le cadre du programme pour éviter chacun des 50 vols d'automobile qui seraient survenus en l'absence du programme.

Tableau 2. Sommaire d'un exemple type d'analyse coût-efficacité
Programme A  
Total des coûts (somme)
  • Frais d'administration
  • Coûts d'immobilisation
  • Coûts indirects
300 000 $
  • 215 000 $
  • 75 000 $
  • 10 000 $
Effets nets (différence)
  • Résultat – groupe/secteur d'intervention
  • Résultat – groupe/secteur témoin
50 vols d'automobiles
  • 10 vols d'automobiles
  • 60 vols d'automobiles
Rapport coût-efficacité 6 000 $

Comme l'analyse coût-efficacité permet de comparer les coûts d'un programme et les résultats qui en découlent (p. ex. l'investissement d'un nombre X de dollars dans le programme permet d'éviter un nombre Y de crimes), on peut classer les programmes de prévention du crime en fonction de leur rapport coût-efficacité pour éclairer la prise de décisionsFootnote 4 (Welsh et Farrington, 2000). En ce sens, l'analyse coût-efficacité peut produire des données sur les comparaisons relatives (un programme particulier est-il relativement plus rentable qu'un autre [Levin et McEwan, 2001]?). Pour ajouter à l'exemple qui précède, si les intervenants doivent décider de continuer ou non à financer trois programmes de lutte contre le vol d'automobile – le programme A (offrant un RCE de 6 000 $), le programme B (offrant un RCE de 7 000 $) ou le programme C (offrant un RCE de 2 000 $) – et que tous les autres facteurs sont relativement équivalents, le programme le plus rentable est clairement le programme C, car il permet d'éviter un vol d'automobile pour seulement 2 000 $. En général, plus un rapport coût-efficacité est faible, plus le programme est rentable, et, en général, la solution associée aux coûts les plus bas pour chaque résultat est sélectionnée, tout en tenant compte d'éventuelles différences d'échelles de mesure (Levin et McEwan, 2001).

Toutefois, même si le rapport coût-efficacité permet, au-delà d'une simple estimation du coût, de déterminer si les fonds affectés au programme ont été dépensés de façon efficiente, il est impossible de déterminer la valeur absolue d'un programme de cette façon, car l'analyse coût-efficacité ne tient pas compte de l'éventail d'avantages possibles pour la société et n'attache pas non plus de valeur monétaire à ces avantages (Levin et McEwan, 2001). Par conséquent, elle ne produit aucune donnée concernant le rendement de l'investissement ni le montant d'argent épargné par la société en prévenant les crimes. Autrement dit, l'analyse coût-efficacité peut aider à choisir un modèle de programme plutôt qu'un autre, mais elle ne peut pas confirmer que l'effet global valait le prix du programme (Weinrott, Jones et Howard, 1982, p. 179). L'analyse coût-efficacité peut donc être perçue comme une analyse avantages-coûts « incomplète » (Welsh et Farrington, 2000).

2.2 Analyse avantages-coûts : Quel est le montant épargné par la société pour chaque dollar investi?

L'analyse avantages-coûts (ou coûts-avantages) va plus loin que l'analyse coût-efficacité et pose la question suivante : « À quel point nos programmes de prévention sont-ils efficients sur le plan économique lorsqu'il s'agit de réduire le crime? » ou « L'argent a-t-il été bien dépensé? » (Dossetor, 2011, p. iii; Marsh et coll., 2008; Zedlewski, 2009). Le concept d'efficience économique s'applique habituellement à des organisations comme les banques, les entreprises et les sociétés lorsqu'une personne veut connaître le ratio des dépenses par rapport au montant de recettes générées (en général, annuellement). Dans tous les domaines de la politique sociale et de l'entreprise privée, l'analyse avantages-coûts vise à attribuer une valeur monétaire à des avantages (épargne) découlant d'un programme ou d'un projet, puis établit la comparaison entre la valeur totale des avantages et le total des coûts. Contrairement à l'analyse coût-efficacité, qui ne tient compte que des coûts monétaires pour déterminer l'efficience, l'analyse avantages-coûts tient compte des coûts monétaires et des avantages. Ainsi, l'analyse avantages-coûts intègre des principes économiques à l'évaluation des effets d'un programme de prévention du crime, afin de déterminer si le total des avantages pour la société l'emporte sur le coût de la mise en œuvre et du maintien du programme (Levin et McEwan, 2001). Cela donne lieu à une formule appelée ratio avantages-coûts (RAC)Footnote 5,Footnote 6,Footnote 7, qui dépend de l'unité : 

Description de l'image

Ratio avantages-coûts égal (Coûts évités par la société fois Effets nets du programme) sur Coût total du programme

Égal (Épargne potentielle pour la société fois Effets nets du programme) sur Coût total du programme

Égal Total des avantages pour la société sur Coût total du programme

Dans le contexte de la prévention du crime, la formule sera conceptualisée ainsi :

Description de l'image

Ratio avantages-coûts égal (Coûts évités par la société (par crime) fois Effets nets du programme (en crimes évités)) sur Coût total du programme

2.2.1 Coût total du programme et effets nets du programme

Dans le cadre d'une analyse avantages-coûts, les variables « Coût total du programme » et « Effets nets du programme » sont essentiellement calculées à l'aide de la même méthode que celle employée dans l'analyse coût-efficacité (Levin et McEwan, 2001). Ainsi, le lecteur est invité à consulter les sections 2.1.1 et 2.1.2.

2.2.2 Épargne/avantages pour la sociétéFootnote 8

Dans le contexte de la prévention du crime, les avantages (revenus) correspondent au montant total qu'a épargné la société grâce à la réduction de la criminalité découlant du programme. Par exemple, admettons que la moyenne des coûts que doit assumer la société pour un jeune à risque élevé (dès sa naissance) varie de 2,6 à 4,4 millions de dollars américainsFootnote 9, si un programme de prévention du crime peut empêcher ou réduire la perpétration d'infractions criminelles, un des principaux avantages économiques tient à l'épargne ultérieure de tous les coûts associés au crime qui se seraient normalement accumulés en l'absence d'un tel programme (Cohen et Piquero, 2009). Par conséquent, un intérêt essentiel de l'analyse avantages-coûts dans le domaine de la prévention du crime réside dans la possibilité d'établir une comparaison directe entre les avantages économiques et le coût de tous les crimes évités grâce à une politique ou à un programme donné afin de produire des indicateurs monétaires pour l'évaluation du rapport coût-efficience relatif de différentes solutions.

En plus de l'épargne découlant de la prévention/réduction du crime réalisée grâce à ces programmes (p. ex. les coûts inférieurs pour le système de justice pénale, les victimes et la société grâce à la réduction du crime), il y a des avantages dans beaucoup d'autres secteurs, par exemple la réduction de l'aide sociale, la réduction du besoin d'éducation spécialisée et l'augmentation des recettes fiscales grâce au salaire plus élevé des participants (du fait qu'ils sont mieux scolarisés) (Homel, Freiberg, Lamb, Leech, Carr, Hampshire, Hay, Elias, Manning, Teague et Batchelor, 2006). Une intervention précoce auprès des jeunes à risque élevé peut non seulement les détourner de la criminalité, mais aussi les orienter vers des possibilités et des carrières légitimes (Welsh et Farrington, 2000). Ainsi, les analyses avantages-coûts devraient systématiquement tenir compte des données détaillées sur les dépenses nécessaires pour atteindre les cibles du programme et/ou les économies qu'on estime que la société fait en raison du programme, selon le nombre de crimes évités, l'augmentation des résultats positifs (p. ex. la scolarité, les salaires) et la participation à la vie sociale par les personnes à risque élevé. Enfin, il est particulièrement important de noter que, selon un certain nombre d'études, l'économie de coûts varie en fonction du crime (p. ex. Aos, Phipps, Barnoski et Lieb, 2001; Cohen, Rust, Steen et Tidd, 2004; Dubourg, Hamed et Thorns, 2005; Farrington, Ditchfield, Hancock, Howard, Jolliffe, Livingston et Painter, 2002; Miller, Cohen et Wiersema, 1996). Par conséquent, lorsqu'on additionne les avantages pour la société dans le cadre d'une analyse avantages-coûts, il faut tenir compte du type de crime.

Question n° 1 : Quels sont les types de coûts pour la société (économies potentielles)?

Le coût du crime découle de toute une gamme de répercussions précises à l'échelle individuelle, familiale, communautaire et nationale et touche les victimes, leur famille et leurs amis, les collectivités, le système de justice pénale ainsi que les délinquants et leur famille (Cohen, 2005; Cohen et Bowles, 2010). Toutefois, certains coûts sont beaucoup plus faciles à quantifier que d'autres. Les coûts tangibles (c.-à-d. les coûts pour le système de justice pénale, les coûts pour les victimes et les coûts d'une carrière criminelle) supposent des paiements monétaires, ils finissent par être inventoriés dans le produit national brut et sont normalement inclus dans les estimations de la richesse collective ou individuelle. Les coûts intangibles, ou non monétaires, sont ceux qui ne sont pas normalement échangés dans les marchés privés ou publics (McCollister, French et Fang, 2010). Le tableau 3 contient des exemples de coûts tangibles et intangibles.

