Examen des populations clés dans le contexte de la mise en œuvre d’initiatives de prévention et d’intervention en matière de cyberintimidation
Analyse documentaire sur le rôle de la famille

par Eva Maxwell, Nishad Khanna, Wendy Craig

Sommaire

Les auteurs du présent rapport ont analysé et synthétisé la littérature sur le rôle et la participation des familles dans le contexte de la cyberintimidation chez les enfants, les adolescents et les jeunes adultes. À l'aide de critères d'inclusion et d'exclusion a priori et de mots-clés pour parcourir les bases de données universitaires et les sources de littérature grise, un total de 162 articles ont été analysés. La recherche est assez récente, la majorité des articles datant de 2016 à 2021. Seulement 21 % sont des études longitudinales. La recherche est largement axée sur l'Occident, ce qui peut être lié au fait que l'analyse se concentre sur les articles en anglais. La littérature s'est concentrée sur la façon dont les traits et les interactions de la famille peuvent être associés positivement ou négativement à la prévalence de la cyberintimidation et a constaté que, souvent, la famille joue aussi un rôle indirect dans la prévalence, la prévention et l'intervention en matière de cyberintimidation. Les principaux thèmes abordés dans le présent rapport sont les relations entre les aidants et les enfants et la dynamique familiale, la médiation parentale, les styles de parentage, les structures sociales élargies, les données démographiques familiales, la sensibilisation, les connaissances et la compréhension des parents, ainsi que les facteurs de risque et de protection liés à la famille. En ce qui concerne la participation des familles dans les initiatives de prévention et d'intervention en matière de cyberintimidation, la recherche a révélé qu'il n'existe actuellement aucun programme spécifiquement conçu pour/centré sur les familles; la majorité des interventions fondées sur des données probantes sont fondées sur l'école; aucune des études n'a évalué les effets uniques de la composante familiale; et les composantes familiales des programmes sont globalement mineures. Le présent rapport recommande de mener des recherches supplémentaires afin d'aborder les possibilités et les lacunes en matière de recherche, de mettre au point des interventions spécifiques aux familles, d'élaborer une stratégie pour appuyer, habiliter et éduquer les familles sur ce sujet et de tirer parti des partenariats et des réseaux existants pour appuyer les stratégies axées sur les familles.

Note des auteurs

Les opinions exprimées dans le présent document sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles de Sécurité publique Canada. Toute correspondance concernant le présent rapport devrait être envoyée à l'adresse suivante :

Division de la recherche
Sécurité publique Canada
340, avenue Laurier Ouest
Ottawa (Ontario) K1A 0P8
Courriel : PS.CPBResearch-RechercheSPC.SP@ps-sp.gc.ca

Remerciements

Les auteurs tiennent à remercier Jennifer Martin, Andrea Slane, Reem Atallah, Inass Doukha, Emma May Liptrot et Eugénie Mandon pour leurs contributions.

Introduction

L'intention principale du présent rapport est d'examiner et de synthétiser la littérature sur le rôle et la participation des familles dans le contexte de la mise en œuvre d'initiatives de prévention et d'intervention en matière de cyberintimidation parmi les enfants, les adolescents et les jeunes adultes. Une analyse documentaire antérieure réalisée pour Sécurité publique Canada, intitulée Recherche sur la cyberintimidation au Canada : examen systématique (2019), a révélé qu'il existe un manque de connaissances dans ce domaine. Ainsi, l'objectif principal de la présente analyse est de se concentrer sur la littérature relative à la cyberintimidation en ce qui concerne la façon dont les familles sont comprises en tant que facteurs de risque et facteurs de protection; le rôle que les familles jouent dans les initiatives clés; les types d'initiatives impliquant les familles qui existent actuellement; et la façon dont les composantes spécifiques aux familles ont été examinées et mesurées à ce jour. Le présent rapport présentera une analyse systématique de la littérature universitaire et de la littérature grise, du Canada et de l'étranger, sur le sujet.

Contexte

La cyberintimidation a été définie comme « tout comportement exercé par le biais de médias électroniques ou numériques par des individus ou des groupes qui communiquent de manière répétée des messages hostiles ou agressifs destinés à infliger du tort ou de l'inconfort à d'autres personnes » (Tokunaga, 2010, p. 278) et se réfère donc à un tort intentionnel et répété, fait par l'utilisation de dispositifs électroniques (téléphones cellulaires, ordinateurs, etc.; Hinduja et Patchin, 2015). Cette définition évolue cependant avec la nature toujours changeante des activités et interactions en ligne; les comportements de cyberintimidation peuvent prendre de nombreuses formes (par exemple harcèlement, cyberharcèlement, déplacardage/divulgation de données personnelles, troll, exclusion, faux profils, etc.). En effet, une autre définition de la cyberintimidation fait allusion à « l'utilisation des technologies de l'information et de la communication (TIC) pour nuire, harceler, blesser et/ou gêner une cible de manière répétée et intentionnelle » (Peter et Petermann, 2018, p. 358). Parmi les différences entre les brimades en ligne et hors ligne, citons l'anonymat, une plus grande diffusion sociale, le manque de supervision et une plus grande accessibilité.

Malheureusement, la cyberintimidation est un phénomène courant chez les enfants, les adolescents et les jeunes adultes et peut se produire entre groupes de pairs ou au sein de groupes scolaires ou communautaires, ainsi qu'entre connaissances ou inconnus en ligne. À noter qu'en 2014, l'Enquête sociale générale sur la victimisation au Canada a révélé qu'environ « 17 % des personnes de 15 à 29 ans ayant accédé à Internet à un moment ou l'autre entre 2009 et 2014 ont déclaré avoir été victimes de cyberintimidation ou de cyberharcèlement » (Hango, 2016). La récente Enquête sur les comportements de santé des jeunes d'âge scolaire publiée par l'Agence de la santé publique du Canada fournit également des statistiques sur les incidences de l'intimidation et de la cyberintimidation chez les jeunes, notant par exemple que « les jeunes ont commenté les effets de la cyberintimidation et ont souligné combien il est facile d'intimider les gens en ligne en raison de l'anonymat et du fait d'être détaché de la situation. Ils avaient l'impression que c'était quelque chose qui allait empirer avec le temps » (ASPC, 2020).

La cyberintimidation est particulièrement dommageable pour ceux qui en sont victimes. Certains chercheurs suggèrent que le harcèlement en ligne peut, dans certains cas, avoir des conséquences plus graves que la victimisation traditionnelle. Les victimes de cyberintimidation peuvent éprouver divers problèmes émotionnels, sociaux et scolaires (par exemple anxiété, dépression, autodénigrement, mauvaises relations, isolement, agression, etc.) et en subir les conséquences (par exemple, baisse du rendement scolaire mauvaise concentration, etc.). Elles peuvent également souffrir de rappels et de revictimisation chaque fois qu'elles vont en ligne. En effet, il existe un continuum de dommages liés à la cyberintimidation et, dans certains cas, les conséquences graves peuvent inclure le suicide et les idées suicidaires (Hinduja et Patchin, 2010). Il est particulièrement difficile de faire face à la cyberintimidation en raison de l'anonymat, de l'accès généralisé à l'Internet et aux médias sociaux, en particulier dans les contextes urbainsNote de bas de page 1; de la possibilité que les comportements deviennent « viraux », de l'existence de plateformes, d'applications et de sites Web privés ou inaccessibles, de la difficulté de supprimer les contenus offensants, de la diffusion d'informations et de photographies privées et de leur encadrement juridique, de la possession par des jeunes d'images sensibles, etc.

Dans cette optique, le rôle des familles (c'est-à-dire des parents, des aidants et des tuteurs légaux) dans la prévention et l'intervention en matière de cyberintimidation peut être important. Par exemple, l'examen systématique réalisé précédemment par Zych et coll. en 2019 pour Sécurité publique Canada a révélé « que l'accès privé aux ordinateurs et aux téléphones intelligents, ainsi que le nombre d'heures par jour consacrées à ces appareils, sont des facteurs de risque. Cela donne à penser que la supervision par les parents de l'utilisation d'Internet par les jeunes peut contribuer à réduire la cyberintimidation et la cybervictimisation » (Zych et coll., 2019, p.2). Cette analyse documentaire vise à mieux faire connaître le rôle et la participation actuels et potentiels des familles, les types d'initiatives qui prennent en compte la participation des familles et l'efficacité de cette participation.

Justification

Sécurité publique Canada cherche à mieux comprendre les pratiques exemplaires et à se tenir au courant des dernières connaissances et recherches en matière de cyberintimidation. À cet égard, Sécurité publique Canada a effectué une analyse de l'environnement des programmes et une analyse documentaire sur la cyberintimidation et souhaite en apprendre davantage sur les lacunes qui ont été soulignées comme des domaines d'intérêt clés. Ainsi, la présente analyse documentaire examine en profondeur le rôle des familles (parents, aidants et tuteurs légaux) dans le contexte des initiatives de prévention et d'intervention en matière de cyberintimidation, dans le but d'éclairer la conception des politiques et programmes futurs du gouvernement fédéral du Canada visant à réduire la cyberintimidation. Cet effort contribuera aux priorités et au programme élargis de Sécurité publique Canada et du gouvernement du Canada, axés sur la réduction de la criminalité et l'amélioration de la sécurité communautaire par la prévention, les services de police et les services correctionnels.

Objectif et questions de recherche

L'objectif principal de ce travail est de fournir un rapport complet sur les avancées récentes en matière de recherche et de connaissances sur la cyberintimidation, avec un accent particulier sur le rôle et la participation des familles dans les initiatives de prévention et d'intervention en matière de cyberintimidation au Canada et dans le reste du monde. Le présent rapport explore :

Méthodologie

Portée de la recherche et paramètres de recherche

La présente analyse se limite à la littérature écrite en anglais et disponible lors de recherches sur le Web depuis le début des années 2000 jusqu'à aujourd'hui, apparaissant dans les bases de données électroniques (articles de journaux académiques et articles revus par les pairs) et dans des sources sélectionnées de littérature grise (par exemple des publications gouvernementales), et n'inclut pas les consultations ou les entretiens. La recherche a porté sur la littérature canadienne et étrangère.

Critères d'inclusion et d'exclusion

Les documents ont été examinés selon les critères d'inclusion et d'exclusion suivants :

  1. Les études ont été incluses si la cyberintimidation était explicitement mesurée à l'aide d'un instrument spécifique (échelle, observation, nominations par les pairs, etc.).
  2. Les études ont été incluses si elles présentent des résultats quantitatifs ou qualitatifs sur la cyberintimidation au Canada et à l'étranger.
  3. Les recherches publiées en anglais ont été incluses.
  4. Les recherches qui apparaissent dans un article examiné par les pairs ou un rapport gouvernemental ont été incluses.
  5. Les études ont été incluses si elles portaient sur des enfants, des adolescents et/ou de jeunes adultes (âgés de 8 à 25 ans).
  6. Les études empiriques (c'est-à-dire les études qui comprennent des résultats de recherche originaux) ont été incluses. Les études où la cyberintimidation était mentionnée, mais non mesurée, ont été exclues.
  7. Les études de synthèse (c'est-à-dire les études qui comprennent des examens d'autres études, sans résultats de recherche originaux) ont été exclues.
  8. Cette analyse documentaire se concentre spécifiquement sur la cyberintimidation. Ainsi, la cyberintimidation a été analysée comme une variable distincte, et non comme une partie de l'intimidation générale. Les articles qui mesuraient la cyberintimidation comme une partie de l'intimidation et qui traitaient l'intimidation et la cyberintimidation comme une seule variable ont été exclus.

Collecte des données et stratégie de recherche : La collecte de données a commencé par une recherche dans les bases de données et dans toutes les autres sources de documentation pertinentes (par exemple, recherche en ligne/sur le Web) à l'aide de la liste de mots-clés figurant dans la sous‑section intitulée « Mots-clés » Les articles trouvés dans la fourchette de dates (des années 2000 à aujourd'hui) ont été compilés dans une base de données commune (Zotero). Par la suite, tous les articles ont été examinés en vue de trier et de hiérarchiser les sources les plus pertinentes. La validité et la fiabilité des sources ont été vérifiées, afin de s'assurer qu'elles étaient soutenues par une méthodologie rigoureuse et qu'elles contenaient des constatations pertinentes pour la présente étude. Conformément à la figure 1 ci-dessous, des critères d'exclusion et d'inclusion ont été appliqués pour obtenir un échantillon final. Un intérêt particulier a été porté aux sources qui abordaient les questions et objectifs de recherche identifiés ci-dessus ou qui y répondent.

Figure 1 : Processus de sélection des articles

Figure 1 : Processus de sélection des articles
Image Description
Figure 1 : Processus de sélection des articles
Étape de sélection Étape d’exclusion
Étape 1 Recherche documentaire via des bases de données
Étape 2 Suppression des doublons
Étape 3 Titres et résumés lus Articles exclus sur la base des critères d’exclusion
Étape 4 Articles lus Articles supplémentaires exclus sur la base des critères d’exclusion
Étape 5 Listes de référence examinées pour des recherches supplémentaires
Étape 6 Échantillon final

Une matrice a été utilisée pour saisir les données récapitulatives de chacune des sources, à des fins de comparabilité et de synthèse des constatations. MS Excel a été utilisé pour faciliter l'analyse, en permettant le filtrage, les recherches clés et les résumés de données sous forme de tableaux croisés dynamiques. Le tableau a permis de saisir les champs suivants :

En outre, un tableau a été utilisé pour recueillir et résumer les données sur les initiatives de prévention et d'intervention. Le tableau a permis de saisir les champs suivants :

Analyse : Les textes ont été analysés qualitativement à l'aide d'une approche d'analyse de contenu (c'est-à-dire une analyse qualitative et inductive du contenu manifeste et latent), grâce à laquelle les schémas, les thèmes, les tendances et les courants présents dans les sources ont été relevés. Au cours de ce processus, toutes les sources ont été examinées pour déterminer les thèmes clés émergents et les mots de code.

Ensuite, toute la littérature a été traitée, en appliquant des codes au texte. Ces codes ont été regroupés par thème dans un processus de décontextualisation (décomposition des textes en unités de sens plus petites), puis de recontextualisation et de catégorisation (identification des thèmes et des catégories afin de parvenir à des constatations). L'objectif principal de l'analyse de contenu était d'interpréter les schémas, les thèmes et les catégories issus de la littérature afin de parvenir à un ensemble de constatations générales, en accord avec les questions et les objectifs de la recherche.

Des constatations ont été tirées des données codées (p. ex., les principaux thèmes et modèles qui ont émergé des données; la façon dont les données et les constatations sont liées aux questions de recherche; et le sens et les constatations générales qui découlent de la recherche actuelle). Les tendances dans le type de recherche produite sur la prévention et l'intervention en matière de cyberintimidation ont également été identifiées, afin d'orienter les lacunes et les besoins éventuels de la recherche future.

Sources

Des recherches ont été menées dans les sources suivantes pour trouver les articles pertinents.

Bases de données universitaires :

Mots clés

Les mots-clés qui ont été utilisés pour trouver des articles sont présentés ci-dessous. Ces mots-clés (et leurs variantes proches pour tenir compte de l'orthographe, des synonymes, des terminaisons de mots, etc.) ont été utilisés conjointement avec d'autres paramètres de recherche (par exemple, date, lieu) et ont été, le cas échéant, combinés en phrases (c'est-à-dire en utilisant « et »/« ou »).

résultats scolaires; adolescent; agression; soignants; cyber agression; cyber harcèlement; cyber intimidation; cyber victimisation; cyberagression; cyberintimidation; cyberharcèlement; cybervictimisation; intimidation électronique; implication de la famille; membres de la famille (ex. mère, père); structure familiale; familles d'accueil; gardiens; intimidation sur Internet; intervention; impacts à long terme; santé mentale (ex. dépression, anxiété, automutilation, suicide); résultats mentaux; mobile; croyances des parents; efficacité des parents; médiation des parents; surveillance des parents; parentage, parents; intimidation; résultats physiques; prévention; facteurs de protection; facteurs de risque; rôle de la famille; harcèlement sexuel; impacts à court terme, fratrie; médias sociaux; résultats sociaux; facteurs systémiques (individu, pair, famille, école, colectivité); adolescent; victimisation; jeune adulte; jeunesse; jeune.

