Comment transformer des approches efficaces en pratiques quotidiennes durables : Conception, mise en œuvre et évaluation des programmes 2009-05

Comment transformer des approches efficaces en pratiques quotidiennes durables : Conception, mise en œuvre et évaluation des programmes 2009-05 Version PDF (136 Ko)

Résumé

L'une des principales difficultés que doivent surmonter les organismes correctionnels de la collectivité est de trouver une façon d'appliquer les connaissances acquises sur les approches efficaces à leurs pratiques quotidiennes. Le respect des principes du risque, des besoins et de la réceptivité en matière de prestation de services est menacé par diverses questions liées à la conception, à la mise en œuvre et à l'évaluation des programmes dont il faut tenir compte dans le « monde réel » de la surveillance communautaire. L'Initiative de formation stratégique en surveillance communautaire (IFSSC), qui a été élaborée à titre de modèle de prestation de services et de programme de formation sur sa mise en œuvre, visait à aider les agents de probation à appliquer ces principes à leurs pratiques régulières de surveillance. Dans le présent rapport, nous décrivons les difficultés et les problèmes dont il faut tenir compte quand vient le temps d'appliquer le résultat des recherches au monde réel de la surveillance communautaire dans lequel vivent les agents de probation et nous évaluons les efforts qui ont été déployés pour surmonter ces difficultés dans le cadre de l'IFSSC. Fermement enraciné dans les principes du risque, des besoins et de la réceptivité, le modèle de surveillance proposé dans l'IFSSC met l'accent sur les interventions des agents qui visent à faciliter les changements prosociaux d'attitudes et de cognitions chez les délinquants qui présentent un risque de récidive qui va de modéré à élevé. Pour assurer l'intégrité des services et le maintien des compétences des agents de probation, l'IFSSC permet non seulement à ces derniers de suivre une formation initiale de trois jours portant sur le modèle et les interventions cognitivo-comportementales de base, mais elle offre également une surveillance clinique continue. L'affectation aléatoire des cas des délinquants aux agents de probation et l'observation directe de leurs interactions avec les délinquants sont les composantes clés de l'évaluation de cette initiative. Les résultats préliminaires révèlent que l'IFSSC a eu une incidence considérable sur l'amélioration de la capacité des agents de probation à utiliser les pratiques correctionnelles de base efficaces.

Note des auteurs

Les opinions exprimées dans le présent document sont celles des auteurs et ne correspondent pas nécessairement à celles de Sécurité publique Canada. Toute correspondance concernant le présent rapport doit être adressée par la poste à Guy Bourgon, 340, avenue Laurier Ouest, Ottawa (Ontario) Canada, K1A 0P8, ou par courriel, à Guy.Bourgon@ps-sp.gc.ca.

Remerciements

Nous aimerions remercier Leticia Gutierrez et Kyle Simpson des efforts inlassables qu'ils ont déployés pour coder les bandes sonores et entrer les données ainsi que Jobina Li pour l'aide qu'elle a apportée aux agents de probation dans le domaine de la collecte des données.

Information sur le produit

Décembre 2009

Comment transformer les approches efficaces en pratiques quotidiennes durables : Conception, mise en œuvre et évaluation des programmes

La publication du rapport de recherche de Lipton, Martinson et Wilks (1975) sur le traitement des délinquants et le lancement consécutif du mouvement « nothing works » (rien ne fonctionne) qui en a découlé ont eu deux grandes conséquences. D'une part, de nombreux universitaires et décideurs ont délaissé le concept de réadaptation des délinquants comme objectif des services correctionnels au profit des concepts de dissuasion et de punition. Ce nouvel objectif a été adopté de façon plus particulière aux États-Unis, où le mouvement du « penal harm » (dommage pénal) a été fermement implanté (Clear, 1994). D'autre part, les défenseurs de l'idéal de la réadaptation ont continué non seulement à faire des recherches sur le traitement des délinquants, mais aussi à le faire avec une vigueur renouvelée (Cullen et Gilbert, 1982; Gendreau et Ross, 1979; Palmer, 1975). Des données sur l'efficacité de la réadaptation ont continué à être recueillies jusqu'au point où on a assisté à un retour du mouvement « what works » (approches efficaces).

Depuis le retour du mouvement des « approches efficaces », les organismes correctionnels ont fait d'importants investissements pour mettre en pratique les connaissances empiriques; malheureusement, les résultats ont souvent été décevants (Barnoski, 2004; Goggin et Gendreau, 2006; Wilson et Davis, 2006). En raison des divergences entre les attentes fondées sur des études empiriques bien contrôlées à petite échelle et les résultats de la mise en œuvre à grande échelle des « approches efficaces », les chercheurs se sont intéressés de plus en plus à l'importance de la conception des programmes, de l'intégrité de la mise en œuvre et de l'évaluation de ces médiateurs d'efficacité (Andrews, 2006, 2008; Rhine, Mawhorr et Parks, 2006; Taxman et Marlowe, 2006). La conception de programmes et de services efficaces destinés aux délinquants, leur mise en œuvre et leur évaluation d'une manière qui permet d'en apprendre davantage sur leur élaboration, leur prestation et leur évaluation constituent un défi considérable pour les cliniciens, les gestionnaires de programmes, les administrateurs et les chercheurs (Welsh, 2006).

Au début du présent document, nous donnons un aperçu de la documentation portant sur les approches efficaces dans le contexte de la surveillance communautaire. Nous décrivons ensuite certaines des difficultés et certains des problèmes les plus importants qu'il faut surmonter pour appliquer les pratiques efficaces à la surveillance des délinquants dans la collectivité. Nombre de ces problèmes ont été pris en considération dans l'élaboration de l'Initiative de formation stratégique en surveillance communautaire (IFSSC), un modèle de surveillance complet assorti d'une stratégie de mise en œuvre, qui vise à mettre en application dans le monde réel de la surveillance communautaire quotidienne des délinquants les connaissances acquises sur les approches efficaces. Nous terminons en décrivant la façon dont ces problèmes ont été réglés dans le cadre de l'IFSSC et la façon dont nous avons évalué nos efforts pour en déterminer le succès.

Création du modèle fondé sur les principes du risque, des besoins et de la réceptivité (modèle RBR)

Le recours aux techniques méta-analytiques constitue un progrès important dans le domaine de la synthèse des données de la recherche. L'un des premiers examens méta-analytiques importants de la documentation sur la réadaptation des délinquants est l'analyse qu'a faite Lipsey (1989) de 400 interventions auprès de jeunes contrevenants. Lipsey a constaté que le traitement était associé à une réduction moyenne de la récidive de 10 %. Il a également apporté une contribution importante dans le domaine en dressant une liste de certaines des caractéristiques des programmes les plus efficaces. Cependant, cette liste faisait surtout état de facteurs méthodologiques (taille de l'échantillon, durée du suivi, etc.) Des méta‑analyses subséquentes ont confirmé que, la plupart du temps, le traitement des délinquants contribuait à une réduction de la récidive, tandis que les sanctions « sévères » avaient peu d'incidence sur la récidive (Lösel, 1995; Redondo, Garrido et Sanchez-Mecca, 1999).

En 1990, Andrews, Bonta et Hoge ont décrit une série de principes associés aux interventions efficaces. Ils ont alors décrit les quatre principes suivants : 1) le risque (offrir directement des services aux délinquants à risque élevé); 2) les besoins (cibler les besoins liés aux facteurs criminogènes dans le traitement); 3) la réceptivité (recourir à des méthodes de traitement cognitivo-comportementales et adapter les interventions au style d'apprentissage, à la motivation, aux capacités et aux forces du délinquant); 4) la dérogation (s'écarter des principes pour des raisons précises; on appelle maintenant la dérogation « principe du jugement professionnel »). Depuis son élaboration, le modèle RBR a beaucoup évolué. Il comporte maintenant 21 principes (Bonta et Andrews, 2007), qui vont de vastes thèmes généraux (recours à la théorie de la personnalité générale et de l'apprentissage socio-cognitif) à des facteurs organisationnels (supervision clinique du personnel conformément au modèle RBR). Même si le modèle RBR est beaucoup plus complet qu'il ne l'était en 1990, les principes du risque, des besoins et de la réceptivité en demeurent les éléments essentiels.

La validité des principes du risque, des besoins et de la réceptivité a été vérifiée dans une méta-analyse effectuée par Andrews, Zinger, Hoge, Bonta, Gendreau et Cullen en 1990. Huit études portant sur les interventions destinées à des adultes et à des adolescents ont été examinées et les résultats ont révélé que l'efficacité du traitement variait en fonction de ces principes. L'effet moyen (phi) observé dans les études portant sur les interventions qui respectaient ces trois principes étaient de 0,32, alors qu'il était de -0,07 dans les études portant sur les interventions qui ne les respectaient pas. Dans ces derniers cas, les interventions inappropriées ont en fait eu pour effet d'accroître la récidive (des sanctions étaient aussi associées à l'augmentation de la récidive; phi = -0,08). La fiabilité du modèle RBR a continué à être confirmée dans un grand nombre d'autres méta-analyses de la documentation sur le traitement des délinquants (Andrews et Bonta, 2006) et des essais indépendants des principes (Hanley, 2006; Lovins, Lowenkamp, Latessa et Smith, 2007; Lowenkamp, Latessa et Holsinger, 2006; Lowenkamp, Latessa et Smith, 2006; Marlowe, Festinger, Lee, Dugosh et Benasutti, 2006; Palmer, McGuire, Hatcher, Hounsome, Bilby et Hollin, 2008). Les données à l'appui du modèle RBR montrent sans aucun doute qu'il s'agit du modèle prédominant dans la réadaptation des délinquants (Taxman et Marlowe, 2006).

Mise en œuvre des projets pilotes dans le monde réel

L'application généralisée des données empiriques aux pratiques quotidiennes s'est révélée difficile. Andrews et Bonta (2006) ont examiné 47 projets pilotes de traitement et 209 évaluations de projets mis en œuvre dans le « monde réel ». Ces derniers étaient des interventions axées sur des échantillons comportant plus de 100 sujets qui avaient été évaluées par des chercheurs externes. Les 256 études ont ensuite été évaluées en fonction du respect des trois grands principes du risque, des besoins et de la réceptivité. Les résultats sont présentés au tableau 1. Ils montrent que l'ampleur de l'effet diminue clairement lorsqu'un projet pilote est mis en œuvre dans le monde réel. Ce résultat vient confirmer les conclusions de Lipsey (1990), selon lesquelles on obtient de meilleurs résultats lorsque l'échantillon est petit et lorsque ce sont les personnes qui ont conçu et appliqué le traitement qui en font l'évaluation. Le tableau 1 montre également que les principes fondés sur le risque, les besoins et la réceptivité demeurent importants; en effet, l'effet moyen augmente proportionnellement au respect de ces trois principes (Andrews, 2006; Lipsey et Cullen, 2007; Lowenkamp, Latessa et Smith, 2006).