Tableau 3. Exemples des coûts tangibles et intangibles du crime
Tangibles    
*Note : adaptation de Cohen, 2000; McCollister et coll., 2010, Zhang, 2011.
Coûts pour le système de justice pénale :
  • Coûts liés à la police et aux enquêtes
  • Poursuites judiciaires
  • Tribunaux
  • Temps perdu par les victimes
  • Temps perdu par les membres du jury et les témoins
  • Frais d'avocat
    • Défenseurs publics
    • Défenseurs privés
  • Frais judiciaires découlant de réclamations en responsabilité civile délictuelle
  • Services correctionnels
    • Services correctionnels pour adultes
    • Services correctionnels pour jeunes contrevenants
  • Peines autres que l'emprisonnement
  • Commissions d'examen constituées en application du Code criminel
  • Services aux victimes
    • Organisations de services aux victimes
    • Programmes d'indemnisation des victimes
  • Autres dépenses
    • Dépenses ou efforts préventifs
    • Autres programmes (non criminels)
      • Services d'écoute téléphonique et annonces de la fonction publique
      • Programmes de traitement communautaires
      • Thérapie/counseling individuel
      • Programmes de surveillance dans le quartier et de prévention communautaire
Coûts pour les victimes :
Pertes financières directes subies par les victimes du crime
  • Soins médicaux et de santé mentale
    • Frais non remboursés par l'assurance
    • Frais remboursés par l'assurance
    • Frais administratifs indirects liés à l'assurance
  • Pertes matérielles directes
    • Pertes non remboursées par l'assurance
    • Pertes remboursées par l'assurance
    • Frais administratifs : remboursement par la compagnie d'assurances
  • Services aux victimes
    • Perte de temps pour la victime
    • Frais perçus chez la victime
    • Frais déboursés par l'organisation
    • Travail temporaire et formation d'un remplaçant
    • Traitement pour dommage psychologique
  • Pertes de productivité
    • Jours de travail perdus
      • Perte de salaire pour les congés non payés
      • Perte de productivité pour les jours de travail payés
    • Perte de jours d'école
      • Perte de salaire causée par le manque de scolarité
      • Perte d'avantages non pécuniaires de la scolarité
      • Perte d'avantages sociaux causée par un manque de scolarité
    • Perte de temps consacré aux tâches ménagères
  • Autres dépenses
    • Dépenses liées aux funérailles et à l'enterrement
Coûts d'une carrière criminelle :
Pertes de possibilités découlant du choix de se livrer à des activités illégales plutôt qu'à des activités légales et productives
  • Délinquant incarcéré
    • Perte de salaire
    • Perte de recettes fiscales et de productivité
 
Intangible    
Victimes (famille et amis) :
  • Douleur et souffrance
  • Détérioration de la qualité de vie
  • Perte d'affection/d'agrément (victimes, membres de la famille)
  • Décès (valeur de la vie)
  • Appréhension du crime
  • Détresse émotionnelle/psychologique
 
Délinquants :
  • Délinquant incarcéré
    • Valeur de la perte de liberté
    • Coût psychologique pour la famille
 

La méthode employée pour calculer ces coûts est aussi importante. Il est relativement simple d'estimer certains types de coûts liés au crime plus concrets ou « tangibles » (p. ex. dépenses du système de justice pénale, valeur des biens volés et endommagés, etc.), mais il est beaucoup plus problématique d'attribuer une valeur exacte à beaucoup d'autres répercussions « intangibles », comme la baisse du niveau d'instruction, la diminution du revenu et des recettes fiscales, la toxicomanie, la perte de cohésion sociale dans une collectivité où le taux de criminalité est élevé, l'incidence sur la vie de membres de la famille de victimes d'homicide ou la douleur, la souffrance et la stigmatisation des enfants qui grandissent alors que leurs parents sont incarcérés (ministère de la Justice du Canada, 2005; Reynolds, Temple, Robertson et Mann, 2001; Sansfaçon, 2004). Pour ces raisons, l'estimation des coûts totaux liés à la criminalité sera souvent inférieure aux répercussions économiques véritables du crime, et, du coup, les estimations des avantages économiques générés par la prévention du crime seront souvent inférieures au rapport coût-efficience des politiques et des programmes. Par conséquent, la prochaine section présente un aperçu des méthodes statistiques qui servent à attribuer des valeurs monétaires à des crimes particuliers.

Question n° 2 : Comment calcule-t-on les coûts du crime?

Pour réaliser des analyses avantages-coûts qui permettent d'évaluer correctement le rapport coût-efficience de programmes de prévention, il faut avoir accès à des estimations exactes du coût du crime. Toutefois, attribuer une valeur monétaire aux différentes répercussions de la criminalité est une tâche complexe, et, bien souvent, il faut formuler de nombreuses hypothèses en l'absence de données objectives sur de multiples composantes. Ainsi, en général, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise méthode lorsqu'il s'agit de calculer les coûts de la criminalité (Moolenaar, 2009, p. 312). Le choix de la technique est habituellement fonction à la fois de l'objet de l'analyse (c.-à-d. quels coûts doivent être pris en compte) et de la disponibilité des données. Toutes les méthodes ont leurs avantages et leurs limites, et il incombe aux analystes (et à ceux qui utilisent les résultats à des fins d'élaboration de politiques) de faire preuve de transparence absolue quant à leurs choix, aux sources de données et à toute lacune de la méthode susceptible de limiter l'utilité des résultats (mais pas nécessairement de les invalider complètement). Les prochaines sous-sections présentent un aperçu de trois méthodes de calcul des coûts de la criminalité : a) l'approche ascendante; b) l'approche descendante; et c) l'approche de ventilation.

En général, cette méthode est surtout axée sur les coûts pour le système de justice pénale et, par conséquent, ne tient généralement pas compte des coûts multiples pour les victimes, la collectivité et les délinquants. La ventilation d'autres types de budgets organisationnels – les services aux victimes, les soins de santé qui leur sont fournis et leur indemnisation – de la même façon est susceptible de produire de nouvelles données liées au coût du crime, mais cette stratégie est rarement employée, voire pas du tout.

2.2.3 Exemple type d'une analyse avantages-coûts

Pour exposer davantage les principes de l'analyse avantages-coûts, pensons au scénario de vols d'automobiles présenté à la section 2.1.3. Comme on l'a déjà mentionné, dans le cadre du nouveau programme de surveillance axé sur la résolution des problèmes (programme A), on doit engager des dépenses de 6 000 $ pour éviter un vol d'automobile. Maintenant, l'analyse initiale sera élargie pour tenir compte du montant d'argent que la société (ou les contribuables) épargne en empêchant ces vols. Ainsi, une analyse avantages-coûts donnera lieu à une estimation de la valeur associée à la prévention d'un seul vol d'automobile en fonction de l'éventail de coûts pour la victime et le système de justice pénale ainsi que de ceux liés à la perte de productivité chez le délinquant (voir le tableau 4 pour un résumé).

McCollister et coll. (2010) ont récemment estimé le coût total d'un vol d'automobile à 10 772 $US en 2008 (si le crime est signalé et que le délinquant est arrêté, traduit en justice et condamné à une peine). Comme l'épargne qu'a permis de réaliser le programme de prévention du crime est définie simplement comme le coût que la société aurait engagé si le crime en question avait eu lieu, le ratio avantages-coûts du présent exemple serait calculé ainsi :

Description de l'image

Ratio avantages-coûts égal (Coûts évités par la société pour chaque vol : 10 772 $ fois Vols d'automobiles prévenus : 50) sur Coût du programme : 300 000 $

Égal (Épargne potentielle pour la société par vol : 10 772 $ fois Vols d'automobiles prévenus : 50) sur Coût du programme : 300 000 $

Égal Avantages sociaux : 538 600 $ sur Coût du programme : 300 000 $

Égal Avantages sociaux : 1,80 $ sur Coût du programme : 1 $

Égal 1,80

Ce calcul démontre que chaque dollar investi dans le programme A équivaut, au bout du compte, à une épargne de 1,80 $ pour la société grâce aux vols d'automobiles évités. Autrement dit, le rendement du capital initial investi pour la société aux fins de la prévention du crime est de 80 %, ce qui signifie que ce programme de prévention du crime finira par être rentable.

Tableau 4. Sommaire de l'exemple type d'une analyse avantages-coûts
Programme A  
Total des avantages [épargne pour la société (par crime) x effets nets]
  • Épargne pour la société (par crime)
    • Coûts tangibles (coût pour le système de
      justice pénale/les victimes, coûts d'une carrière criminelle)
    • Coûts intangibles (risque d'homicide)
  • Effets nets (différence)
    • Résultat – groupe/secteur d'intervention
    • Résultat – groupe/secteur témoin
538 600 $
  • 10 772 $
    • 10 534 $
    • 262 $
  • 50 vols d'automobile
    • 10 vols d'automobiles
    • 60 vols d'automobile
Total des coûts (somme)
  • Frais d'administration
  • Coûts d'immobilisation
  • Coûts indirects
300 000 $
  • 215 000 $
  • 75 000 $
  • 10 000 $
Ratio avantages-coûts 1,80

Bien sûr, l'exemple qui précède est purement hypothétique et sert seulement à illustrer les principaux concepts de base; il ne reflète pas nécessairement le coût des intrants et les gains financiers pouvant normalement être attendus d'un véritable programme de réduction du vol d'automobile ou d'autres types de programmes de prévention du crime. Néanmoins, il confirme l'utilité de l'analyse avantages-coûts lorsqu'il s'agit de classer les programmes de prévention du crime selon leur efficacité par rapport à chaque dollar dépensé, ce qui peut contribuer à justifier la continuité du financement de certains programmes à des moments de contraintes budgétaires, alors que de nombreuses options en matière de politiques semblent intéressantes.

Idéalement, les décideurs devraient chercher des solutions qui supposent des interventions permettant de minimiser les coûts tout en maximisant les avantages pour la société. Un programme dont le ratio avantages-coûts (RAC) est supérieur à 1 est généralement considéré comme un investissement rentable qui offre un « taux de rendement » positif. Autrement dit, pour chaque dollar investi, il y a, au bout du compte, un gain net en avantages. Plus le RAC est élevé, plus le rendement de l'investissement est élevéFootnote 16. Inversement, un RAC inférieur à 1 indique que le rendement de l'investissement est négatif – le coût de la mise en œuvre du programme est de loin supérieur aux avantages qui en découlent (Levin et McEwan, 2001).