Constatations

Initialement, 287 articles académiques ont été collectés dans la matrice, après suppression des doublons. Les 287 articles comprenaient 218 articles sur le rôle des familles dans la prévalence, la prévention et l'intervention en matière de cyberintimidation et 69 articles portant spécifiquement sur la participation des familles dans les initiatives de prévention et/ou d'intervention en matière de cyberintimidation. Cinquante articles ont été exclus, car ils n'analysaient pas la cyberintimidation comme une variable indépendante, ne présentaient pas de constatations pertinentes liées à la famille, ou étaient des analyses documentaires ou des thèses de doctorat. La liste complète des documents de référence se trouve dans la liste de références.

Dates de publication

Un total de 162 articles portant sur le rôle des familles dans la prévalence, la prévention et l'intervention en matière de cyberintimidation ont été analysés. Les articles datent de 2004 à 2021, avec une répartition de six articles de 2004 à 2010; 28 articles de 2011 à 2015; et 128 articles de 2016 à 2021, avec le plus grand nombre d'articles durant l'année 2019 (18 au total). Cela démontre la nouveauté de l'étude de la participation des familles dans le domaine de la cyberintimidation.

Méthodologie et conception de la recherche

En ce qui concerne la méthodologie, 95 % des articles (154 au total) ont utilisé une analyse quantitative. Six articles ont utilisé une approche de méthodes mixtes et seulement deux ont utilisé une analyse qualitative. La nouveauté de ce domaine de recherche est également évidente dans la conception de la recherche : 127 des études avaient un plan de recherche transversal, et seulement 35 étaient des études longitudinales.

Orientation de la recherche

Le rôle des familles dans la prévalence, la prévention et l'intervention en matière de cyberintimidation reste un sujet peu étudié. Dans de nombreux cas, les familles n'étaient pas l'objet principal de la recherche, apparaissant souvent comme une variable parmi d'autres ou mentionnées comme un facteur de risque ou de protection. En effet, seulement 35 % des études se concentrent explicitement sur les familles, et 22 % se concentrent sur les familles comme l'une des variables clés étudiées. Les 43 % d'études restantes ne se sont pas concentrés explicitement sur le rôle des familles.

Soixante-cinq études se sont concentrées sur la cybervictimisation uniquement, 20 sur la cyberintimidation uniquement et 77 sur la cybervictimisation et la cyberintimidation. On doit tenir compte de l'accent prédominant mis sur la cybervictimisation lors de l'interprétation des constatations du présent rapport.

Échantillons

La taille des échantillons dans les études varie de 42 à 214 808 (la plus grande étude a porté sur des participants de 40 pays). L'âge des enfants et des jeunes participants varie de 5 à 30 ans. Plusieurs études comprenaient des participants de niveau universitaire ou des aidants, le participant le plus âgé étant âgé de 67 ans (un aidant). Parmi les études qui indiquaient une répartition par sexe, environ la moitié de toutes les études présentaient des proportions similaires entre les participants féminins et masculins. Trois études ont porté spécifiquement sur les hommes/garçons. Douze études présentaient des équilibres disproportionnés (plus de 60 % de femmes ou d'hommes). Trois études ont indiqué si une proportion de leurs participants était de sexe non divulgué, non binaires, transgenres ou autre. Au total, trente‑deux études n'ont pas indiqué le sexe des participants.

Emplacement

La répartition par pays montre également une orientation occidentaleNote de bas de page 2 de la recherche, ce qui peut être attribué au fait que la recherche documentaire n'a été effectuée qu'en anglais. Soixante et un pays étaient représentés dans la recherche. Parmi ces pays, les États-Unis sont les plus représentés (38 études), suivis de l'Espagne (22 études), de la ChineNote de bas de page 3(16 études), du Canada (12 études), de la Turquie (9 études), du Royaume-Uni (8 études), de la Grèce et d'Israël (7 études chacun).

L'impact des différences culturelles dans les styles de parentage, les structures familiales et la dynamique familiale n'a pas été spécifiquement exploré dans cette analyse documentaire et pourrait mériter une étude plus approfondie. Les études menées en Chine sont un exemple notable de la manière dont les différences culturelles affectent le rôle des familles dans la cyberintimidation. Par exemple, une étude a noté que les jeunes Chinois sont élevés avec la croyance culturelle de la piété filiale, les guidant à obéir à leurs parents et aux aînés, alors qu'aux États-Unis, la culture des pairs est fortement influente (Wright, 2015). Une autre étude a noté l'augmentation du contrôle parental, en particulier du contrôle psychologique, chez les parents chinois, par rapport à certains pays occidentaux (Geng et coll., 2020). Il convient également de faire preuve de prudence en généralisant les constatations des études menées dans des pays aux sociétés collectivistes, comme la Chine, qui mettent davantage l'accent sur les relations familiales que les pays aux cultures individualistes (Geng et coll., 2020; Wang et coll., 2020).

Terminologie

Cette section définit les termes clés utilisés dans les constatations.

Attachement
L'attachement a été conceptualisé à l'origine comme le lien entre un nourrisson et un aidant principal (Bowlby, 1982) et a été utilisé dans le présent rapport ainsi que dans la littérature récente pour indiquer l'aspect de la relation entre un enfant/un jeune et un aidant (ou des pairs, des enseignants, etc.) qui fait que l'enfant/le jeune se sent en sécurité, en sûreté et protégé (Benoit, 2004). Un attachement insécurisant ou négatif indique une relation dans laquelle l'enfant/le jeune ne se sent pas en sécurité, en sûreté et protégé.
Parentage de style autoritaire
Style de parentage employé par les aidants ayant la responsabilité principale de l'enfant/du jeune, qui est élevé en termes de rigueur et de supervision et faible en termes d'acceptation et d'implication, incluant parfois aussi des pratiques punitives ou restrictives (Martínez et coll., 2019).
Parentage de style encadrant
Style de parentage employé par les personnes ayant la responsabilité principale de l'enfant/du jeune, qui est élevé en matière de rigueur et de supervision, ainsi qu'en matière d'acceptation et de participation, et qui favorise souvent une approche de parentage, une orientation, un soutien et une supervision encadrants (Martínez et coll., 2019).
Cyberintimidation
« L'utilisation des technologies de l'information et de la communication (TIC), telles que la messagerie instantanée, le courrier électronique, la messagerie textuelle, les blogues et les médias sociaux, par les adolescents dans la victimisation ou l'intimidation de leurs pairs » (Chan et Wong, 2019, p. 5).
Cybervictimisation
Préjudice intentionnel et répété infligé par l’utilisation de la technologie; les personnes qui sont à l’extrémité réceptrice des comportements de cyberintimidation sont considérées comme des cybervictimes (Kalia et Aleem, 2017).
Cohésion familiale
La cohésion familiale a été définie comme le lien émotionnel que les membres de la famille ont les uns envers les autres, et leur capacité à être à la fois indépendants et connectés les uns aux autres (Olson et coll., 1983).
Médiation instructive
Discuter du contenu en ligne et des stratégies ou de la gestion de ces derniers avec les enfants et les jeunes; coélaborer et fixer des règles d'utilisation; fixer des attentes et fournir des conseils sur les comportements en ligne appropriés (Wright, 2016).
Parentage de style « laissez-faire »
Style de parentage employé par les personnes ayant la responsabilité principale de l'enfant/du jeune, qui est peu strict et peu supervisé, ainsi que peu accepté et impliqué, fournissant souvent peu ou pas de conseils, de supervision ou d'instructions (Martínez et coll., 2019).
Médiation parentale
La médiation parentale est définie comme les stratégies utilisées par les aidants pour gérer la relation de leur enfant/jeune avec les médias en ligne/Internet (Wright, 2016).
Médiation restrictive
Empêcher les enfants/jeunes d'accéder à certains contenus en ligne, c'est-à-dire par des restrictions, des limites de temps, le blocage de sites Web, le retrait du droit d'utiliser Internet, etc. (Wright, 2016).

N. B. : « parentage » et « parental » sont des termes qui s'appliquent tout au long de ce rapport à tous les parents, aidants et tuteurs d'enfants et de jeunes. 

Rôle des familles dans la prévention et l'intervention en matière de cyberintimidation

Les études ont été codées et classées en six sous-thèmes principaux, dont les relations aidant-enfant et la dynamique familiale, la médiation parentale, les styles de parentage, les structures sociales élargies, les données démographiques familiales et la sensibilisation, la connaissance et la compréhension de la cyberintimidation.

Dans la plupart des cas, la littérature s'est concentrée sur la façon dont les caractéristiques et les interactions familiales peuvent être soit positivement associées à la prévalence de la cyberintimidation (c'est-à-dire que les deux variables augmentent en tandem), mettant ainsi les enfants et les jeunes à risque de faire subir de la cyberintimidation ou d'en être victime; soit négativement associées à la prévalence de la cyberintimidation (c'est-à-dire que plus une variable augmente, plus l'autre diminue), indiquant les façons dont les familles peuvent prévenir les comportements de cyberintimidation ou intervenir contre ceux‑ci. La famille joue aussi souvent un rôle indirect dans la cyberintimidation, c'est-à-dire en affectant les traits de caractère au niveau individuel (par exemple, l'impulsivité, l'empathie), les compétences sociales (par exemple, les comportements antisociaux ou prosociaux), les compétences et les mécanismes (par exemple, les stratégies d'adaptation, les comportements de recherche d'aide) et/ou en exacerbant les sentiments (par exemple, la solitude, l'anxiété, la confiance) ou encore en protégeant contre les résultats négatifs associés à la cyberintimidation.

Relations aidant-enfant et dynamique familiale

Le premier grand thème est lié aux relations aidant-enfant (ou jeune) et à la dynamique familiale. Ce thème de recherche comprenait des études examinant les styles d'attachement parental et la manière dont ils influencent les attentes des enfants et des jeunes concernant leurs besoins, leur sécurité et leur amour (Guinn, 2015), influençant ainsi indirectement ou directement la prévalence de la cybervictimisation et de la cyberintimidation, ainsi que les comportements adaptatifs et les stratégies d'adaptation. La littérature s'est également penchée sur la discorde familiale, l'incivilité et la violence, ainsi que sur l'effet que les troubles familiaux ont sur la participation à des comportements en ligne inappropriés en raison de l'affaiblissement des facteurs individuels et prosociaux.

Soixante-quinze études publiées relèvent de ce thème entre 2009 et 2021, la majorité des études (45) ayant été publiées entre 2018 et 2021. Ainsi, ce domaine de recherche en anglais n'en est qu'à ses débuts. Le pays le plus représenté dans la littérature sur ce thème est les États-Unis (18 études), suivi de l'Espagne (9 études) et de la Chine (9 études), ce qui montre que la recherche en anglais est principalement axée sur les pays occidentaux, à l'exception d'un nombre important d'études provenant de la Chine. Comme pour l'ensemble des recherches effectuées dans le cadre de cette analyse documentaire, la proportion d'études transversales par rapport aux études longitudinales qui abordent ce thème est beaucoup plus importante (56 et 19 respectivement), bien que les constatations des études longitudinales confirment pour la plupart les constatations des études transversales. Au total, trente‑six de ces études se concentrent uniquement sur la cybervictimisation; cinq se concentrent uniquement sur la cyberintimidation; trente‑deux examinent une combinaison des deux; et deux se penchent également sur les témoins.

Résumé

La recherche a mis en évidence de nombreux facteurs familiaux qui sont positivement associés à la cybervictimisation et à la cyberintimidation, notamment des milieux familiaux pauvres marqués par la violence, le dysfonctionnement et les conflits, la négligence, le faible attachement parental, la solitude en famille et le rejet familial. Ces facteurs ont surtout des effets indirects sur la cybervictimisation et la cyberintimidation. Les enfants et les jeunes qui vivent dans un milieu peu favorable ou abusif peuvent ne pas développer les compétences et les mécanismes au niveau individuel pour faire face aux incidents de cyberintimidation (par exemple, la recherche d'aide, les mécanismes d'adaptation personnels, la résilience, l'estime de soi) et peuvent également ressentir un sentiment d'insécurité ou un manque de sécurité avec les membres de leur famille, ce qui les conduit à éviter la communication ou la divulgation des incidents. Les enfants et les jeunes qui subissent des violences parentales peuvent se sentir particulièrement désorientés ou rejetés et développer des comportements qui les exposent au risque de cyberintimidation. En ce qui concerne la cyberintimidation, les enfants et les jeunes qui se sentent rejetés, seuls, sans soutien, ou qui font face à la violence ou aux dysfonctionnements familiaux peuvent chercher à s'exprimer ou à exercer en ligne le pouvoir/la confiance qui leur fait défaut à la maison, en imitant éventuellement la violence dont ils sont témoins à la maison. Ils peuvent également manquer l'encadrement et la structure dont ils ont besoin dans leur milieu familial, et développer des styles d'attachement insécurisés ou négatifs.

À l'inverse, plusieurs facteurs se sont révélés négativement associés à la cybervictimisation et à la cyberintimidation, notamment le lien sécurisant, l'attachement familial, la cohésion familiale, la communication positive et l'expressivité. Ces facteurs montrent que les enfants et les jeunes qui vivent dans des milieux positifs et sécurisés, marqués par la cohésion et la communication expressive, peuvent avoir développé des compétences personnelles et interpersonnelles positives (par exemple, l'établissement de limites, les capacités d'adaptation, le contrôle de l'impulsivité) et avoir le soutien, les conseils et la structure de leur famille nécessaires pour ne pas s'adonner à la cyberintimidation et être en mesure de faire face et de réagir aux incidents de cyberintimidation.

Dans l'ensemble, les constatations montrent l'importance d'un milieu familial sûr, structuré et positif et des relations avec les aidants, en particulier en ce qui concerne la capacité des aidants à réduire l'incidence des incidents de cyberintimidation sur l'enfant/le jeune.

Le tableau suivant résume les facteurs qui ont été trouvés positivement et négativement associés à la cybervictimisation et à la cyberintimidation, et le texte qui suit fournit plus de détails.

Tableau 1: Relations aidant-enfant et dynamique familiale : tableau récapitulatif
Cybervictimisation Cyberintimidation
Associations positives
  • Violence familiale
  • Dysfonctionnement et conflit familiaux
  • Négligence
  • Faible attachement parental
  • Solitude en famille
  • Rejet de la famille
  • Violence parentale
  • Mauvaise gestion de la famille
  • Faible sentiment de soutien familial
Associations négatives
  • Lien sécurisé
  • Attachement familial
  • Cohésion familiale
  • Communication positive et expressivité
  • Sentiment de soutien

Prévalence de la cybervictimisation associée aux relations aidant-enfant et à la dynamique familiale : constatations détaillées

Il n'est pas surprenant que la discorde et les troubles familiaux soient positivement associés à la cybervictimisation de plusieurs façons. La violence familiale et la maltraitance parentale ont une association indirecte, qui peut mener à de mauvaises relations avec les pairs et des attachements insécurisés (Chen et coll., 2018; Hong et coll., 2018). Les dysfonctionnements familiaux et les conflits et négligences sont également associés positivement à la cybervictimisation (Sánchez et coll., 2016; Ding et coll., 2020; Hong et coll., 2018; Marret et coll., 2017; Martínez-Monteagudo et coll., 2018; Ortega-Barón et coll., 2016). En particulier, la négligence peut entraîner un manque de capacité à se socialiser en dehors du domicile familial (Hong et coll., 2018).