Tableau 1. Efficacité des projets pilotes par rapport aux projets mis en œuvre dans le monde réel : effet moyen (r) par rapport au respect des principes RBR (k = nombre d'études sur l'efficacité du traitement)
Respect des principes RBR

Type de programme

0
r (k)
1
r (k)
2
r (k)
3
r (k)

Projet pilote

0,01 (1) 0,07 (7) 0,31 (16) 0,34 (23)

Monde réel

-0,02 (93) 0,04 (71) 0,09 (16) 0,15 (10)

(Andrews et Bonta, 2006)

Les données présentées au tableau 1 montrent que, dans le monde réel, le traitement est moins efficace qu'il ne l'est lorsqu'il est offert dans le cadre de projets pilotes. Il est difficile de respecter les principes du risque, des besoins et de la réceptivité quand vient le temps d'appliquer les traitements à de larges échantillons dans le « monde réel ». L'intégrité de la prestation des services est donc essentielle. Par ailleurs, les systèmes correctionnels doivent s'assurer que l'intervention est axée sur les cas à risque élevé, qu'elle cible les besoins liés aux facteurs criminogènes et qu'elle fait appel à des techniques cognitivo-comportementales, ce qui n'est pas une tâche facile. Cette tâche s'avère encore plus complexe si on tient compte de tous les principes du modèle RBR (recours à des évaluations structurées du risque, des besoins et de la réceptivité; sélection, formation et supervision du personnel par les gestionnaires conformément au modèle RBR, etc.).

Les expériences réalisées au Royaume-Uni, où les services correctionnels ont mis en œuvre un projet qui constitue peut-être la plus grande expérience sociale jamais entreprise, sont un exemple récent de la difficulté qu'il y a à mettre les connaissances en pratique. En s'inspirant des connaissances sur les approches efficaces et du modèle RBR, le National Offender Management Service (service national de gestion des délinquants) a mis en œuvre plus de 1 350 projets d'intervention individuels. Dans l'espoir d'obtenir les mêmes effets sur la récidive que ceux que révélaient diverses méta-analyses, il a investi plus de 400 millions de livres dans la prestation de services de traitement (Homel, Nutley, Webb et Tilly, 2005). Même si les premières évaluations ont révélé une réduction de la récidive, la mise en œuvre des projets à l'échelle nationale n'a pas donné les mêmes résultats que ceux qui étaient présentés dans la documentation sur le sujet (Raynor, 2004; 2008). Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné? Même s'il existe plusieurs facteurs pouvant expliquer les résultats relativement décevants (Goggin et Gendreau, 2006), l'une des principales raisons de cet échec est le non-respect des principes du risque, des besoins et de la réceptivité. Ces principes doivent absolument être appliqués intégralement, non seulement dans le cadre des programmes de traitement officiels, mais aussi dans le cadre des programmes efficaces de surveillance communautaire.

Surveillance communautaire

Au Canada et aux États-Unis, la plupart des délinquants sont en probation. Ainsi, environ 100 000 personnes sont en probation surveillée chaque mois au Canada (Sécurité publique Canada, 2008). La probation n'est pas seulement une solution moins coûteuse que l'emprisonnement, mais elle est aussi une méthode de réduction de la récidive plus efficace. La surveillance communautaire permet aux agents de probation de mettre en pratique les connaissances qu'ils ont acquises sur les approches efficaces en vue de susciter des changements prosociaux chez les délinquants et ainsi réduire la récidive. Cependant, certaines études portant sur les interactions entre les agents de probation et les délinquants jettent un doute sur la capacité des agents de probation à susciter des changements chez les délinquants. Dans une méta‑analyse de 15 études ayant donné lieu à 26 estimations de l'ampleur de l'effet, Bonta, Rugge, Scott, Bourgon et Yessine (2008) ont découvert que la surveillance communautaire était associée à une réduction de la récidive correspondant seulement à deux points de pourcentage. En outre, dans le même rapport, une analyse des entrevues enregistrées sur bande sonore entre des agents de probation et des délinquants a révélé que les agents de probation ne respectaient pas beaucoup les principes du risque, des besoins et de la réceptivité (ils consacraient trop de temps aux cas à faible risque; ils ne ciblaient pas suffisamment les besoins liés aux facteurs criminogènes, etc.). Malgré ces conclusions, il existe une quantité considérable d'études dans lesquelles on propose diverses options auxquelles les agents de probation peuvent recourir pour susciter des changements chez les délinquants.

Andrews et ses collaborateurs (Andrews, 1979; Andrews et Bonta, 2006; Andrews et Carvell, 1997; Andrews et Kiessling, 1980; Dowden et Andrews, 2004) nous ont beaucoup aidés à comprendre les comportements des thérapeutes et/ou des agents qui contribuaient à réduire la récidive chez les délinquants. Ces chercheurs ont décrit ce qu'ils appellent les « pratiques correctionnelles de base », qui sont des pratiques tirées du modèle RBR et qui sont manifestement liées à la réduction de la récidive, comme l'établissement de relations interpersonnelles, l'adoption de modèles prosociaux, l'utilisation appropriée du renforcement et de la désapprobation, la résolution de problèmes, etc.

Armés de ces connaissances, nous devons ensuite enseigner aux agents de probation certaines, sinon la totalité, de ces pratiques correctionnelles de base et veiller à ce qu'ils les mettent en pratique pendant qu'ils surveillent les délinquants. Étonnamment, on constate que pratiquement aucune formation sur les techniques décrites n'a été offerte aux agents de probation, sauf dans les travaux de Chris Trotter (1996, 2006), qui a offert à 12 agents de probation une formation sur « l'approche prosociale », laquelle mettait l'accent sur les modèles prosociaux, le renforcement, la résolution de problèmes et l'empathie (à titre de technique d'établissement de relations interpersonnelles). Parmi les 93 délinquants dont s'occupaient les agents ayant suivi la formation, le taux de récidive après quatre ans était de 54 %. Cependant, parmi les 273 délinquants dont s'occupaient les 18 agents qui n'avaient pas suivi la formation, le taux de récidive était de 64 % (calculé sur un échantillon non aléatoire). Malgré ces résultats encourageants, cette étude portait sur un petit projet pilote. Elle ne fournit pas aux personnes qui s'efforcent d'appliquer les principes du risque, des besoins et de la réceptivité à leurs pratiques quotidiennes une orientation concrète sur la façon de gérer la multitude de facteurs qui menacent l'intégrité et la fidélité du processus de transformation des connaissances empiriques en pratiques quotidiennes durables.

L'Initiative de formation stratégique en surveillance communautaire (IFSSC)

L'Initiative de formation stratégique en surveillance communautaire (IFSSC) visait à élaborer un modèle de surveillance communautaire conforme au modèle RBR, à trouver une façon d'appliquer le modèle aux pratiques quotidiennes et à créer une stratégie d'évaluation permettant de concevoir et de mettre en œuvre des approches efficaces dans le domaine de la surveillance communautaire. La façon dont il fallait s'y prendre pour atteindre ces objectifs a fini par devenir un enjeu. Les trois principales difficultés que l'IFSSC devait surmonter étaient les suivantes : a) traduire le modèle RBR en mesures concrètes précises qui seraient utiles aux agents de probation (modèle de surveillance communautaire); b) élaborer une stratégie de mise en œuvre comportant un programme de formation pour les agents et des services de soutien et de surveillance cliniques continus (stratégie de mise en œuvre) et c) évaluer le modèle et les efforts de mise en œuvre sur le comportement des délinquants et des agents chargés de leur surveillance (méthode d'évaluation).

Application du modèle RBR à la pratique

Pour appliquer les principes du risque, des besoins et de la réceptivité aux pratiques quotidiennes de surveillance communautaire, plusieurs difficultés doivent être surmontées afin d'assurer l'intégrité des services. Le tableau 2 résume les principales difficultés à surmonter ainsi que les solutions proposées à cette fin. Ces difficultés sont liées aux trois composantes essentielles que sont l'élaboration, la mise en œuvre et l'évaluation des programmes. Il s'agit de difficultés bien connues de toutes les personnes intéressées à mettre en pratique les approches efficaces et le modèle RBR. Qu'il s'agisse d'un programme de traitement pour les délinquants ou de surveillance communautaire, les difficultés sont les mêmes. Le programme ou le service doit être fondé sur des données probantes et respecter les principes généraux du modèle RBR et sa théorie sous-jacente du comportement criminel. Par ailleurs, dans les cas de probation plus particulièrement, il faut déterminer de quelle façon les services de probation devraient être structurés et offerts. Les préoccupations liées à la mise en œuvre ont trait aux principales pratiques organisationnelles en vigueur ou requises, à la formation du personnel et au maintien des compétences pour assurer la prestation des services voulus. Les questions relatives à l'évaluation comprennent la méthodologie ou le modèle de recherche ainsi que le choix des données qui doivent être absolument recueillies.