2.2.4 Problèmes d'estimations des coûts découlant de l'analyse avantages-coûts

L'analyse avantages-coûts est loin d'être une technique infaillible et doit être menée avec précision et interprétée avec circonspection. Les données requises ne sont pas faciles à obtenir et à évaluer, et, du reste, il faut absolument déterminer précisément quelles entités bénéficieront des avantages finaux pris en compte pour l'analyse. Ainsi, lorsque l'on mène une analyse avantages-coûts ou que l'on se sert des résultats obtenus à des fins décisionnelles, il est essentiel de tenir compte de deux questions interreliées : 1) quelle entité sera la plus touchée par les choix et 2) quelles seront les méthodes, les hypothèses et les données employées pour calculer les coûts du crime? La présente sous-section contient un aperçu des limites et des aspects controversés que présente l'analyse avantages-coûts dans le domaine de la prévention du crime.

Compte tenu du large éventail de coûts pour la société (tableau 3), au moment de déterminer les coûts pertinents ou qui devraient être inclus dans une analyse économique, les possibilités sont pratiquement infinies. Le manque d'uniformité qui en découle fait que les ratios avantages-coûts sont très variables (Farrell, Bowers et Johnson, 2004; Welsh et Farrington, 2000). Par exemple, comme les estimations coûts-avantages varient selon les hypothèses et les paramètres de l'étude, l'attribution de valeurs différentes au coût de la douleur et de la souffrance des victimes d'actes criminels peut avoir une grande incidence sur les résultats d'une analyse avantages-coûts. Si une valeur de 9,6 millions de dollars (en dollars de 1999) est attribuée à une vie humaine, alors les coûts (et l'épargne potentielle) seront supérieurs à un cas où cette même vie est évaluée à 4,1 millions de dollars (Leung, 2004)Footnote 17, Footnote 18. On peut aussi se demander si la vie d'un criminel violent récidiviste a la même valeur (en dollars) que celle d'un citoyen respectueux des lois. Et qu'en est-il d'un adolescent qui vend de la drogue ou d'une personne âgée? Il est peut-être simple d'estimer le coût moyen d'une vie perdue, mais il est bien souvent difficile de rapprocher ces chiffres au moment de gérer des cas particuliers (Roman et Farrell, 2002). Par conséquent, les données liées aux résultats devraient être présentées sous forme d'intervalles de confiance plutôt que de correspondre à des chiffres précis.

Question n° 1 : Les coûts intangibles du crime devraient-ils être pris en compte dans une analyse avantages-coûts?

Un autre grand débat dans le domaine de l'analyse économique est celui de savoir s'il faut inclure les coûts intangibles dans une analyse avantages-coûts. Comme on l'a déjà mentionné, les coûts tangibles comprennent habituellement les coûts plus évidents de la criminalité, comme ceux engagés par le système de justice pénale, les frais médicaux, la perte de salaire et les programmes d'aide aux victimes. Malheureusement, il est plus difficile d'attribuer une valeur monétaire à des coûts intangibles comme la douleur, la souffrance et la détérioration de la qualité de vie (McCollister et coll., 2010; Roman et Farrell, 2002)Footnote 19. Ainsi, ces derniers seront souvent oubliés ou exclus des analyses liées au coût. Toutefois, selon Farrell et coll. (2004), l'exclusion des coûts intangibles d'un tel exercice, en plus de minimiser l'expérience des victimes ou d'en faire fi, peut aussi produire des résultats trompeurs. Par exemple, si un évaluateur limite son analyse aux coûts tangibles, il pourrait conclure que le coût d'un cambriolage moyen excède le coût d'un viol, notion qui semble incompréhensible. Pourtant, lorsqu'on tient compte des coûts intangibles, un viol est, en moyenne, 62 fois plus coûteux qu'un cambriolage, perspective qui semble intuitivement plus juste (Farrell et coll., 2004). En général, les coûts intangibles comprennent la majorité des coûts assumés par les victimes d'actes criminels et les coûts du crime. Par exemple, en 2008, le coût tangible de la criminalité au Canada dépassait 31 milliards de dollars. Toutefois, lorsqu'on incluait les coûts intangibles de la criminalité, le coût total de la criminalité augmentait pour atteindre plus de 99 milliards de dollars, ce qui signifie que les coûts intangibles représentent à eux seuls pour plus de 68 milliards de dollarsFootnote 20 (Zhang, 2011).

Question n° 2 : Qui doit assumer le coût de la criminalité?

L'autre question qui s'impose est celle de savoir qui assume le coût de la criminalité. Dans la foulée d'un crime, une victime peut devoir assumer les coûts des soins médicaux, la perte de salaire, la perte de jours de travail ou d'école, la perte et l'endommagement de biens, les coûts du soutien et du counseling ainsi que des pertes personnelles moins tangibles mais extrêmement importantes qui découlent de la douleur, de la souffrance, de la crainte et de la détérioration de la qualité de vie, ce qui, du coup, peut nuire gravement à la vie des collègues de travail et des membres de la famille (Leung, 2004). La mesure dans laquelle certains de ces coûts sont finalement assumés par les victimes plutôt que par la société dans son ensemble (p. ex. les gouvernements fédéral/provinciaux/territoriaux, les citoyens, les contribuables) dépend d'un certain nombre de facteurs personnels et contextuels.

Premièrement, les différences d'un pays à l'autre au chapitre du système de soins de santé (p. ex. soins universels comparativement à assurance privée) et des services offerts aux victimes (contribution gouvernementale par rapport à contribution individuelle) ainsi que d'un employeur à l'autre en ce qui concerne le droit à des congés payés et l'assurance médicale, influent certainement sur les répercussions financières directes du crime sur les victimes, mais pas sur le coût total du crime pour la société, parce que le fardeau est simplement transféré à d'autres parties (p. ex. les contribuables, les employeurs des secteurs privé et public). En outre, dans le cas d'un crime qui n'est pas signalé à la police, le coût financier direct pour la victime est généralement beaucoup plus élevé, car les possibilités d'indemnisation demeurent inexplorées (p. ex. les sommes accordées par la compagnie d'assurances, l'employeur ou un jury).

Deuxièmement, le crime est nuisible pour les collectivités dans leur ensemble. Du point de vue social, il peut compromettre la cohésion et la satisfaction dans les quartiers et amener les gens (surtout les victimes) et les commerces à se réinstaller ailleurs, dans un endroit considéré comme plus sécuritaire. Sur le plan pécuniaire, il peut réduire la valeur des propriétés dans certains quartiers et nuire à l'activité économique (Leung, 2004). Par exemple, des actes de vandalisme dans une collectivité peuvent entraîner la crainte, et les acheteurs de résidence potentiels peuvent les interpréter comme des signes d'instabilité et de détérioration du quartier (Gibbons, 2004; Ihlanfeldt et Mayock, 2010). Par conséquent, les personnes qui souhaitent vendre leur maison peuvent être obligées de réduire leur prix afin d'attirer les acheteurs. Le crime contre la propriété, comme le vandalisme et le cambriolage peut faire augmenter les coûts à assumer pour faire des affaires dans une collectivité, tandis que les crimes contre les personnes (surtout contre les employés et les clients) peuvent décourager les membres de la collectivité de travailler dans des commerces du quartier ou de les fréquenter (Bates et Robb, 2008; Porter, 1995). De plus, les institutions financières peuvent être réticentes à prêter de l'argent à des entreprises dans des secteurs où la criminalité est élevée, et les assureurs ont aussi tendance à augmenter leurs tarifs pour ces clients (Craig, Jackson et Thomson, 2007; Immergluck, 1999; Squires, 1999; Yoon, 1997).

Troisièmement, les coûts des interventions officielles à la suite d'un crime constituent un fardeau constant pour les gouvernements provinciaux et fédéral et les municipalités. Les contribuables doivent assumer le fardeau financier d'une infraction à tous les échelons du système de justice pénale, de l'application de la loi à la réadaptation, ce qui comprend les frais d'enquête sur le crime et de recherche et d'arrestation des suspects, l'indemnisation des jurés et des témoins, la mise en accusation et la poursuite (et parfois la défense) de l'accusé, l'instruction de l'affaire par un tribunal, l'incarcération avant et après le procès, les programmes correctionnels ainsi que la libération conditionnelle et les services de probation (McCollister et coll., 2010; Welsh, Loeber, Stevens, Stouthamer-Loeber, Cohen et Farrington, 2008). En 2008, le total des dépenses du système de justice pénale au Canada était estimé à 15 milliards de dollars. Cela comprend les coûts de fonctionnement de la police, des tribunaux, de la poursuite judiciaire et des services correctionnels, mais pas la somme de 238 millions de dollars qui correspond aux dépenses des tiers, comme les services aux victimes et leur indemnisation (Zang, 2011).

Quatrièmement, en plus des coûts qu'entraînent les crimes déjà survenus, des coûts considérables sont engagés en prévision du crime. Plus particulièrement, ces coûts se rattachent à toute une gamme de mesures élémentaires de sécurité prises par des particuliers et des organisations dans le but d'éviter le crime, comme les systèmes de sécurité à domicile, les chiens de garde, les alarmes de voiture et le personnel de sécurité. Ces types de coûts sont qualifiés de « dépenses défensives » dans la littérature (Brand et Price, 2000). En outre, la crainte du crime peut inciter les gens à adopter des comportements préventifs, comme éviter de marcher à certains endroits ou de fréquenter certains secteurs perçus comme étant dangereux (Brand et Price, 2000). Le coût correspond au temps qui aurait pu être consacré à des activités plus productives et agréables (c.-à-d. « coûts de renonciation » découlant de comportements préventifs) et, dans certains cas, à l'argent dépensé, en frais de taxi, par exemple, pour une personne qui veut éviter de marcher.