La communication problématique avec les aidants (moins d'ouverture/expressivité; plus de communication offensive; plus d'évitement) est liée à des relations négatives et à un mauvais attachement parental (Buelga et coll., 2017; Canas et coll., 2020; Guo et coll., 2020), qui sont tous associés positivement à la cybervictimisation (Accordino et Accordino, 2011; Bayraktar et coll., 2015; Bjereld et coll., 2017; Bradbury et coll., 2018; Li et coll., 2018; Li et Hesketh, 2019; Marret et coll., 2017). Comme l'indique une étude, les aidants sont généralement bien intentionnés, mais ont parfois besoin de conseils. Si, dans l'idéal, les enfants et les jeunes devraient approcher eux‑mêmes les aidants, ces derniers doivent également être réceptifs. Au final, l'amélioration des liens et de la communication permettra de contrôler les incidents de cyberintimidation (Damanjit et Kaur, 2016). Une étude, cependant, a révélé que la communication entre l'aidant et l'enfant n'avait pas de relation significative avec la prévalence de la cybervictimisation dans un sens ou dans l'autre (Liu et coll., 2021).

Comme le mettent en avant plusieurs études, dont une étude longitudinale, la solitude en famille et la faible estime de soi au sein de la famille—qui sont liées au faible soutien familial perçu et au rejet familial—sont également positivement associées à la cybervictimisation (Brighi et coll., 2012; Hellfeldt et coll., 2019; Larrañaga et coll., 2016; Stavrinides et coll., 2018).

En revanche, plusieurs études, dont une étude longitudinale, ont révélé que le lien sécurisé et l'attachement familial sont généralement considérés comme étant négativement associés à la cybervictimisation (Chan et coll., 2017; Floros et coll., 2011; Jun, 2020; Liu et coll., 2021; Safaria et Suyono, 2020; Tintori et coll., 2021), bien qu'une étude longitudinale ait révélé qu'il n'existe pas d'association significative entre le soutien familial et la cyberintimidation, car les enfants et les jeunes peuvent croire que les aidants sont incapables de résoudre les problèmes (Le et coll., 2017). De même, comme le montrent trois études longitudinales, la cohésion et l'expressivité familiales, favorisées par un sentiment de soutien, sont également associées négativement à la cybervictimisation (Arató et coll., 2021; Fanti et coll., 2012; Grunin et coll., 2020; Helfrich et coll., 2020; Mishna et coll., 2016; Ortega-Barón et coll., 2016; Wang et coll., 2009).

Prévalence de la cyberintimidation associée aux relations aidant-enfant et à la dynamique familiale : constatations détaillées

Des associations similaires ont été trouvées pour la cyberintimidation. Comme l'ont noté plusieurs études longitudinales, la violence familiale (Bai et coll., 2020; Low et Espelage, 2012; Wang et coll., 2020); le mauvais attachement parental et les relations négatives avec les aidants (Accordino et Accordino, 2011; Govender et Young, 2018; Li et coll., 2018, 2019; Liu et coll., 2021; Paez 2020; Viau et coll., 2019); le dysfonctionnement et les conflits familiaux, y compris la négligence et la mauvaise gestion familiale (Bai et coll., 2020; Buelga et coll., 2016; Chen et coll., 2018; Hemphill et coll., 2012; Hemphill et Heerde, 2014; Le et coll., 2017; Martínez-Monteagudo et coll., 2018; Wang et coll., 2020;); une communication problématique (Buelga et coll., 2016; Chen et coll., 2018; Govender et Young, 2018); et la solitude en famille/une faible estime de soi au sein de la famille, un faible sentiment de soutien familial et le rejet de la famille (Govender et Young, 2018; Hellfeldt et coll., 2019) sont tous positivement associés à la cyberintimidation.

Comme pour la cybervictimisation, on constate que la cohésion, l'expressivité et le soutien de la famille ont des associations négatives avec la cyberintimidation, comme l'indiquent deux études longitudinales (Fanti et coll., 2012; Knopf, 2015; Li et coll., 2020). Plusieurs études, dont trois études longitudinales, ont examiné la fréquence des dîners familiaux en tant qu'indicateur du lien et de la communication entre les aidants et les enfants, révélant des associations négatives avec la cyberintimidationNote de bas de page 4 (Arató et coll., 2021; Grunin et coll., 2020; Knopf, 2015; Li et coll., 2020; Wang et coll., 2009; Wright et Wachs, 2020). À l'instar des constatations liées à la cybervictimisation, on constate que les liens sécurisés et l'attachement familial ont également des associations négatives avec la prévalence de la cyberintimidation (Tintori et coll., 2021; Cortes et coll., 2019; Floros et coll., 2011; Safaria et Suyono, 2020; Vazsonyi et coll., 2017).

Médiation parentale

Le deuxième grand thème du corpus de recherche est lié à la médiation et à la connaissance des parents. Ce thème apparaît dans 59 études en anglais allant de 2004 à 2021. La plupart de ces études (36) datent de 2017 à 2021, ce qui montre encore une fois le caractère embryonnaire du domaine de recherche. La recherche est aussi principalement axée sur l'Occident, la plus grande partie des études provenant des États‑Unis (16). Il y a beaucoup plus d'études transversales que d'études longitudinales qui traitent de ce thème (44 et 15 respectivement), bien que les constatations des études longitudinales confirment la plupart du temps les constatations des études transversales. Au total, vingt de ces études se concentrent uniquement sur la cybervictimisation; onze se concentrent uniquement sur la cyberintimidation; vingt‑six examinent une combinaison des deux; et deux se concentrent sur les témoins.

La médiation parentale fait allusion à la manière dont les aidants gèrent les comportements en ligne de leurs enfants et de leurs jeunes (Strohmeier et coll., 2021). C'est un concept complexe qui va au‑delà des simples restrictions, impliquant également des stratégies conversationnelles et interprétatives, ainsi que des activités de suivi (Athanasiades et coll., 2016). En raison du manque général d'études longitudinales sur ce sujet, certains chercheurs ont noté que les effets de la médiation parentale restent difficiles à déterminer de manière concluante (Strohmeier et coll., 2021). D'autres soulignent également que la médiation active est plus efficace pour les jeunes enfants que pour les adolescents, en raison du passage de l'attachement parental à l'attachement aux pairs lorsque les enfants grandissent (Ho et coll., 2017).

Résumé

Dans la littérature, les stratégies de médiation parentale ont été divisées en deux catégories : les stratégies restrictives et les stratégies instructives (définies ci-dessus dans la section terminologie). Dans l'ensemble, la recherche a révélé une association négative entre la médiation instructive et la cybervictimisation et la cyberintimidation. Les constatations sont toutefois mitigées en ce qui concerne la médiation restrictive. Celle‑ci avait une association négative globale avec la cyberintimidation, bien que de nombreux chercheurs aient attribué ce résultat au fait que les restrictions faisaient en sorte que les enfants et les jeunes avaient moins d'occasions d'adopter de mauvais comportements en ligne. Ces études peuvent toutefois supposer que moins d'accès à la maison équivaut à aucun accès ailleurs, alors qu'il est possible que la famille ne soit pas au courant de la présence en ligne de l'enfant/du jeune et que l'enfant/le jeune ne le dise probablement pas aux personnes qui s'en occupent si quelque chose se produit.

En outre, les constatations sont mitigées en ce qui concerne la relation entre la médiation restrictive et la cybervictimisation. Ces constatations mitigées peuvent s'expliquer par le fait que la médiation restrictive présente des caractéristiques communes avec les styles de parentage surprotecteurs (abordés dans une section ultérieure). En effet, autant la médiation restrictive que les styles de parentage surprotecteurs tendent à imposer des restrictions strictes, sans accompagnement ni participation des parents.

Ces constatations sont intéressantes lorsqu'elles sont examinées dans l'optique des initiatives de prévention et d'intervention en matière de cyberintimidation, car elles suggèrent qu'aider les familles à développer les bonnes stratégies de médiation peut être efficace pour réduire les dommages causés et subis en ligne.

Le tableau suivant résume les facteurs qui se sont trouvés d'être négativement associés à la cybervictimisation et à la cyberintimidation, et le texte qui suit fournit plus de détails.

Tableau 2 : Médiation parentale : tableau récapitulatif
Cybervictimisation Cyberintimidation
Associations négatives
  • Médiation instructive
  • Médiation restrictive(?)

Prévalence de la cybervictimisation associée à la médiation parentale : constatations détaillées

Dans l'ensemble, les constatations sont mitigées quant à l'association entre la médiation restrictive (limiter ou empêcher l'utilisation d'Internet, bloquer des sites, appliquer d'autres restrictions) et la cybervictimisation. Cinq études montrent que la médiation restrictive a une association négative avec la cybervictimisation (Alvarez-Garcia et coll., 2019; Chang et coll., 2016; Feijóo et coll., 2021; Kalia et Aleem, 2017; Sasson et Mesch, 2017). Cependant, trois études longitudinales montrent une association positive (Wright, 2016; Wright, 2016; Wright, 2017), notant que la médiation restrictive peut ne pas prévenir la cybervictimisation, d'autant plus qu'elle partage des caractéristiques avec les styles de parentage surprotecteurs (ne pas encourager l'autonomie, la résolution de problèmes et les compétences sociales, et induire la peur) (Wright, 2017).

Des résultats plus concluants peuvent toutefois être trouvés pour une association négative entre la médiation instructive (notamment l'implication chaleureuse et le contrôle comportemental par la fixation de limites) (Kokkinos et coll., 2016) et la cybervictimisation. En fait, la médiation instructive partage des éléments avec les styles de parentage encadrants, qui consistent à créer conjointement des règles concernant le temps passé en ligne et les renseignements personnels partagés (Navarro et coll., 2013). Les études qui décrivent l'association négative entre la médiation instructive et la prévalence de la cybervictimisation incitent les familles à discuter des situations négatives, à fournir des conseils et à inciter les enfants et les jeunes à rechercher un soutien social (Feijóo et coll., 2021; Floros et coll., 2011; Kokkinos et coll., 2016; Mesch, 2009; Navarro et Al, 2013; Wright, 2016; Wright, 2016; Wright, 2017).

Enfin, bien que de nombreuses études indiquent que la surveillance et la supervision parentales sont négativement associées à la cybervictimisation (21 au total), quatre études n'ont pas trouvé d'association entre les restrictions et la surveillance parentales et la cybervictimisation (Sasson et Mesch, 2014; Sasson et Mesch, 2017; Strohmeier et coll., 2021; Zhou et coll., 2013). Une étude rapporte que ces stratégies de médiation parentale peuvent avoir été utilisées de manière réactive après que la cybervictimisation se soit produite (Strohmeier et coll. 2021), suggérant éventuellement comment des stratégies peuvent être utilisées pour empêcher de nouveaux incidents de se produire.

Prévalence de la cyberintimidation associée à la médiation parentale : constatations détaillées

Dix études ont constaté que l'application incohérente des règles, l'insuffisance des stratégies de médiation parentale et le manque de contrôle et de sensibilisation des parents ont une association positive avec la cyberintimidation, et dix-sept études, dont une longitudinale (Wright et Wachs, 2019), notent que le contrôle et l'implication des parents diminuent la probabilité de cyberintimidation. La suggestion ici est que le contrôle et l'implication des parents peuvent être essentiels pour prévenir et intervenir dans la cyberintimidation; cette constatation est renforcée par l'association positive entre l'absence d'implication des parents et la cyberintimidation.

Les stratégies de médiation instructives (augmenter les connaissances sur les risques des médias sociaux, rendant les enfants et les jeunes prudents sur les comportements et conscients des conséquences négatives) et la médiation restrictive (restreindre le temps et l'accès aux médias sociaux, conduisant à des opportunités moindres) sont toutes deux négativement associées à la cyberintimidation dans de nombreuses études, dont une étude longitudinale (Cho et coll., 2019; Feijóo et coll., 2021; Ho et coll., 2017; Kalia et Aleem, 2017; Kokkinos et coll., 2016; Kurana et coll., 2015; Meter et Bauman, 2018; Mesch, 2009; Navarro et coll., 2013; Sung Hong et coll., 2016; Wright, 2016; Wright, 2016; Wright, 2017). La médiation parentale peut également avoir un effet indirect, c'est-à-dire en modérant l'association directe entre l'effet de désinhibition en ligne et la cyberintimidation et en augmentant la divulgation de la part des enfants/jeunes (Wang et Ngai, 2021); en augmentant la maîtrise de soi par des stratégies d'octroi d'autonomie (Vazsonyi et coll., 2017); ou en augmentant les comportements prosociaux (Park et coll., 2014). Cependant, une étude a révélé que la perception qu'ont les enfants et les jeunes de l'approbation des comportements à risque par leurs pairs réduit l'efficacité de la médiation restrictive (Caivano et coll., 2020) et une étude a révélé que la supervision parentale augmente en fait la prévalence des comportements à risque en ligne (Sasson et Mesch, 2014).

Styles de parentage

Le troisième thème clé était lié aux styles de parentage, apparaissant dans 27 études en anglais parues entre 2010 et 2021. La majorité de ces études (19) ont été publiées entre 2018 et 2021, ce qui montre une fois de plus la nouveauté de ce domaine de recherche. Les principaux pays représentés par cette recherche en anglais sont l'Espagne (5 études), les États-Unis (4 études) et la Chine (4 études), ce qui démontre l'orientation principalement occidentale de la recherche. La proportion d'études transversales par rapport aux études longitudinales est plus importante (24 et 3 respectivement). Les constatations des études longitudinales confirment pour la plupart les constatations des études transversales. Cinq de ces études se concentrent uniquement sur la cybervictimisation, six se concentrent uniquement sur la cyberintimidation et 16 examinent les deux ensemble.

Les styles de parentage sont l'ensemble des pratiques et des approches adoptées par les personnes chargées d'élever leurs enfants/jeunes et comprennent trois types principaux et un sous-ensemble de styles apparentés : le parentage de style autoritaire (y compris avec contrôle ou punitif), de style « laissez-faire » (y compris indulgent ou permissif) et de style encadrant (y compris apportant du soutien ou flexible). Comme le souligne une étude longitudinale, les styles de parentage sont importants, car ils influencent l'attachement aux pairs, sont liés aux stratégies de médiation parentale et façonnent l'image de soi des jeunes, leur estime de soi, ainsi que leurs stratégies et leurs approches, ce qui affecte indirectement la cyberintimidation (Charalampous et coll., 2018). Cependant, les constatations concernant les styles de parentage peuvent être mitigées à mesure que le corpus de recherche s'étoffe (Vale et coll., 2018). En outre, bien que la littérature décrit généralement les styles de parentage comme étant soit encadrants, soit de style « laissez-faire », soit autoritaires, il est probable que, dans la pratique, les styles de parentage soient plus nuancés et variables selon les circonstances et qu'ils soient sujets à des changements.