Tableau 2. IFSSC : Difficultés et solutions
Points Difficultés Solutions
Difficultés liées à l'élaboration des programmes
Théorie générale du comportement criminel Comment pouvons-nous appliquer la théorie générale du comportement criminel à tous les aspects de l'IFSSC de manière cohérente et uniforme? Veiller à ce que l'IFSSC et sa mise en œuvre permettent de comprendre et de faire accepter le modèle PGASC en établissant des liens évidents sur la façon dont il s'applique à tous les aspects pratiques de l'IFSSC.
Principe du risque Comment s'assurer que les services sont axés sur les délinquants à risque élevé? Offrir une formation aux agents de probation chargés de surveiller les délinquants à risque moyen et élevé.
Principe des besoins Comment s'assurer que les services ciblent les besoins liés aux facteurs criminogènes? Utiliser un outil d'évaluation du risque et des besoins validé pour déterminer les besoins liés aux facteurs criminogènes; trouver un moyen d'intégrer les profils de risque et des besoins aux plans de surveillance; tenir compte du fait que les attitudes et les processus cognitifs procriminels sont les principaux besoins à cibler.
Principe de la réceptivité Comment s'assurer que les services tiennent compte du style d'apprentissage des délinquants? Veiller à ce que l'IFSSC comporte les éléments suivants : a) relations interpersonnelles; b)  techniques cognitivo-comportementales; c) modèle adaptés aux délinquants; d) structure de la surveillance.
a) Relations interpersonnelles Comment les agents peuvent-ils établir une alliance thérapeutique professionnelle? Veiller à ce que l'IFSSC favorise l'établissement de relations interpersonnelles grâce à des techniques et à des processus particuliers, comme l'établissement d'objectifs et la clarification des rôles en collaboration.
b) Techniques cognitivo-comportementales Comment augmenter les probabilités que les agents de probation aient recours à des techniques cognitivo-comportementales avec les délinquants? Offrir un modèle cognitivo-comportemental ainsi que les compétences, les outils et les stratégies requises pour utiliser ce modèle dans le cadre de la surveillance des délinquants présentant un risque allant de moyen à élevé.
c) Modèle adapté aux délinquants Commet s'assurer que les principaux concepts et les principales compétences de l'IFSSC sont utilisés de façon concrète, compréhensible et conviviale? Veiller à ce que le modèle, les principaux concepts, les compétences, les interventions et le matériel de l'IFSSC soient concrets, simples et faciles à comprendre et soient suffisamment souples pour être utilisés pour tous les types de délinquants (sexe, race, troubles mentaux, etc.).
d) Structure de la surveillance Comment structurer les séances de surveillance et la période de surveillance? Structurer les séances individuelles en quatre composantes et la période de surveillance en huit étapes (depuis l'évaluation jusqu'à l'établissement de partenariats avec des ressources communautaires).
Difficultés liées à la mise en œuvre
Conditions préalables sur le plan organisationnel Quelles conditions l'organisation doit-elle avoir préalablement mises en place pour mettre en œuvre l'IFSSC? Avoir un outil d'évaluation du risque et des besoins validé, des politiques qui appuient le principe du risque et le soutien de la gestion pour tous les aspects de la mise en œuvre.
Formation initiale de trois jours Comment enseigner aux agents de probation les nouvelles compétences, comment leur apprendre à enseigner ces compétences aux délinquants et les persuader d'utiliser l'IFSSC? Offrir une séance de formation de trois jours; décrire les principes théoriques et les résultats concrets appuyant l'efficacité et l'utilité de l'initiative; utiliser des exercices pour permettre aux agents d'apprendre le modèle et de le mettre en pratique.
Maintien des compétences Comment les agents de probation peuvent‑ils maintenir leurs compétences et offrir les services de la manière prévue? Assurer une surveillance continue sous différentes formes; fournir un soutien à l'intérieur et à l'extérieur de l'organisation.
Difficultés liées à l'évaluation
Conception de la recherche Quelle est la meilleure méthode d'évaluation à utiliser? Affecter, de façon aléatoire, les agents de formation au groupe expérimental et au groupe témoin et se préparer à l'attrition.
Évaluation des agents de probation Comment évaluer les agents de probation et quels éléments faut-il évaluer? Évaluer « l'efficacité » préexistante des agents de probation et leur comportement durant toutes les étapes de la mise en œuvre, y compris leur comportement durant les séances (bandes sonores).
Évaluation des délinquants Comment évaluer les délinquants et quels éléments faut-il évaluer? Utiliser plusieurs outils d'évaluation du risque et des besoins, des rapports d'auto-évaluation et des indicateurs officiels du comportement criminel.

N.B. : PGASC : Personnalité générale et apprentissage socio-cognitif

I. Conception des programmes

La première étape à suivre pour mettre concrètement en pratique les approches efficaces consiste à concevoir un programme ou un service. L'importance de cette étape du processus (mettre la recherche en pratique) ne doit pas être sous-estimée (Welsh, 2006). Le programme en tant que tel et ses composantes, les objectifs et les stratégies d'intervention sont souvent les mêmes que ceux qui ont été utilisés dans les études méta-analytiques pour déterminer si les programmes de traitement respectaient les principes du risque, des besoins et de la réceptivité (Andrews et Bonta, 2006; Hanson, Bourgon, Helmus et Hodgson, 2009). Dans la présente section, nous allons énumérer les principaux critères dont doivent tenir compte les responsables de l'élaboration des programmes et des services et nous allons expliquer en quoi l'IFSSC satisfait à ces critères.

Théorie générale sur le comportement criminel – Le modèle RBR et, par conséquent, l'IFSSC, est fondé sur la théorie de la personnalité générale et de l'apprentissage socio-cognitif (PGASC) (Andrews et Bonta, 2006; Bonta et Andrews, 2007). Cette théorie est essentiellement fondée sur les trois points importants suivants : a) le comportement criminel est un comportement appris qui suit les règles de l'apprentissage classique, opérant et vicariant; b) l'apprentissage s'effectue dans le cadre des interactions de l'individu avec son environnement; c) certains facteurs liés au risque et aux besoins sont plus importants que d'autres, l'un des facteurs de risque les plus importants étant les attitudes et les processus cognitifs procriminels.

Lors de l'élaboration de l'IFSSC et du programme de formation connexe, l'une des principales difficultés que nous avons dû surmonter a été de trouver une façon de convaincre les agents de probation que le comportement antisocial des délinquants était un produit de l'apprentissage et que ce comportement était principalement régi par les processus cognitifs et les attitudes de ceux-ci. Si les agents de probation acceptaient le modèle PGASC au lieu du modèle médical (les délinquants sont malades) ou du modèle sociologique (la criminalité est attribuable à la pauvreté), alors ils seraient prêts à accepter plus facilement l'idée que les délinquants peuvent apprendre des comportements prosociaux au moyen des mêmes processus qui leur ont permis d'apprendre leur comportement criminel. L'importance pour les agents de probation d'adopter une perspective théorique a été grandement sous-estimée dans de nombreuses études. Dans la documentation sur la psychothérapie, on reconnaît depuis longtemps l'importance de trouver une « explication » aux problèmes du patient et de trouver une façon de régler ces problèmes (Wampold, 2007). Tout comme les patients des psychothérapeutes, les agents de probation ont besoin qu'on leur explique pourquoi ils doivent changer leurs comportements et ceux des délinquants. Nous avons donc décrit explicitement l'importance du modèle PGASC durant la formation sur l'IFSSC, en présentant des références et des recherches à l'appui de ce modèle.

Principe du risque – Les données à l'appui du principe du risque montrent que les services directs devraient être offerts aux délinquants à risque élevé, le « dosage » augmentant proportionnellement en fonction du risque. Cette façon de procéder nécessite, évidemment, une évaluation du risque. Conformément au principe du risque, l'IFSSC a été conçue pour les agents de probation qui surveillent des délinquants à risque élevé. Durant l'étape de la conception initiale de l'initiative, nous avons pris deux décisions qui, selon nous, permettraient de mieux respecter le principe du risque. Premièrement, nous avons examiné les politiques existantes afin d'identifier les agents de probation visés par l'IFSSC (c'est-à-dire ceux qui surveillaient des délinquants à risque élevé). De nombreux services de probation, du moins au Canada, ont adopté des politiques dans lesquelles est indiqué le niveau que doivent avoir les agents de probation chargés de surveiller les délinquants présentant divers niveaux de risque. Ainsi, deux de nos services de probation (en Colombie-Britannique et en Saskatchewan) ont adopté des politiques en vertu desquelles les agents de probation surveillent les délinquants à risque élevé, tandis que les agents de probation adjoints surveillent les délinquants à faible risque. Cependant, dans un troisième service de probation (à l'Île-du-Prince-Édouard), il existe une politique légèrement différente en vertu de laquelle un groupe d'agents surveillent les délinquants à risque moyen et à risque élevé, tandis qu'un autre groupe est chargé de surveiller les délinquants à risque faible et à risque moyen. Dans ce dernier cas, comme nous voulions que le plus grand nombre possible de délinquants à risque moyen participent à l'IFSSC, nous avons permis aux deux groupes d'agents de participer à l'initiative. Deuxièmement, nous avons pris la décision de suréchantillonner le groupe de délinquants à risque élevé parce que nous voulions continuer à mettre l'accent sur les délinquants à risque élevé et que nous nous attentions à un taux d'attrition probablement plus élevé pour ce groupe. Les agents de probation qui participaient à l'IFSSC devaient par conséquent recruter uniquement des délinquants à risque moyen et à risque élevé dans un suréchantillon de délinquants présentant des risques plus élevés (on leur a demandé de recruter deux délinquants à risque moyen et quatre délinquants à risque élevé). Nous espérions que ces décisions permettraient de mieux respecter le principe du risque.

Principe des besoins – Selon le principe des besoins, les services doivent être axés sur les besoins liés aux facteurs criminogènes. Comme dans le cas du principe du risque, pour respecter le principe des besoins, il fallait évaluer les besoins des délinquants. Il fallait également que les agents orientent leurs efforts d'intervention sur ces besoins particuliers (la prévention des rechutes pour les besoins dans le domaine de la toxicomanie, par exemple). Durant l'étape de la conception initiale de l'IFSSC, nous avons discuté des besoins liés aux facteurs criminogènes sur lesquels devait être axée l'initiative et de la façon d'appliquer les mesures requises à la surveillance communautaire (prévention des rechutes pour la toxicomanie et maîtrise de la colère pour les comportements agressifs). Nous avons toutefois rapidement constaté que, durant les séances de surveillance, les agents de probation devaient faire preuve d'une certaine souplesse, tout en réussissant à répondre à la majorité des besoins des délinquants. Les attitudes procriminelles correspondent à des besoins qui, en bout de ligne, s'appliquent à tous les autres besoins (par exemple, l'attitude selon laquelle « seuls les imbéciles travaillent » entre dans deux domaines de besoins : les attitudes procriminelles et l'emploi). Nous avons donc décidé de concevoir l'IFSSC de façon à ce qu'elle aide les agents de probation à cibler les attitudes et les processus cognitifs procriminels.