Enfin, certains experts ont invoqué les coûts pour la société de ce qui pourrait être qualifié de « potentiel gaspillé » d'un délinquant; selon cette perspective, on tient pour acquis qu'un délinquant serait, en moyenne, un membre productif de la société et contribuerait activement au bien-être de celle-ci s'il ne se livrait pas directement à des activités criminelles ou n'était pas soumis aux peines et aux mesures de réadaptation sociale connexes (Cohen et Bowles, 2010; McCollister et coll., 2010). Par exemple, l'incarcération limite la rémunération actuelle et ultérieure d'une personne pendant sa peine et une fois qu'elle est terminée; en plus de stigmatiser la personne, il arrive bien souvent que le temps passé loin de la collectivité cause la détérioration des compétences non utilisées, la perte de réseaux sociaux/professionnels et l'adoption d'attitudes et de comportements non productifs dans un environnement de travail (DeFina et Hannon, 2010). Parmi les conséquences de périodes prolongées d'incarcération, on compte le salaire potentiel inférieur, les possibilités de promotion réduites et, en général, le manque de perspectives d'emploi (DeFina et Hannon, 2010; Pager, 2003; Western, 2006; Pettit et Western, 2004; Western, Kling et Weiman, 2001).

Des dommages connexes sont aussi causés aux amis et à la famille du délinquant, qui doivent composer avec des répercussions, sur le plan à la fois financier et psychologique, d'événements tels qu'une arrestation, un procès et une incarcération. De tels coûts ont une incidence directe sur les personnes emprisonnées ainsi que sur les familles et les collectivités qui ont perdu le délinquant (DeFina et Hannon, 2010). Au moment de leur arrestation, la plupart des délinquants incarcérés assument le soutien financier de leur famille ou contribuent considérablement au revenu de leur famille (Mumola, 2000). Que la source de revenu soit légitime ou non, l'incarcération prive la famille du délinquant de ressources financières vitales (Oliver Sandefur, Jakubowski, & Yocum 2005; Western et Beckett, 1999). L'incarcération des parents peut aussi avoir un effet négatif sur les enfants; selon certaines études, les enfants de personnes incarcérées sont susceptibles d'afficher un comportement antisocial et de manifester des problèmes mentaux ainsi que se livrer à des activités criminelles (Murray, Farrington, Isekol et Olsen, 2009; Murray, Jansen et Farrington, 2011). Par conséquent, les coûts associés à la criminalité ultérieure potentielle des enfants du délinquant doivent aussi être pris en compte. Enfin et surtout, il importe de mentionner que l'incarcération peut nuire aux perspectives économiques de collectivités entières. Si un nombre croissant de membres de collectivités doivent composer avec la perte de revenus, la diminution subséquente des dépenses locales limitera la capacité des entreprises d'employer des membres de la collectivité, engendrant par le fait même une explosion de difficultés financières (DeFina et Hannon, 2010).

Pour les décideurs et autres consommateurs potentiels de la recherche sur l'analyse avantages-coûts dans le domaine de la prévention du crime, il importe d'acquérir une compréhension fondamentale de l'éventail possible des coûts de la criminalité et de la façon dont ils sont définis. À des fins de planification générale, le total des coûts pour la société à l'échelle de tous les secteurs touchés par le crime est, de toute évidence, le choix optimal au moment de réaliser une analyse avantages-coûts pour déterminer le montant que permettra d'épargner un programme, parce que les avantages économiques découlant de la prévention de crimes concernent tous les consommateurs de ce type de prévention. Autrement dit, l'analyse avantages-coûts idéale examine le rendement des fonds investis par les contribuables du point de vue des avantages pour la société dans son ensemble. Toutefois, les analyses avantages-coûts existantes abordent rarement toutes les économies possibles en l'absence de données suffisantes sur les coûts de la criminalité ou peut-être parce que l'analyse est seulement axée sur des intérêts particuliers des intervenants. Comme bien des analyses avantages-coûts tiennent seulement compte d'une sous-catégorie des coûts possibles de la criminalité, l'utilisateur non averti peut tirer des conclusions trompeuses en ce qui concerne le rapport coût-efficience relatif des différents programmes de prévention du crime. Par conséquent, les analyses avantages-coûts en prévention du crime doivent absolument énumérer tous les coûts inclus et exclus, afin de donner aux lecteurs une idée juste de la portée et des paramètres de l'étude.

Question n° 3 : Comment mesurons-nous les coûts?

En plus du manque de normalisation dans la manière dont on définit chacun des coûts d'un programme et pour la société, la façon dont ces coûts sont mesurés pose aussi une difficulté. Plus précisément, la question de savoir s'il convient de s'appuyer sur des estimations locales ou nationales est importante et doit être abordée (Farrell et coll., 2004; Haapanen, Goodman, Cordon et O'Brien, 2009). Lorsqu'ils évaluent des programmes locaux de prévention ou de réduction du crime, les analystes ne doivent pas oublier que les coûts et les avantages peuvent varier d'une localité à l'autre en fonction de facteurs démographiques et sociaux (p. ex. distribution de la population, revenus, taux de chômage, activité économique), de décisions relatives aux politiques (p. ex. stratégies de surveillance, disponibilité de services de santé) et d'autres considérations connexes. Par exemple, à Londres, au Royaume-Uni, les coûts de la criminalité varient selon les arrondissements, les estimations allant de 215 £ par personne à Richmond Upon Thames à 620 £ à Westminster (Sinclair et Taylor, 2008). On n'a actuellement pas de données semblables pour le Canada, mais il est raisonnable de croire que les coûts et les avantages de la prévention du crime varient aussi en fonction de la ville (p. ex. Iqaluit comparativement à Toronto). Puisque les coûts de la criminalité peuvent varier grandement d'un contexte à un autre et que les projections de coûts locales et nationales peuvent être différentes, les économies qui peuvent être réalisées grâce à des stratégies de prévention ou de réduction du crime varieront en conséquence.

Il faut aussi établir une distinction entre le coût moyen, le coût marginal (coût différentiel) et le coût global (Cohen, 2000; Welsh et Farrington, 2000). Selon Aos et coll. (2001), le coût moyen est calculé en divisant le coût total par la charge de travail totale pour une période donnée. Inversement, les coûts marginaux indiquent dans quelle mesure le coût total d'une activité change lorsque l'unité d'activité est légèrement modifiée (p. 48). Dans ce contexte, le coût différentiel varie en fonction du nombre de participants par programme; par exemple, le coût des aliments et le coût des soins médicaux pour une population carcérale en croissance (Cohen, 2000)Footnote 21. Pour illustrer la différence entre les coûts moyens et les coûts marginaux, supposons que l'incarcération de dix jeunes coûte annuellement 2,1 millions de dollars, mais que l'incarcération de 11 jeunes coûte 2,365 millions de dollars. Dans cet exemple, le coût moyen par jeune contrevenant incarcéré est de 215 000 $Footnote 22, mais le coût marginal du onzième jeune est de 265 000 $. Enfin, le coût global du crime correspond aux coûts dont l'incidence sur la collectivité est généralisée et importante. Autrement dit, il s'agit de coûts que doit assumer la société en collectivité et qui ne sont généralement pas touchés par les actes d'un criminel en particulier; par exemple, la crainte du crime et les dépenses de sécurité privée (Cohen, 1998; 2000).

Question n° 4 : Est-il nécessaire d'« actualiser » les coûts de la criminalité?

À la question de la mesure des coûts s'apparente la notion d'« actualisation »Footnote 23, à savoir la réduction de la série de coûts ultérieurs découlant d'un crime donné à sa valeur actualisée. Un des concepts économiques essentiels au calcul des coûts de la criminalité (et de tout autre coût pour la société) est la « valeur actualisée » de l'argent (Cohen, 2005; Cohen et Bowles, 2010). Dans le contexte de la criminalité, ce concept repose sur le fait que les coûts d'un crime donné ne font pas tous surface au moment où le crime est commis; certains se font sentir longtemps après. Dans certains cas, une période excessive peut s'écouler avant la fin du processus de justice pénale (p. ex. arrestation, procès), et encore faut-il que l'auteur de l'infraction soit appréhendé. Les services aux victimes et leur indemnisation peuvent être retardés, et elles peuvent voir leur productivité diminuer pendant de nombreuses années, avoir besoin de séances régulières de thérapie, etc. En d'autres mots, les incidents criminels qui font l'objet d'une estimation des coûts dans le cadre d'une étude donnée sont déjà survenus, mais leurs effets se feront ressentir dans la société pour bien des années à venir. Par conséquent, il faut tenir compte de la valeur future de chacun de ces coûts selon sa valeur actualisée au moment d'estimer les répercussions financières totales de crimes commis durant une période particulière.

En outre, un dollar perd généralement de la valeur au fil du temps, compte tenu de la possibilité de l'augmentation des salaires, de l'investissement et de l'accumulation d'intérêts composés. L'inflation est aussi inévitable, et le pouvoir d'achat s'érode donc avec le temps. Pour cette raison, les économistes apportent un correctif appelé « facteur d'actualisation », établi en fonction de la hausse des salaires et de l'inflation, qui permet de convertir tous les coûts anticipés à leur valeur actualisée. Cela réduit les coûts ultérieurs d'un certain pourcentage, habituellement de l'ordre de deux ou trois pour cent, afin de présenter des estimations des coûts du crime selon la valeur actualisée (Cohen, 2000).