Résumé

Dans l'ensemble, les styles de parentage autoritaires et de type « laisser-faire » ont des associations positives avec la cybervictimisation et la cyberintimidation. Les styles de parentage encadrants ont des associations négatives avec la cybervictimisation et la cyberintimidation. Une étude longitudinale a révélé que les styles de parentage stricts ou psychologiquement contrôlants rendaient les enfants et les jeunes vulnérables et anxieux quant à leurs relations avec les personnes qui s'occupent d'eux et, par conséquent, diminuaient leur estime de soi, ce qui était considéré comme un prédicteur important de la cybervictimisation. Par ailleurs, les styles de parentage indulgents et permissifs ou non réceptifs ou non disponibles (c'est-à-dire où les aidants ne font pas leur part pour aider les enfants et les jeunes à contrer ou à faire face aux incidents de cyberintimidation) étaient également associés positivement à la cybervictimisation. Dans le cas de la cyberintimidation, les constatations d'études longitudinales indiquent que les styles de parentage punitifs, contrôlants, surprotecteurs et négligents amènent les enfants et les jeunes à développer des approches de résolution de problèmes et des stratégies interpersonnelles violentes et à réagir au manque d'amour et d'acceptation en causant du tort aux autres en ligne, tout en manquant de structure et de soutien de la part de leur famille.

Inversement, les styles de parentage encadrants peuvent avoir aidé les enfants et les jeunes à se sentir soutenus et à avoir confiance dans le fait que leurs familles répondraient à leurs demandes d'aide. Par conséquent, ces types de relations peuvent avoir un effet protecteur contre la cyberintimidation. Les styles de parentage encadrants peuvent également aider les enfants et les jeunes à développer des compétences prosociales essentielles, telles que la chaleur émotionnelle et l'empathie, qui peuvent aussi réduire indirectement la probabilité de cybervictimisation et de cyberintimidation.

Dans l'ensemble, les constatations montrent que les styles de parentage sont liés à l'implication des enfants et des jeunes dans la cyberintimidation. La connaissance de la manière dont les styles de parentage préviennent ou favorisent les comportements de cyberintimidation peut être utile à la conception d'initiatives ciblant les familles pour prévenir la cyberintimidation ou intervenir dans ce domaine.

Le tableau suivant résume les facteurs qui ont été trouvés positivement et négativement associés à la cybervictimisation et à la cyberintimidation, et le texte qui suit fournit plus de détails.

Tableau 3 : Style de parentage : tableau récapitulatif
Cybervictimisation Cyberintimidation
Associations positives
  • Styles de parentage autoritaires (y compris surprotection, contrôle psychologique)
  • Styles de parentage de type « laisser-faire » (y compris indulgent, permissif, indisponible et négligent)
Associations négatives
  • Styles de parentage encadrants (y compris le soutien à l'autonomie et la flexibilité)

Prévalence de la cybervictimisation associée aux styles de parentage : constatations détaillées

Plusieurs études, dont une étude longitudinale, ont trouvé des associations positives entre les styles de parentage ou éducatifs autoritaires (notamment le parentage strict et le parentage visant à contrôler psychologiquement) et la cybervictimisation (Charalampous et coll., 2018; Garaigordobil et Machimbarrena, 2017; Hsieh, 2020; Martinez et coll., 2019; Moreno-Ruiz et coll., 2019; Rao et coll., 2019).

Il existe également des études qui démontrent des associations positives entre les aidants indulgents et permissifs (aidants peu stricts, exerçant peu de supervision, très acceptants et permettant la participation) et la cybervictimisation (Broll et Reynolds, 2021; Garaigordobil et Machimbarrena, 2017; Martínez et coll., 2019).

Certaines études ont trouvé une association positive entre les styles de parentage non réceptifs ou non disponibles et la cybervictimisation. Ces études suggèrent que les enfants et les jeunes qui ne se sentent pas écoutés ou qui n'ont pas le soutien nécessaire pour adopter des comportements de recherche d'aide peuvent avoir plus de difficultés à faire face aux incidents de cyberintimidation (Damanjit et Kaur, 2016; Skierkowski-Foster, 2021).

Enfin, d'autres études ont fait état d'associations négatives entre les styles de parentage de soutien à l'autonomie (Legate et coll., 2019); les styles de parentage encadrants (Charalampous et coll., 2018; Zurcher et coll., 2018) et les styles de parentage flexibles. Les aidants qui ont adopté des styles de parentage encadrants ont amené les enfants et les jeunes à adopter des comportements réalistes et à respecter les autres. Comme l'indique une étude longitudinale, grâce à ces styles de parentage, les enfants et les jeunes apprennent à demander de l'aide et à divulguer les incidents, et ils ont confiance dans la capacité de leurs aidants à les guider et à les réconforter (Charalampous et coll., 2018).

Prévalence de la cyberintimidation associée aux styles de parentage : constatations détaillées

De nombreuses études (15 au total, dont une longitudinale) ont mis en évidence une association positive entre les styles de parentage autoritaires (en particulier ceux où les aidants utilisent des stratégies disciplinaires physiques ou dures, sont surprotecteurs ou visent à contrôler psychologiquement) et la cyberintimidation. En fait, selon une étude longitudinale, les pratiques punitives ou de contrôle amènent les enfants et les jeunes à considérer la violence physique et psychologique comme un moyen de régler leurs problèmes. Les enfants de personnes autoritaires peuvent suivre l'exemple des comportements modélisés par ces dernières. Par conséquent, ces enfants et ces jeunes peuvent manquer d'empathie, utiliser l'inégalité et la compétition comme stratégies interpersonnelles, ne pas être capables de discuter des problèmes en ligne et percevoir les aidants comme insensibles aux problèmes. Ils peuvent réagir au manque d'attention, d'amour et d'acceptation des parents en se livrant à la cyberintimidation (Charalampous et coll., 2018). Une seule étude (Vale et coll., 2018) a suggéré qu'il pourrait y avoir une association négative entre le parentage autoritaire et la cyberintimidation.

D'autres styles de parentage qui ont une association positive avec la cyberintimidation comprennent les approches permissives/de type « laissez-faire » (Makri-Botsari et Karagianna, 2014; Vale et coll., 2018) et les styles de parentage négligents qui manquent de soutien émotionnel et d'affection (Govender et Young, 2018; Martinez-Ferrer et coll., 2019; Moreno-Ruiz, 2015; Tarablus et coll., 2015; Zhang et coll., 2021). Les aidants qui ne s'impliquent pas ou qui ne s'engagent pas auprès de leurs enfants et de leurs jeunes pour leur donner un retour d'information sur leur comportement agressif ne parviennent pas à guider leurs enfants et leurs jeunes vers des comportements sociaux appropriés et à fixer des limites et des attentes concernant les interactions en ligne appropriées.

Enfin, des associations négatives ont été trouvées par certaines études entre le parentage encadrant et soutenant l'autonomie et la cyberintimidation (Lee et Shin, 2017; Makri-Botsari et Karagianni, 2014; Vale et coll., 2018). Dans ces familles, les personnes qui s'occupent des enfants donnent l'exemple de traits de caractère positifs et de compétences prosociales; l'enfant ou le jeune transfère ensuite ces compétences interpersonnelles dans ses relations avec ses pairs. Le concept principal est que les compétences prosociales clés, telles que la chaleur émotionnelle, la gratitude, l'empathie cognitive et l'empathie affective, sont socialisées par l'environnement familial, ce qui réduit la probabilité de cyberintimidation (Chen et coll., 2020).

Structures sociales élargies

D'autres éléments de la structure sociale élargie de l'enfant/du jeune, tels que les pairs, l'école et d'autres soutiens sociaux, sont apparus dans la littérature comme des aspects importants de l'écosystème de l'enfant/du jeune en relation avec la cyberintimidation. La structure sociale élargie va au-delà de la « famille », mais elle a été incluse dans cette analyse, car ces autres contextes ou relations sociales ont servi de médiateur à la relation entre la famille et la cyberintimidation. La majorité des études (25) en anglais qui s'intéressent à la structure sociale au sens large datent de 2018 à 2021, ce qui montre la nouveauté du domaine de recherche. Le principal pays représenté par cette recherche est les États‑Unis (7 études), ce qui démontre l'orientation principalement occidentale de la recherche. Les études transversales sont beaucoup plus nombreuses que les études longitudinales (19 et 6 respectivement), même si, là encore, les constatations des études longitudinales confirment pour la plupart les constatations des études transversales. Quatorze de ces études se concentrent uniquement sur la cybervictimisation, une se concentre uniquement sur la cyberintimidation, et 10 examinent les deux ensemble.

Résumé

Bien que les structures sociales au-delà de la famille soient quelque peu hors de portée de cette recherche, ce thème est souvent apparu en conjonction avec des recherches portant sur la dynamique familiale, la médiation parentale et les styles de parentage. En général, la recherche a montré que de mauvaises relations avec les pairs et/ou le fait d'avoir des pairs qui pratiquent la cyberintimidation sont des mécanismes qui expliquent en partie la relation entre la dynamique familiale, la médiation parentale, les styles de parentage et la cyberintimidation. En revanche, les relations positives et favorables avec les pairs constituaient des mécanismes de protection dans la relation entre la dynamique familiale, la médiation parentale et les styles de parentage et la cyberintimidation.

Le soutien social perçu est important pour ce corpus de recherche, notamment en raison de son importance en tant que mécanisme dans la relation entre les facteurs familiaux et la cyberintimidation. Cela est particulièrement vrai pour les adolescents qui ont développé des attachements avec leurs pairs, leurs éducateurs, leurs amis, etc. en dehors de la famille immédiate. Par exemple, une étude a discuté de la façon dont les approches d'adaptation active – qui comprennent la sollicitation de l'aide de la famille, de l'école et des enseignants – augmentent avec l'âge à mesure que les relations en dehors de la famille immédiate gagnent en importance (Chan et Wong, 2017). Une autre étude a noté que le soutien social des personnes extérieures à la famille immédiate (par exemple, les enseignants, la police, les professionnels, les petits amis et les petites amies) est plus souvent recherché que celui des aidants ou des amis (Chun et coll., 2021). Enfin, une étude a révélé que le changement de comportement du témoin—qui est influencé par le soutien des éducateurs et des aidants—créait l'impact le plus important (DeSmet et coll., 2016). Il est utile d'examiner la structure sociale élargie de l'enfant/du jeune en tant que mécanisme dans la relation entre les familles et la cyberintimidation; l'implication est qu'un accent sur les personnes en dehors de la famille immédiate (par exemple, les pairs, les enseignants, les conseillers scolaires, les amis) peut être utile comme cible pour une intervention future.

Dans l'ensemble, les constatations montrent qu'il peut être important de poursuivre les recherches sur les effets de la structure sociale élargie de l'enfant/du jeune, et de tenir compte des structures sociales lors de la conception d'initiatives de prévention et d'intervention. En particulier, les relations avec les pairs peuvent jouer un rôle clé dans la prévention de la cyberintimidation ou dans l'aide apportée aux enfants/jeunes pour faire face à la cyberintimidation. Ainsi, les interventions peuvent vouloir se concentrer sur les relations avec les pairs, ainsi que sur les relations familiales pour améliorer l'efficacité de ces programmes.

Le tableau suivant résume les facteurs qui ont été trouvés positivement et négativement associés à la cybervictimisation et à la cyberintimidation, et le texte qui suit fournit plus de détails.

Tableau 4 : Structures sociales plus larges : tableau récapitulatif
Cybervictimisation Cyberperpetration
Associations positives
  • Faible participation scolaire, affiliation négative avec les enseignants
  • Attachement à des pairs adoptant de mauvais comportements en ligne
  • Relations médiocres avec les pairs
Associations négatives
  • Attachement positif et solidaire avec les pairs
  • Soutien de l'école
  • Apprendre des mécanismes d'adaptation auprès de ses pairs

Prévalence de la cybervictimisation associée aux pairs, à l'école et à d'autres soutiens sociaux : constatations détaillées

Plusieurs articles, dont deux études longitudinales, traitent de l'importance du réseau social des pairs et de l'association négative entre le soutien perçu des amis et la cybervictimisation (Arató et coll., 2021; Jun, 2020; Mishna et coll., 2016; Yoo, 2021). Comme décrit dans une étude longitudinale, les comportements clés qui indiquent un attachement positif aux amis et aux pairs peuvent inclure le fait de parler de ses problèmes avec ses amis et de passer du temps non structuré avec ses amis (Cho et coll., 2019). La pertinence de ce résultat est que le fait d'avoir des amis avec qui discuter régulièrement des problèmes et passer du temps peut être un facteur de protection dans la relation entre les styles de parentage négatifs et la cybervictimisation.

Il est intéressant de noter qu'une étude a révélé que la perception qu'ont les enfants et les jeunes des stratégies d'adaptation des aidants et des pairs est associée à leur utilisation de mécanismes d'adaptation dans des situations de cybervictimisation. L'étude souligne également l'influence des pairs dans le mentorat mutuel sur les stratégies d'adaptation. L'implication de ces résultats est que l'entraînement par les pairs des stratégies d'adaptation peut être plus efficace que les comportements socialisés à la maison par les aidants (Bradbury et coll., 2018).

L'école peut être un autre mécanisme important pour les enfants et les jeunes qui vivent dans un milieu familial difficile et stressant. Les écoles et les éducateurs apportent également leur soutien (Ortega-Barón et coll., 2016). À l'inverse, une faible participation scolaire et une affiliation négative avec les enseignants peuvent également augmenter la probabilité que des incidents de cyberintimidation se produisent, en particulier si les enfants et les jeunes ont des difficultés à communiquer, ont peu confiance en eux ou ne se sentent pas écoutés (Bjereld et coll., 2017). Ainsi, l'école joue un rôle de facteur de protection dans la relation entre les styles de parentage négatifs et la cybervictimisation ou de facteur de risque si l'école n'apporte pas son soutien.

Les études susmentionnées ont examiné le rôle des pairs et des écoles en tant que mécanisme potentiel de médiation de la relation entre les styles de parentage et la cybervictimisation. Néanmoins, la famille reste importante. Comme l'indique une étude longitudinale, le soutien familial est crucial pour les enfants et les jeunes en situation de vulnérabilité (par exemple, les enfants et les jeunes vivant dans des foyers monoparentaux avec de faibles niveaux de soutien social de la part d'amis/de pairs) (Fanti et coll., 2012) et, comme décrit précédemment, les styles de parentage façonnent et influencent les attachements aux pairs à mesure que les enfants et les jeunes grandissent (Boniel-Nissim et Sasson, 2018).

Prévalence de la cyberintimidation associée aux pairs, à l'école et à d'autres soutiens sociaux : constatations détaillées

Des relations médiocres avec les pairs et/ou le fait d'avoir des pairs qui pratiquent la cyberintimidation peuvent être considérés comme un mécanisme qui médiatise partiellement la relation entre la dynamique familiale, la médiation parentale, les styles de parentage et la cyberintimidation. Plusieurs études ont noté des associations positives entre les perceptions des comportements d'intimidation par les pairs (Sasson et Mesch, 2014); les attachements négatifs aux pairs (par exemple, les pairs adoptant des comportements déviants) (Paez, 2020); et les relations médiocres avec les pairs (Hong et coll., 2018) et les comportements de cyberintimidation. En outre, une étude a noté que la perception qu'ont les enfants et les jeunes de l'approbation des comportements à risque par leurs pairs peut en fait réduire l'efficacité des stratégies de médiation restrictives (Caivano et coll., 2020).

D'autres études, dont une étude longitudinale, ont montré que des liens positifs et encourageants avec les pairs peuvent réduire les comportements de cyberintimidation (Arató et coll., 2021; Jun, 2020; Yoo, 2021). En outre, une étude longitudinale a noté la possibilité d'améliorer les compétences interpersonnelles des adolescents grâce à des interactions améliorées avec les aidants et les pairs, ce qui montre l'importance des efforts soutenus visant à améliorer les relations (Jun, 2020). Les constatations montrent que la relation entre la structure sociale élargie des jeunes et la prévalence de la cyberintimidation, sont importants pour l'étude puisqu'ils influencent le rôle de la famille dans la cyberintimidation. En tant que tels, ces facteurs pourraient être ciblés dans de futures interventions.