Pour mieux faire respecter le principe des besoins, en mettant l'accent sur les attitudes procriminelles, nous avons élaboré deux stratégies particulières. Premièrement, nous avons élaboré ce que nous avons appelé le plan d'action de l'IFSSC. Cet outil a aidé les agents de probation à comprendre de quelle façon les attitudes et les processus cognitifs procriminels sont étroitement liés à tous les autres besoins liés aux facteurs criminogènes et à élaborer des plans de surveillance fondés sur le modèle RBR en fonction du risque que présentaient les délinquants. Deuxièmement, nous avons intégré des interventions particulières dans la formation sur l'IFSSC. Dans le cadre de leur formation, les agents devaient apprendre à reconnaître les expressions des attitudes procriminelles et apprendre comment aider les délinquants à remplacer ces attitudes par des attitudes prosociales. Nous espérions que ces deux stratégies permettraient aux agents de probation d'assimiler les interventions et les compétences apprises dans le cadre de la formation sur l'IFSSC et de les appliquer aux attitudes et processus cognitifs dysfonctionnels qui sous-tendent une grande variété de besoins liés aux criminogènes (« Je bois seulement les fins de semaine » dans le domaine de la toxicomanie; « Je fais plus d'argent en une heure en volant que vous en faites en une semaine » dans le domaine de l'emploi, etc.).

Principe de la réceptivité – Selon les données à l'appui du principe de la réceptivité, les services doivent être adaptés au style d'apprentissage, au niveau de motivation, aux habiletés et aux points forts des délinquants afin d'établir et de maintenir un contexte d'apprentissage efficace. Le principe de la réceptivité est, selon nous, le plus difficile à respecter, car il existe plusieurs techniques, compétences et stratégies d'intervention qui favorisent l'établissement ou non d'un contexte d'apprentissage efficace pour les délinquants. En pratique, le modèle de surveillance prévu dans l'IFSSC exige que les agents fournissent aux délinquants les renseignements dont ils ont besoin (principaux concepts et compétences) d'une manière facile à comprendre dans le contexte d'une relation agent-délinquant. Les quatre facteurs suivants sont considérés comme étant essentiels au principe de la réceptivité du modèle de surveillance communautaire de l'IFSSC : la relation agent-délinquant; les techniques cognitivo-comportementales; les concepts et les compétences applicables aux délinquants sous surveillance communautaire; la structure des séances individuelles et de la période de surveillance.

a) Relations agent-délinquant – L'importance pour le thérapeute d'établir une bonne relation avec le sujet a été prouvée dans le cas des délinquants (Dowden et Andrews, 2004) et des toxicomanes (Caroll, Ball, Nich, Martino, Frankforter, Farentinos, et coll., 2006) ainsi que dans le cas des patients externes atteints de troubles mentaux et personnes qui suivent des séances de counseling (Ackerman et Hilsenroth, 2003). Certains chercheurs affirment que l'établissement d'une bonne relation ou d'une alliance thérapeutique efficace avec le sujet est essentiel à une intervention efficace (Ahn et Wampold, 2001; Barlow, 2004; Frank et Frank, 1991; Wampold, 2007).

La mise en œuvre des procédures énoncées dans l'IFSSC permet directement de respecter cet aspect du principe de la réceptivité. La plupart des agents de probation, du moins au Canada, sont embauchés en fonction de leur habileté à établir des relations et un grand nombre d'entre eux ont suivi une formation sur les entrevues motivationnelles. Par ailleurs, conformément à la théorie de la PGASC, on considère que l'établissement de relations est une compétence qui peut s'apprendre. Pour acquérir cette compétence, les agents doivent adopter une attitude chaleureuse, faire preuve de souplesse et utiliser diverses formes d'écoute active et de rétroaction constructive (être compréhensif, reformuler les propos du délinquant en d'autres mots, etc.). Pour faciliter l'établissement d'une relation de travail efficace, nous avons veillé à ce que les agents apprennent, dans le cadre de l'IFSSC, les compétences dont ils avaient besoin pour établir ce type de relation et à ce qu'ils les utilisent dans le cadre de leur travail. L'apprentissage de processus particuliers (clarification des rôles et établissement conjoint d'objectifs) dans le cadre de l'IFSSC favorise l'établissement de bonnes alliances de travail entre l'agent et le délinquant.

b) Techniques cognitivo-comportementales – Le recours aux techniques cognitivo-comportementales avec les délinquants en général et d'autres sujets durant les séances de surveillance individuelles est considéré comme un élément fondamental (Andrews et Bonta, 2006). Pour favoriser le respect de cet aspect du principe de la réceptivité, nous avons veillé à ce que tous les aspects de la surveillance (concepts, interventions, compétences, etc.) de l'IFSSC soient fondés sur des théories cognitivo‑comportementales qui tiennent compte des problèmes des délinquants. Nous avons utilisé des techniques, des compétences et des concepts clairs, concrets et simples tirés du modèle pour faciliter le changement prosocial. Ainsi, nous avons utilisé un outil simple (la séquence comportementale) pour illustrer le modèle cognitivo-comportemental afin de montrer aux agents de probation (agents de changement) et aux délinquants (clients) l'existence d'un lien concret entre les pensées et le comportement. Nous avons également utilisé des techniques et des compétences particulières issues de cet outil pour déterminer les processus cognitifs et les attitudes qui favorisent les comportements procriminels. Des techniques concrètes permettant de modifier les processus cognitifs (restructuration cognitive) et les comportements peuvent aussi être enseignées en offrant plusieurs occasions de pratique et de généralisation. Ce modèle cognitivo-comportemental et son outil fonctionnel facile à utiliser permettent d'analyser un comportement comme étant une fonction des stimuli, des processus cognitifs et des conséquences antérieurs en mettant l'accent sur la façon dont les signaux cognitifs internes (attitudes et pensées) sont les causes profondes du comportement. Par ailleurs, nous avons décrit des façons précises d'utiliser cet outil pour enseigner une méthode concrète permettant de déterminer les attitudes et les processus cognitifs qui favorisent le comportement criminel ainsi qu'une technique particulière pour enseigner le processus de restructuration cognitive.

c) Modèle adapté aux délinquants – C'est une chose d'analyser et de décrire un modèle complexe de comportement humain, mais c'est une tout autre chose de rendre ce modèle facile à comprendre pour les délinquants et de l'adapter à leurs caractéristiques personnelles. Nous avons fait tout notre possible pour que les concepts clés, les interventions et les compétences de l'IFSSC destinés à faciliter le changement soient faciles à comprendre pour les délinquants. Ainsi, nous avons utilisé des compétences, des concepts et les outils les plus simples et les plus concrets possible et nous avons évité d'utiliser des termes de « jargon psychologique ». Nous avons parlé de « signaux extérieurs » au lieu de « stimuli antécédents », de « bandes » (« tapes ») au lieu de « pensées procriminelles » et de « pensées contraires » (« counters ») au lieu de « pensées prosociales ». En outre, nous avons conçu l'IFSSC de façon à pouvoir appliquer, dans le cas des interventions axées expressément sur les attitudes et les processus cognitifs, les principaux concepts et les principales compétences à tous les besoins liés aux facteurs criminogènes. De cette façon, les agents de probation pouvaient adapter leurs efforts de changement à chaque délinquant.

d) Structure de la surveillance – Enfin, l'IFSSC comporte une structure concrète précise pour les séances individuelles et une vue d'ensemble de la façon dont la surveillance devait se dérouler depuis l'évaluation initiale jusqu'à la fin. Ce genre de structure favorise le respect du principe de la réceptivité en facilitant la création et le maintien d'un contexte d'apprentissage efficace. Dans la plupart des services de probation, les politiques sont relativement silencieuses sur les mesures que devrait prendre un agent de probation quand il rencontre un délinquant aux fins de la surveillance. On mentionne seulement que l'agent doit s'assurer que le délinquant respecte les conditions de sa probation. Cette absence de structure est considérée comme étant un des facteurs qui font que les séances de surveillance sont davantage axées sur la conformité que sur la promotion du changement (Bonta et coll., 2008).

L'IFSSC comporte une structure à la fois pour les séances individuelles et pour la durée totale de la période de probation. La structure de chaque séance individuelle est divisée en quatre parties. Premièrement, il y a une courte période « d'accueil » qui ne dure pas plus de cinq à dix minutes. Au cours de cette période, l'agent doit s'efforcer d'améliorer sa relation avec le délinquant, vérifier si de nouveaux développements dans la situation de ce dernier nécessitent une attention immédiate et s'assurer que les conditions de la probation sont respectées. Deuxièmement, il y a un « examen » de la dernière séance, notamment des devoirs à faire. Cet examen a été conçu pour faciliter l'apprentissage par des discussions et/ou une révision de la matière précédente ainsi que pour établir des liens entre les séances de surveillance. Troisièmement, il y a une « intervention » d'une vingtaine de minutes, qui peut servir à enseigner l'outil appelé « séquence comportementale » ou à faire un exercice structuré de résolution de problèmes. Enfin, la séance se termine par un « devoir », que le délinquant accepte de faire et qui vise à renforcer l'apprentissage de nouveaux concepts, de nouvelles compétences et/ou de nouveaux processus cognitifs prosociaux.

La structure de la séance est importante, mais il convient aussi de reconnaître que la surveillance communautaire change au fil du temps. Nous nous attendions donc à ce que l'orientation et le contenu des séances de surveillance changent durant la période de surveillance. Dans le cadre de l'IFSSC, la période de surveillance était divisée en huit étapes distinctes assorties de leurs objectifs. Ces étapes consistaient notamment à faire une évaluation initiale (au début de la période de surveillance), à établir une relation et des objectifs en collaboration avec le délinquant (tôt au début de la période de surveillance) et à recourir à des techniques cognitivo-comportementales pour modifier les pensées procriminelles (plus tard au cours de la période de surveillance). Ces éléments de structure, tant durant les séances individuelles que durant la totalité de la période de probation, étaient destinés à aider les agents de probation à atteindre leurs objectifs avec les délinquants qu'ils étaient chargés de surveiller.

II. Mise en œuvre de l'IFSSC

C'est une chose d'offrir un service fondé sur le modèle RBR, mais c'est une tout autre chose de le mettre efficacement en œuvre dans le monde réel. Nous croyons que plusieurs facteurs liés à la mise en œuvre influent sur la qualité ou l'intégrité des services qui sont réellement offerts « à huis clos » (Andrews, 2006). Ainsi, pour tenir compte de ces facteurs organisationnels ou de mise en œuvre, le Répertoire d'évaluation des programmes correctionnels (REPC) a été élaboré afin d'évaluer un grand nombre de ces facteurs et leur lien avec les interventions correctionnelles efficaces (Lowenkamp, Latessa et Smith, 2006). Dans la présente section, nous décrivons et analysons ce que nous considérons comme étant les trois grandes difficultés que doivent surmonter les personnes qui essaient d'intégrer les approches efficaces à leurs pratiques quotidiennes ainsi que la façon dont nous nous sommes efforcés de les surmonter dans le cadre de l'IFSSC.

