Communications de terroristes : Comprendre de quoi parlent les terroristes

Titre du projet

Le « bavardage terroriste » : Comprendre de quoi parlent les terroristes

Auteur principal

Lorenzo Vidino; Flashpoint Global Partners

Dates importantes

Rapport soumis en juin 2014.

Description

À l’aide d’une analyse du contenu des activités menées en ligne par sept personnes établies aux États-Unis ayant des liens prouvés avec les terroristes, l’étude vise à accroître la compréhension à l’égard du rôle que joue Internet dans la radicalisation menant à la violence inspirée par des groupes comme al-Qaïda. Le projet avait pour objectif de déterminer, en puisant dans une collection de sources ouvertes en ligne, de quels sujets les militants discutent le plus, leurs trajectoires de radicalisation et l’interaction qu’ils avaient avec leurs interlocuteurs en ligne. Les documents disponibles en ligne ont été complétés par diverses autres sources publiques, comme des documents de tribunaux et des rapports de médias, afin de déterminer la chronologie des événements et d’établir une comparaison entre les comportements en ligne et hors-ligne.

Dans le cadre de la recherche, près de 2 000 messages publics affichés en ligne par les sept personnes ciblées ont été recueillis; leur contenu a été codifié pour analyser l’importance des thèmes sociaux, religieux et politiques, ainsi que des combinaisons de ces catégories. Des extraits de différentes longueurs de certains messages affichés sont inclus dans le rapport. En analysant les messages, l’étude cherche à fournir des indices aux praticiens du milieu de la lutte contre l’extrémisme violent, notamment à dégager les éléments sur lesquels il y a lieu de porter une attention particulière et le moment propice pour intervenir.

Résultats

En s’appuyant sur les textes analysés, on a déterminé plusieurs différences entre les sept personnes. Certaines privilégiaient surtout les questions religieuses, alors que d’autres n’en parlaient que rarement. Les messages de deux des sept personnes ont été jugés comme étant toujours agressifs, alors que ceux d’une autre personne étaient systématiquement empreints de bienveillance. Une personne déplore le socialisme, une autre conteste le capitalisme. Au fil du temps, certaines de ces personnes en sont venues à adopter des points de vue plus radicaux et à exprimer leur désir d’avoir recours à la violence, alors que d’autres ont suivi un cheminement différent.

Pour ce qui est des points communs, les chercheurs ont constaté que parmi les personnes qui semblaient s’intéresser aux questions religieuses, certaines semblaient être des « chercheurs » du savoir, du moins au début, notamment en cherchant à savoir si certains érudits religieux méritaient le respect. La recherche a démontré que cette curiosité ouverte semblait s’estomper avec le temps au profit de déclarations de plus en plus sûres de leurs propres connaissances. Les chercheurs ont aussi remarqué chez certaines de ces personnes une tendance selon laquelle le groupe d’érudits considéré comme faisant autorité a lentement été remplacé par ceux dont les points de vue prônaient résolument la violence.

Bien qu’ils reconnaissent les limites de leur étude, notamment la petite taille de l’échantillon et le fait qu’ils se sont principalement fiés à de l’information ouverte disponible en ligne, les chercheurs présentent une série de répercussions fondées sur leurs conclusions. Ils estiment notamment que les efforts visant à lutter contre l’extrémisme violent devraient tenir compte du positionnement des questions religieuses au centre des préoccupations des personnes visées par la recherche. Les auteurs insistent pour dire qu’il n’y a pas qu’un seul chemin menant à l’extrémisme violent ni un profil commun à toutes les personnes; plutôt, chaque cas doit être traité individuellement, et les tactiques adoptées pour prévenir ou renverser le processus de radicalisation doivent être tout aussi diversifiées. Malgré cela, les auteurs soulignent qu’en début de parcours, la recherche avide de connaissances sur une religion était tout de même assez commune, malgré les différentes voies empruntées par les sept sujets de l’étude, et que c’est à cette étape que les interventions précoces pourraient être menées.

Informations supplémentaires

Terrorist chatter: Understanding what terrorists talk about

Initiatives connexes

Joseph A. Carter, Shiraz Maher and Peter R. Neumann, “#Greenbirds: Measuring Importance and Influence in Syrian Foreign Fighter Networks,” ICSR, 2014.

Peter R. Neumann, “Victims, Perpetrators, Assets: The Narratives of Islamic State Defectors,” ICSR, 2015.

Ragheb Abdo, “Assessment of A Foreign Fighter's Twitter Trajectory: Before and After Travel,“ The SecDev Group, 2014. 

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