Données démographiques familiales

Un thème clé additionnel de la littérature traite des données démographiques familiales, qui sont mentionnées dans 19 études allant de 2010 à 2021. La majorité de ces études (13) en anglais ont été publiées entre 2016 et 2021, ce qui montre le caractère récent de ce domaine de recherche. Les principaux pays représentés par cette recherche sont le Royaume‑Uni (3 études), la Chine (2 études) et l'Espagne (2 études), ce qui démontre l'orientation principalement occidentale de la recherche. Comme pour l'ensemble des recherches effectuées dans le cadre de la présente analyse documentaire, la proportion d'études transversales est beaucoup plus importante que celle des études longitudinales (17 et 2, respectivement). Dix de ces études se concentrent uniquement sur la cybervictimisation, deux se concentrent uniquement sur la cyberintimidation, et sept étudient les deux ensemble.

Souvent, les données démographiques familiales n'étaient pas un élément clé des études examinées dans le cadre de cette analyse documentaire, mais plutôt une variable secondaire de ces études. Cette section vise à mettre en évidence les liens établis par les auteurs, le cas échéant, entre les données démographiques familiales et la prévalence de la cyberintimidation. Cependant, les résultats sur les données démographiques familiales peuvent donner un aperçu des futures initiatives de prévention/d'intervention ciblées.

Résumé

La recherche a révélé des associations entre les données démographiques familiales et la cybervictimisation. Cependant, très peu d'études ont examiné la relation entre les données démographiques familiales et la cyberintimidation. Il y avait également très peu d'études examinant les différences culturelles dans les styles de parentage; cette dimension n'a donc pas été incluse dans ce rapport, mais a été soulignée comme une limitation dans la section des conclusions.

Des associations positives ont été trouvées entre les familles reconstituées, les familles monoparentales, les familles divorcées et les familles à faible revenu et la cybervictimisation, ce qui suggère que la composition démographique des familles peut jouer un rôle dans la prévalence de la cybervictimisation. Les constatations sont également mitigées en ce qui concerne le niveau d'éducation et le chômage des parents.

Ces constatations préliminaires indiquent la nécessité de poursuivre les recherches sur la relation entre les données démographiques familiales et la cyberintimidation. En effet, l'obtention de résultats concluants peut être utile à la conception et au développement d'interventions ciblées.

Le tableau suivant résume les facteurs qui se sont avérés être positivement associés à la cybervictimisation et le texte qui suit fournit plus de détails.

Tableau 5 : Données démographiques familiales : tableau récapitulatif
Cybervictimisation
Associations positives
  • Familles recomposées, familles monoparentales, familles divorcées
  • Familles à faible revenu

Prévalence de la cybervictimisation associée aux données démographiques familiales : constatations détaillées

Il est intéressant de noter que la recherche a révélé davantage d'associations entre les données démographiques familiales et la cybervictimisation qu'avec la cyberintimidation. Par exemple, les enfants et les jeunes vivant dans des familles monoparentales, des familles recomposées et des familles divorcées (Arnarsson et coll., 2020; Bevilacqua et coll., 2016; Bevilacqua et coll., 2017; Chen et coll., 2018; Sourander et coll., 2010; Strohmeier et coll., 2021) étaient plus susceptibles d'être victimes de cyberintimidation.

En outre, une association positive entre les familles à faible revenu et la cybervictimisation a été observée dans plusieurs études (Bevilacqua et coll., 2016; Bevilacqua et coll., 2017; Sánchez et coll., 2016; Chen et coll., 2018; Shaheen et coll., 2018), bien que, de manière intéressante, une étude ait trouvé une association négative entre une faible aisance familiale et la cybervictimisation, peut-être en raison d'un accès limité aux appareils électroniques (Chester et coll., 2019).

Les résultats sont mitigés en ce qui concerne le niveau d'éducation des parents. Par exemple, une étude a trouvé une association positive entre le faible niveau d'éducation de la mère et la cybervictimisation (Chen et coll., 2018); une autre n'a pas trouvé d'association significative entre l'éducation des parents et la cybervictimisation (Rodríguez-Enríquez et coll., 2019); et une autre a trouvé une association positive entre le niveau d'éducation du père lorsqu'il est de niveau secondaire ou plus élevé (Emiral et coll., 2020).

Des recherches supplémentaires peuvent être nécessaires pour l'association entre d'autres facteurs démographiques familiaux et la cybervictimisation. Parmi les études examinées dans le cadre de la présente analyse, une a signalé une association positive entre le chômage des parents et la cybervictimisation (Chen et coll., 2018). Une autre étude a trouvé une association positive entre les aidants vivant dans des zones rurales (avec par conséquent des compétences liées Internet plus faibles, et moins d'interventions en ligne) et la cybervictimisation (Chang et coll., 2016). Une étude traite d'une association positive entre les familles d'immigrants de première génération et la cybervictimisation, notant que les immigrants de première génération utilisent davantage Internet pour rechercher des informations et s'exprimer, et sont moins susceptibles d'éviter les risques en ligne que les non‑immigrants (Strohmeier et coll., 2021).

Associations entre la prévalence de la cyberintimidation et les données démographiques familiales : constatations détaillées

Peu d'études ont examiné les associations entre les données démographiques familiales et la cyberintimidation. Une étude a noté une association positive entre les familles monoparentales, les familles recomposées et les familles divorcées et la cyberintimidation, ainsi qu'entre le chômage et la cyberintimidation (Chen et coll., 2018). Trois études ont indiqué un lien entre les familles à faible revenu et la cyberintimidation (Bevilacqua et coll., 2016; Bevilacqua et coll., 2017; Chen et coll., 2018). En outre, une étude a révélé que le niveau d'éducation des parents n'était pas lié à la cyberintimidation (Makri-Botsari et Karagianna, 2014).

Sensibilisation à la cyberintimidation et connaissance et compréhension du phénomène

Un autre thème de la recherche portait sur les niveaux de sensibilisation des parents à la cyberintimidation ainsi que sur leur connaissance et leur compréhension du phénomène. Bien que les aidants fixent souvent des règles sur la manière d'utiliser Internet, les études ont montré que, souvent, ils ne sont pas conscients des comportements négatifs ou qu'ils sous‑estiment la cyberintimidation. Ils ont souvent des notions insuffisantes de l'expérience de leurs enfants et de leurs jeunes en matière de cyberintimidation ou des comportements cyberagressifs de ces derniers. Dans l'ensemble, ils sont moins conscients des expériences de cyberintimidation que de l'intimidation traditionnelle (Barlett et Fennel, 2018; Dehue et coll., 2008; Kowalski et Fedina, 2011; Uludasdemir et Kucuk, 2019).

Les aidants n'ont souvent pas conscience du rôle qu'ils peuvent jouer dans la prévention ou l'intervention en matière de cyberintimidation. Comme le dit une étude longitudinale, il faut montrer aux aidants qu'ils ont un rôle de soutien à jouer dans l'utilisation des technologies par leurs enfants et leurs jeunes, et qu'ils peuvent contribuer à diminuer les conséquences négatives associées aux comportements de cyberintimidation (Wright et Wachs, 2019).

En effet, la sensibilisation des parents aux comportements en ligne des adolescents (par exemple, leurs actions et leurs relations avec leurs pairs) les aide à participer et à intervenir dans les situations de cyberintimidation (Guo et coll., 2020). Les aidants qui sont conscients des comportements de cyberintimidation sont plus susceptibles de mener des interventions opportunes et d'aider leurs enfants et leurs jeunes à développer des comportements proactifs d'adaptation et de recherche d'aide (Zhu et coll., 2019). Des aidants informés peuvent faire des choix appropriés quant aux approches et stratégies de médiation parentale qu'ils choisissent d'employer pour contrôler, superviser et fixer des limites à l'utilisation d'Internet.

Les familles comme facteurs de protection du comportement de cyberintimidation chez les enfants et les jeunes

Selon la définition de Sécurité publique Canada (2015), les facteurs de protection sont les influences positives qui peuvent améliorer la vie des personnes et les rendre plus résilientes pour contrecarrer les facteurs de risque. Les facteurs de protection figurent parmi les constatations les plus concluantes de la présente analyse documentaire, tant pour la cybervictimisation que pour la cyberintimidation. L'analyse a révélé que 23 articles mettaient l'accent sur l'attachement positif entre le parent et l'enfant, que 22 articles soulignaient l'efficacité de la sensibilisation à la cyberintimidation/aux comportements problématiques et des niveaux et formes appropriés de médiation parentale, et que 10 articles mettaient l'accent sur les styles de soutien parental. D'autres facteurs de protection récurrents comprenaient la communication familiale, le soutien social perçu et l'approbation des pairs.

En effet, comme le montre le tableau 6, plusieurs facteurs de protection clés sont pertinents à la fois pour la cyberintimidation et la cybervictimisation. La communication positive et expressive au sein de la famille est un facteur de protection essentiel contre la cybervictimisation. Les familles qui entretiennent des relations positives créant un climat où les enfants et les jeunes peuvent communiquer ouvertement. Par conséquent, ces familles solidaires peuvent être en mesure d'aborder la cyberintimidation avant qu'elle ne se produise, car elles seront conscientes des problèmes avant qu'ils ne se transforment en cyberintimidation.

De manière surprenante, deux études ont révélé que les styles de médiation restrictive et de parentage autoritaire pouvaient également constituer des facteurs de protection contre la cyberintimidation. Ceci est en contraste avec les constatations suggérant que les approches de médiation restrictives et le parentage autoritaire ont une association positive avec la cyberintimidation. Cette divergence de constatations peut s'expliquer par le fait que l'on suppose que les approches restrictives ou autoritaires entraînent une réduction du temps passé en ligne et, par conséquent, une limitation des possibilités d'adopter de mauvais comportements en ligne.Note de bas de page 5

Il est important de noter qu'il existe peu d'initiatives de cyberintimidation avec des composantes familiales et, parmi celles-ci qu'existent , aucune n'a spécifiquement examiné l'efficacité de l'implication des familles. Par conséquent, les facteurs de protection peuvent fournir une indication utile des éléments clés qui pourraient être inclus et ciblés dans les initiatives futures.

Tableau 6 : Facteurs de protection : tableau récapitulatif
Facteurs de protection
Spécifique à la cybervictimisation
  • Communication positive et expressive
Spécifique à la cyberintimidation
  • Médiation parentale restrictive (fixation de limites et restrictions)
Commun à la cybervictimisation et à la cyberintimidation
  • Sensibilisation des parents aux comportements en ligne
  • Perception du soutien des familles et des structures sociales élargies (par exemple les pairs, les amis, les écoles)
  • Médiation instructive (contrôle parental, tutelle en ligne)
  • Attachements parentaux positifs
  • Styles de parentage encadrants

Facteurs de protection contre la cybervictimisation : constatations détaillées

La perception du soutien familial était le facteur de protection le plus fréquent contre la cybervictimisation (21 études, dont plusieurs longitudinales). Les enfants et les jeunes issus de familles bénéficiant d'un soutien familial important peuvent acquérir les compétences et les aptitudes nécessaires pour éviter d'être victimes de cyberintimidation. Deuxièmement, ces familles de soutien peuvent avoir favorisé l'acquisition des compétences nécessaires pour faire face à la cybervictimisation si elle se produit, comme la recherche d'aide et la communication assertive. Les enfants et les jeunes qui se sentent soutenus sont également capables de développer les principales compétences personnelles et interpersonnelles nécessaires pour se défendre contre la cyberintimidation. Le réseau de soutien social peut inclure des membres de la famille, des enseignants, des pairs et des professionnels (Chun et coll., 2021; Yoo, 2021). Comme l'indiquent deux études longitudinales, des niveaux élevés de soutien social procurent un sentiment de sécurité chez les enfants et les jeunes, leur permettant de développer des compétences d'adaptation efficaces (Chillemi et coll., 2020) et de rechercher des conseils supplémentaires s'ils en ont besoin (Wright, 2017). L'efficacité d'un soutien parental plus important (Gofin et Avitzour, 2021) par rapport à d'autres soutiens fait cependant l'objet de discussions. Une étude a noté que d'autres formes de soutien social (par exemple, de la part des enseignants et des professionnels du conseil) sont plus efficaces ou plus recherchées que le soutien des aidants, ce qui indique que le soutien familial n'est qu'une branche du réseau de soutien qui doit être engagé pour combattre la cyberintimidation (Chun et coll., 2021).

Une médiation parentale appropriée est un autre facteur clé de protection contre la cybervictimisation, mentionné dans douze études, dont quelques études longitudinales. En particulier, les études notent l'importance de la surveillance parentale et de la tutelle en ligne (Floros et coll., 2011; Hood et Duffy, 2018; Kalia et Aleema, 2017; Wachs et coll., 2021).

Les attachements parentaux positifs sont un autre facteur de protection contre la cybervictimisation qui a été mis en évidence dans dix études, dont une longitudinale, qui ont toutes noté l'importance de la cohésion familiale, des interactions élevées avec les aidants et des niveaux élevés d'attachement familial (Arató et coll., 2021; Chan et coll., 2018; Jun, 2020). En fait, une étude a révélé que non seulement un attachement élevé entre l'aidant et l'enfant peut protéger contre la cybervictimisation, mais qu'il peut également servir de tampon contre les symptômes dépressifs qui résultent de celle‑ci (Zhu et coll., 2019).

Quelques études ont mentionné la communication positive et expressive avec les aidants (Martínez-Monteagudo et coll., 2018; Özdemir, 2014; Worsley et coll., 2019) et la sensibilisation des parents aux comportements en ligne (par exemple, les actions, les relations avec les pairs, les messages, les activités en ligne) (Caivano et coll., 2020; Chang et coll., 2016) comme facteurs de protection importants contre la cybervictimisation.

Il est également important de noter que la cyberintimidation peut être commise par des groupes d'enfants et de jeunes plutôt que par un auteur unique et que le comportement de groupe est influencé différemment (par exemple, pas nécessairement par le fait que les membres du groupe proviennent de foyers familiaux favorables). Ainsi, ce rapport reconnaît qu'il existe d'autres dynamiques qui échappent à l'influence de la famille. Les facteurs de risque et de protection mentionnés dans ce rapport concernent spécifiquement les influences familiales.

Facteurs de protection contre la cyberintimidation : constatations détaillées

Il y avait moins d'études examinant les facteurs de protection contre la cyberintimidation que contre la cybervictimisation, ce qui peut être une conséquence du fait qu'une plus petite proportion d'articles de recherche a examiné la cyberintimidation dans son ensemble. En ce qui concerne la cyberintimidation, la médiation parentale s'est avérée être le facteur de protection le plus fréquemment étudié, apparaissant dans huit études, dont une longitudinale. La médiation parentale restrictive (stratégies parentales qui limitent l'utilisation d'Internet et des mobiles) et la médiation instructive (surveillance, communication, établissement de règles, actions de soutien à l'autonomie) ont été identifiées comme des stratégies de médiation parentale positives (c'est-à-dire associées à une cyberintimidation moindre) (Alvarez-Garcia et coll., 2018; Ho et coll., 2017; Hong et coll., 2016; Wright, 2016; Zhou et coll., 2013).

Le soutien perçu des amis et de la famille a été examiné dans cinq études. Le soutien social peut provenir de sources multiples (par exemple, familles, pairs, enseignants, écoles), qui peuvent avoir des effets différents. Par exemple, une étude a révélé que les enfants et les jeunes qui percevaient des niveaux plus élevés de soutien social de la part de leurs parents indiquaient des niveaux plus faibles d'acceptation de la violence et que, à l'inverse, un manque de soutien social de la part des enseignants se traduisait par des scores plus élevés de machisme, lequel était positivement associé à la cyberintimidation (Pérez-Martínez et coll., 2021). De même, un attachement et un lien de haute qualité entre l'aidant et l'enfant ont été considérés comme un facteur de protection contre la cyberintimidation (Alvarez-Garcia et coll., 2018; Arató et coll., 2021; Jun, 2020; Lee et Chin, 2017).