Conditions préalables sur le plan organisationnel – Pour faciliter la mise en œuvre de l'IFSSC, nous avons tenu compte des conditions que nous considérions comme des conditions préalables ou pré-existantes à la prestation d'un service fondé sur le modèle RBR. Comme nous l'avons déjà mentionné dans la section portant sur la conception des programmes, l'organisation correctionnelle doit déjà utiliser un instrument d'évaluation du risque et des besoins validé. Le recours à ce type d'instrument est considéré comme nécessaire pour que les principes du risque et des besoins soient respectés dans le cadre de la surveillance communautaire. En outre, les politiques relatives aux divers niveaux de surveillance et de service doivent être conformes au principe du risque (les cas à risque plus élevé doivent être jumelés à des niveaux de service plus élevés).

Une autre condition préalable était le soutien de la gestion envers l'IFSSC, notamment des engagements verbaux descendants à l'appui de la participation des agents de probation à tous les aspects de l'IFSSC (formation initiale ainsi que mise en œuvre continue et maintien). Ainsi, les gestionnaires devaient fournir à la fois le temps et les ressources découlant des exigences additionnelles imposées aux agents de probation qui apprenaient et appliquaient une nouvelle méthode de surveillance communautaire. Par ailleurs, tous les gestionnaires des intervenants de première ligne qui participaient à l'IFSSC devaient suivre la séance de formation initiale de trois jours sur l'IFSSC. Sur le plan pratique, la formation des agents et des gestionnaires était offerte simultanément, mais un formateur différent faisait faire aux gestionnaires les exercices et les jeux de rôle durant la formation. Nous estimions que la présence des gestionnaires témoignerait de leur appui envers les agents et produirait des dividendes lorsque ces derniers retourneraient sur le terrain pour mettre en pratique ce qu'ils auraient appris. Les gestionnaires seraient mieux informés des exigences auxquelles devaient faire face les agents qui participaient à l'IFSSC et travailleraient en collaboration avec ceux-ci pour organiser leur charge de travail de façon à leur permettre de participer à l'initiative.

Formation initiale de trois jours – L'obstacle suivant consistait à apprendre le modèle aux agents de probation et à leur enseigner les nouvelles compétences et les nouvelles connaissances. En élaborant la séance de formation de trois jours sur l'IFSSC, nous avons considéré la formation comme un point de départ pour amorcer un changement dans le comportement des agents de probation lorsqu'ils assureraient la surveillance des délinquants. Tout comme les principes enseignés pour faciliter le changement chez les délinquants, notre programme de formation suivait aussi le principe de la réceptivité pour favoriser le changement dans le comportement des agents.

Pour tenir compte du style d'apprentissage des agents, nous avons reconnu que les agents de probation avaient besoin qu'on leur explique pourquoi ils devaient changer leurs comportements ainsi que ceux des délinquants. Sur le plan pratique, nous devions essayer de convaincre les agents de probation que le comportement antisocial des délinquants était un produit de l'apprentissage et que ce comportement était principalement attribuable aux processus cognitifs et aux attitudes des délinquants. La formation sur l'IFSSC comportait des exercices visant à montrer le pouvoir de la restructuration cognitive, des modèles prosociaux, du renforcement et de la punition. De façon plus particulière, nous avons enseigné aux agents de probation à montrer aux délinquants de quelle façon leurs processus cognitifs régissaient leur comportement, de quelle façon les récompenses et les punitions influaient sur leur comportement futur et ce que pouvaient faire les délinquants eux-mêmes pour susciter le changement. Il s'agissait d'exercices pratiques, notamment des exercices comprenant des exemples sur les délinquants et des exemples sur les pensées et les comportements des agents de probation concernant leur travail de surveillance communautaire.

Les bonnes relations de travail sont considérées comme étant essentielles à l'efficacité du processus de changement chez les délinquants. La relation entre « l'élève » et le « formateur » est tout aussi importante quand vient le temps de donner une formation aux professionnels dont l'objectif est le changement de comportement. Les formateurs mettent en application les compétences enseignées dans le cadre de la formation. Ainsi, la formation comportait divers éléments et exercices pour que les présentations, les exercices et les discussions soient fondés sur la collaboration, la réciprocité et l'expérience. Non seulement les formateurs décrivaient-ils des expériences de la vraie vie aux participants pour illustrer les concepts, les compétences et les interventions, mais ils faisaient des exercices leur permettant d'analyser leurs propres expériences et de donner leurs propres exemples. Les formateurs n'étaient pas seulement des « enseignants » sans expérience clinique de la vraie vie, mais plutôt des formateurs considérés comme ayant l'expérience et les connaissances nécessaires pour aider les participants à faire un travail plus efficient et plus efficace.

L'un des fondements de l'IFSSC était un modèle cognitivo-comportemental cohérent et complet du comportement criminel. Les formateurs qui donnaient la formation sur l'IFSSC comptaient beaucoup sur ce modèle et les techniques cognitivo-comportementales pour faciliter l'apprentissage de la matière. Tout comme le comportement des délinquants est déterminé par leurs processus cognitifs et leurs attitudes, le comportement des agents de probation l'est également lorsqu'ils travaillent auprès des délinquants. Les formateurs se sont efforcés de montrer que le modèle cognitivo-comportemental était applicable à la fois au comportement des agents et à celui des délinquants. Des exercices ont permis aux agents non seulement de reconnaître les attitudes et les processus cognitifs des délinquants en vue de les changer, mais aussi d'examiner les attitudes et processus cognitifs liées à leur travail en tant qu'agents de probation et leur comportement « à huis clos » durant la période de surveillance.

Lorsque nous avons conçu l'IFSSC, nous nous sommes efforcés d'adapter le modèle, la terminologie et les compétences à l'auditoire cible. Nous avons estimé aussi important que la formation en tant que telle soit adaptée aux agents de probation. Les modules de formation montraient explicitement, sur les plans empirique, théorique et pratique, en quoi l'IFSSC était liée aux activités quotidiennes accomplies dans le cadre de la surveillance communautaire (en général et en particulier, par rapport aux interactions entre les agents et les délinquants et au comportement criminel des délinquants). Nous avons réussi dans une large mesure à atteindre notre objectif en utilisant constamment le modèle, la terminologie et les compétences de l'IFSSC avec une composante en misant sur la précédente. Nous avons élaboré des exercices interactifs pratiques portant sur le travail quotidien des agents de probation dans le cadre desquels ils devaient essayer de régler certains des problèmes concrets auxquels ils font face dans le cadre de leur travail (délinquants à risque élevé non motivés, collectivités ne possédant pas beaucoup de ressources, etc.).

La structure des programmes ou des services était aussi une composante importante du modèle de surveillance de l'IFSSC, de sorte qu'elle a été une partie essentielle de la formation. Nous avons rédigé un manuel de formation officiel pour les trois jours de formation. Le programme de formation comportait dix modules (un aperçu de la formation de trois jours est présenté au tableau 3) portant sur tous les aspects de la surveillance pour fournir aux agents de probation des renseignements sur le modèle, les compétences et les outils dont ils avaient besoin pour utiliser et mettre en œuvre le modèle proposé dans le cadre de l'IFSSC.

Maintien des compétences – La répétition est la clé du maintien des compétences. Cependant, le temps limité consacré à la pratique durant le programme de formation de trois jours n'était pas suffisant pour maintenir les nouveaux comportements pendant plusieurs semaines, encore moins plusieurs mois (Miller et Mount, 2001). L'une des principales caractéristiques de l'IFSSC était qu'elle allait plus loin que les trois jours de formation sur les interventions fondées sur le modèle RBR et comportait une surveillance clinique continue. Après la formation, les agents de probation se réunissaient tous les mois en petits groupes pour discuter de la façon dont ils utilisaient les concepts et les compétences de l'IFSSC. Lors de ces réunions, les agents de probation faisaient des exercices particuliers et les analysaient. Il y a également eu une téléconférence avec les formateurs/évaluateurs au cours de laquelle les agents ont fait l'objet d'une surveillance clinique. La surveillance clinique comportait divers types d'exercices qui consistaient à examiner de petits échantillons de séances enregistrées sur bande sonore entre des agents et des délinquants. Outre les réunions mensuelles, nous avons aussi demandé aux agents de remettre des bandes sonores aux formateurs pour obtenir une rétroaction clinique individuelle. Cette rétroaction était fournie verbalement et/ou par écrit. Enfin, les agents de probation ont été invités à participer à un atelier d'appoint d'une journée offert par un des formateurs environ un an après la formation initiale de trois jours pour favoriser le perfectionnement et le maintien des compétences.

Tableau 3. Composantes du programme de formation initiale de trois jours et du programme de maintien des compétences de l'IFSSC
  Méthode Objectif Matière
Formation initiale de trois jours sur l'IFSSC
Jour 1 Module 1 : Aperçu et justification de l'IFSSC

 

Décrire les travaux théoriques et les données à l'appui d'un grand nombre de compétences particulières enseignées dans les autres modules.
Théorie de la PGASC
  Module 2 : Stratégies de surveillance différentes et principe du risque Principe du risque
  Module 3 : Facteurs criminogènes Principe des besoins
  Module 4 : Attitudes procriminelles Principe des besoins
  Module 5 : Principe de la réceptivité : Établir des liens dans une relation thérapeutique Montrer l'importance des liens et enseigner les techniques d'établissement des relations. Principe de la réceptivité
Jour 2 Module 6 : Modèle cognitivo-comportemental Enseigner des concepts et des compétences concrets se rapportant aux divers besoins liés aux facteurs criminogènes et applicables à un vaste éventail de délinquants. Principe de la réceptivité
  Module 7 : Interventions cognitivo-comportementales : restructuration cognitive Principe de la réceptivité
  Module 8 : Modèles prosociaux et renforcement Enseigner des techniques de modélisation et l'utilisation efficace du renforcement ou de la punition. Principe de la réceptivité
Jour 3 Module 9 : Autres interventions cognitivo-comportementales particulières Enseigner des compétences de base en résolution de problèmes et auto-gestion. Principe de la réceptivité
  Module 10 : Surveillance stratégique Fournir une structure pour chaque séance et pour la totalité de la période de probation. Principe de la réceptivité
Maintien des compétences
Réunions mensuelles Soutien, perfectionnement et intégrité Maintien des compétences
Rétroaction clinique officielle sur les séances entre l'agent et le délinquant Soutien, perfectionnement et intégrité Maintien des compétences
Cours d'appoint (environ un an après la formation) Soutien, perfectionnement et intégrité Maintien des compétences

III. Questions relatives à l'évaluation

Après avoir examiné les questions relatives à la mise en œuvre, nous devons nous pencher sur les questions relatives à l'évaluation. La qualité de la recherche ou de l'évaluation dans le domaine du traitement correctionnel a toujours été critiquée depuis le fameux « rien ne fonctionne » de Martison et on croit souvent qu'il s'agit d'un problème important dans l'accumulation de connaissances (Farrington et Welsh, 2005; Lipsey et Cullen, 2007). Dans la présente section, guidés par les travaux du Comité de collaboration sur les données collectives relatives aux résultats sur la qualité des études portant sur le traitement des délinquants sexuels (Comité de collaboration sur les données collectives relatives aux résultats, 2007a; 2007b), nous présentons deux importantes questions relatives à l'évaluation ainsi que nos réponses à ces questions concernant l'IFSSC. Les deux grandes questions relatives à l'évaluation dont nous devons tenir compte ont trait à la mise en œuvre du meilleur modèle de recherche et à l'évaluation de l'incidence de la formation sur l'IFSSC sur le comportement des agents de probation et des délinquants.