3.0 Donner un sens à l'analyse économique : enjeux et recommandations pour traduire la théorie en politiques et en programmes efficaces

Jusqu'à maintenant, le rapport a présenté un aperçu de certains concepts de base sous-tendant le coût de la criminalité et l'analyse économique des programmes de prévention du crime. À cette étape, le lecteur devrait avoir acquis un certain degré de connaissance de l'analyse coût-efficacité et avantages-coûts. Au moment de choisir le type d'analyse à utiliser, les décideurs doivent soupeser les avantages et les désavantages de chaque approche; par exemple, l'analyse avantages-coûts se fait par unité et, par conséquent, permet d'établir des comparaisons entre des programmes n'ayant pas les mêmes résultats. Elle peut aussi être employée pour comparer différentes solutions dans différents domaines de dépenses publiques (p. ex. la santé, le bien-être, la justice). Toutefois, elle exige aussi un grand nombre de ressources, en raison de l'investissement en temps et de l'expertise méthodologique exigés et parce que certains des concepts inhérents (p. ex. les coûts intangibles) sont quelque peu nébuleux. L'analyse coût-efficacité, au contraire, est davantage utile lorsqu'on compare des programmes qui visent les mêmes objectifs (p. ex. la réduction des cambriolages). Ainsi, les décideurs doivent notamment se poser les questions suivantes : a) À quelles fins serviront les résultats? b) Quelles ressources sont disponibles et accessibles? et c) À quel point est-il difficile d'attribuer une valeur aux coûts et aux avantages? (Kee, 1999). Bien que l'approche de l'analyse économique confère des avantages, il existe aussi un certain nombre de désavantages, en particulier au chapitre de la mise en œuvre du programme et de la méthode d'évaluation de l'incidence.

3.1 Limites sur le plan de la mise en œuvre du programme et de la méthode d'évaluation des effets.

Selon Welsh et Farrington (2000, p. 310), l'analyse économique est l'approfondissement de l'évaluation des résultats et est aussi valable que le sont les éléments qui la sous-tendent. Autrement dit, le processus de mise en œuvre de l'analyse coût-efficacité et avantages-coûts est limité au maillon le plus faible et ne pourrait être plus solide que l'évaluation employée pour mesurer les effets nets du programme. Par ricochet, la justesse de l'évaluation des effets dépend de l'exhaustivité et de la rigueur de la planification, de la conception et de la mise en œuvre initiales du programme. Si un ou plusieurs aspects de la politique ou du programme ne sont pas bien mis en œuvre ou que l'évaluation manque de rigueur, ces problèmes se manifesteront aussi dans l'analyse économique. Par exemple, si une étude d'impact n'est assortie d'absolument aucune mesure de contrôle (c.-à-d. contrôle expérimental, quasi expérimental ou statistique), il est alors impossible de déterminer si le programme ou d'autres variables extérieures sont responsables d'un changement observé sur le plan du comportement criminel ou d'un autre résultat. De nombreuses études (p. ex. Ekblom et Pease, 1995; Sherman, Gottfredson, Mackenzie, Eck, Reuter et Bushway, 1997; Welsh, 2007a) ont révélé que le manque de rigueur sur le plan de la méthode peut fausser les conclusions, et, lorsque les normes de qualité de l'étude sont faibles, on ne saurait attribuer d'avantages monétaires au programme et l'étude pourrait même aller à l'encontre du but recherché ou nuire aux processus décisionnels (Cohen, 2000).

D'autres problèmes connusFootnote 24 en ce qui concerne la méthode d'évaluation de l'incidence sont le déplacement, la diffusion, les avantages anticipés et le nombre d'années que doit durer un programme de prévention du crime (Farrell et coll., 2004). Le déplacementFootnote 25 se dit de toute modification ou tout rajustement spatial, temporel ou qualitatif (cible, tactique, infraction, auteur) de la criminalité à la suite d'initiatives de prévention (Eck, 1993; Gabor, 1981; Guerette, 2009). Inversement, il est question de diffusion lorsque les avantages des efforts en prévention du crime « débordent » ou s'étendent sur des secteurs ou des groupes autres que ceux qui sont ciblés (Clarke et Weisburd, 1994). L'examen des effets du déplacement et de la diffusion est important, compte tenu de l'influence de ces phénomènes sur l'évaluation de l'incidence. Par exemple, lorsqu'on calcule les effets nets des programmes de prévention du crime (voir les sections 2.1.2 et 2.2.1), le déplacement de la criminalité peut amener les chercheurs à détecter une plus grande différence (trompeuse) entre les domaines d'intervention et les domaines témoins, ce qui fait que les résultats semblent plus prometteurs qu'ils le sont en réalité. Le contraire est vrai dans le cas de la diffusion; on peut alors observer une différence plus ténue, voire inexistante, ce qui peut amener à conclure faussement que le programme de prévention du crime en question est inefficace. Un phénomène quelque peu analogue est englobé par la notion d'avantages anticipés, qui se rattache à une réduction du crime dans les secteurs d'intervention avant la mise en œuvre du programme de prévention du crime (Smith, Clarke et Pease, 2002)Footnote 26. Cela touche aussi les évaluations de programmes : l'omission de tenir compte des avantages anticipés au moment de sélectionner la période d'évaluation pourrait diminuer le taux de criminalité de base, entraînant par le fait même une estimation excessive de l'efficacité du programme (Bowers et Johnson, 2003).

En outre, comme la manifestation et la stabilité des effets ne correspondront pas nécessairement aux attentes, la durée des périodes d'évaluation et l'utilisation d'études de suivi subséquentes devraient faire l'objet d'un examen minutieux, afin d'évaluer les effets du traitement ou de l'interventionFootnote 27. Par exemple, si la période de suivi pour l'évaluation des effets du programme est trop courte, il ne sera peut-être pas possible de bien mesurer l'efficacité dans le cas où les effets du traitement sont décalés (c.-à-d. « effet d'incubation »). Dans bien des cas, l'incidence d'un programme n'est pas immédiate, surtout lorsque le programme vise à modifier les attitudes, les valeurs, les comportements et les possibilités chez des personnes qui présentent un risque élevé (p. ex. le programme G.R.E.A.T. [Gang Resistance Education and Training]; Esbensen, Osgood, Taylor, Peterson et Freng, 2001). Or, la plupart des évaluations des effets sont à court terme ou arbitraires – habituellement, les périodes de suivi (ou, dans le cas de certains modèles, les périodes antérieures et postérieures au programme) ne durent pas plus d'un an ou deux et sont déterminées par le chercheur. Une période de suivi écourtée peut entraîner l'enregistrement inadéquat des effets du traitement ou de l'intervention, ce qui, par ricochet, nuira à l'estimation des avantages financiers. Le programme pourrait alors sembler non rentable.

Il peut aussi arriver que les effets d'un traitement ou d'une intervention semblent neutres (ou même prometteurs) à court terme, mais s'estompent ou s'annulent au fil du temps. Par exemple, l'étude Cambridge-Somerville YouthFootnote 28 n'a pas révélé de différences importantes entre le groupe de traitement et le groupe témoin au moment du suivi initial, ni sur le plan de l'adaptation sociale ni sur le plan des démêlés avec la justice (mesurées en fonction des comparutions devant un tribunal et des accusations). Toutefois, 12 ans plus tard, les personnes du groupe de traitement étaient plus susceptibles que celles du groupe témoin d'être aux prises avec des problèmes d'alcoolisme, de santé mentale et de maladie causée par le stress et de mourir jeunes. De plus, cet effet était plus prononcé chez les jeunes ayant reçu un traitement d'intensité élevée (McCord, 1978, 2003).

Enfin, comme le soulignent Farrell et coll. (2004), dans bien des cas, l'intervention a un effet continu (p. ex. Lochman, 1992; Reynolds et coll., 2001), qui se poursuit après l'étude d'évaluation; ainsi, une période d'évaluation condensée peut entraîner une sous-estimation des avantages. Dans d'autres cas, les effets d'un traitement ou d'une intervention peuvent prendre de l'ampleur au fil du temps; un programme peut donner lieu à des gains initiaux à court terme, mais la principale incidence peut seulement être observée des années plus tard. Par exemple, une analyse avantages-coûts du programme High/Scope Perry PreschoolFootnote 29 a révélé que, lorsque les participants avaient atteint l'âge de 27 ans, chaque dollar de recettes fiscales investi offrait un rendement de 7,16 $ (Barnett, 1996). Lorsqu'ils avaient atteint l'âge de 40 ans (35 ans après la fin du programme), le rendement était passé à 12,90 $Footnote 30 pour chaque dollar de recettes fiscales investi (Belfield, Nores, Barnett et Schweinhart, 2006). Le programme Partir d'un bon pas pour un avenir meilleurFootnote 31 offre un exemple semblable dans le contexte canadien. Lorsque les participants ont atteint la 9e année, les chercheurs ont observé un rendement de 1,31 $ pour chaque dollar que le gouvernement avait investi dans le programme. Trois ans plus tard, lorsque les participants étaient en 12e année, le rendement avait presque doublé, passant à 2,50 $ pour chaque dollar investi (Peters, Bradshaw, Petrunka, Nelson, Herry, Craig, Arnold, Parker, Khan, Hoch, Pancer, Loomis, Bélanger, Evers, Maltais, Thompson et Rossiter, 2010). Par conséquent, afin de détecter un effet utile et d'obtenir des données pour mener une analyse économique, il faut peut-être prévoir de longues périodes de suivi (bien souvent, des années) pour observer un nombre suffisant d'événements liés au programme.

3.2 Recommandations

À la lumière de cette évaluation des limites de l'analyse économique, les décideurs qui songent à adopter une telle approche devraient examiner les recommandations suivantes sur le plan de la recherche et des politiques.