Les constatations concernant la médiation parentale (à la fois instructive et restrictive) et les styles de parentage (à la fois autoritaires et encadrants, comme vu dans Vale et coll., 2018) sont intéressantes à noter, car la médiation restrictive a été positivement associée à la prévalence de la cybervictimisation, et les styles de parentage autoritaires ont été positivement associés à la prévalence de la cybervictimisation et de la cyberintimidation (abordés dans les sections précédentes). En plus de ces constatations mitigées, une étude indique que les facteurs de protection cessent d'être des prédicteurs significatifs lorsque d'autres facteurs sont pris en compte (par exemple, sociodémographiques ou liés à la personnalité ou à l'utilisation d'Internet), montrant que les relations entre les variables familiales et l'intimidation peuvent être indirectes et fallacieuses (Alvarez-Garcia et coll., 2018). Ces constatations suggèrent qu'il n'y a peut-être pas qu'un seul objectif à atteindre pour lutter contre la cyberintimidation. Quoi qu'il en soit, des études longitudinales supplémentaires peuvent être nécessaires pour déterminer où le travail d'intervention doit se concentrer.

Les familles comme facteurs de risque du comportement de cyberintimidation chez les enfants et les jeunes

La littérature sur les facteurs de risque—les influences négatives qui peuvent augmenter la probabilité d'expériences ou de comportements de cyberintimidation (Sécurité publique Canada, 2015)—est globalement plus fragmentée que la littérature sur les facteurs de protection, ce qui signifie qu'il y a plus de facteurs de risque, avec moins de consensus global des constatations dans la littérature. Les styles de parentage étaient les facteurs de risque les plus fréquemment rapportés (11 études), suivis par la violence et les conflits familiaux (9 études) et la médiation parentale insuffisante/inappropriée (9 études). Parmi les autres facteurs de risque importants, citons les relations médiocres avec les aidants, le faible soutien social perçu, les données démographiques familiales, le faible niveau de connaissances et de sensibilisation des parents, l'affiliation aux pairs, le manque de communication et le sentiment de solitude des aidants. Une étude indique que, de manière peut-être surprenante, la littérature sur le rôle du soutien des frères et sœurs est rare et nécessite une attention accrue (Tzani-Pepelasi et coll., 2018).

Les facteurs de risque spécifiques à la cybervictimisation comprennent une médiation restrictive, la négligence et le rejet des parents, et une communication pauvre/évasive avec les aidants. Dans l'ensemble, ces résultats suggèrent que les enfants et les jeunes à risque de cybervictimisation manquent de soutien, d'instruction et de conseils de la part de leur famille, ce qui améliorerait leurs comportements de recherche d'aide ainsi que le développement de mécanismes d'adaptation et de comportements prosociaux, en plus d'accroître leur capacité à trouver du réconfort pour faire face aux incidents de cyberintimidation.

Les facteurs de risque spécifiques à la cyberintimidation comprennent l'ignorance des parents et la méconnaissance des comportements en ligne. Cela concerne les enfants et les jeunes qui ne disposent pas de la structure familiale et des limites nécessaires pour prévenir les mauvais comportements en ligne.

Actuellement, il existe peu d'initiatives de cyberintimidation avec des composantes familiales et, parmi celles-ci, aucune n'a spécifiquement examiné l'efficacité de la participation des familles. En lieu et place de ces preuves, les facteurs de risque peuvent fournir une indication utile des éléments clés qui pourraient être ciblés dans des initiatives futures.

Tableau 7 : Facteurs de risque : tableau récapitulatif
Facteurs de risque
Spécifique à la cybervictimisation
  • Médiation restrictive
  • Négligence
  • Rejet des parents
  • Communication pauvre/évasive avec les aidants
Spécifique à la cyberintimidation
  • Ignorance/manque de sensibilisation des parents
Commun à la cybervictimisation et à la cyberintimidation
  • Absence ou insuffisance de la médiation parentale
  • Familles à faible revenu
  • Vivre dans une famille monoparentale ou une famille recomposée
  • Violence et conflits familiaux
  • Faible soutien social
  • Faible attachement parental
  • Solitude avec les aidants
  • Styles de parentage autoritaires
  • Styles de parentage de type « laisser-faire »

Facteurs de risque de la cybervictimisation : constatations détaillées

Deux facteurs de risque clés (médiation parentale insuffisante/inappropriée et données démographiques familiales) sont apparus dans dix études chacun, dont quelques études longitudinales. Plus précisément, les facteurs de risque de médiation parentale associés à la cybervictimisation comprenaient une médiation restrictive (Caivano et coll., 2020; Wachs et coll., 2021; Wright, 2016; Wright, 2016) et une médiation parentale incohérente ou absente (Guo et coll., 2020; Katz et coll., 2019; Mishna et coll., 2012), tel que le fait de fournir un accès à Internet en dehors du contrôle familial (Uludasdemir et Kucuk, 2019). Les facteurs de risque démographiques familiaux associés à la cybervictimisation comprenaient les faibles revenus (Bevilacqua et coll., 2017; Hong et coll., 2016; Shaheed et coll., 2019); le fait de vivre dans des familles monoparentales ou des structures de famille recomposée (Arnarsson et coll., 2020; Bevilacqua et coll., 2016); ou de vivre dans des zones rurales avec des aidants ayant un accès à Internet ou des taux d'alphabétisation plus faibles (Chang et coll., 2016).

La violence et les conflits familiaux ont également été identifiés comme des facteurs de risque dans huit études, y compris dans deux études longitudinales. Plus précisément, il s'agit de la négligence et de diverses formes de maltraitance de la part des aidants (Cénat et coll., 2019; Chen et coll., 2018; Hemphill et Heerde, 2014; Hong et coll., 2018) et de l'exposition à la violence et aux conflits interparentaux (Cénat et coll., 2018; Chen et coll., 2018; Hemphill et Heerde, 2014; Hong et coll., 2018; Marret et Choo, 2017). En ce qui concerne les effets indirects, une étude a noté que les enfants et les jeunes maltraités peuvent ne pas avoir la capacité de se socialiser en dehors de la maison, ce qui entraîne une plus grande probabilité d'être cyberintimidé en ligne (Hong et coll., 2018).

Un faible soutien social de la part des familles et des structures sociales élargies (par exemple, les pairs et les amis) a été noté par six études comme étant un facteur de risque de cybervictimisation. Ce facteur peut également être étroitement lié à la solitude avec les aidants ou au rejet et aux mauvaises relations avec les aidants (chacun étant relevé par quatre études). Tous ces facteurs de risque indiquent que les enfants et les jeunes se sentent seuls, rejetés et sans soutien, avec des compétences prosociales et d'adaptation sous-développées. Une étude longitudinale a noté que le style de parentage et l'attachement des parents influencent la nature et la qualité de l'attachement des pairs à l'adolescence, ce qui a un effet sur la prévalence de la cyberintimidation. Ainsi, les attachements parentaux tout au long de l'enfance et de l'adolescence permettent aux jeunes de développer à la fois l'autonomie et les structures de soutien social nécessaires pour prévenir les incidents et les comportements de cyberintimidation (Charalampous et coll., 2018).

Certains styles de parentage ont également été notés comme facteurs de risque de cybervictimisation dans quatre études. Il s'agit notamment des styles de parentage autoritaires, qui sont marqués par une faible affection, une discipline coercitive, la rigueur et un contrôle élevé (Garaigordobil et Machimbarrena, 2017) ainsi que des pratiques indulgentes/permissives, qui sont indiquées par une forte affection et une surprotection, et un contrôle ou des exigences faibles. Ces deux styles de parentage sont positivement associés à des pratiques de médiation parentale insuffisantes (Broll et Reynolds, 2021; Garaigordobil et Machimbarrena, 2017). Comme l'a noté une étude longitudinale, les enfants et les jeunes d'aidants autoritaires peuvent être plus vulnérables à l'intimidation par les autres, car ils deviennent anxieux et ont par conséquent une estime de soi réduite (Charalampous et coll., 2018).

Les enfants et les jeunes qui ont de mauvaises relations avec les personnes qui s'occupent d'eux peuvent également adopter une communication évasive ou ne pas communiquer du tout. Ils peuvent se sentir peu soutenus, croire que leurs aidants n'écouteront pas ce qu'ils ont à dire, trouver globalement difficile de communiquer (Bjereld et coll., 2017; Gofin et Avitzour, 2021; Guo et coll., 2020; Larrañaga et coll., 2016). À l'inverse, les enfants et les jeunes ayant des relations saines ont tendance à révéler les incidents de cyberintimidation à leurs aidants et à demander de l'aide (Makri-Botsari et Karagianni, 2014).

Facteurs de risque de la cyberintimidation : constatations détaillées

Le facteur de risque le plus significatif associé à la cyberintimidation était une médiation parentale et une connaissance des comportements de cyberintimidation insuffisantes (noté par 11 études, dont une étude longitudinale). Plus précisément, plusieurs études ont révélé que le manque de surveillance était le plus grand facteur de risque, et est lié à l'ignorance des parents ou à leur méconnaissance des activités en ligne (Baldry et coll., 2019; Alotaibi, 2019; Beyazit et coll., 2017; Cho et Rustu, 2020; Feijóo et coll., 2021; Khurana et coll., 2015; Leemis et coll., 2019; Low et Espelage, 2012).

Comme mentionné ci-dessus, les styles de parentage, spécifiquement ceux qui sont surprotecteurs (Floros et coll., 2011; Zhang et coll., 2021), permissifs ou négligents (Broll et Reynolds, 2021; Makri-Botsari et Karagianna, 2014; Vale et coll., 2018), et autoritaire ou contrôlant psychologiquement (Geng et coll., 2020; Govender et Young, 2018; Makri-Botsari et Karagianna, 2014; Martínez-Ferrer et coll., 2019; Tarablus et coll., 2015) exposent les enfants et les jeunes au risque de cyberintimidation. Une étude longitudinale a révélé que les enfants et les jeunes d'aidants autoritaires peuvent cyberintimider d'autres afin d'obtenir la liberté, le pouvoir et la reconnaissance qui leur font défaut dans leur propre dynamique familiale (Charalampous et coll., 2018).

La violence ou les conflits familiaux (mentionnés par cinq études) et les mauvaises relations avec les aidants (mentionnées par quatre études) ont été notés comme des facteurs de risque clés pour des raisons similaires à celles des facteurs de risque affectant la cybervictimisation.

Comme pour la cybervictimisation, certains facteurs démographiques familiaux, tels qu'un faible statut socioéconomique (Bevilacqua et coll., 2016; Bevilacqua et coll., 2017), le fait de vivre avec des beaux-parents ou dans des familles monoparentales ou divorcées (Yang et coll., 2013), ou de vivre dans des zones rurales (Chang et coll., 2016), sont également des facteurs de risque pour s'engager dans la cyberintimidation.

Participation des familles dans les programmes de prévention et d’intervention en matière de cyberintimidation

Notre analyse des articles publiés et de la littérature grise indique que les programmes de prévention de la cyberintimidation ont été mis en œuvre exclusivement dans les écoles et que ces programmes ne prévoyaient que peu ou pas du tout la participation des aidants (DeSmet et coll., 2016; Helfrich et coll., 2020). Cette analyse indique clairement le rôle critique de la famille dans la cyberintimidation. Par conséquent, la conception d'interventions ciblant la cyberintimidation devrait inclure une composante clé pour les familles (Canas et coll., 2020).

L'élaboration de programmes d'intervention doit commencer dès le plus jeune âge (Cortes et coll., 2019; Zagorscak et coll., 2019) et doit inclure des composantes familiales. Les composantes familiales devraient fournir une éducation sur la manière de développer une relation saine avec les enfants/jeunes et souligner le rôle central des comportements parentaux dans la cyberintimidation (Gomez-Ortiz, 2018; Le et coll., 2017) ainsi que des conseils sur l'implication et le suivi des parents (Leemis et coll., 2019; Zagorscak et coll., 2019). Enfin, les programmes devraient également s'attaquer aux conflits familiaux et aux incivilités (Le et coll., 2017).

Soixante-neuf articles discutaient de la prévention de la cyberintimidation et des programmes d'intervention. Quarante programmes liés à la cyberintimidation ont été identifiés, et parmi eux, seuls vingt et un comprenaient une composante familiale. Les composantes familiales, qui sont décrites dans le tableau ci-dessous, comprennent principalement des activités de connaissance et de sensibilisation des aidants, notamment des réunions, des conseils, des sessions de formation et du matériel audio/visuel. Le programme existant n'a toujours pas permis d'examiner l'efficacité des composantes propres aux familles. Des détails supplémentaires sur les programmes sont fournis à l'annexe A, notamment le lieu, le type de traitement, le groupe d'âge, la source d'information et la théorie du changement. L'annexe B fournit une liste des programmes de cette analyse documentaire qui n'avaient pas de composante familiale spécifique.

Tableau 8 : Aperçu des programmes ayant une composante familiale
Nom du programme Le rôle de la famille tel que décrit dans la littérature La littérature indique-t-elle s'il y a eu une évaluation de l'efficacité de la composante spécifique à la famille?
Asegúrate Le matériel pédagogique comprend un guide pour travailler avec les familles des enfants/jeunes et les sensibiliser. Non
Bulldog Solution Intervention Model (Modèle d'intervention de Bulldog Solution) Le concept du programme consiste à 1) utiliser une approche de leadership descendante pour initier le changement; 2) faire participer toutes les parties prenantes, y compris les aidants, les enseignants, le personnel et les élèves dans l'intervention; 3) accroître l'adhésion des éducateurs ainsi que des aidants; et 4) promouvoir des résultats plus durables en mettant en œuvre un nouveau système, une série de processus et des programmes qui répondent aux besoins de l'école. Non
ConRed Orientation parentale par des activités de sensibilisation et de formation sur la cyberdimension de la « convivencia » ou « interaction sociale harmonieuse ». Non
Cyber Friendly Schools (Écoles favorables au cyberespace) Les aidants ont reçu une formation et des ressources en ligne. Non
Cyberbullying: A Prevention Curriculum for Grades 6 – 12 (Cyberintimidation : un programme de prévention pour les élèves de la 6e à la 12e année) Le programme se compose d'un plan de cours hebdomadaire, de ressources pour les aidants, de documents à distribuer aux élèves et de matériel de formation pour les animateurs. Non
Programme Cyberprogram 2.0 et jeu vidéo Cooperative Cybereduca 2.0. Réunions avec les aidants, participation des aidants à une discipline éducative forte. Non
Dating Matters Formation pour les aidants d'élèves des 6e, 7e et 8e années. Non
Dialogic model of prevention and resolution of conflicts (DMPRC – Modèle dialogique de prévention et de résolution des conflits) Processus de dialogue qui implique les élèves, les membres de la famille et les enseignants; mise en place d'une commission de coexistence composée de différents membres de la collectivité  (élèves, familles, enseignants) qui surveillent la mise en œuvre de l'accord et contribuent à la création d'un espace plus sûr pour tous. Non
Programme « EspaiJove.net » Le questionnaire sur les prestations de santé comprenait des informations sur la famille : âge, études et profession des aidants; nombre de frères et sœurs et leur âge. Non
Intervention Mapping Protocol (IMP – Protocole de cartographie d'intervention) Les questionnaires des parents ont été distribués par leurs enfants à l'école dans une enveloppe. Non
iZ HERO Les élèves jouent le jeu à la maison. Non
Programme anti-intimidation KiVa Les aidants ont reçu un guide sur l'intimidation et la cyberintimidation, ainsi que des conseils sur les stratégies de prévention et d'intervention. Non
Living in harmony in the real and digital world (Vivre en harmonie dans le monde réel et numérique) Cours de formation pour les aidants avec des éléments considérés comme essentiels pour prévenir les situations de violence. Non
Medias Heroes (Héros des médias) Les aidants ont assisté à une soirée atelier au cours de laquelle les jeunes ont présenté les résultats du programme sous forme de dépliants, de jeux de rôle ou de conférences. Non
Programme national de lutte contre le harcèlement dans les écoles finlandaises (KiVa) On incite les élèves à faire des révélations aux aidants. Non
Olweus Bullying Prevention Program (OBPP – Programme de prévention de l'intimidation OLWEU) Réunions périodiques au niveau de la classe avec les aidants; ressources imprimées et vidéo en anglais pour les aidants. Non
Thérapie de groupe pour les parents Les aidants ont suivi une thérapie de groupe pour prévenir la cyberintimidation et la cybervictimisation. Non
Intervention en matière de pratiques réparatrices Utilise des pratiques réparatrices lors des interactions avec les membres de la famille, notamment des cercles proactifs qui se concentrent sur la communication intentionnelle du comportement positif de l'élève et de ses résultats scolaires. Non
TEI Le début du programme d'intervention est basé sur l'information et la diffusion des principes du programme entre tous les membres du milieu scolaire (enseignants, familles et élèves). En plus de les informer, on incite les familles à participer activement à la mise en œuvre du programme pendant l'année scolaire. Non
Projet EU Kids Online Les aidants ont été informés de l'utilisation risquée et plus sûre d'Internet et ont appris l'importance de promouvoir un environnement en ligne plus sûr pour les enfants. Non
Programme de compétence sociale ViSC Réunions des aidants. Non

L'examen de la littérature sur la participation des familles dans les programmes de prévention et d'intervention en matière de cyberintimidation a permis de dégager plusieurs enseignements clés.