Modèle de recherche – Il existe divers types de modèles de recherche, mais le modèle randomisé est considéré comme étant le modèle « par excellence ». Même si les modèles randomisés sont difficiles à utiliser dans le « monde réel » (Farrington, 2006), l'évaluation de l'IFSSC portait notamment sur l'affectation aléatoire des agents de probation au groupe expérimental ou au groupe témoin. Le recrutement des participants à la recherche a été effectué de la manière décrite ci-après.

La haute direction des trois provinces (Colombie-Britannique, Saskatchewan et Île-du-Prince-Édouard) qui avaient accepté toutes les conditions préalables requises pour participer à l'IFSSC a envoyé un courriel aux employés pour les informer de la possibilité de participer à une formation de trois jours sur l'apprentissage des techniques « qui fonctionnent ». On leur a aussi expliqué que cette formation était offerte dans le cadre d'un projet de recherche comportant certaines obligations en matière de collecte de données et que les participants seraient affectés de façon aléatoire au groupe expérimental ou au groupe témoin. Comme la participation à un projet de recherche est une tâche exigeante, plus particulièrement pour un projet de longue durée et exigeant comme l'IFSSC, nous avons essayé de maximiser la participation en axant nos efforts sur les agents de probation et leurs gestionnaires. Premièrement, nous avons recruté uniquement des agents de probation désireux de participer au projet afin de tirer profit de leur motivation. Nous estimions que la participation volontaire ne poserait pas problème pour l'évaluation. Même si les agents ayant choisi de participer volontairement à l'étude ne représentaient pas nécessairement tous les agents de probation, notre intention était d'évaluer l'efficacité de l'IFSSC parmi des agents compétents. Deuxièmement, nous avons demandé aux agents de probation de nous remettre un enregistrement sonore d'une de leurs séances avec un des délinquants dont ils avaient la charge avant la formation. Seulement deux des quatre-vingt agents de probation (un du groupe expérimental et un du groupe témoin) ont omis de fournir un enregistrement sonore avant la formation des groupes (en raison de problèmes avec la distribution des magnétophones). Nous avons fait cette demande pour nous assurer que les agents de probation étaient motivés et capables de satisfaire à l'une des exigences de base de l'étude (soumettre de multiples séances enregistrées sur bande sonore, à examiner plus tard); en outre, l'enregistrement sonore constituait une mesure de base de leurs interactions avec les délinquants. Enfin, l'affectation aléatoire des agents de probation aux groupes permettait de maintenir la motivation. Les agents de probation ont été affectés au groupe expérimental (formation sur l'IFSSC) ou au groupe témoin (pas de formation) dans un rapport de 60/40. Nous avons suréchantillonné le groupe expérimental afin d'avoir suffisamment de données pour effectuer les analyses prévues à l'égard des agents ayant suivi la formation.

Les agents de probation affectés au groupe expérimental devaient participer à la formation initiale de trois jours et assister à des réunions mensuelles. C'est au cours de ces réunions mensuelles qu'ils apprenaient à perfectionner et à maintenir leurs compétences et qu'ils étaient encouragés à s'engager de façon permanente envers le projet. Comme nous craignions que la motivation des agents affectés au groupe témoin diminue considérablement au fil du temps, nous les avons invités à participer, comme ceux du groupe expérimental, à un séminaire d'une demi-journée. Au cours de ce séminaire, nous leur avons présenté un aperçu des techniques « qui fonctionnent  et nous leur avons expliqué les exigences de la recherche ainsi que l'importance de l'affectation aléatoire. En leur donnant un aperçu de la documentation sur la réadaptation des délinquants, nous avons accru la possibilité que les agents de probation soient encouragés à s'engager dans certaines des pratiques correctionnelles de base s'ils ne le faisaient pas déjà. En outre, l'équipe de recherche a organisé des conférences téléphoniques bimensuelles avec les agents du groupe témoin pour répondre à leurs questions sur la recherche et pour leur rappeler l'importance de l'évaluation. Enfin, elle leur a promis qu'ils pourraient suivre la formation de trois jours à la fin de l'évaluation si le projet de recherche donnait de bons résultats.

Au total, 80 agents de probation se sont portés volontaires pour participer à l'étude : 51 agents ont été affectés au groupe « expérimental », tandis que 29 agents ont été affectés au groupe témoin. Le tableau 4 présente un aperçu des caractéristiques de ces agents. Nous n'avons constaté aucune différence importante entre les agents affectés aux deux groupes différents. Dans l'ensemble, les agents de probation étaient des gens instruits et ils avaient tous un diplôme universitaire; la plupart d'entre eux avaient un diplôme dans le domaine des sciences sociales (psychologie, criminologie et travail social). Ils avaient en moyenne une dizaine d'années d'expérience dans le domaine de la probation.

L'attrition est un problème dans presque toutes les recherches en criminologie et elle l'a aussi été dans cette étude. Même si nous avions recruté des volontaires et si nous avions mis d'autres structures en place pour réduire l'attrition au minimum, 28 agents de probation (18 du groupe expérimental et 10 du groupe témoin) n'ont pas recruté de délinquants pour l'étude après la formation, ce qui représente un taux d'attrition de 35 %. Il y a eu des abandons dans les deux groupes principaux. Le premier groupe était composé de 18 agents de probation (11 du groupe expérimental et 7 du groupe témoin) qui n'ont pas participé à l'étude parce qu'ils estimaient ne pas pouvoir s'acquitter des tâches supplémentaires requises dans le cadre du projet. Les participants du deuxième groupe de 10 agents (7 du groupe expérimental et 3 du groupe témoin) n'ont pas recruté de délinquants parce qu'ils ont été transférés à un nouveau poste ou se sont retirés du projet pour des raisons personnelles (congé de maternité, p. ex.) peu de temps après la séance de formation. La comparaison entre les caractéristiques (tableau 4) des agents de probation qui ont participé au projet et ceux qui se sont retirés du projet n'a révélé aucune différence importante sur le plan statistique. Enfin, il convient de noter que sept des agents ont fourni des données à la suite de la formation, mais qu'ils ont dû mettre fin assez tôt à leur participation au projet parce qu'ils ont eu un autre emploi ou un congé de maternité. Néanmoins, les données fournies par ces sept agents ont été incluses dans toutes les analyses selon le principe de l'« intention de traiter ».

Tableau 4. Caractéristiques des agents de probation (n) qui ont été affectés de façon aléatoire aux groupes et de ceux qui ont fourni des données
Agents de probation affectés de façon aléatoire aux groupes
  Groupe expérimental (51) Groupe témoin (29) TOTAL (80)

Sexe (% d'hommes)

29,4 37,9 32,5

Âge (années)

39,3 38,1 38,8

Expérience (années)

11,1 8,9 10,3

Race (%): Caucasien

78,9 73,9 77,0

Autochtone

5,3 13,0 8,2

Autre

15,8 13,0 14,8
Agents de probation qui ont fourni des données
  Groupe expérimental (33) Groupe témoin (20) TOTAL (53)

Sexe (% d'hommes)

30,3 31,6 30,8

Âge (années)

38,2 37,8 38,3

Expérience (années)

9,9 8,9 9,6

Race (%): Caucasien

79,3 84,2 80,9

Autochtone

6,9 0 4,3

Autre

13,8 15,8 14,9

Évaluation des délinquants

Dans tous les projets de recherche sur « les approches efficaces », pour recueillir des données sur les délinquants, il faut recruter des délinquants et recueillir des renseignements sur ceux-ci. Nous avons donc demandé aux agents de probation de recruter six délinquants assujettis à de nouvelles ordonnances de probation dont le cas venait de leur être confié. Conformément au principe du risque, nous leur avons demandé de recruter quatre délinquants à risque élevé et deux délinquants à risque moyen (le risque que présentaient les délinquants ayant été déterminé au moyen de l'outil d'évaluation du risque et des besoins utilisé par le secteur de compétence). L'évaluation du risque et des besoins était non seulement une condition préalable au respect du modèle RBR, mais il était également un facteur permettant de déterminer l'efficacité des interventions correctionnelles (Comité de collaboration sur les données collectives relatives aux résultats, 2007a; 2007b). Outre les outils d'évaluation du risque et des besoins utilisés par les différents secteurs de compétence, des données sur le risque et les besoins entre ces secteurs ont été recueillies. Ainsi, des agents de probation des trois services de probation ont fourni des données qui nous ont permis de coter les 10 éléments de la sous-section « Antécédents criminels » de l'inventaire du niveau de service – révisé (INS-R, Andrews et Bonta, 1995). Nous avons aussi demandé aux agents de coter la gravité des problèmes dans sept domaines de besoins (personnalité, attitudes, pairs, relations familiales et matrimoniales, emploi/éducation, toxicomanie, loisirs/activités récréatives). Ces besoins ont été évalués de nouveau après trois et six mois de surveillance.

Enfin, nous avons recueilli diverses données démographiques et criminelles sur les délinquants. Ces données ont été évaluées de multiples fois à l'aide de deux sources. Nous avons utilisé des instruments d'auto-évaluation pour mesurer les attitudes et les aptitudes en matière de résolution de problèmes au début de la période de surveillance et après six mois. Nous avons utilisé les cotations et les rapports des agents de probation pour mesurer le degré de conformité des délinquants et leur comportement criminel après trois mois et six mois de surveillance. L'évaluation comprenait également un plan pour recueillir des données sur la récidive après un an au moyen des dossiers officiels de sources nationales et provinciales.