Recommandation n° 1 : Établir une expertise canadienne dans le domaine de l'analyse économique

À l'heure actuelle, très peu d'études (p. ex. LaBoucane-Benson, Hossack, Erickson et Grunland, 2009; Peters, Nelson, Petrunka, Pancer, Loomis, Hasford, Janzen, Armstrong et Van Andel, 2010) ont adopté des techniques d'analyse économique pour évaluer des programmes canadiens. Le nombre relativement limité de tels travaux témoigne du besoin d'établir un fondement solide d'expertise en analyse économique de la prévention du crime au Canada. Comme première étape importante à la création d'un cadre national pour l'évaluation et l'observation des retombées économiques de la prévention du crime au Canada, il faudrait organiser une table ronde internationale composée de spécialistes du domaine de l'établissement des coûts du crime et de l'analyse économique. Cette tribune pourrait servir à générer des questions utiles pour la recherche, à définir des indicateurs fiables du rendement économique des programmes de prévention du crime, à formuler des conseils sur la méthode et le sujet traité et même à proposer une série d'études pilotes à des fins de démonstration dans certaines administrations. Les discussions qui émergent de cette table ronde devraient s'appuyer sur une intention de construire un modèle qui permettra de définir un cadre exhaustif pour l'analyse économique des projets et des programmes de prévention du crime au Canada, tout en abordant des questions de faisabilité et de viabilité.

Dans le cadre du renforcement de l'expertise dans le domaine, il faut aussi amener les chercheurs canadiens à élargir leurs connaissances relatives à une approche fondée sur des pratiques exemplaires et des données scientifiques (Petrosino, Boruch, Soydan, Duggan et Sanchez-Meca, 2001). Ainsi, si l'on prend la table ronde ou la tribune comme point de départ, il serait utile de mener un examen systématique à jour ou une méta-analyse de toutes les analyses économiques (nationales et internationales) de programmes de prévention du crime afin de regrouper les techniques, les conclusions et les limites et de déterminer quelle serait la démarche optimale dans le contexte canadien. L'étude devrait viser à la fois les analyses économiques publiées et inédites concernant une grande variété de stratégies de prévention, comme la prévention situationnelle de la criminalité, la prévention du crime par le développement social, la prévention du crime par l'aménagement du milieu et la surveillance axée sur la résolution des problèmes et la surveillance communautaire (Schneider, 2010). Une approche inclusive contribuera à l'obtention de résultats tangibles sur le plan de l'évolution des tendances au chapitre des techniques, des mesures, des coûts, des avantages et des questions liées à la méthode. L'étude devrait s'appuyer sur des lignes directrices publiées sur la méta-analyse et l'examen systématique, comme celles proposées par Campbell Collaboration (http://www.campbellcollaboration.org), ainsi que sur des commentaires récents en matière de méthode (p. ex. Berk, 2007; Lipsey, 2007; Pratt, 2010; Shadish, 2007). Il existe déjà des examens systématiques (p. ex. McDougall, Cohen, Swaray et Perry, 2008; Welsh et Farrington, 2000) et des méta-analyses d'analyses économiques (p. ex. Drake, Aos et Miller, 2009), mais la prolifération des analyses coût-efficacité et coûts-avantages au cours des 10 dernières années justifie la nécessité de mettre à jour l'évaluation.

Recommandation n° 2 : Créer des normes et des procédures normalisées pour l'évaluation et la méthode utilisées dans le cadre d'analyses économiques

Comme il en ressort de l'examen des limites de l'analyse avantages-coûts, le manque d'uniformité lorsqu'il s'agit de mesurer les coûts (du crime proprement dit et des programmes de prévention), les effets et les avantages ainsi que les écarts dans l'application des techniques analytiques nuisent gravement à la synthèse et à la comparaison des résultats de différentes analyses économiques (p. ex. Haapanen et coll., 2009). Pour un programme national d'évaluation économique de la prévention du crime au Canada, il est crucial de créer des cadres communs pour la collecte de données et l'analyse en vue d'évaluer les coûts (du crime proprement dit et des projets de prévention), les résultats et les avantages qui découlent d'une grande variété de programmes. Afin de réduire la variabilité entre les études et de maximiser la comparabilité des analyses économiques, Tonroy et Farrington (1995) proposent l'élaboration et l'observation d'un guide pratique normaliséFootnote 32, de sorte que les coûts et les avantages soient documentés de façon détaillée, systématique et rigoureuse sur le plan méthodologique. En outre, on devrait inclure dans ce guide pratique des tableaux normalisés illustrant les coûts par unitéFootnote 33 des différents types de crimes, car cela facilitera l'addition des coûts potentiels évités, ce qui rendra beaucoup moins fastidieuse l'analyse coûts-avantages (D.P. Farrington, communication personnelle, 10 août 2011; McCollister et coll., 2010).

Comme la question de savoir quels coûts et quels avantages pour la société doivent être inclus est récurrente, une autre solution consiste à mettre en place, pour toutes les analyses économiques, des procédures normalisées qui exigent une analyse de sensibilité afin de déterminer à quel point les résultats sont robustes et fiables. L'analyse de sensibilité a pour objet de prendre en compte l'incertitude et la variation des critères d'une étude, et le fait d'en mener une suppose que l'on doit cerner les variables de l'étude susceptibles d'influer sur les résultats du programme, répéter l'analyse économique avec différents intrants, puis évaluer les résultats afin de déterminer quelles variables influent sur l'étude (Leung, 2004Footnote 34. Dans le même ordre d'idées, Farrell et coll. (2004) avancent que, à la suite de l'analyse de sensibilité, on devrait créer un portefeuille limité de mesures des résultats liés au ratio avantages-coûts éclairées par les objectifs des intervenants. Cet exercice peut être adapté aux destinataires de l'analyse économique, afin qu'ils puissent déterminer la mesure des résultats la plus pertinente ou une gamme d'estimations pour leurs besoins décisionnels. L'intégration de perspectives multiples rendra compte des variations du ratio avantages-coûts, selon que les coûts intangibles du crime sont inclus ou exclus, que l'on emploie des estimations des coûts locales ou nationales, que l'on inclut ou que l'on exclut le déplacement, la diffusion et les avantages anticipés, et ce, pour les différents taux de rendement anticipés au fil du temps et les différents taux d'actualisationFootnote 35.

De plus, comme la crédibilité et l'utilité d'une analyse économique sont fonction de la qualité de la conception de la recherche, ce guide pratique devrait aussi prévoir la meilleure façon d'assurer l'exactitude scientifique des méthodes employées à toutes les étapes de l'étude. Nombre d'ouvrages de renom sur la justice pénale présentent des lignes directrices au sujet des meilleures normes de qualité sur le plan de la méthode et la façon de s'assurer que ces normes sont respectées. Au coeur de ces réflexions figurent les quatre critères proposés par Cook et Campbell (1979) et Shadish, Cook et Campbell (2002), à savoir la validité de la conclusion statistique, la validité interne, la validité conceptuelle et la validité externeFootnote 36. Farrington (2003) a aussi prôné l'ajout d'une mesure de validité descriptive afin de définir la qualité de l'étude d'évaluation sur le plan de la méthode.

Au chapitre de la prévention du crime, un modèle semblable de normes d'étude est le Maryland Scientific Methods Scale (SMS) (échelle de méthode scientifique de l'Université du Maryland), qui évalue la qualité de la méthode selon la taille de l'échantillon, la présence et les types de groupes témoins, l'utilisation de variables de contrôle pour expliquer les différences initiales entre les groupes, la justesse de la sélection et de la mesure des variables, l'attrition, la durée du suivi et l'utilisation de tests statistiques (Sherman et coll., 1997). Par la suite, Farrington, Gottfredson, Sherman et Welsh (2002), après avoir déterminé les lacunes relatives à l'échelle, à la procédure de dépréciation et à la méthode à l'origine des conclusions, ont proposé d'améliorer la SMS à l'aide de sous-échelles de 20 points (ayant éventuellement différentes pondérations), afin de régler les problèmes de la validité des conclusions statistiques, de la validité interne, de la validité conceptuelle, de la validité externe et de la qualité et de l'exhaustivité des données de l'étude. Compte tenu de ce qui précède, une hiérarchie générale des modèles expérimentaux est illustrée à la figure 2.

Figure 2. Hiérarchie des évaluations de l'incidence – les essais comparatifs sur échantillon aléatoire à double insu sont considérés comme l'outil idéal

*Note : Farrington, 2003; Levin et McEwan, 2001.

Description de l'image

La figure 2, qui est un ordinogramme hiérarchique orienté de bas en haut et composé de cinq boîtes, décrit les modèles d'évaluation de l'incidence.

Dans la boîte du bas on trouve : Opinion d'experts.

Dans la boîte au‑dessus on trouve : Études par observation – Aucun groupe témoin

La troisième boîte du bas indique : Études par observation menées dans des conditions contrôlées – Comparaison des résultats obtenus par les participants chez qui on est intervenu et par les membres du groupe témoin.

Dans la quatrième boîte du bas on peut lire : Modèle quasi expérimental – Expériences sans randomisation.

Dans la boîte du haut on peut lire : Essais comparatifs sur échantillon aléatoire – Préférablement à double insu. Cette dernière boîte nous permet de considérer que les essais comparatifs sur échantillon aléatoire à double insu sont l'outil idéal.

Bien qu'un certain nombre de chercheurs (p. ex. Cook et Campbell, 1979; Farrington, 2003; Sherman et coll., 1997) aient conclu que la norme minimale acceptable était un modèle à mesures antérieures et postérieures au programme axé sur des groupes d'intervention et des groupes témoins appropriés, d'autres (p. ex. Weimer et Friedman, 1979, p. 264) font valoir que l'analyse avantages-coûts devrait être limitée à des programmes ayant fait l'objet d'une évaluation reposant sur un modèle expérimental ou un solide modèle quasi expérimental.