  1. Aucun des programmes abordés dans la littérature n'est spécifiquement axé sur les familles ou conçu pour elles. Les composantes familiales ne sont généralement qu'un aspect du programme.
  2. La majorité des interventions fondées sur des données probantes dans la littérature sont fondées sur l'école.
  3. Parmi les programmes qui ont été évalués, aucun n'a évalué les effets uniques de la composante familiale sur la réduction de la cyberintimidation et de la victimisation.
  4. Les composantes familiales de ces interventions sont mineures et passives. Les familles ne jouent pas un rôle central ou clé dans ces programmes de prévention/d'intervention. La « participation » des familles comprend essentiellement des activités de connaissance et de sensibilisation. Le matériel se limite souvent à fournir des guides écrits, à des réunions/présentations limitées, à des questionnaires et à des dépliants.

Conclusions

Principaux points à retenir

La littérature sur le rôle des familles dans la cyberintimidation est relativement récente, avec une croissance très récente du nombre global d'articles publiés (la majorité des articles examinés dans le cadre de la recherche ont été publiés en 2018 ou plus tard). Cette analyse documentaire met en évidence plusieurs thèmes clés dans la recherche sur le rôle des familles dans la cyberintimidation, notamment les relations aidant-enfant et la dynamique familiale, la médiation parentale, les styles de parentage, les structures sociales plus larges et les données démographiques familiales. Les constatations sur les facteurs de risque et de protection sont liées à ces thèmes clés. De plus, il n'existait pas de programme de prévention ou d'intervention spécifique aux familles en matière de cyberintimidation, malgré le rôle central des familles dans l'incidence de la cyberintimidation et de la cybervictimisation.

En ce qui concerne le domaine le plus étudié—les relations aidant-enfant et la dynamique familiale—il a été constaté que, sans surprise, les relations et les milieux familiaux médiocres ou turbulents sont positivement associés à la cybervictimisation et à la cyberintimidation. En particulier, la violence familiale, les dysfonctionnements, les conflits, la négligence, le rejet et les abus ont des relations indirectes avec la cyberintimidation. Ces environnements familiaux négatifs conduisent les enfants et les jeunes à développer des liens anxieux, vulnérables et peu sûrs avec leurs pairs, à imiter la violence qu'ils voient à la maison ou à agir en ligne pour retrouver le pouvoir et l'attention qui leur manquent à la maison. En revanche, les attachements positifs à la famille, la cohésion et l'expressivité à la maison sont négativement associés à la cyberintimidation. Dans ces familles, il est probable que les enfants et les jeunes se sentent écoutés, soutenus et guidés pour développer des traits individuels et prosociaux positifs. La formation des parents sur le développement de relations saines chez leurs enfants et jeunes adolescents serait un domaine clé à cibler dans les programmes de prévention et d'intervention en matière de cyberintimidation. En outre, le fait de cibler et de soutenir les familles qui risquent d'adopter des comportements violents et agressifs à la maison peut réduire la cyberintimidation. Les comportements des aidants eux-mêmes (à la fois hors ligne et en ligne) jouent un rôle central en tant que facteurs de risque et de protection dans la cyberintimidation. L'amélioration de la conscience qu'ont les aidants de leurs propres comportements et de leurs interactions sociales ainsi que la mise en évidence du rôle essentiel qu'ils jouent en modélisant des comportements positifs et négatifs peuvent servir à diminuer la probabilité d'une implication dans la cyberintimidation.

Un deuxième domaine à cibler dans les programmes de prévention et d'intervention porte sur les stratégies de médiation parentale. La recherche sur les stratégies de médiation parentale, dans l'ensemble, met en lumière l'association négative entre la médiation instructive (discuter du contenu et des stratégies ou de la gestion en ligne avec les enfants et les jeunes; élaborer et établir conjointement des règles d'utilisation; fixer des attentes et donner des conseils sur les comportements en ligne appropriés) et la cyberintimidation. Il est essentiel de fournir aux aidants ces stratégies de médiation fondées sur des données probantes pour prévenir et intervenir dans les interactions et les relations en ligne préjudiciables.

Un troisième domaine à cibler dans les programmes de prévention et d'intervention concerne la connaissance et la sensibilisation des parents aux comportements en ligne de leurs enfants et de leurs jeunes. Les aidants ont tendance à avoir des informations inexactes sur les comportements en ligne des enfants et des jeunes dont ils s'occupent ou à surestimer les problèmes. L'amélioration des connaissances et de la sensibilisation peut permettre aux familles d'adapter ou de perfectionner leurs stratégies de médiation et leurs améliorations.

Un quatrième domaine à cibler dans les programmes familiaux de lutte contre la cyberintimidation est celui des styles de parentage. En général, la recherche montre des associations positives entre les styles de parentage autoritaire et de type « laissez-faire » et la cyberintimidation, et une association négative entre les styles de parentage encadrants et la cyberintimidation. En permettant aux aidants de développer des stratégies parentales de soutien qui fixent des limites appropriées des comportements hors ligne et en ligne, le risque de cyberintimidation est du même coup réduit.

Cette analyse a mis en évidence qu'il ne suffit pas de travailler avec les aidants et les familles pour lutter contre la cyberintimidation. Une approche socioécologique est nécessaire. Les programmes de prévention et d'intervention doivent inclure les contextes sociaux (école, collectivité) dans lesquels l'enfant/le jeune vit, apprend et travaille, ainsi que toutes les relations sociales qui jouent un rôle central dans son développement, comme les pairs, les amis et les enseignants. La structure sociale au sens large va au‑delà de la « famille », mais a été incluse dans cette analyse en tant que médiateur important dans la relation entre la famille et la cyberintimidation, puisque les recherches ont souvent montré des liens entre ces facteurs. Cette analyse documentaire a permis de trouver des associations positives entre les affiliations résultant d'une faible participation scolaire et la cybervictimisation; et entre de mauvaises relations avec les pairs et la cyberintimidation. À l'inverse, les liens positifs et favorables avec les pairs étaient négativement associés à la cybervictimisation et à la cyberintimidation, ce qui indique l'importance du soutien social, y compris et au-delà de la famille. Certaines études ont également noté l'importance des pairs pour l'enseignement et la socialisation des principaux mécanismes d'adaptation. Les programmes de prévention et d'intervention pour lutter contre la cyberintimidation nécessitent une approche d'écologie sociale, et la famille n'est qu'un des contextes critiques à soutenir.

Un autre domaine clé de la recherche identifié dans cette analyse comme contribuant à la cyberintimidation traite des données démographiques familiales. Dans l'ensemble, les recherches ont révélé des associations entre les données démographiques familiales et la cybervictimisation, seules quelques études s'intéressant à la cyberintimidation. Des associations positives ont été trouvées entre les familles reconstituées, les familles monoparentales, les familles divorcées et les familles à faible revenu et la cybervictimisation, ce qui suggère que la composition démographique des familles peut jouer un rôle dans la prévalence de la cybervictimisation. Ces associations mettent en évidence les personnes susceptibles d'être impliquées dans la cyberintimidation et identifient les populations clés qui pourraient nécessiter un soutien accru dans les programmes de prévention ou d'intervention. Ces constatations préliminaires indiquent la nécessité de poursuivre les recherches sur la relation entre les données démographiques familiales et la cyberintimidation, ce qui pourrait s'avérer utile pour la conception et la mise au point d'interventions ciblées.

Cette analyse a mis en évidence plusieurs facteurs de protection familiaux qui pourraient aider les enfants et les jeunes à augmenter leur résilience et leurs stratégies d'adaptation face à la cyberintimidation, ainsi que des facteurs de risque qui pourraient augmenter la probabilité de comportements de cyberintimidation. Ces facteurs de protection et de risque fournissent des indications utiles sur les domaines à cibler dans les futures initiatives de prévention et d'intervention en matière de cyberintimidation.

Les principaux facteurs de protection de la cybervictimisation et de la cyberintimidation sont les suivants : sensibilisation des parents aux comportements en ligne (actions, activités en ligne, relations et interactions avec les pairs); perception du soutien des familles et des structures sociales plus larges; médiation instructive (surveillance parentale, tutelle en ligne); attachement parental positif; et style de parentage encadrant. La communication positive et expressive était un facteur de protection contre la cybervictimisation; et la médiation parentale restrictive (fixation de limites et de restrictions) et les styles de parentage autoritaires étaient un facteur de protection potentiel contre la cyberintimidation.

La littérature est moins concluante sur les facteurs de risque. Dans l'ensemble, les facteurs de risque de cybervictimisation et de cyberintimidation étaient les suivants : absence de médiation parentale, violence et conflits familiaux, faible attachement parental et solitude familiale, faible soutien social, styles de parentage autoritaires et de laisser-faire, familles à faible revenu, monoparentales ou recomposées. Les facteurs de risque spécifiques à la cybervictimisation comprenaient les approches de médiation restrictives, la négligence et le rejet parental, la communication médiocre/évitante avec les aidants et le mauvais attachement aux pairs. Les facteurs de risque spécifiques à la cyberintimidation comprenaient l'ignorance/le manque de sensibilisation des parents et les associations négatives avec les pairs.

Enfin, les programmes de prévention et d'intervention en matière de cyberintimidation ont été mis en œuvre exclusivement dans les écoles, avec peu ou pas de participation des aidants. Dans le cadre de cette analyse documentaire, 40 initiatives ont été examinées, dont 22 avaient une composante familiale. Aucun des programmes n'était spécifiquement axé sur les familles ou conçu pour elles. Les composantes familiales se caractérisent essentiellement par une participation passive de la famille, axée sur les activités de connaissance et de sensibilisation. Aucune étude n'a évalué les effets uniques de la composante familiale, il n'est donc pas possible d'évaluer l'efficacité de cette dernière dans ces programmes. L'analyse documentaire met en évidence le rôle critique des familles dans la cyberintimidation. Pourtant, à ce jour, il n'existe pas d'études de prévention ou d'intervention fondées sur des preuves qui se concentrent sur les familles ou qui évaluent les effets additifs de la présence d'une composante familiale dans ces programmes.

Contributions de cette littérature au domaine

Cette littérature met en évidence les rôles directs et indirects des familles sur la cyberintimidation dans le contexte d'un monde toujours plus numérique et omniprésent. Ce qui ressort de la recherche, c'est la littérature sur les principaux domaines du fonctionnement parental et familial qui sont liés à l'implication dans la cyberintimidation, tels que les relations aidant-enfant et la dynamique familiale, la médiation parentale, les styles de parentage, les structures sociales plus larges et les données démographiques familiales. Les thèmes issus de ces domaines clés représentent les facteurs de risque et de protection que les programmes de prévention et d'intervention à l'intention des familles devraient cibler.

La littérature souligne également les lacunes dans la sensibilisation générale des familles et leur compréhension des comportements de cyberintimidation, ainsi que le manque de programmes et de stratégies actuels et proposés pour impliquer activement les familles dans la prévention et l'intervention en matière de cyberintimidation. À ce jour, les programmes de prévention et d'intervention qui existent ne sont pas spécifiquement conçus pour reconnaître le rôle central des familles et se limitent donc à des activités telles que des présentations pour les aidants, des brochures, etc. De plus, il n'existe pas d'études rapportant l'efficacité spécifique des composantes familiales dans la réduction de l'implication dans la cyberintimidation.

Cette analyse a également mis en évidence l'existence de facteurs de risque communs et spécifiques à la cyberintimidation et à la cybervictimisation. En ciblant les facteurs de risque et de protection communs, les deux comportements problématiques peuvent être réduits.

Forces globales

Cette analyse documentaire a utilisé une approche méthodologique étendue et rigoureuse appliquée à un corpus de connaissances plus important que prévu et en pleine expansion (ce qui constitue un indicateur utile de l'intérêt porté à ce domaine). Conformément à la littérature analysée, le présent rapport se concentre également sur la cyberintimidation et la cybervictimisation et, dans certains cas, sur les facteurs familiaux uniques. Enfin, bien qu'il y ait eu un nombre proportionnellement plus faible d'études longitudinales par rapport que d'études transversales, cette analyse a révélé que, dans la majorité des cas, les constatations transversales étaient soutenues par des recherches longitudinales. Cela s'est avéré vrai en examinant les associations entre les facteurs familiaux et la prévalence de la cyberintimidation, et en examinant les facteurs de risque et de protection.

Faiblesses globales

Plusieurs faiblesses peuvent être trouvées dans les caractéristiques de l'étude de la littérature existante sur ce sujet :

Possibilités et lacunes en matière de recherche

Cette analyse documentaire fait apparaître plusieurs possibilités et lacunes en matière de recherche :

  1. Soutenir la recherche longitudinale pour examiner le rôle des familles dans la cyberintimidation.
  2. Évaluer séparément les composantes des programmes de prévention et d'intervention en matière de cyberintimidation, afin de comprendre les effets de la composante familiale, de la composante des pairs, de la composante scolaire et de la composante communautaire sur la réduction de la cyberintimidation.
  3. S'engager dans la recherche pour comprendre le rôle des nombreux types de configurations familiales (par exemple, les remariages, la cohabitation, le coparentage, les familles recomposées, les familles en transition, etc.).
  4. Mener une recherche intersectionnelle pour comprendre le rôle de l'ethnicité et de la famille dans la cyberintimidation. En d'autres termes, il faut mener des recherches sur des échantillons plus diversifiés et inclusifs, afin de pouvoir appliquer une optique intersectionnelle.
  5. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre le rôle que jouent les frères et sœurs dans la cyberintimidation. 
  6. Évaluer l'efficacité des ressources existantes qui sont partagées avec les familles dans le cadre des initiatives de cyberintimidation.
  7. Mener des recherches auprès des jeunes pour s'assurer que leur compréhension de la cyberintimidation est conforme à la mesure actuelle de la cyberintimidation.
  8. Utiliser une conceptualisation plus large de la cyberintimidation (par exemple, pour inclure les manœuvres de séduction et le leurre dans l'intention de nuire, la diffusion non consensuelle d'images, l'envoi de sextos) afin d'être plus en phase avec les expériences des jeunes en matière de cyberviolence et de les inclure.
  9. Étant donné les nombreuses similitudes entre les facteurs associés à la cybervictimisation et à la cyberintimidation, il convient d'examiner la fréquence de leur cooccurrence et/ou les facteurs susceptibles de différencier une personne plus susceptible de se livrer à la cyberintimidation ou de la subir, ainsi que l'association avec le facteur familial.