Conformément aux critères de sélection des délinquants, la quasi-totalité des 143 délinquants en probation recrutés pour l'IFSSC ont été évalués comme des délinquants à risque moyen (40 %; n = 57) ou à risque élevé (55 %; n = 79), selon l'outil d'évaluation du risque et des besoins utilisé par leur secteur de compétence respectif. Malgré les critères de sélection établis pour le recrutement des délinquants, un petit pourcentage (5 %; n = 7) de délinquants à faible risque ont été recrutés en raison des procédures d'attribution des cas d'un des services de probation (quelques agents de probation de l'Île-du-Prince-Édouard étaient chargés de surveiller uniquement des délinquants à faible risque ou à risque moyen). Aucune différence importante n'a été observée entre le niveau de risque, les antécédents criminels selon l'INR‑R et les variables démographiques du groupe expérimental (IFSSC) et du groupe témoin (voir le tableau 5). Étant donné la surreprésentation des délinquants à risque moyen et à risque élevé, nous n'avons pas été surpris de constater que la grande majorité des délinquants avaient déjà écopé de condamnations ou avaient été condamnés à des peines d'emprisonnement.

Tableau 5. Caractéristiques démographiques et renseignements sur le risque et les besoins des délinquants
Délinquants Groupe expérimental (100) Groupe témoin (43) TOTAL (143)

Sexe ( % d'hommes)

83,0 93,0 86,0

Âge (années)

35,3 32,6 34,5

Race (%): Caucasien

71,0 67,4 69,9

Autochtones

28,0 23,3 26,6

Autre

1,0 9,3 3,5

Infraction avec violence (%)

56,0 60,5 57,3

Condamnation antérieure (%)

79,0 81,4 79,7

Incarcération antérieure (%)

73,0 74,4 73,4
Niveau de risque (évalué à l'aide de l'instrument d'évaluation du risque et des besoins du secteur de compétence)

Faible

4,0 7,0 4,9

Moyen

40,0 39,5 39,9

Élevé

56,0 53,5 55,2
Antécédents criminels selon l'INR-R

Score M (ET)

4,70 (2,6) 4,79 (2,7) 4,73 (2,6)

Évaluation du comportement des agents de probation – L'IFSSC reposait clairement sur l'hypothèse selon laquelle le comportement des agents de probation durant les séances de surveillance influait sur le comportement des délinquants. À cet égard, l'un des principaux objectifs de l'étude était d'évaluer les effets des composantes de mise en œuvre sur le comportement des agents de probation. Même si les agents ont été affectés de façon aléatoire aux deux groupes, nous voulions nous assurer que « l'efficacité » de base des agents était comparable. À cette fin, nous avons prévu de recueillir rétrospectivement des données sur la récidive de six délinquants que les agents avaient surveillés environ un an avant le début du projet. Nous avons aussi recueilli des données sur la participation des agents à divers aspects des composantes du suivi (formation initiale, réunions mensuelles, rétroaction clinique officielle, participation au cours d'appoint).

Le comportement des agents de probation durant les séances avec les délinquants a été évalué au moyen des enregistrements sonores. Nous avons demandé aux agents de probation d'enregistrer trois séances différentes avec chaque délinquant recruté pour le projet, soit une séance après l'évaluation initiale, une séance après trois mois de surveillance et une séance après environ six mois de surveillance. L'utilisation d'enregistrement sonores est très répandu pour faire de la formation (Aveline, 1997; Gordon et Arbuthnot, 1988), pour évaluer la fidélité des interventions de traitement (Ball, Martino, Nich, Frankforter, Van Horn, Crits-Christoph et coll., 2007; Barber, Krackauer, Calvo, Badgio et Faude, 1997; Gondolf, 2008) et pour évaluer l'efficacité de la surveillance exercée par les agents de probation sur les délinquants (Bogue, Pampel et Vanderbilt, 2007). Les enregistrements sonores ont l'avantage d'être relativement peu obstructifs et non menaçants par rapport aux enregistrements vidéos ou à la présence d'observateurs aux séances de surveillance.

En plus des 78 bandes sonores reçues avant la formation (50 pour le groupe expérimental et 28 pour le groupe témoin), nous avons reçu au total 299 enregistrements sonores; de ce nombre, 295 ont pu être codées (quatre bandes se terminaient abruptement après le début de l'entrevue). Les 295 bandes comprenaient les 220 bandes fournies par les 33 agents de probation ayant suivi une formation dans le cadre de l'IFSSC et les 75 bandes fournies par les 19 agents du groupe témoin. La majorité des séances avaient été enregistrées au début du projet (n = 140) et quelques-unes d'entre elles avaient été enregistrées trois mois (n = 93) ou six mois (n = 62) plus tard. Contrairement à l'évaluation effectuée avant la formation, où il y avait une seule bande sonore pour chaque agent de probation, nous avons demandé aux agents de nous fournir plusieurs enregistrements de séances après la formation. En moyenne, les agents du groupe expérimental (t (50) = 2,43; = 0,019) ont fourni un nombre considérablement plus élevé de bandes sonores (M = 6,76; ET = 4,35) que les agents du groupe témoin (M = 4,00; ET = 3,09). Pour réduire le biais potentiel dans les données présentées par les agents ayant fourni un plus grand nombre de bandes, nous avons calculé le total moyen des points pour chaque agent, puis nous avons examiné les différences entre les deux groupes.

Les bandes sonores ont été évaluées par des évaluateurs ayant suivi une formation, en équipe de deux, à l'aide d'un guide de codage détaillé (que les auteurs peuvent fournir sur demande). Le codage mettait l'accent sur les comportements qui respectaient les principes du risque, des besoins et de la réceptivité. Il comportait deux étapes. Les évaluateurs ont d'abord codé chaque bande sonore en segments de cinq minutes, en vérifiant la présence ou l'absence de sujets de discussion précis (les divers besoins liés aux facteurs criminogènes relevés pour le délinquant, les besoins non liés aux facteurs criminogènes, les conditions de la probation, les situations de crise, etc.). Ensuite, ils ont écouté la totalité de la bande sans interruption et ils ont codé la présence et la qualité des techniques et des interventions particulières utilisées par les agents de probation (écoute active, modèles prosociaux et restructuration cognitive). Ils ont utilisé l'échelle de Likert en sept points pour évaluer la qualité. Si, par exemple, les attitudes procriminelles étaient ciblées au cours d'une séance, ce sujet de discussion était codé sur une échelle allant de 1 (identification conflictuelle, ne pas laisser le temps au délinquant d'accepter ou de comprendre le sujet, etc.) à 7 (identification des attitudes de manière non conflictuelle, discussion sur les effets des attitudes procriminelles, confirmation de la compréhension du délinquant, etc.).

Même si une grande quantité de données des bandes sonores ont été codées, nous allons indiquer les résultats de certaines variables clés. Deux variables « fréquence » ont simplement été calculées à partir du nombre de segments de cinq minutes durant lesquels a) les agents ont discuté des besoins liés aux facteurs criminogènes relevés lors de l'évaluation du risque et des besoins à l'admission et b) les agents ont ciblé les attitudes procriminelles. En outre, cinq concepts de la qualité des interventions/compétences clés fondés sur le respect du principe du risque, des besoins et de la réceptivité ont été calculés à partir des résultats des éléments codés des bandes sonores individuelles, qui ont été regroupés a priori dans les concepts généraux. Les concepts étaient les suivants : a) le niveau de structure de la séance; b) les compétences utilisées pour établir une relation de travail axée sur la collaboration; c) les techniques cognitives (mettre l'accent sur les attitudes procriminelles, la restructuration cognitive, etc.); d) les techniques comportementales (renforcement, modèle, répétition, etc.). Ces quatre concepts ont aussi été combinés pour obtenir un résultat global concernant les « techniques correctionnelles efficaces ».

Les résultats de ces variables reflètent l'application par les agents de probation du modèle de surveillance communautaire fondé sur le modèle RBR de l'IFSSC avec les délinquants. Comme le montre le tableau 6, les agents de probation du groupe expérimental ont consacré beaucoup plus de séances aux besoins liés aux facteurs criminogènes (p < 0,01) et aux attitudes procriminelles (p < 0,01) que les agents du groupe témoin. En outre, ils ont montré une maîtrise beaucoup plus grande (p < 0,01) des compétences et des interventions fondées sur le modèle RBR que les agents du groupe témoin, exception faite des techniques comportementales, où la différence entre les deux groupes n'était pas statistiquement significative (= 0,06). La durée moyenne des séances était comparable entre les deux groupes, soit de 26 minutes et 45 secondes pour le groupe expérimental et de 24 minutes et 36 secondes pour le groupe témoin (> 0,05).

Tableau 6. Résultats des séances enregistrées sur bande sonore entre les agents de probation et les délinquants après la formation pour le groupe expérimental et le groupe témoin
  Groupe expérimental
N = 33
Groupe témoin
N = 19

Concept1

M (ET) M (ET)

Structure** (3 – 28,5)

13,07 (5,6) 8,92 (3,7)

Établissement de relations ** (8 - 20)

13,61 (2,6) 11,6 (2,2)

Techniques cognitives ** (0 – 9,86)

1,58 (2,2) 0,01 (0,05)

Techniques comportementales (5,33 – 19)

10,23 (3,0) 8,67 (2,5)

Compétences correctionnelles efficaces ** (18,67 – 69,5)

38,49 (11,4) 29,16 (7,3)

Nombre de segments de cinq minutes consacrés aux :

besoins liés aux facteurs criminogènes relevés**

4,04 (1,6) 2,85 (1,8)

attitudes procriminelles*

0,61 (0,5) 0,07 (0,3)

Durée de la séance (minutes, secondes)*

26, 45 (11, 12) 24, 36 (11, 22)

Différences significatives entre les groupes après la formation : * p < .0,05; ** p < 0,01.

1 Chaque concept a été mesuré à l'aide d'un ensemble différent d'éléments et avait une échelle théorique différente de valeurs. Même s'ils avaient tous un score théorique minimal de 0, le score théorique maximal variait pour chaque concept. Le score théorique maximal était de 56 pour la structure, de 35 pour l'établissement de relations, de 28 pour les techniques cognitives, de 49 pour les techniques comportementales et de 168 pour les compétences correctionnelles efficaces. L'échelle observée pour chaque concept est indiquée entre parenthèses.