La dernière question au chapitre de la méthode tient au fait que les résultats d'une analyse économique ne peuvent pas toujours être généralisés. On ne peut pas s'attendre à ce que les avantages économiques observés dans le cadre d'un programme particulier se reproduisent entièrement dans un autre contexte, auprès d'une autre population, dans une autre culture ou même pendant une autre période (Levin et McEwan, 2001). Par exemple, un rapport coût-efficacité ou coûts-avantages obtenu après une intervention visant le développement social auprès de jeunes non autochtones dans un grand centre urbain canadien (p. ex. Toronto) ne se reproduira pas forcément si le programme est offert auprès de jeunes non autochtones dans une autre grande ville canadienne (p. ex. Montréal), sans parler des jeunes autochtones dans les collectivités nordiques éloignées. Ainsi, lorsqu'on utilise les résultats d'une analyse économique pour éclairer des décisions quant aux programmes de prévention du crime qui seraient intéressants à reproduire, il faudrait établir une correspondance raisonnable entre les conditions dans lesquelles les avantages économiques initiaux ont été réalisés et celles qui seront présentes dans les projets à venirFootnote 37.

Recommandation n° 3 : Créer un réseau d'intervenants que l'analyse économique intéresse

Pour intégrer l'analyse économique à plus grande échelle aux fins de la recherche et de l'évaluation dans le domaine de la prévention du crime au Canada, il faut adopter une approche multipartite et multidisciplinaire structurée et cohérente. Toute grande initiative en matière de recherche et de politiques exige la conception d'une stratégie cohérente, l'établissement de mécanismes de consultation entre les principaux intervenants, la promotion de partenariats étroits et d'échange d'information de même que la mise en œuvre de projets conjoints. Compte tenu de l'interdépendance des différents secteurs gouvernementaux et des différents ordres de gouvernement, une collaboration continue et intégrée est nécessaire à l'évolution de ce programme d'analyse économique. Par exemple, les analystes des organisations gouvernementales qui surveillent le financement des programmes et la conformité avec les exigences redditionnelles doivent coopérer avec les criminologues et les spécialistes de la prévention du crime qui conçoivent et mettent en œuvre des programmes et en évaluent les répercussions. Les économistes, qui doivent aider à sélectionner des indicateurs monétaires qui permettront de bien mesurer la réussite d'un programme et s'assurer que les principes et les hypothèses économétriques sont minutieusement appliqués, doivent travailler de concert avec des spécialistes en méthode quantitative, qui sont qualifiés pour l'application de différentes procédures complexes d'évaluation des coûts et des avantages. Enfin, les décideurs doivent interagir avec tous les sous-groupes mentionnés ci-dessus afin d'utiliser les résultats de l'analyse économique pour déterminer quels programmes seront financés, élargis, reproduits ou supprimés. Par conséquent, il est crucial d'établir un réseau de représentants pour favoriser un dialogue significatif et continu en matière d'analyse économique.

Recommandation n° 4 : Normaliser les procédures redditionnelles aux fins de l'analyse économique

Comme le gouvernement canadien consacre, pour les trois prochains exercices, un budget d'environ 112 millions de dollars à la Stratégie nationale pour la prévention du crime (Sécurité publique Canada, 2011), il importe d'avoir un répertoire de données probantes qui permettra de déterminer quels programmes offrent le meilleur rendement pour l'investissement en plus d'être efficaces du point de vue de la réduction et de la prévention du crime. Comme on l'a mentionné dans l'introduction, l'analyse économique a pour but de présenter un mécanisme systématique de comparaison des résultats, des avantages potentiels et du rapport coût-efficience de quantité de politiques et de programmes en vue de déterminer lesquels doivent être mis en œuvre, lesquels doivent être maintenus et lesquels doivent être supprimés. Question de préparer le terrain pour ce processus comparatif, on peut utiliser un modèle d'analyse de bilan des politiques afin de résumer les résultats de l'analyse tout en mettant en lumière les grandes options et les principaux compromis (voir le tableau 5). La colonne de gauche comprend les catégories possibles d'effets (coûts, résultats et avantages) du programme ainsi que les caractéristiques générales liées à la conception du programme. Les colonnes suivantes contiennent une description des principales options en matière de programmes et de politiques, et chaque cellule précise comment ces effets sont mesurés et les résultats de ces mesures (Karoly et coll., 2001).

Tableau 5. Exemple type d'un bilan d'analyse coûts-avantages
Effets Politiques/programmes possibles
Base : aucun programme Programme A Programme B Etc.
*Note : adapté de Karoly et coll., 2001.
Description du programme        
Coûts
  • Salaires du personnel
  • Location d'installations
  • Etc.
       
RésultatsFootnote 38
  • Infractions criminelles
  • Récidive
  • Comportement violent
  • Attitudes antisociales
  • Etc.
       
Rapport coût-efficacité        
Rapport avantages-coûts        

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Notes

  1. 1

    L'estimation totale est le fruit d'une combinaison des éléments suivants : coûts du système de justice pénale (p. ex. police, tribunaux, services correctionnels), coûts liés aux victimes (p. ex. traitement médical, perte de rendement, biens perdus ou endommagés), frais de tierces parties (p. ex. refuges, services, indemnités), ainsi qu'une estimation de la douleur, de la souffrance et de la perte de vie.

  2. 2

    Pour une analyse coûts-avantages des programmes de prévention de la délinquance semblable mais plus récente, veuillez consulter l'étude de la Pensylvannie menée par Jones, Bumbarger, Greenberg, Greenwood et Kyler (2008).

  3. 3

    D'après Welsh et Farrington (2000), l'analyse des coûts, qui attribue une valeur monétaire aux intrants de programme seulement, ne sera pas considérée comme étant une méthode d'analyse économique importante, car elle ne vise pas à associer les coûts d'un programme à ses résultats. On la décrira plutôt comme une technique instrumentale qui permet de mesurer une partie des données requises pour les analyses coût-efficacité et avantages-coûts.

  4. 4

    Ici, il faut prendre note du fait que des programmes dont les objectifs sont différents seront toujours assortis d'indicateurs de rendement ou de résultat différents; ainsi, pour permettre de comparer le mieux possible les différents rapports coût-efficacité, l'analyse coût-efficacité devrait seulement porter sur des solutions assorties d'objectifs semblables (Levin et McEwan, 2001).

  5. 5

    Cette équation représente la formule mathématique qui permet de calculer le ratio avantages-coûts.

    Description de l'image

    Au numérateur figurent les avantages, qui sont calculés comme suit : lettre grecque sigma majuscule (qui est le symbole de la somme) de B (majuscule, t minuscule en indice) divisé par (1 + r minuscule en italique), cette dernière expression étant affectée de l'exposant t minuscule. Le sigma majuscule est surmonté de la lettre T majuscule en italique et au‑dessous du symbole figure l'équation t (minuscule en italique) égale 0.

    Au dénominateur figurent les coûts, qui sont calculés comme suit : lettre grecque sigma majuscule (qui est le symbole de la somme) de C (majuscule, t minuscule en indice) divisé par (1 + r minuscule en italique), cette dernière expression étant affectée de l'exposant t minuscule. Le sigma majuscule est surmonté de la lettre T majuscule en italique et au‑dessous du symbole figure l'équation t (minuscule en italique) égale 0.

    Voici les définitions des éléments de l'équation :

    Bt = avantages du projet pour la période t;
    Ct = coûts du projet pour la période t;
    r = taux d'actualisation;
    T = durée de vie du projet.

    Du point de vue conceptuel, l'équation signifie que le ratio avantages‑coûts pour un programme donné est égal au quotient du total des avantages pour la durée de vie du projet, ramenés à leur valeur actualisée, par le total des coûts pour la durée de vie du projet, ramenés eux aussi à leur valeur actualisée. Le ratio avantages‑coûts représente donc les avantages que rapporte chaque dollar investi dans le programme.

    où Bt = avantages du projet pour la période t, Ct = coûts du projet durant la période t, r = taux d'actualisation et t = durée de vie du projet (van Soomeren, Wever, Pascoe, Monahan et Oxley, 2005). Toutefois, pour assurer la lisibilité du document, on utilisera une version simplifiée.

  6. 6

    Le ratio coûts-avantages (RAC) est tout simplement l'inverse du ratio avantages-coûts (RAC), alors RAC = 1/RAC.

  7. 7

    Une autre façon d'analyser les coûts et les avantages consiste à examiner la valeur nette (différence entre les avantages et les coûts). Toutefois, comme le font valoir Welsh et Farrington (2000), le RAC présente plusieurs avantages, car il tient compte des différences liées à la devise et à la période.

  8. 8

    Si un évaluateur veut limiter son analyse aux coûts et aux avantages générés par l'organisme de financement d'un programme, il peut employer une analyse coût-épargne (une sous-catégorie de l'analyse avantages-coûts). Alors, on examine seulement les coûts et les avantages pour l'intervenant en question (p. ex. une organisation gouvernementale) (Australian Institute of Criminology, 2003). Pour un exemple d'une telle étude, veuillez vous reporter au Conference Board du Canada (2009).

  9. 9

    Il est quelque peu préférable d'attribuer une valeur monétaire au coût d'un délinquant au cours de sa vie en tenant compte à la fois des dossiers officiels et d'autodéclarations répétées (p. ex. Farrington, Coid, Harnett, Jolliffe, Soteriou, Turner et West, 2006). En comparant la différence entre les deux mesures, on peut obtenir une estimation du « multiple de l'infraction », afin de prendre en compte le fait que seule une faible proportion des infractions entraîne des mesures de détection et un suivi par la police (Cohen et Piquero, 2009).