Il convient également de noter plusieurs possibilités et lacunes concernant les initiatives de prévention et d'intervention actuelles ou futures :

  1. Développer des programmes qui ciblent les facteurs de risque et de protection identifiés (relations aidant-enfant et dynamique familiale; médiation parentale; styles de parentage; structures sociales plus larges comme médiateurs dans la relation entre les familles et la cyberintimidation; et données démographiques familiales)
  2. Étant donné le chevauchement important entre les facteurs de risque et de protection de la cybervictimisation et de la cyberintimidation, il faut s'assurer que ces facteurs sont inclus dans les programmes de cyberintimidation afin de maximiser l'impact des programmes.
  3. Il ne suffit pas d'avoir des programmes ciblant uniquement les facteurs familiaux de la cyberintimidation. Les programmes de lutte contre la cyberintimidation doivent adopter une approche socioécologique, la famille étant un élément essentiel à cibler. La mise en œuvre d'une approche socioécologique dans les programmes de cyberintimidation implique de prendre en compte tous les contextes et relations sociaux (en ligne et en personne) dans lesquels les enfants et les jeunes vivent, apprennent, jouent et travaillent.
  4. Plusieurs organisations et agences disposent de ressources sur la cyberintimidation. Cependant, il n'est pas certain que les conseils et les ressources soient validés empiriquement. Il pourrait être utile de mener d'autres recherches sur les ressources mises à la disposition des aidants en ligne par les organisations et les agences afin de mesurer l'efficacité de ces ressources et d'étudier comment nous pourrions les rendre plus accessibles.
  5. Aucun des programmes/des interventions étudiés dans la littérature (voir annexe A) n'a été mis en œuvre au Canada. Il est possible de mettre en œuvre et/ou d'étudier des programmes/interventions ayant une composante familiale au Canada.

Recommandations et prochaines étapes

Sur la base des constatations de cette analyse documentaire, il est recommandé que la Sécurité publique et son réseau de partenaires gouvernementaux, universitaires et communautaires :

  1. Soutiennent la recherche longitudinale pour comprendre le rôle des familles dans la cyberintimidation dans les domaines identifiés ci-dessus.
  2. Créent des possibilités de financement pour soutenir des recherches supplémentaires afin de répondre aux possibilités et aux lacunes en matière de recherche énumérées dans la section ci-dessus.
  3. Développent, pilotent et évaluent des interventions spécifiques aux familles basées sur la compréhension actuelle des facteurs familiaux de risque et de protection, qui ciblent les facteurs familiaux de risque et de protection identifiés dans la cyberintimidation.
  4. Mènent des évaluations des programmes existants pour comprendre l'impact de la composante familiale sur la cyberintimidation.
  5. Développent une stratégie éducative nationale et fournissent des conseils pour soutenir, permettre et éduquer les familles afin qu'elles apprennent le rôle de la famille dans la cyberintimidation, qu'elles préviennent et interviennent en matière de cyberintimidation et qu'elles développent des relations saines avec leurs enfants.
    1. Cela peut inclure le développement de stratégies de parentage encadrants, l'amélioration de la conscience de soi des aidants, notamment en ce qui concerne l'impact de leurs relations, des stratégies de communication positives, etc.
    2. Créent des outils de diffusion des connaissances pour éduquer et informer les aidants sur la manière de déterminer si leur enfant/jeune est impliqué et sur ce qu'ils peuvent faire pour le soutenir et intervenir. Accroissent la conscience qu'ont les aidants de l'impact de leur relation avec leurs enfants et adolescents.
    3. Sensibilisent et informent les aidants sur la manière d'adopter des comportements positifs et d'être des modèles positifs.
    4. Développent une campagne éducative pour les parents sur la cyberintimidation qui cible les pratiques de parentage, l'identification de la cyberintimidation, la gestion de ce qu'il faut faire quand la cyberintimidation se produit, le soutien de l'enfant à travers la cyberintimidation et le travail avec les partenaires pour lutter contre la cyberintimidation.
  6. Travaillent avec les écoles et les partenaires communautaires pour mettre en place et diffuser une éducation destinée aux familles sur la cyberintimidation.
  7. Conçoivent un programme de formation en ligne pour les parents afin de favoriser le développement de relations saines chez leurs enfants, avec des unités spécifiques sur la cyberintimidation adaptées au développement.

Références

Annexe A : Programmes avec une composante familiale

Annexe A : Programmes avec une composante familiale
Nom du programme Le rôle de la famille tel que décrit dans la littérature Prévention ou intervention? Groupe d'âge Emplacement de mise en œuvre Théorie du changement Source d'information Type de traitement
Asegúrate Le matériel pédagogique comprend un guide pour travailler avec les familles des enfants et les sensibiliser. Intervention 10-18 Espagne S.O. Del Rey et coll., 2018 Groupe
Bulldog Solution Intervention Model (Modèle d'intervention de Bulldog Solution) Le concept du programme consiste à 1) utiliser une approche de leadership descendante pour initier le changement; 2) impliquer toutes les parties prenantes, y compris les parents, les enseignants, le personnel et les élèves dans l'intervention; 3) accroître l'adhésion des éducateurs ainsi que des parents; et 4) promouvoir des résultats plus durables en mettant en œuvre un nouveau système, une série de processus et des programmes qui répondent aux besoins de l'école. Intervention 9-15 États-Unis Approche de leadership descendante, « conçue pour incorporer tous les intervenants (parents, enseignant, conseillers et élèves), pour éviter la ségrégation entre les victimes et les intimidateurs, et pour permettre aux spectateurs de jouer un rôle positif actif » (Peagram, 2014, p. 24). Peagram, 2013 Toute l'école
ConRed Orientation parentale par des activités de sensibilisation et de formation sur la cyberdimension de la « convivencia » ou « interaction sociale harmonieuse ». Prévention 11-19 Espagne S.O. Del Rey, R. et coll., 2016 Groupe
Cyber Friendly Schools (Écoles favorables au cyberespace) Les parents ont reçu une formation, des ressources en ligne. Les deux 13 Australie S.O. Cross et coll., 2016 Toute l'école
Cyberbullying: A Prevention Curriculum for Grades 6 – 12 Le programme se compose d'un plan de cours hebdomadaire, de ressources pour les parents, de documents à distribuer aux élèves et de matériel de formation pour les animateurs. Prévention 11-14 États-Unis S.O. Corso, 2010 Toute l'école
Programme Cyberprogram 2.0 et jeu vidéo Cooperative Cybereduca 2.0. Réunions avec les parents, participation des parents à une discipline éducative forte. Les deux 13-15 Espagne S.O. Garaigordobil, M. et coll., 2018 Toute l'école
Dating Matters Formation pour les parents d'élèves de 6e, 7e et 8e années. Prévention 11-14 États-Unis S.O. Vivolo-Katnor et coll., 2019 Toute l'école
Dialogic model of prevention and resolution of conflicts (DMPRC – Modèle dialogique de prévention et de résolution des conflits) Processus de dialogue qui implique les élèves, les membres de la famille et les enseignants; mise en place d'une commission de coexistence composée de différents membres de la collectivité (élèves, familles, enseignants) qui surveillent la mise en œuvre de l'accord et contribuent à la création d'un espace plus sûr pour tous. Prévention S.O. Catalogne, Espagne Modèle dialogique : « processus dialogique dans lequel les membres de la collectivité parviennent à des accords sur la coexistence et contrôlent l'application de ces accords à l'aide de la commission de coexistence » (Villarejo-Carballido et coll., 2019, p. 7). Villarejo-Carballido et coll., 2019
Programme « EspaiJove.net » Le questionnaire sur les prestations de santé comprenait des informations sur la famille : âge, études et profession des parents; nombre de frères et sœurs et leur âge. Les deux 13-14 Espagne Interventions sur les connaissances en santé mentale (MHL) : « intervention universelle sur les MHL conçue pour promouvoir les connaissances en matière de santé mentale, augmenter la recherche d'aide, réduire la stigmatisation associée à la maladie mentale et prévenir les troubles mentaux en milieu scolaire espagnol » (Casañas et coll., 2018, p. 8). Casañas, R. et coll., 2018 Toute l'école
Intervention Mapping Protocol (IMP – Protocole de cartographie d'intervention) Les questionnaires des parents ont été distribués par leurs enfants à l'école dans une enveloppe. Intervention 12-14 Belgique Préparation de matrices d'objectifs de changement pour chaque étape de l'IPM : recherche des comportements et des déterminants susceptibles de réduire les problèmes de santé publique et d'aider à atteindre les objectifs du programme (DeSmet et coll., 2016). DeSmet, A. et coll., 2016 Toute l'école
iZ HERO Les élèves jouent le jeu à la maison. Prévention 8-11 Singapour Le mentorat par les pairs et un mode de récit d'aventure transmédia dans le cadre d'une approche multisystémique : « Transmedia signifie “à travers les médias” et décrit toute combinaison de relations qui pourraient exister entre divers textes (analogiques ou numériques) constituant une expérience médiatique de divertissement contemporaine » (Liau et coll., 2017, p. 328). Liau, A. et coll., 2015 Toute l'école
Programme anti-intimidation KiVa Les parents ont reçu un guide sur l'intimidation et la cyberintimidation, ainsi que des conseils sur les stratégies de prévention et d'intervention. Les deux 10-16 Finlande S.O. Williford, A. et coll., 2013 Toute l'école
Living in harmony in the real and digital world (Vivre en harmonie dans le monde réel et numérique) Cours de formation pour les parents avec des éléments considérés comme essentiels pour la prévention des situations de violence. Prévention 8-12 Espagne Programme de prévention intégré au programme de l'enseignement primaire. Flores, B. et coll., 2020 Groupe
Medias Heroes (Héros des médias) Les parents ont participé à un atelier/une soirée des parents où les jeunes ont présenté les résultats du programme sous forme de dépliants, de jeux de rôle ou de conférences. Les deux 8-16 Allemagne Approche de la théorie de l'action raisonnée : « La théorie de l'action raisonnée est centrée sur les concepts d'attitudes et de normes subjectives et suggère qu'ils sont interdépendants. Les attitudes sont définies comme des croyances à propos d'objets et de leurs attributs, qui sont déterminées par les valeurs ou évaluations subjectives des attributs associés à l'objet et par la force de ces associations » (Zagorscak et coll., 2019, p. 909). Zagorscak, P. et coll., 2019 Personne
Programme national de lutte contre le harcèlement dans les écoles finlandaises On incite les élèves à faire des révélations à leurs parents. Prévention 13-16 Finlande S.O. Tiiri, E. et coll., 2020 Toute l'école
Olweus Bullying Prevention Program (OBPP – Programme de prévention de l'intimidation OLWEU) Réunions périodiques au niveau de la classe avec les parents; ressources imprimées et vidéo en anglais pour les parents. Intervention 3-11 États-Unis S.O. Limber, S. et coll., 2018 Toute l'école
Thérapie de groupe parentale Les parents ont suivi une thérapie de groupe pour prévenir la cyberintimidation et la cybervictimisation. Prévention 6-18 Inde Thérapie de groupe : « La thérapie pour chaque groupe a commencé par une psychoéducation pendant les premiers jours. Durant ces jours, les parents ont reçu des informations sur la cyberintimidation et ont pu regarder si leurs enfants avaient des problèmes de comportement » (Sandhu et Kaur, 2016, p. 392). Damanjit et Kaur, 2016 Groupe
Intervention en matière de pratiques réparatrices Utilise des pratiques réparatrices lors des interactions avec les membres de la famille, notamment des cercles proactifs qui se concentrent sur la communication intentionnelle du comportement positif de l'élève et de ses résultats scolaires. Intervention 11-12 Maine, États-Unis Pratiques réparatrices : « une nouvelle intervention à l'échelle de l'école conçue pour créer un milieu favorable grâce à l'utilisation de 11 pratiques réparatrices (par exemple, des approches de communication visant à renforcer les liens entre la direction, le personnel et les élèves, comme l'utilisation de déclarations « je », incitant les élèves à exprimer leurs sentiments) qui n'avaient que des preuves quasi expérimentales avant cette étude » (Acosta, 2019, p. 876). Acosta et coll., 2019 Toute l'école
TEI Le début du programme d'intervention est basé sur l'information et la diffusion des principes du programme entre tous les membres du milieu scolaire (enseignants, familles et élèves). En plus de les informer, on incite les les familles à participer activement à la mise en œuvre du programme pendant l'année scolaire. Intervention 11-16 Espagne Tutorat par les pairs : « donne la responsabilité aux élèves, une approche dont les études éthologiques sur la résolution des conflits ont démontré qu'elle était la meilleure stratégie » (Ferrer-Cascales et coll., 2019 p.10). Ferrer-Cascales et coll., 2019 Groupe
Programme TEI Les familles reçoivent des informations sur les objectifs et les caractéristiques du programme par le personnel du TEI. Intervention 11-16 Espagne S.O. Ferrer-Cascales, R. et coll., 2019 Groupe
Projet EU Kids Online Les parents ont été informés de l'utilisation risquée et plus sûre d'Internet et ont appris l'importance de promouvoir un environnement en ligne plus sûr pour les enfants. Prévention S.O. Royaume-Uni S.O. O'Neill, B., et Livingstone, S., 2011 Groupe
Programme de compétence sociale ViSC Réunion de parents. Prévention 10-15 Autriche S.O. Gradinger, P., 2016 Toute l'école

Annexe B : Programmes sans composante familiale

Annexe B : Programmes sans composante familiale
Nom du programme Source d’information
ACT Out (Passer à l’acte) Angley et coll., 2021
Présentation Arizona Attorney General’s Social Networking Safety Promotion and Cyberbullying Prevention (Présentation de la promotion de la sécurité des réseaux sociaux et de la prévention de la cyberintimidation par le procureur général de l’Arizona) Roberto et coll., 2014
Conectado Calvo-Morata et coll., 2020
Ciber Espacios Seguros (Espaces du cyberespace) Medina et coll., 2018
HAHASO Salvatore, 2006
Programme IRCB (Increasing resilience to cyberbullying – amélioration de la résilience face à la cyberintimidation) Chillemi, K. et coll., 2020
i-SAFE Harshman, 2014
Noncadiamointrappola (NoTrap!) Menesini et coll., 2012; et
Palladino et coll, 2012
PREDEMA Schoeps et coll., 2018
Prev@cib Ortega-Baron, 2019
RPC Guarini et coll., 2019
Safety.Net Ortega-Baron et coll., 2021
Second Step (Deuxième étape) Espelage et coll., 2019
Sensibility Development Program against Cyberbullying (Programme de développement de la sensibilité contre la cyberintimidation) Tanrıkulu et coll., 2013
Skills for Life (Compétences pour la vie) Fekkes et coll., 2014
Stand Up: Virtual Reality to Activate Bystanders Against Bullying (Faire face : la réalité virtuelle pour activer les spectateurs contre l’intimidation) Ingram et coll., 2019
Projet TABBY Athanasiades et coll., 2015
The Philosophy for Children Approach (L’approche de la philosophie pour les enfants) Tangen et Campbell, 2010
WebQuest Lee et coll., 2013
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