Sommaire

De nombreuses recherches ont montré que la réadaptation des délinquants permet de réduire la récidive. Les principes du risque, des besoins et de la réceptivité offrent une orientation aux personnes qui cherchent à concevoir, à mettre en œuvre et à évaluer des traitements correctionnels fondés sur des données probantes. Cependant, ces principes, tels qu'ils sont décrits, ne fournissent pas de directives concrètes ni de solutions aux difficultés qu'il faut surmonter sur le plan pratique pour mettre en application ces principes dans le « monde réel » du travail correctionnel quotidien. Dans le présent document, nous avons tenté d'aider les personnes qui travaillent dans le monde réel en décrivant certaines des principales difficultés et questions dont il faut tenir compte dans les domaines de la conception, de la mise en œuvre et de l'évaluation des programmes en vue d'appliquer des « approches efficaces » aux services correctionnels communautaires et en illustrant la façon dont nous avons surmonté ces difficultés à chacune des étapes susmentionnées. En mettant les principes du risque, des besoins et de la réceptivité au cœur des stratégies qui visent à surmonter les difficultés liées à la conception, à la mise en œuvre et à l'évaluation des programmes, nous croyons que les efforts destinés à appliquer les « approches efficaces » aux pratiques correctionnelles quotidiennes permettraient d'améliorer considérablement nos connaissances et nos pratiques dans le domaine des services correctionnels.

La première étape à suivre pour mettre en pratique les approches efficaces dans le monde réel consiste à concevoir le service, l'intervention ou le programme voulu. Les responsables de la conception doivent veiller à ce que les éléments fondamentaux du service ou de l'intervention respectent les principes du risque, des besoins et de la réceptivité. Andrews (2006) a dressé une liste des choses à faire pour respecter ces principes, mais cette liste ne comporte pas de directives précises sur la façon exacte dont le service ou l'intervention doit être élaboré à l'interne pour être efficace. Ainsi, dans sa liste, Andrews mentionne qu'il faut recourir à des stratégies cognitivo-comportementales et à des stratégies axées sur l'apprentissage social et l'influence interpersonnelle, mais il n'indique pas ce que doit faire exactement un agent de probation et quand il doit le faire durant une séance de surveillance avec un délinquant. L'IFSSC a été élaborée en tenant compte explicitement des difficultés particulières liées à la surveillance communautaire. À titre de modèle de surveillance communautaire, l'IFSSC fait appel à une approche cognitivo-comportementale simple et concrète assortie d'interventions précises axées sur les attitudes procriminelles. En outre, le modèle comporte une structure claire pour toute la période de surveillance ainsi qu'une structure pour les séances individuelles entre l'agent et le délinquant. Il a également la souplesse requise pour traiter une vaste gamme de besoins liés aux facteurs criminogènes chez une grande variété de délinquants.

La deuxième étape à suivre pour mettre en pratique les approches efficaces dans le monde réel est la mise en œuvre. De nombreux chercheurs (Andrews, 2006; Goggin et Gendreau, 2006; Lowenkamp, Latessa et Smith, 2006) ont reconnu l'importance de la mise en œuvre et les difficultés à surmonter pour offrir un service ou une intervention fondé sur le modèle RBR tel que nous le souhaitons. Il est relativement simple de déterminer certaines des conditions organisationnelles requises (utilisation d'un outil d'évaluation du risque et des besoins; politiques qui appuient le modèle RBR, soutien et engagement de la gestion envers la mise en œuvre, etc.), mais il existe des difficultés évidentes concernant la façon d'inciter le personnel de première ligne à recourir en permanence à des interventions fondées sur le modèle RBR quand le travail a déjà été fait. Dans le domaine de la surveillance communautaire, il est essentiel de faciliter et de maintenir le changement de comportement chez le délinquant. Évidemment, la question est de connaître la meilleure façon d'accomplir ce changement. Nous croyons que les méthodes de formation traditionnelles dans le domaine correctionnel ne tiennent pas suffisamment compte des difficultés que nous avons soulignées. Ces difficultés doivent être reconnues et surmontées lorsque vient le temps d'appliquer les approches efficaces à la surveillance communautaire.

Les auteurs de l'IFSSC ont consacré des efforts considérables à l'élaboration du programme de formation initiale et à ses composantes de suivi continu. Sur le plan pratique, cela signifie qu'il fallait tenir compte dans le cadre de la mise en œuvre des exigences importantes imposées aux agents de probation, qui devaient assurer la transition entre le rôle de surveillant ou d'exécuteur et le rôle d'enseignant ou de thérapeute. De nombreux organismes de probation ont souligné que l'ancien rôle des agents de probation et du traitement est habituellement associé à des programmes de groupe structurés. En nous éloignant de la norme, nous avons demandé aux agents de probation de structurer leur séance de surveillance en consacrant la plus grande partie de cette séance à l'enseignement de nouvelles compétences ou attitudes prosociales. Faire ce type d'enseignement durant une séance individuelle sera vraisemblablement intimidant pour presque tous les agents de probation qui sont habitués à jouer un rôle d'exécuteur ou de surveillant. Sur le plan pratique, la séance de formation initiale de trois jours et les composantes de suivi continu de l'IFSSC comprenaient des éléments précis pour traiter ce malaise personnel ainsi que toute lacune éventuelle dans le domaine des compétences liées au rôle d'enseignant. La formation portait explicitement sur les raisons pour lesquelles les agents de probation devaient changer leurs propres comportements et sur les comportements (compétences et interventions) qui étaient le plus efficaces.

Tout comme le respect du principe de la réceptivité (utiliser des stratégies cognitivo-comportementales ainsi que des termes, des concepts et des compétences de base adaptées au style d'apprentissage du délinquant) est essentiel au changement chez le délinquant, tous les aspects de la mise en œuvre doivent également respecter le principe de la réceptivité. Nous avons donc fait appel, pour la formation et le suivi continu des agents de probation, à des techniques cognitivo-comportementales pour leur « enseigner » certaines choses et « changer » leur comportement. Nous nous sommes efforcés de les aider à comprendre le modèle de l'IFSSC, à apprendre les concepts, les compétences et les techniques nécessaires et à les mettre en pratique et, enfin, à apprendre comment « enseigner » et faciliter le « changement » chez les délinquants. Comme le montrent les résultats préliminaires de l'IFSSC, il est important que les organismes correctionnels envisagent de mettre en œuvre des services fondés sur le modèle RBR afin de reconnaître le niveau de soutien (trois jours de formation, cours d'appoint, réunions mensuelles et rétroaction individuelle) qui a été offert pour changer le comportement des agents de probation.

La dernière étape à suivre pour mettre en pratique les approches efficaces est l'évaluation. Nous apprécions tous les efforts que font les chercheurs pour accroître la contribution potentielle d'un projet de recherche dans le domaine. Il existe bien sûr plusieurs difficultés d'ordre méthodologique à l'évaluation des efforts de réduction de la récidive. Ainsi, le modèle de recherche, les facteurs à mesurer, la méthode d'évaluation des facteurs ainsi que le niveau général de « contamination » (attrition, composition aléatoire des groupes) influent sur la validité interne et externe d'une étude. Dans le cas de l'IFSSC, nous reconnaissons que l'hypothèse fondamentale de l'étude était que le changement de comportement du délinquant était, du moins en partie, fonction du comportement de l'agent de probation durant les séances de surveillance. Dans la méthodologie de la recherche, nous avons accordé une attention particulière aux agents à titre de participants à l'étude, par exemple lors de l'affectation aléatoire des agents aux deux groupes et de la collecte de données sur leur comportement durant les séances de surveillance. Les résultats révèlent que les agents du groupe expérimental avaient recours à un nombre considérablement plus élevé de pratiques correctionnelles plus efficaces sur le plan qualitatif que les agents du groupe témoin.

Ce projet comportait deux grandes limites. La première est que les agents qui y ont participé l'ont fait de façon volontaire, de sorte qu'ils étaient probablement plus ouverts à ce type de modèle et de formation. Cela soulève la question posée par Goldkamp (2008) : « Avons-nous manqué la cible? ». Les agents de probation participants constituaient certainement un sous-groupe de la population des agents de probation et la généralisabilité à une population est limitée. L'incidence de l'IFSSC sur les agents moins bien disposés envers ce type de modèle nécessiterait une recherche plus approfondie. La deuxième limite est attribuable au niveau d'attrition des agents participants, qui a pu contaminer la validité globale de l'étude. Malgré les efforts que nous avons déployés pour maintenir la motivation et accroître la participation, 35 % des agents ayant accepté volontairement de participer à l'étude n'ont pas fourni de données à la fin du projet. Il importe de noter que la majorité des agents qui n'ont pas fourni de données ont mentionné ne pas l'avoir fait parce que cela constituait une tâche additionnelle. Le taux d'attrition à la fin du projet risquait de compromettre la généralisation de nos conclusions. Nous avons essayé de régler cette difficulté en faisant un examen rétrospectif des cas avant la mise en œuvre du projet pour déterminer s'il y avait des différences pré-existantes au chapitre de l'efficacité des agents de probation à réduire la récidive. Pour les futurs projets visant à mettre en pratique les approches efficaces dans le monde réel des interventions correctionnelles quotidiennes, il serait judicieux d'adopter des stratégies organisationnelles (soutien et ressources additionnels de la part de la gestion) afin de réduire le taux d'attrition chez les agents de probation.

Pour conclure, nous avons tenté dans le présent document d'offrir une orientation plus concrète et plus pratique en vue de mettre en application les approches efficaces dans le monde réel des services correctionnels communautaires. La description des étapes que nous avons suivies pour élaborer, mettre en œuvre et évaluer l'IFSSC illustre une des façons dont l'application du modèle RBR à la surveillance des délinquants peut permettre de surmonter les problèmes et les difficultés susceptibles de compromettre l'incidence que peut avoir un service sur le changement sur les délinquants. L'objectif global de l'évaluation de l'IFSSC était de montrer que les principaux éléments du modèle RBR pouvaient être enseignés aux agents de probation et appliqués aux délinquants avec succès. Même si les résultats relatifs au comportement des agents de probation durant les séances de surveillance sont encourageants, la prochaine étape consiste à évaluer l'incidence de ces changements de comportement sur les attitudes et les comportements des délinquants et, ultimement, sur la récidive. Dans l'ensemble, nous espérons que l'expérience que nous avons acquise en élaborant l'IFSSC fournira des idées et une orientation sur la façon de mettre efficacement en pratique les connaissances empiriques dans le monde réel des services correctionnels communautaires.

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