  10. 10

    Le coût estimé pour un cambriolage résidentiel au Canada est établi selon des données analogues d'autres pays, par exemple 7 060 $NZD en 2003-2004 pour la Nouvelle-Zélande (Roper et Thompson, 2006), 2 700 $AUS en 2005 pour l'Australie (Rollings, 2008) et 3 648 £ en 2007-2008 pour le R.-U. (Sinclair et Taylor, 2008). Ces chiffres sont fondés sur le calcul de 6 482 $US effectué par McCollister et coll. (2010).

  11. 11

    Au Canada, l'infraction équivalente prévue au Code criminel est l'introduction par effraction (Kowalski, 2000).

  12. 12

    Brennan et Dauvergne (2011).

  13. 13

    Il s'agit probablement d'une sous-estimation du véritable coût des cambriolages, car le chiffre ne tient pas compte des incidents non signalés (Bowles et Pradiptyo, 2004).

  14. 14

    Afin de tenir compte de la différence potentielle entre le taux de crime officiel déclaré par la police et la véritable quantité de crimes commis, le nombre de crimes non signalés peut être estimé à l'aide de sondages de victimisation autodéclarée, par exemple, l'Enquête sociale générale au Canada (Perreault et Brennan, 2010).

  15. 15

    Dans cette étude, les catégories de crime étaient le cambriolage, les voies de fait graves, le vol armé, le viol/ l'agression sexuelle et le meurtre.

  16. 16

    Dans le même ordre d'idées, comme le ratio coûts-avantages (RAC) est l'inverse du ratio avantages-coûts (RAC), le RAC devrait être inférieur à 1 et le plus faible possible.

  17. 17

    Même si certains universitaires font valoir qu'il est moralement et intellectuellement inapproprié d'attribuer à la vie humaine une valeur financière (Baram, 1979, cité dans Graham et Vaupel, 1981), d'autres affirment qu'il s'agit d'un exercice rationnel et nécessaire dans le cadre d'une analyse des politiques publiques (p. ex. Ackerman et Heinzerling, 2001; Bayles, 1978). Il va sans dire que ce débat ne sera pas résolu ici, mais il importe de clarifier que, par « valeur de la vie », bien des économistes entendent la valeur d'une « vie statistique », qui, essentiellement, représente les coûts de la productivité perdue et/ou la volonté de payer pour réduire le risque de faire une victime (Andersson et Treich, 2009).

  18. 18

    Pour l'analyse de la variation de la valeur d'une vie statistique, veuillez consulter Brannon (2004), Graham et Vaupel (1981), Leung (2004) et Viscusi et Aldy (2003). Voir aussi Mrozek et Taylor (2001) pour une méta-analyse.

  19. 19

    On peut trouver des exemples des progrès récents au chapitre de l'estimation des coûts intangibles de la criminalité dans les ouvrages suivants : Dolan, Loomes, Peasgood et Tsuchiya (2005), Dolan et Peasgood (2007) et Moore et Shepard (2006).

  20. 20

    Sans compter les coûts des services de santé mentale, les pertes de productivité ou la perte de revenus.

  21. 21

    En contrepartie, les frais fixes sont généralement invariables. Par exemple, le coût du maintien d'un tribunal pénal ne change généralement pas selon le nombre de cas instruits dans une année. Voir Cohen (2000) pour un compte rendu plus exhaustif des frais fixes comparativement aux coûts marginaux.

  22. 22

    Il s'agit du coût établi en 2009 en Colombie-Britannique, selon le Representative for Children and Youth et l'Office of the Provincial Health Officer.

  23. 23

    Des analyses plus approfondies de l'actualisation et des procédures statistiques, des choix, des hypothèses et de la synthèse des sources de données servant à l'estimation des coûts de la criminalité peuvent être consultées dans plusieurs ouvrages spécialisés détaillés (p. ex. Cohen, 2005; Cohen et Bowles, 2010; Cohen et Piquero, 2009; Cohen, Piquero et Jennings, 2010; McCollister et coll., 2010; Moolenaar, 2009; de Urbina et Ogus, 2009).

  24. 24

    Comme le souligne à juste titre Roman (2004), les problèmes liés à la méthode (p. ex. attrition, petite taille de l'échantillon, sélection biaisée) de l'évaluation des effets dans le cadre d'une analyse avantages-coûts sont essentiellement les mêmes que ceux qui surviennent dans le cadre de travaux de recherche ou d'études d'évaluation généraux (voir aussi Levin et McEwan, 2001). Seulement certains problèmes sont mis en lumière ici.

  25. 25

    Le déplacement spatial désigne le phénomène des délinquants qui changent de lieu où ils commettent leurs crimes. Si les délinquants changent le moment où ils commettent leurs crimes, on parle de déplacement temporel. Le déplacement de la cible désigne les cas où les délinquants changent de cibles, tandis que le déplacement tactique s'entend du phénomène où les délinquants modifient les méthodes utilisées pour commettre des crimes. Lorsque les délinquants commencent à commettre différents types de crimes, on parle de déplacement de l'infraction, mais si de nouveaux délinquants en remplacent d'anciens, alors on parle du déplacement de l'auteur. Pour une analyse plus poussée des définitions et des enjeux liés au déplacement dans le domaine de la criminalité, veuillez consulter Gabor (1981) et Guerette (2009).

  26. 26

    Il existe un certain nombre de façons d'expliquer les avantages anticipés, mais la plus répandue tient au fait que l'initiative de prévention du crime est publicisée, ce qui a un effet de dissuasion sur l'activité criminelle (Bowers et Johnson, 2003; Farrell et coll., 2004).

  27. 27

    Voir Farrington (2006) pour une analyse des avantages découlant d'études expérimentales longitudinales en criminologie et une sélection d'exemples.

  28. 28

    L'étude Cambridge-Somerville Youth jumelait des jeunes rebelles avec des mentors extrafamiliaux qui leur offraient constamment leur amitié, leur encouragement et une orientation dans le but de les écarter de la criminalité. La période moyenne de traitement était de cinq ans et demi, et les conseillers établissaient des relations avec les adolescents et les familles et leur offraient différentes formes de soutien (p. ex. counseling auprès des parents, tutorat, aiguillage vers un spécialiste).

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    Le programme High/Scope Perry Preschool a été mis en œuvre dans le district scolaire d'Ypsilanti (Michigan) de 1962 à 1965 (Hohmann et Weikart, 2002). La population cible était composée d'enfants afro-américains âgés de trois à quatre ans qui étaient désavantagés sur le plan socioéconomique et avaient des QI relativement faibles. Le programme avait pour but de promouvoir le développement cognitif et social chez ces enfants à risque à l'aide d'une approche d'apprentissage plus autonome et en favorisant une plus grande participation des parents et des enseignants. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter le site suivant : http://www.highscope.org.

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    Les montants en argent sont exprimés en dollars de 2000, ce qui suppose un taux d'actualisation de 3 %. Afin d'être comparable aux chiffres qui correspondent au suivi à l'âge de 27 ans, le calcul des avantages à l'âge de 40 ans tient compte de la perspective du grand public, mais pas de celle des participants (Schweinhart, Montie, Xiang, Barnett, Belfield et Nores, 2005). Toutefois, le rendement total de l'investissement (pour le public et les participants) à l'âge de 40 ans est de 16,14 $ pour chaque dollar investi (le chiffre de 17,07 $ initialement indiqué est erroné).

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    Le modèle Partir d'un bon pas pour un avenir meilleur, adopté par le ministère ontarien des Services sociaux et communautaires en 1991, cible les jeunes enfants de quartiers défavorisés et à risque élevé dans le but de prévenir les difficultés de développement. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter le site suivant : http://bbbf.queensu.ca.

  32. 32

    Voir Dhiri et Brand (1999) pour un exemple du Royaume-Uni, et Aos et coll. (2001) et Aos et Drake (2010) pour un exemple des États-Unis (État de Washington) et le JJEC (2002) pour un exemple lié à la justice applicable aux jeunes.

  33. 33

    Pour un exemple, voir Dubourg et coll. (2005), Heaton (2010), McCollister et coll. (2010), Rollings (2008), Roper et Thompson (2006) et Sinclair et Taylor (2008).

  34. 34

    Voir Levin et McEwan (2001) pour une description détaillée de la façon de mener une analyse de sensibilité.

  35. 35

    Par exemple, consulter Farrell et coll. (2004) pour une analyse avantages-coûts détaillée de la Reducing Burglary Initiative (initiative de lutte contre le cambriolage) à l'aide d'une approche de portefeuille limité.

  36. 36

    La portée du présent rapport ne s'étend pas à la description explicite des variables que Cook et Campbell (1979), Farrington (2003), Shadish et coll. (2002) et Sherman et coll. (1997) considèrent comme importantes au moment d'évaluer la qualité de la méthode. Les lecteurs qui souhaitent acquérir une perspective plus exhaustive devraient consulter ces ouvrages de base.

  37. 37

    L'étude des modérateurs des effets du traitement ou de l'intervention (à l'aide d'une méta-analyse) aidera à atténuer ce problème, car cela aidera les concepteurs de programmes à mieux tenir compte des variations environnementales lorsqu'ils transposent un projet d'un endroit à l'autre (Lipsey, 2009).

  38. 38

    Comme les économies et les avantages varient habituellement en fonction du type de crime (voir la section 2.2.2), il peut être utile de le préciser dans l'analyse des mesures de résultats.

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    Un erratum est affiché à l'adresse suivante : http://www.highscope.org/file/Research/PerryProject/Errata_3Final.pdf

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