Méthodes d'évaluation du risque chez les délinquants - Les facteurs statiques par rapport aux facteurs dynamiques

Méthodes d'évaluation du risque chez les délinquants - Les facteurs statiques par rapport aux facteurs dynamiques Version PDF (11Ko)

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Vol. 4 No. 2
Mars 1999

Question

La méthode employée pour évaluer le risque chez les délinquants importe-t-elle?

Contexte

Il est important, pour la police, les tribunaux, les intervenants correctionnels et le grand public, qu'on fasse bien la distinction entre les délinquants qui présentent un risque élevé de récidive et les délinquants à faible risque. L'évaluation du risque sert à répondre à deux grandes questions. D'abord, quelles sont les probabilités qu'un délinquant commette à nouveau une infraction? Ensuite, que peut-on faire pour diminuer ces probabilités? Il ne sera jamais possible de faire des prévisions parfai-tement exactes, mais vu les conséquences graves que peut entraîner une évaluation incorrecte du risque, ça vaut la peine d'examiner soigneuse-ment les méthodes les plus appropriées.

Selon le genre de décision à prendre, différents types de facteurs de risque sont à considérer. Les facteurs historiques statiques (comme l'âge auquel le délinquant a commis sa première infraction, les antécédents criminels) peuvent être utilisés pour évaluer la probabilité de récidive à long terme. Toutefois, pour déter-miner si le degré de risque a changé, il faut examiner les facteurs de risque dynamiques (modifiables). Bien que l'âge soit parfois considéré comme un facteur de risque dynamique, les facteurs dynamiques les plus utiles sont ceux sur lesquels on peut agir (p. ex. toxicomanie, chômage).

Un certain nombre de méthodes d'évaluation du risque ont été proposées, mais on ne sait pas très bien à quel point les instruments de mesure existants permettent d'évaluer le changement du niveau de risque.

Méthode

On a analysé en détail les résultats des recherches sur l'évaluation du risque chez les délinquants en général (Andrews et Bonta, 1998) et chez les délinquants sexuels en particulier (Hanson, 1998). Des facteurs de risque individuels (statiques et dynamiques) ont été déterminés. En outre, la valeur prédictive relative de diverses méthodes d'évaluation du risque a été examinée.

Réponse

À l'heure actuelle, l'approche la plus juste en matière d'évaluation du risque repose sur des échelles actuarielles objectives. Ces échelles indiquent les facteurs à considérer et l'importance relative de chacun d'eux. Les premières recherches portaient sur les variables historiques statiques, comme l'âge et les anté-cédents criminels, qu'il était facile de trouver dans les dossiers officiels. Les évaluations fondées sur les facteurs statiques ont été raison-nablement efficaces pour prévoir le risque de récidive à long terme, tant chez les délinquants sexuels que chez l'ensemble des délinquants. Ces évaluations ne sont cependant d'aucune utilité pour suivre l'évolution du risque.

Au cours des 20 dernières années, les chercheurs ont relevé un certain nombre de facteurs de risque dynamiques concernant la récidive générale (p. ex. pairs antisociaux, attitudes procriminelles), et ces facteurs dynamiques ont été organisés sous la forme d'échelles de risque actuarielles validées. Les facteurs dynamiques semblent avoir une aussi bonne valeur prédictive que les facteurs statiques pour ce qui est de l'ensemble des délinquants. Les chercheurs commencent seulement à se pencher sur les facteurs dynamiques chez les délinquants sexuels, et ces facteurs n'ont pas encore été incorporés dans les échelles d'évaluation du risque de récidive sexuelle.

Incidences sur les politiques

  1. On en sait suffisamment sur les facteurs de risque statiques pour qu'on puisse considérer que les échelles basées sur ces facteurs constituent des instruments valables pour mesurer la probabilité de récidive à long terme.2. Dans la plupart des situations, les évaluateurs voudront prendre en compte les facteurs tant statiques que dynamiques. Par exemple si, d'après une échelle d'évaluation de facteurs statiques, le délinquant présente un risque élevé, on peut penser qu'il faudrait l'incarcérer. Toutefois, on n'aura guère d'information pour décider du moment où il pourra être libéré sans danger pour la société si l'on ne procède pas à une évaluation des facteurs dynamiques.
  2. Dans la plupart des situations, les évaluateurs voudront prendre en compte les facteurs tant statiques que dynamiques. Par exemple si, d'après une échelle d'évaluation de facteurs statiques, le délinquant présente un risque élevé, on peut penser qu'il faudrait l'incarcérer. Toutefois, on n'aura guère d'information pour décider du moment où il pourra être libéré sans danger pour la société si l'on ne procède pas à une évaluation des facteurs dynamiques.
  3. Il est nécessaire de connaître les facteurs de risque dynamiques pour soumettre les délinquants à la surveillance et aux traitements adéquats. Les interventions devraient porter sur les caractéristiques (c.-à-d. les facteurs de risque dynamiques) qui sont les plus étroitement liées au comportement criminel.

Source

Pour de plus amples renseignements

James Bonta, Ph.D.
Solliciteur général Canada
340, av. Laurier Ouest
Ottawa (Ontario)
K1A 0P8
Tél. : (613) 991-2831
Téléc. : (613) 990-8295
Courriel : jim.bonta@ps-sp.gc.ca

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